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12 juillet 2012

Mariage joyeux, Mariage heureux!

Le temps passe et les oublis et petits moments de nostalgie liés au mariage s'estompent pour ne laisser place qu'aux beaux souvenirs. Du coup, je dois refaire un billet pour rendre plus en détails les joies de cette très belle journée car mon dernier billet ne laisse pas vraiment deviner à quel point c'était un moment heureux de partage et d'amitié. J'ai même fait de la peine à Jules car, en utilisant comme à mon habitude mon écriture catharsis, j'ai eu l'air de dévaloriser notre mariage et la fête - ce qui évidemment n'était pas mon objectif. Je ne faisais que rendre compte de mes petits démons qui, au final, sont toujours les mêmes: mon incorrigible distraction qui peut me conduire à blesser mes proches et mon envie irrépressible de ne jamais voir vieillir et partir mes parents. Bref, mon combat contre mes propres moulins à vent que je m'efforce de défier à chaque grand moment de ma vie.

Mais notre mariage était  bien plus que ces petits constats un brin tristes - nostalgiques, devrais-je dire - c'était surtout, comme je l'ai suggéré en conclusion de mon dernier billet, un magnifique échange entre ma famille, nos amis et tous ceux qui étaient avec nous. Ce grand moment a commencé avec la prise en charge du changement de salle par ma grande soeur, aidée de mes amis arrivés le vendredi et de mon autre soeur. Depuis cet instant, il ne s'est jamais arrêté et, encore aujourd'hui, je regarde les photos, toute émue. Cela ne me semble pas encore réel: voir tous mes proches dans un coin de pays qui m'est si cher mais qui, en même temps, était si éloigné, réunis pour Jules et moi et prêts à tout donner pour que cette fin de semaine soit la meilleure fin de semaine à vie de l'Univers (en toute objectivité) a été la plus belle expérience jamais vécue. Mon Yankee préféré a même été jusqu'à danser jusqu'aux petites heures du matin, cravate autour du front, sur une musique qui, dans un contexte normal, lui aurait provoqué des réactions épidermiques et des sursauts de dégoût! ;) Mes deux témoins ont été plus qu'à la hauteur de leur tâche: Mathieu s'est révélé un accessoiriste de talent pour la photographe et Nico, un musicien hors pair!

De l'avis de tout le monde, ce fut un très très beau mariage. Je suis assez d'accord avec ce Tout le monde. Il s'en dégageait une aura de joie qui ne s'est pas encore tout à fait éteinte et qui se ravive à chaque fois que je regarde les photos ou les vidéos. Ce sont des grands moments comme ça qui font la beauté du mariage! Je voudrais pouvoir remercier tout le monde pour la joie ineffable qu'ils ont insufflé à cette journée: de ma soeur et son esprit d'initiative à Gigi et sa belle voix qui ont ravi les invités tout au long du repas, de mon Yankee préféré et sa douce à mes Faraham et leurs femmes, de mes témoins si prévenants et si disponibles à chacun de nos amis, membres de nos familles qui ont fait toute la réussite de cette journée. Et, évidemment, un grand grand merci à mes parents sans qui cette journée n'aurait pas été pareille et qui, même si le mariage n'est pas leur tasse de thé, ont remué ciel et terre pour que cette journée soit parfaite!

Si le temps demeure fugace, la vivacité du souvenir de cette fin de semaine n'est pas prête de s'estomper....

10 juillet 2012

Veni, Vidi, Vici! :)

Bon ben voilà. C'est fait. Je suis mariée. C'est drôle à dire... A vrai dire, ça ne me paraît pas vraiment réel. C'était une très belle fête, entourée de gens qu'on aime, riche en émotions, en amitié et en amour mais parsemée aussi de petites tristesses... Je ne me mariais pas pour satisfaire une envie de princesse refoulée, pas plus que je ne voulais faire de cette cérémonie le passage à autre chose. Même si j'aime Jules et que je suis heureuse de l'avoir épousé, je ne l'ai jamais fait dans une logique de changement par rapport à une situation passée. Pour moi, aujourd'hui, le mariage n'est pas la fin de ce que j'étais avant ni l'éveil d'une autre personne. Aussi, lorsque mon papa glisse :

- "Ça y est, elle n'est plus à moi!

en donnant ma main à celle de Jules, j'ai un petit pincement au coeur. Parce que, dans le fond, je ne veux pas  être cette grande, cette femme qui quitte son père pour son mari. Pour moi, les deux sont aussi importants et ce n'est pas une signature sur un bout de papier qui doit changer ce que je suis pour mon papa ou pour Jules. Bien-sûr, c'est un peu la tradition, l'imagination et l'aura du mariage qui fait si peur mais je ne veux pas le voir ainsi. Je serai, à jamais, la petite fille de mes parents - peu importe que je sois mariée ou non. 

Et puis, l'enthousiasme passé de la fête, je m'aperçois que j'ai encore fait des erreurs blessantes pour mon entourage. Comme si ma nature profonde était trop égoïste pour se rendre compte de mes maladresses sur le moment. Par exemple, je n'ai pas pris de photo juste avec ma maman et mon papa. Y a t-il quelque-chose de plus ridicule que de ne pas avoir pris de photo avec ses parents? Ce n'est pas que je n'y ai pas pensé mais mes parents couraient tellement partout pour que tout aille bien que ma pensée n'a pas coïncidé avec le bon moment. Je m'en veux horriblement. En plus, je n'ai pas accordé d'importance au fait que maman, étant au coiffeur, ne pourrait pas être là lors de mon habillement. Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'elle pourrait en être déçue. Parce que sur le moment, j'étais trop emportée par les événements de la journée. Rétrospectivement, je me rends bien compte que c'était idiot. Vous me direz, ce ne sont que des petits oublis et la journée s'est très bien déroulée mais ce n'est pas comme si nous pouvions partager cette journée tous les mois. Cela n'arrive techniquement qu'une fois dans une vie - en tout cas avec cette intensité là. Et moi, je n'ai pas su penser à ma maman qui se démenait pour moi. Je suis vraiment un être distrait...

Bref, ce billet peut sembler bien rude pour un compte-rendu d'une si belle journée. Dans le fond, tout le reste était parfait. Mes amis m'ont gâtée en surprises et en animations émouvantes! Mon yankee préféré et sa douce m'avaient préparé un petit montage tandis que mes Faraham avaient réalisé un powerpoint avec un récit très drôle! Ils ont même chanté! ;) Tout le monde semble s'être bien amusés, et mes témoins ont été les plus meilleurs au monde! Jusqu'à la soupe à l'oignon du petit matin, ils avaient pensé à tout! Je suis fière d'avoir d'aussi bons amis et une famille aussi attentionnée! Sans mes parents, ma soeur, mes amis, rien n'aurait été aussi parfait! Déjà, dès le vendredi, ils s'étaient tous mis au travail pour "sauver" ma journée de mariage: mon Yankee préféré a gonflé plus de ballons qu'il n'avait dû le faire dans toute sa vie, tandis que sa femme, mes soeurs, nos amis venus de partout nous décoraient merveilleusement la salle des fêtes. Le plan tente berbère s'était, en effet, avéré foireux! (Ouin, ben, quoique jolie, une tente sans sol et sans mur, c'est carrément moins  top génial méga cool par 15 degrès et de la bruine...). J'en aurais pleuré de reconnaissance lorsque je suis arrivée pour constater tout le travail accompli. Tout comme une forte envie de sangloter m'a travaillé toute la journée du lendemain en voyant tout ce beau monde réuni pour Jules et moi. On est vraiment chanceux! Dans le fond, c'était ça pour moi, le mariage: l'occasion de partager avec tous ceux que j'aime un moment fort d'amitié et d'amour, dans un coin de pays où mes racines demeureront à jamais: célébrer un serment d'amour avec Jules avec eux était le plus beau des cadeaux! Alors bien qu'il reste toujours des "j'aurais dû" après coup, je reste quand même la mariée la plus heureuse et la plus chanceuse de l'année 2012! ;) Merci à tous d'être venus, d'être vous, d'être là!



13 octobre 2011

Une semaine plus tard.

Jules insiste. Je reconnais qu'il n'a pas tort mais je ne savais trop comment reprendre la plume. Faut-il beaucoup de mots pour exprimer la fin? J'aurais peut-être pu me contenter d'un lapidaire "C'est fini." et tout aurait été dit. Ma soutenance n'est pas encore bien réelle dans mes souvenirs. Pourtant... Cela fait déjà une semaine que j'entrais, tremblante, dans une salle bondée. Mes amis étaient assis sur les quatre rangées de chaises dévolues au public, formant un mur de soutien pour mon assurance hésitante. Si j'avais dû remporter ma thèse par la force du nombre, les membres du jury n'auraient eu aucune chance.

Les trois derniers jours avant la Fosse aux Lions, je les ai passés prostrée sur mon canapé, avec une pierre à la place de l'estomac. J'imaginais, la pointe au coeur, le président du jury profitant de mon angoisse pour me jeter des boules de compost et ricaner, les sourcils levés, sur l'imposteure démasquée qu'il avait sous les yeux (Non, je n'exagérais pas! C'était très possible! Tout le monde peut se procurer du compost maintenant! :s ). J'entendais déjà ma voix trembloter dans la récitation mal assurée d'une thèse dont je ne me rappelais que les premières pages. Sans crier gare, elle finirait par s'étioler et disparaître, tout bonnement, m'enfermant dans une prison de silence que seule la honte pourrait briser. Assez ironiquement, ces angoisses ne me faisaient que mieux dormir. Un peu comme si mon corps tentait de me protéger en me plongeant dans un comas sans fin, dont je ne me réveillerai qu'après le jour de ce que j'appelais "mon exécution publique". 

Bon, je reconnais que je suis vraiment TROP angoissée. Il était peut-être un peu excessif d'avoir aussi peur d'une journée qui se voulait celle de la consécration pour n'importe quel autre doctorant. Je devrais vraiment apprendre à relaxer et, surtout, à me dire que ce que je fais n'est pas toujours aussi mauvais que je le crois. D'ailleurs, ma soutenance s'est merveilleusement bien passée. Sig m'a même dit que mon directeur de thèse avait trouvé ma prestation excellente: après toutes ces années à n'être qu'une ombre, ce compliment m'a été un beaume au coeur. Je n'ai même pas balbutié et je me suis rappelé de toutes mes recherches! Oui, c'est surprenant, quand on sait à quel point l'angoisse peut me faire oublier jusqu'à mon nom. 

Maintenant, c'est bel et bien fini. Quoique je décide, quoiqu'il se passe dans l'avenir, ce ne sera plus dans le cadre de mes études. Je n'ai plus de reconnaissance à attendre: je viens de passer la ligne d'arrivée. C'est un nouveau chapitre de vie que je dois écrire, loin des bancs d'école. Sur le coup, alors que les membres du jury livraient leur verdict, j'ai eu, l'espace d'un instant, une énorme envie de pleurer. Je voulais embrasser tout le monde pour les remercier de m'avoir aidée, de m'avoir portée jusque-là, je regardais tous mes amis, ma famille et tous ceux qui ont cru en moi - parfois même plus que moi-même - et j'avais envie de leur donner mon diplôme comme juste rétribution de leur amitié, de leur amour et de leur fierté. C'est ironique: réaliser un Doctorat, c'est apprendre à être seul, autonome, persévérant, déterminé afin de mener à bien une entreprise de longue haleine dont, jusqu'à la dernière minute, on ne voit pas bien la sortie. Et pourtant, c'est aussi le moment où on s'aperçoit que les gens ont confiance en vous, vous portent et vous soutiennent pour que vous ne vous écartiez pas trop du chemin. Dans mon cas, je vais presque m'ennuyer des rencontres au Département d'Histoire où nous étions tous des étudiants dans le même bâteau... Bon, j'ai dit "presque"! ;)

Le lendemain de ma soutenance, ça a été le tour de mon Yankee préféré. En 48h, on a explosé la moyenne de soutenance de la chaire de recherche. C'est aussi la fin d'une époque, pour le meilleur, on l'espère. Merci à tous, en tout cas, de m'avoir permis d'arriver là où j'en suis aujourd'hui: à ma soeur qui angoissait presqu'autant que moi, à Jules qui en est sorti tout ému, de magnifiques fleurs à la main, à ma maman qui avaient les yeux rougis en franchissant la porte, à tous pour avoir été là mais aussi à ceux qui ne le pouvaient pas, physiquement, mais qui ont arrêté de respirer un instant, le Jour J, en attendant le verdict. Ainsi mon papa, ma soeur, ma famille et mes amis de l'autre côté de l'Océan. J'ai senti vos pensées. Itte Rashaï Mina-san.

21 mai 2011

De l'utilité de Facebook, vingt ans plus tard!

J'ai peut-être enfin trouvé l'utilité de Facebook. J'avais un ami lorsque j'étais enfant avec qui je prenais mes cours de solfège à l'école de musique. Nos parents se fréquentaient et, du coup, nous nous voyions régulièrement. Nous avions aux alentours de dix ans. Et puis, j'ai lamentablement échoué mon examen de piano: d'après le directeur de l'école, je n'avais aucun sens du rythme. À bien y réfléchir, ça n'a pas vraiment changé. Invariablement, je suis à contre-temps de toutes les musiques du monde. Bref. Mon renvoi de l'école et le fait que mes parents voyaient de moins en moins les siens ont fait que mon ami et moi, nous nous sommes un peu perdus de vue. Faut dire que dès l'instant où je suis entrée au collège, j'ai eu la bougeotte: j'ai changé d'établissement et de ville au moins trois fois jusqu'à la fin de mon lycée. Ce n'était pas la situation idéale pour conserver des liens solides avec mes amis.

Or, il y a quelques mois de cela, parmi les suggestions d'amis de Facebook, généralement pénibles car il s'agit toujours de vagues connaissances ou de sinistres inconnus, je l'ai retrouvé. Il se trouve que nous avions quelques amis d'enfance en commun. Je l'ai donc ajouté à mon cercle privilégié d'amis virtuels! ;) Bien-sûr, retrouver quelqu'un sur Internet, ce n'est pas comme le rencontrer en vrai. Pour peu que l'un des deux ne soit pas très porté sur le monde merveilleux de l'Internet, nous n'avons que le strict minimum des informations le concernant. D'ailleurs, mon ami est, dans ce domaine, à l'opposé de tous ceux qui écrivent le moindre de leurs étérnuements dans leurs statuts. Pourtant, lundi dernier, il prit la peine de mettre à jour ses informations: "Live from Montréal", qu'il écrivit innocemment. Là, j'ai eu un instant de doute. C'est vrai, quoi, y a un Montréal dans le Gers aussi. Dans le doute, j'ai tout de même posé la question : "Montréal, comme dans Montréal, Canada?" Eh bien oui. Il était venu avec sa douce visiter la contrée des neiges éternelles (enfin, depuis quelques semaines, on pourrait peut-être dire des pluies dilluviennes, mais c'est une autre question). Nous avons donc pu profiter de l'occasion pour nous retrouver vraiment, pour la première fois depuis presque vingt ans. C'est quelque-chose, quand même. 

Voilà. C'est certainement là, le principal intérêt de Facebook. Pour ceux qui se perdent de vue et qui ne sont pas très portés sur la correspondance, quelque soit sa forme, le "réseau social" permet de garder des liens ténus en dormance, jusqu'au moment où, enfin, deux amis pourront se retrouver à nouveau, en chair et en os, autour d'une pinte de bière. Rien que pour ces rares instants, cela vaut le coup de supporter les incessants messages non désirés sur notre "mur" et de se sentir dans la peau d'un mouton parmi tant d'autres, en ce bas monde.

15 mai 2011

Le prologue du chapitre d'une vie.

Le jeudi 12 mai, j'ai tourné la page de mes quatre dernières années de vie. À vrai dire, je ne réalise pas vraiment encore que ma thèse est imprimée et "déposée". Je remarque bien que je ne passe plus toutes mes journées, du matin jusqu'au soir, sur l'application word de mon ordinateur, mais je m'attendais à une liesse et un apaisement intérieur plus importants, je crois. Il est vrai qu'une petite part de moi me rappelle que la Poisse ne traîne jamais très loin de mes cris de joie et que je suis mieux de faire semblant de rien jusqu'à ce que tout soit officiel. Le principe de la cotutelle rend cette dernière étape plus longue qu'à la normale.

En fait, je ne réalise tellement pas que lorsque Ja m'a invitée vendredi soir pour un souper de filles, je n'ai absolument pas fait le lien avec cette entrèe dans le prologue de ma thèse. Conviée à 18h30, j'y suis arrivée avec trente minutes de retard - oui, il faudrait vraiment qu'on me greffe un GPS... Rétrospectivement, je remarque plein de petites choses qui auraient pu me mettre la puce à l'oreille, comme l'étrange réaction de Béa, invitée au souper de filles, qui avait soutenu à Brian qu'elle ne viendrait pas, les quelques minutes de "trop" entre le moment où j'ai sonné à la porte et l'instant où celle-ci s'est ouverte. Mais en fait, non: ils ont tous été merveilleusement forts. "Ils"? Oui, "ils". En entrant dans la cuisine de Ja, j'ai remarqué, dans l'encadrement de la porte, la coiffe avec des plumes multicolores que portait Mathieu, sur la terrasse. J'ai juste eu le temps de préparer ma remarque sardonique sur son déguisement avant de franchir à mon tour le seuil de la porte. Et là, je les ai vus. Tous. Tout le monde était là. Même Jules, qui était pourtant parti dix minutes avant moi de la maison pour aller chez Schwartz avec Alexis. J'étais sans voix. C'est parce que si je n'avais jamais fait de souper de fîlles avant, je n'avais jamais eu droit à des fêtes surprises non plus. Toute émue, j'ai senti mon corps se figer. Réaction désormais habituelle lorsqu'il est le centre de l'attention: avoir son corps et son esprit dissociés a pour principale conséquence que l'esprit abandonne le "navire" à la moindre émotion forte. Ça promet pour le mariage, d'ailleurs... J'ai fini par faire quelques pas, comme si je marchais dans un rêve. Durant les premières dix minutes, mon esprit ne parvenait pas à se fixer. Je remerciais tout le monde mais je n'entendais qu'à peine ce qu'on me disait. Je n'en revenais juste pas. Je pense qu'on peut le dire: l'effet de surprise était total.

En fait, nous étions trois fêtés: Mathieu, mon yankee préféré et moi-même. J'étais juste la dernière arrivée. En fait, je n'ai pas vraiment de mots pour dire combien cette soirée m'a touchée. Même si je ne réalisais pas, et ai encore un peu de mal à assimiler l'information que c'est (presque) fini, tous mes amis qui nous avaient accompagnés durant les dernières années étaient là pour nous féliciter d'avoir franchi le cap. Ce soir-là, je me suis sentie comme une enfant à qui on vient d'offrir ses cadeaux de noël: les yeux brillants de reconnaissance, je constatais avec angoisse qu'il n'existait pas de mots assez forts pour exprimer ma gratitude et mon bonheur. "Merci" a toujours l'air un peu éculé lorsqu'il est prononcé dans ces occasions. Si la rareté détermine la valeur des choses, il faudrait inventer un mot que l'on garderait pour les événements particuliers, afin que ceux qui le reçoivent sentent immédiatement à quel point la préciosité du cadeau qu'ils viennent de faire est grande pour nous. Un terme qui rendrait, en quelques syllabes, l'ineffable, prononçable, les étoiles dans les yeux, tangibles, et qui rendrait enfin un peu de ce trop-plein de joie reconnaissante à ceux qui l'ont instillée.

En l'absence d'un tel mot, cependant, je me contenterais du "merci", mais avec une telle sincérité et une telle gratitude qu'il dominera tous les autres. Merci à tous.

11 janvier 2011

La bonne année des fantômes de nos vies!

Il n'y a pas si longtemps, le mois de janvier était le moment dans l'année où je prenais des nouvelles ou envoyais des petites cartes aux amis et connaissances avec lesquels je n'avais aucun contact le reste du temps. Une sorte de bouteille à la mer en souvenir du passé et des moments heureux passés ensemble. À l'époque, j'usais de la lettre ou, encore plus prosaïquement, du texto, au nombre de caractères limités. Ça évite de commencer à écrire sur des feuilles format A4 en se demandant ce qu'on va écrire après la cinquième phrase. C'est un peu étrange quand on y pense: si nous n'avons, à ce point, rien à nous dire, à quoi bon maintenir un contact annuel, à l'occasion de la Nouvelle Année? Peut-être pour ne pas abandonner le temps qui est déjà passé, peut-être pour ne pas admettre que tant de pages de notre vie se sont tournés au point que nous n'avons, désormais, que le premier de l'An en commun. C'est un peu le reproche Facebook: on est content de retrouver des anciens amis et de savoir qu'ils sont à présent mariés deux fois avec quatre enfants et un chiot Labrador. Mais après? Une fois l'information prise, on serait tenté de supprimer ce nouvel "ami" jusqu'à l'année prochaine, comme on le faisait pour les cartes de Nouvel An. 

Cette année, je n'ai presque pas écrit de cartes et, surtout, je n'en ai envoyé aucune à ces fantômes du passé. Je me demande si c'est un signe que j'ai enfin accepté que ces étapes de ma vie sont terminées et que ce n'est pas parce que je saurais que Léopolod s'est enrôlé dans la Légion que je serai plus ou moins satisfaite de ma propre existence. Nos routes se sont séparées il y a bien longtemps et nous ne sommes pas plus proches, désormais, que je ne le suis du gérant de mon épicerie. Alors je n'écris plus. Sur Facebook, je supprime des contacts avec lesquels je n'avais parfois échangé qu'une seule phrase pour savoir ce qu'ils devenaient et puis, plus rien. Parce que, parfois, il faut avoir été très proches pour parvenir à conserver suffisamment d'intérêt dans le devenir de son prochain: si je m'étonne que la personne qui me demande comme "ami Facebook" se rappelle (voire connaisse) mon nom de famille, c'est que nous n'étions pas si liés que ça. Bref, cartes, textos ou courriels, j'ai arrêté la curiosité passéiste. C'est sans doute mon unique résolution, qui n'en est d'ailleurs pas une, de cette année. 

Notez, je ne prétends pas que ce soit mieux de lâcher ces bouts de nous qui ont participé à nous construire tel que nous sommes aujourd'hui. Simplement, face à un processus étrange de maintien de liens, somme toute, artificiels, je suppose qu'il ne s'agit dans les faits que d'un moyen pour regarder sa vie par le prisme de celle d'un autre. Un genre de voyeurisme égocentrique qui nous pousserait à vouloir savoir ce que des êtres dont nous n'étions pas ou ne sommes plus proches ont fait de leur vie afin de, inconsciemment, la comparer à la nôtre. J'avoue, par exemple, que je regarde parfois ce que deux des principaux cauchemars de mon adolescence sont devenus aujourd'hui: en toute objectivité, étant donné le souvenir hautement négatif qu'ils m'ont laissé, je doute que ma curiosité soit dénuée de cet intérêt revanchard qui voudrait que l'ennemi d'autrefois constate ce que je suis devenue par rapport à lui. Autre exemple mais moins évident: lorsqu'on retrouve une personne avec laquelle on s'entendait bien et que l'on constate qu'elle va bien, on est content pour elle mais n'est-on pas, déjà là, en train de juger et de comparer sa vie à la nôtre? Je m'explique: ce n'est pas avec des liens de types Facebook ou la carte annuelle que nous allons échanger de vrais sentiments. Donc l'individu va chercher à donner un aperçu le plus positif possible de sa vie afin d'éblouir son correspondant, avec qui il n'a de toute façon plus suffisamment de liens pour lui dire qu'il est en dépression depuis six mois. Le destinataire, pour sa part, ne saurait pas quoi faire avec cette information et préfère recevoir un rapport mécanique de la vie de ce vestige d'amitié.  Il peut ainsi le juger selon ses propres critères de "réussite" et déterminer le degré de bonheur de son correspondant par rapport à lui. Bref, derrière l'information polie, il semble toujours y avoir un relent de condescendance.

Or, ce type de lien n'est, à mon sens, ni sain ni nécessaire à la construction d'un individu. Bien sûr, ce n'est pas forcément la quantité de lettres échangées qui fait la force du lien d'amitié entre les êtres: je n'écris pas souvent à mon frère ou à ma cousine, par exemple, et pourtant je sais qu'ils sont là et importants pour moi. Mais nous en revenons à la prémisse mise en place au départ: il faut avoir une relation de départ très solide pour supporter des longs silences  et se retrouver comme si jamais ils n'avaient existé. J'ai la chance de vivre cela avec mes Faraham ou avec ma famille. À quoi bon traîner le poids de ceux avec lesquels je n'ai plus de liens depuis longtemps, quand bien même ce ne serait que pour une carte annuelle? La politesse est parfois le nom de code de l'hypocrisie.

23 juin 2010

L'associabilité du Solitaire.

Devient-on associable en vieillissant ou bien est-ce simplement notre vraie nature qui prend le dessus? 

J'ai  toujours eu tendance à ironiser sur mon côté timide à l'extrême, lorsque je ne connais personne dans un lieu quelconque, ainsi que sur ma forte tendance à fuir les bains de foule au risque de faire un malaise. Je parle d’asociabilité à tendance agora phobique, un sourire aux lèvres, et tout le monde de sourire à son tour, sans vraiment me prendre au sérieux. Remarquez, rien que de très normal: je ne me prenais moi-même pas vraiment au sérieux. Rien de mieux que le sarcasme pour dédramatiser un comportement sociétal jugé anormal. Plus le temps passe, cependant, plus je me demande jusqu'à quel point mon propos était sarcastique. 

Je m'explique: il y a quelques mois déjà, un étrange sentiment désabusé s'est immiscé dans mon esprit. J'ai commencé à manquer les cours de Kung Fu, à répondre de moins en moins au téléphone et à limiter mes rencontres sociales. Au début, je pensais que c'était passager: une espèce de crise liée à mon échéancier de travail qui pèse sur chaque minute de mon existence. Mais cela ne s'est jamais estompé. Au contraire, imperceptiblement, je me muais en observatrice silencieuse qui n'aime pas être au centre de l'attention. 

Je n'aime pas le téléphone parce qu'il n'y a qu'un seul interlocuteur et parce que les silences, parfois si agréables au gré d'une conversation entre amis, deviennent étranges avec un combiné dans les mains. Je suis capable d'écrire de nombreux courriels sans aucun déplaisir, bien au contraire. Parce qu'il n'y a pas cette pression du temps et parce qu'on demeure seul lorsqu'on les écrit. Cette liberté n'existe pas au téléphone. Malheureusement pour moi, la plupart du monde préfère l'invention de Mr Bell et s'y adonne plus souvent qu'à leur tour. Bilan: je ne réponds plus à la moitié de mes appels. Je réponds même parfois aux messages par courriels. Etrange, n'est-ce pas? Pourtant, je ne dois pas être complétement associable car j'aime passer du temps avec mes amis, autour d'un thé, d'une shisha, ou simplement étendue dans l'herbe d'un parc. J'apprécie ces moments mais il semblerait que je les affectionne d'autant plus qu'ils ne sont pas quotidiens. Comme si j'avais besoin d'un quota de solitude plus important que celui de ma sociabilité. De fait, c'est irrémédiable, lorsque je me lie d'amitié avec une personne, je suis très rapidement confrontée à  un problème. En fait, ce n'est pas tout à fait exact: j'y ai été exposée toutes les fois, ou presque, où j'ai développé une amitié avec une fille. Cela peut paraître très cliché, et ça l'est à bien des égards, mais c'est une donnée empirique: à chaque fois que je commence à bien m'entendre avec une demoiselle, je m'aperçois que cela signifie une relation  presque fusionnelle pour elle. Enfin, pas toutes, j'exagère. Ami, par exemple, semble partager mon goût pour la parcimonie et elle n'est pas la seule de mes amiEs dans ce cas. ^-^Disons que toutes les fois où j'ai été confrontée à ce côté fusionnel de l'amitié, c'était avec une demoiselle. Dans ce temps là, il faut que j'explique mes réticences et, ainsi, poser mes limites mais une fois sur deux, ma nouvelle amie comprend sans comprendre. Il faut dire que c'est étrange: lorsqu'on s'entend bien avec quelqu'un, toute personne normale ne doit pas avoir ce genre de sentiments,si?

Alors je pense que je deviens associable un peu plus tous les jours et je vais probablement finir seule, ou presque, un jour. Ou me transformer en homme, tout dépendant... En fait, je me demande si ce quota solitude qui se partage mon temps avec celui de la sociabilité ne serait pas comme le nez ou les oreilles; c'est à dire un élément qui n'aurait de cesse de croître la vie durant. Heureusement pour moi, Jules est un homme et, désormais partie intégrante de ma vie, entre dans ce "quota de solitude": sans lui, ma solitude me paraitrait bien seule!

4 avril 2010

Les Sables-Mouvants du Subconscient de Celle qui parle parfois trop.

Elle m'agace. Parfois, j'aimerais juste qu'elle se taise et qu'elle cesse de monter sur ses grands chevaux à la moindre occasion. Avec ses airs de Je-sais-tout et sa psychologie à deux sous, elle a l'art de parler pour ne rien dire. Pire, elle piétine parfois, sans même s'en rendre compte, les jardins secrets des autres. Je me demande si on inventera, un jour, une pilule pour les égos sur-dimensionnés comme le sien. Au prime abord, on ne remarque que son sourire. Un joli sourire, j'en conviens, mais on ne peut décemment se limiter à des dents alignées pour impressionner son auditoire. On la dit drôle et sympathique. Probablement que ceux qui la définissent ainsi ne la connaissait que depuis peu. A force de la côtoyer, on s'aperçoit qu'elle est aussi douée d'une modestie contrôlée. Lorsqu'on aborde un sujet qui la concerne (ou non), dans lequel elle pense avoir établi un raisonnement solide, son contrôle se fêle. Sans réfléchir, il lui arrive trop souvent de parler. Trop. Je donnerais beaucoup pour être les dents qui mordent sa langue après qu'elle ait dit une énième bêtise. Toujours trop tard, bien sûr. Je ne la supporte plus et j'ai parfois l'impression que les autres non plus. Mais je transpose peut-être mes propres sentiments sur eux afin de justifier ma propre rage. Peut-être. Je voudrais ne plus la voir. Oui mais voilà: comment se séparer de soi-même? 

J'ai souvent dit, au hasard des billets, que j'étais ignare en matière de sous-entendus et qu'il ne fallait jamais interpréter ce que je disais. J'ai également mentionné combien je pouvais être décalée dans certains domaines du fait d'une vision du monde, de l'être humain, de l'amour, des relations humaines pour le moins étranges. Cela ne m'a jamais empêchée de mettre au point des théories farfelues sur ces domaines que je ne maitrise pas du tout et de les défendre avec toutes leurs faiblesses et leurs incohérences. Parfois, pourtant, je m'aperçois qu'elles débordent du cadre théorique pour envahir ma vie pratique, lorsque je les défends avec trop de force. C'est une étrange sensation de se sentir, lentement, glisser vers le gris et le morne de la vie. Devenir un être qui est à fuir plutôt qu'à côtoyer car trop étrange, trop hors normes, ou simplement trop terne. Oui, c'est vraiment curieux. Et Angoissant aussi. En fait, je pense que le pire est lorsque nous prenons conscience de notre décalage dans ce monde. Nous avons alors l'impression que notre présence seule est source de malaises. On  finit par s'enfermer pour ne plus l'imposer aux autres. De peu sociable, on glisse imperceptiblement vers l'isolement total. Petit à petit, cette solitude imposée devient celle que l'on a choisie et que l'on recherche. On répond de moins en moins au téléphone, aux mails, on "oublie" d'aller au Kung Fu, alors que cette activité a toujours été (et demeure) une source de plaisirs et de bonheur. De toute façon, personne ne le remarque vraiment. Au départ, c'était juste drôle mais les autres, ceux qui vivent normalement, ont fini par se lasser d'appeler un répondeur. A n'être jamais disponible pour rien, on finit par ne plus vraiment exister, n'est-ce pas? Alors, on continue de s'enfoncer dans les sables mouvants dans lesquels on s'est volontairement lancé, sans un cri. On se dit que, finalement, être seul empêcherait sûrement cette jeune-fille qui parle trop de blesser à nouveau, parce qu'elle-même ne sait pas toujours peser le poids des mots...

3 mars 2010

Politique amicale ou triste individualisme?

Tout le monde le sait: parler de politique avec ses amis est le meilleur moyen de se brouiller. Cette remarque, proche de l'adage, serait évidemment à nuancer en fonction des dits amis et des situations mais elle demeure vraie en général. 
Un fait à priori anodin m'a amenée à pousser la réflexion plus loin, cependant: poursuivant actuellement mes études entre le Canada et la France depuis quelques années, je me suis installée au pays des neiges éternelles il y a quelques années maintenant. Je m'y plais, j'y ai tissé des relations amicales des plus agréables, parfois profondes, bref, j'ai fini par entamer des procédures pour transformer ce séjour étudiant en aventure professionnelle. Je n'ai pas le droit de vote actuellement et je ne l'aurais pas plus avec ma Résidence Permanente: à priori, le monde politique ne devrait pas me captiver outre mesure de ce côté de l'océan, étant donné mon incapacité à faire entendre ma voix. Ce n'est pourtant pas le cas: mon éducation et ma manière de comprendre le monde me poussent malgré tout à m'y intéresser et je peux ainsi connaître, au moins dans ses grandes lignes, les importantes questions de la société dans laquelle je vis.
Tout ceci est très bien mais quel est le lien avec mon introduction? Patience, j'y arrive! ^-^ Parmi mes amis, une personne est député pour le parti bleu. Jusque là, rien de bien troublant! Même si je ne prendrais sa vie pour rien au monde, ayant fort peu d'espoir dans les possibilités idéelles de la politique, je ne peux qu'admirer la volonté et le courage d'un être allant jusqu'au bout de ses convictions. Mon problème se situe à un autre niveau, beaucoup plus abstrait. Je m'interroge en fait sur les limites entre l'amitié et le métier de mon député (Tiens, j'ai fait une rime...^-^). Prenons un cas concret: cet ami a établi une pétition pour un service dans une région relativement éloignée de mon lieu d'habitation. Dois-je la signer? Plus exactement, pourquoi devrais-je la signer? Clairement, si je ne connaissais pas la personne à l'origine de cette pétition, je ne me serais même pas posée la question. Pire: je n'aurais jamais su qu'un tel document existait. Une telle réaction peut paraître égoïste, profondément individualiste, (et elle l'est!), mais elle n'en demeure pas moins vraie. Qui, sincèrement, se préoccupe du financement d'un service dans une ville qu'il n'habite pas? Le problème est que cette mentalité très individuelle est certainement, au moins en partie, la cause de l'indifférence générale pour la politique et les mesures parfois aberrantes prises par le gouvernement. Ce raisonnement est un des facteurs permettant à des partis au programme douteux d'accéder au pouvoir. Parce que, de toute façon, les mesures les plus discutables ne nous concernent pas ou bien parce qu'ils ont promis telle ou telle chose qui nous arrange, nous, au détriment des autres. 

Alors, finalement, ma question est la suivante: pourquoi devrais-je signer cette pétition? (ou pourquoi ne le devrais-je pas, les deux étant liés). Parce que mon ami en est l'auteur? La réponse négative paraît évidente ici. Ce serait valider un système douteux de réseaux et de relations qui prévaudrait sur le fond même des idées. Ce serait triste pour une démocratie. Je pourrais la signer parce que je suis d'accord avec son énoncé? Ce serait le meilleur argument mais, en toute honnêteté, et comme je l'ai déjà dit, je ne me serais jamais intéressée à la question si je n'avais pas connu l'auteur. Dans le fond, je ne peux pas être contre la requête au cœur de la pétition: à habiter dans la ville concernée, je serais sûrement enthousiaste. Mais je n'y habite pas et ce serait hypocrite d'appuyer une idée qui, fondamentalement, m'importe peu. Ne pas la signer, cependant, c'est cautionner cette dé-responsabilisation politique dont je parlais plus tôt et accentuer notre nombrilisme latent.

Bilan?

11 février 2010

Impuissante frustration!

L'impuissance, quel sentiment frustrant! L'impuissance d'aider des amis qui ont mal, l'impuissance de leur éviter des étapes douloureuses de la vie, l'impuissance de leur donner un peu de paix et de joie quand tout semble perdu... Il en résulte toujours cette sensation étrange de se heurter à un mur invisible et de rester là, à quelques pas à peine de cet être cher malheureux, mais trop loin encore pour lui donner notre énergie, nos bulles de lumière ou en tout cas, pour prendre un peu de ce plomb pesant sur ses épaules. Peu importe le côté rationnel de notre pensée, lorsqu'un de nos amis a mal, on se sent coupable de ne pas pouvoir faire plus que d'être là. Je me demande si, un jour, on créera une machine capable de rééquilibrer le bonheur chez les gens. Un peu comme une transfusion sanguine: tu partages ton trop plein de joie avec ceux qui en ont moins. En attendant, nous sommes là, contemplant la détresse de nos amis, si profonde parfois qu'elle nous blesse un peu aussi: les dommages collatéraux qu'on appelle ça! Mais ce ne sont que des égratignures comparées à la détresse que dégagent nos proches. 

Lorsque les douze coups de minuit du 31 décembre ont mis fin à l'année 2009, j'ai poussé un soupir de soulagement. Après une année aussi riche en émotions, la prochaine allait sûrement me paraître aussi calme qu'un ruisseau en pleine sécheresse! J'aurais dû me rappeler du proverbe sur l'eau qui dort, tout ça tout ça! En quelques mois seulement, les mauvaises nouvelles ont plu avec plus de force que durant la mousson en Inde! Il semblerait que Mère-Nature ait besoin d'équilibre: tout bonheur personnel doit être compensé par la détresse de nos proches. J'ai ainsi appris que ma seconde maman avait une rechute de cancer, parce qu'une fois, ce n'est pas assez. Tant qu'à faire, autant organiser une petite sauterie de cellules folles. Pour compléter un début d'année raté, j'ai su que mon frère s'était un peu plus enfermé dans sa tête, s'isolant de ses derniers proches auxquels il parlait encore. L'impuissance se gargarise de situations frustrantes: de la séparation amoureuse à la remise en question d'une vie entière, il n'ait rien qui n'échappe à son emprise. Une douleur triste, palpable au delà du temps et des distances, et qui résonne en nous comme autant de cris de détresse. J'ai tendance à philosopher sur l'impuissance, à estimer que la seule présence est déjà un petit pansement sur une hémorragie. Là encore, pourtant, il est parfois difficile de l'être, du fait de nos choix de vie et de notre emploi du temps. Mais peut-on vraiment se suffire d'une compresse alors que nous voyons nos proches se vider de leur sang? Que peut-on faire pour soulager une douleur aussi vive?

Personnellement, il m'arrive fréquemment d'avoir un trou à la place du cœur. Une espèce de plaie béante et laide qui insuffle une douleur rampante dans tout mon être. Les moments où j'ai le plus mal, cependant, sont, sans aucun doute, lors des situations de détresse amicale: mon impuissance à décharger leurs épaules de toutes ces épreuves de vie me plonge dans une angoisse sans nom. A quoi bon être heureux si on ne peut pas partager ce bonheur avec nos proches lorsqu'ils en ont besoin?

Il y a des jours comme aujourd'hui où on a très envie de cracher sur une nouvelle année pourrie! Elle ne fait que commencer, cependant, alors on va lui laisser une chance...

24 janvier 2010

Le poids des mots.

Je le craignais. Je le redoute tous les jours avec autant de force que mes cauchemars nocturnes. Je ne parviens jamais à m'en protéger totalement. Le poids des mots. Des mots à priori si insignifiants pour qui les prononce mais plus douloureux qu'un coup dans l'estomac pour qui les reçoit. Ces mots, prononcés distraitement, parce que, de toute façon, je suis guérie: je suis loin d'être maigre, je mange mal, je ne parle plus de mes angoisses liées à mon physique. Il est évident pour tout le monde que je suis guérie. Un peu comme le rhume: une fois que tu n'as plus le nez qui coule, on n'a plus besoin de faire attention. Tout est terminé...

-" Ta soeur est vraiment fine." "On ne dirait pas que tu as été anorexique, toi." "Tu n'es pas maigre"...

Toutes ces phrases qui ne se veulent rien d'autre que ce qu'elles sont me renvoient pourtant à ce que j'ai eu tant de mal à fuir. Cette adolescence sombre et vide où j'avais le sentiment d'être une pâle copie ratée de ma soeur, où je n'avais trouvé comme seule solution pour exister que de disparaître. Ces phrases m'y replongent. J'ai honte de raconter que j'ai été anorexique pendant près de sept ans notamment parce que je sais que j'aurais droit à une remarque de ce style:

-"Ah bon? On dirait vraiment pas!" ou " Tu es pourtant loin d'être maigre!"

Comme s'il fallait que je montre mes prises de sang pour montrer mes carences ou que je garde quelques parties de mon corps squelettiques pour prouver mes dires! Je n'aime pas cette partie de ma vie, j'abhorre l'être que j'étais devenue et la souffrance que j'ai infligé à ceux qui me sont chers. Mais je n'y peux rien désormais: elle fait partie de moi et je garde encore des séquelles de cette obscure période. Mes proches savent la douleur et la fragilité qui en résultent, ce qui crée parfois des situations étranges où ils montent au créneau pour me protéger de remarques, à priori, insignifiantes. Mais la plupart des personnes, même parmi mes amis, ignorent tout de l'acide que ces petites phrases distillent dans mon corps. Et je ne dis rien. Je souris en hochant la tête: je sais que je suis loin d'être maigre, je sais que ma sœur a l'air malade, je sais que j'ai l'air de ne rien faire pour l'aider. Je ne dis mot mais j'ai envie de hurler. J'ai envie de me terrer dans un coin et de me laisser dessécher jusqu'à ce que mort s'ensuive. Car elle ressort, elle, l'Autre, celle qui a régi ma vie durant plus de sept ans, afin que je ne devienne, littéralement, plus qu'une ombre. Elle continue de vivre en moi, même si j'ai l'air en pleine santé, et elle n'attend que ces remarques pour appuyer sur une plaie qui ne cicatrisera jamais vraiment. Mais je suis guérie, n'est ce pas? J'ai un poids santé, je suis guérie, j'ai un poids santé, je suis guérie, j'ai un poids santé, je suis guérie...

Alors, pourquoi je me réveille encore en pleurs après ces remarques? Pourquoi j'ai aussi mal à l'intérieur? Pourquoi j'ai l'impression de glisser à nouveau dans l'ombre, de redevenir ce non-être de mon adolescence? Pourquoi je me surprends encore à compter les calories, à regarder avec dégoût ce corps qui est le mien?

Ces petites phrases qui ne sont rien hantent ma vie. Je sais qu'elles ne se veulent pas méchantes ni même un indice que je suis grosse. Mais elles brisent ma fragile carapace. Peut-être devrais-je achever ce livre sur mon petit Enfer adolescent personnel afin de véritablement tourner la page et ne plus laisser ces insignifiances, à ce point, bouleverser mon être... Je publierai peut-être un extrait, lors d'un prochain billet. Il faudra bien que j'avance...

31 décembre 2009

L'intégrité personnelle selon Facebook!

Eh bien! Voilà bien longtemps que je n'ai point écrit! Le temps des fêtes n'est jamais la meilleure période pour se tenir à jour de nos activités: nous sommes trop occupés à manger ou à festoyer dans un coin de pays! J'avoue que j'ai reçu suffisamment de chocolats pour avoir douze crises de foie en l'espace de deux mois. Il suffit d'être raisonnable, me direz-vous, ce n'est pas comme si le sucre représentait la totalité de mon alimentation depuis une coupe de mois... ^_^'

A vrai dire, j'ai commencé à écrire des billets à quelques reprises durant cette longue période de silence. A chaque fois, cependant, j'étais interrompue et je devais le laisser inachevé. Quant à les reprendre plus tard, eh bien, ce n'était plus pareil: je n'étais plus dans l'ambiance, je n'avais plus l'inspiration. Je les ai donc abandonnés. De fait, le temps a passé et nous voilà, ce soir, sur le point de faire le bilan d'une année bien remplie. C'est un peu le passage obligé de toutes les fins d'année: même Facebook a tenté de s'inscrire dans la tendance générale en créant une application qui compile tous nos statuts de l'année écoulée. Enfin, c'est ce qu'il paraît à la lecture de la description mais il devient très vite évident que la dite application ne sélectionne qu'une dizaine de statuts au hasard...Notez que cette stratégie évite d'obtenir un livret de phrases, hors contexte et souvent inintéressantes, pour chaque utilisateur: l'air de rien, les statuts se modifient rapidement sur Facebook! Certains, d'ailleurs, me perturbent beaucoup: il y aurait une véritable étude sociologique à mener sur les états présentés sur ce site: les nouvelles mères de famille, par exemple, trop concernées par leur vie transformée, s'acharnent à décrire chaque hoquet de leur progéniture toute neuve. Si nous sommes généralement heureux de savoir que telle ou telle connaissance a assuré sa lignée, il devient très vite lassant de lire chacune des péripéties de l'enfant en lieu et place du statut de la mère. Comme me le faisait remarquer un de mes amis, cela nous fait toujours l'effet que celle-ci s'est complétement effacée pour regarder son petit respirer. Certes, c'est un choix de vie mais j'avoue que je suis toujours perturbée par cette tendance.

Parmi les états étranges, ceux trop intimes me dérangent également. Soyons clair: je suis une utilisatrice chevronnée de Facebook. Il est toujours, ou presque, ouvert en parallèle de mon travail ou de mon activité et le site constitue, à mes yeux, une merveilleuse plateforme de communication. Je n'ai pas, cependant, 176 amis proches: beaucoup sont des connaissances que j'apprécie de suivre mais à qui je ne raconterai pas forcément le quart de la moitié de ma vie. Alors, lorsqu'une de ces personnes étale sa vie personnelle et intime dans ses états, j'avoue que je demeure dubitative. Je me rappelle de l'une d'elles, notamment, qui subit une intervention chirurgicale, relativement importante, en début d'année. Alors même qu'elle était à l'hôpital, elle avait demandé à une de ses amies de se connecter en son nom pour changer ses statuts: "Truc est à l'hosto. Appelez-la pour lui dire que vous l'aimez" ou autres notifications d'état du même genre pleuvaient sur les murs de ses 200 et quelques "amis-Facebook"... Ce n'est qu'un avis personnel mais je n'ai pas vraiment l'impression que Facebook soit véritablement le bon médium pour aborder des points importants de notre existence. Pour une trentaine de personnes qui seront sincèrement concernées par des sujets aussi sérieux, il y en aura une lourde majorité qui ne saura pas quoi faire avec les informations données. A vrai dire, il faudrait sûrement user de Facebook avec beaucoup de recul et de prudence: bien-sûr pour les raisons de confidentialité que tout le monde connaît, avec notamment l'histoire de Nathalie Blanchard et de ses primes d'assurances coupées pour cause de photos compromettantes, mais également pour son intégrité personnelle. Lorsque nous marquons que nous n'allons pas bien, par exemple, c'est souvent pour avoir du soutien de ceux qui nous sont proches: en l'indiquant sur une place aussi publique que Facebook, nous prenons le risque de devoir partager notre détresse avec de simples connaissances.Or, lorsque l'affect est touché, il est rare que nous souhaitions exposer notre vie au grand jour, au premier passant de notre existence.

En définitive, nous assistons à une véritable réévaluation des jardins secrets: par le biais du net, il devient plus simple de partager absolument tout et n'importe quoi avec tout et n'importe qui. Nous ne voyons jamais, ou presque, nos lecteurs: il est toujours plus simple de s'exprimer par écrit, loin du regard des autres. Le blog est aussi une forme d'espace public. Après tout, tout le monde peut y accéder et j'écris souvent des réflexions de vie et des états d'âme très personnels. Pourtant, j'ai l'impression que ce domaine m'appartient plus que les potentiels statuts de Facebook: quiconque viendrait lire un billet sur mon blog s'attend à lire quelque chose que j'ai écrit, personnel ou pas. Il entre dans ma bulle autorisée sciemment. Pour faire une analogie pour le moins étrange, j'associerais le blog à un cinéma et Facebook à la place publique: les spectateurs choisissent leur film mais pas forcément les spectacles de rue. Bref, ce ne sont que des sentiments personnels et ils ne reposent pas vraiment sur une argumentation solide. Au fond, Facebook, Twitter, les blog: ce ne sont que des relations sociales sans contact du XXIe siècle. Nous ne sommes jamais plus libres que derrière un écran d'ordinateur...

21 décembre 2009

Les microbes de Noël!

Décembre et son lot de fêtes! Retrouvailles, fêtes de famille, party de bureau: le dernier mois de l'année ouvre les portes de la communion et de la joie. Les lumières aux fenêtres donnent à tous les intérieurs des airs de fête!

Dans cette atmosphère de bonheur bonbon, il fallait nécessairement que quelque chose nous ramène à la réalité. Il me semblait pourtant être dans la norme lorsque j'ai rédigé ma commande au père-noël: je n'ai même pas tenté le vœu pieux de souhaiter la paix dans le monde et une cuisse de dinde pour tous! Non, non! Aucune fausse retenue et générosité: j'ai tenté de donner un nouveau souffle à l'économie en demandant des livres ou des objets de consommation ordinaires! Pourtant, j'ai l'impression que le secrétaire du Père Noël a mal interprété mes requêtes. Peut-être que, du fait de la crise, il a été remercié pour ses bons services et le gros monsieur à barbe blanche doit se taper tout le courrier. Toujours est-il que j'ai pu, en avance, bénéficier d'une armada de microbes, chanceuse que je suis.

En même temps, il est vrai que passer les fêtes sans tousser comme une tuberculeuse et sans nez qui coule, c'est un peu comme un Noël sans sapin. Si, si!Je m'explique: passer les fêtes sans développer une variante du rhume quelconque provoque un conformisme crasse et un égoïsme sans nom! En étant malade, non seulement on permet aux mignons petits microbes bleus de passer les fêtes au chaud, dans nos poumons ou notre gorge, mais en plus on permet aux médecins, qui n'ont que faire de se gaver de foie gras, de venir chez nous sous une tempête de neige, en pleine nuit, pour nous charger 80 dollars la consultation (à leur place, je serais tentée de charger le double, d'ailleurs, histoire de convaincre la majorité des enrhumés que Tylénol est leur meilleur ami!). Je vous entends déjà râler à propos des festins des fêtes et des retrouvailles avec nos proches: à cela, je répondrai que, d'une part, les repas de famille sont excessivement surfaits, aujourd'hui: tout le monde, ou presque (quelques pauvres gens se montrent encore réfractaires à l'opulence indécente des festins de fin d'année!), s'y adonne et cela n'a plus rien d'original! En étant malade, la donne change: quel bonheur de troquer la dinde farcie et son accompagnement finement préparé par un bon bouillon de poulet Campbell's! Quant aux échanges de cadeaux et d'amitié avec nos proches, je soulignerais que si nous limitons ces réunions à une fois par an, c'est certainement pour une raison! En outre, il est toujours possible d'échanger nos nouveaux amis et locataires de gorge avec les courageux aventuriers qui viennent nous saluer sous nos quatre couvertures et douze édredons...

-"..."

J'avoue: le sarcasme est palpable! Mais il faut reconnaître que je suis particulièrement fâchée après mon système immunitaire qui, une fois de plus, me prouve son incompétence! J'aurais sûrement plus d'intérêt à investir dans une compagnie de papier mouchoirs que dans l'ingestion, par tonne, de vitamine C. Le plus amusant de l'histoire, c'est que je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre, même si je ne me gêne pas pour le faire: en définitive, j'attrape simplement toute les déclinaisons de rhume, bronchite ou autres maladies bénignes! Ce n'est certes pas agréable mais il n'y a pas mort d'homme, comme on dit...Pourtant, ça soulage de pester contre les petits bonshommes blancs avec l'étoile jaune de shérif sur la poitrine! (Oui, je regarde trop Il était une fois la vie!) Mais, en définitive, j'aurais quand même eu un souper de noël, même si les prochains risquent d'être limités: hier soir, j'ai passé une excellente soirée avec mes amis, peu importe la grève de mes anticorps. Rien que pour ça, je ne garderai pas rancune à l'égérie de Coca Cola! ^-^

5 septembre 2009

Cycle des Rêves.

Une nuit sombre après un moment de paix. Comme il est difficile d'oublier ses regrets, ses remords. Ils demeurent tapis dans l'ombre, guettant un moment de faiblesse ou d'inattention pour ressurgir, plus forts que jamais. Depuis trois jours, un mal de tête lancinant me ronge de l'intérieur. La nuit devient à nouveau un champ de bataille, un combat à mener tous les soirs contre les cauchemars, la peur et la souffrance. Seules quelques misérables heures d'un repos chaotique troublent le travail minutieux du remords rampant. Mon frère danse aux côtés de mes échecs: ensemble, ils arpentent les profondeurs de mon crâne afin d'en piétiner les moindres espaces. Depuis trois jours, je deviens fantôme. Les nausées, dues au manque de sommeil, se disputent la première place avec les migraines, ma réflexion a pris des vacances prolongées et j'ignore tout de la concentration: elle semble partie sans laisser d'adresse. Je me demande ce qui déclenche ces crises, où ma seule existence me semble être une erreur de calcul, un raté dans la sélection naturelle.

Hier soir, j'ai passé quelques heures de paix avec mes amies. Nous avons partagé un moment simple, comme il nous en faudrait tant pour ne pas se laisser emporter par l'ouragan du quotidien, sans un regard pour la pendule. La tempête sous mon crâne s'apaise avec le soleil mais aussi dans ces moments particuliers, où je peux juste arrêter de gamberger. A force de ressasser certaines pensées dans sa tête, elles finissent toujours par devenir des montagnes infranchissables ou des horreurs sans nom. Être bien en compagnie d'amis est sans nul doute le meilleur des antidotes. Il est dommage, cependant, que tout ait une fin et que la nuit finisse par reprendre ses droits.

"Faire la paix avec ses regrets, ça prend du temps."

Chantait Dédé, dans Dehors Novembre. Effectivement. Je me demande même jusqu'à quel point nous pouvons accepter de vivre avec des erreurs de jugement aux conséquences parfois si lourdes. Lorsque je rêve à mon frère, qu'il soit guéri ou encore malade, je ne peux m'empêcher d'avoir cette pointe venimeuse qui me perce le cœur et fait couler mon sang. Alors que je n'aurais certainement jamais pu empêcher sa folie, je me sens impuissante et presque coupable de son mal. Peut-être parce qu'il était proche de moi, peut-être parce qu'il est toujours plus simple d'entendre les appels au secours d'un noyé lorsqu'il est déjà sous l'eau, peut-être aussi parce que nous ne pouvons jamais accepter de voir un être cher souffrir sans réagir...Je ne comprends pas l'être humain, je n'entends rien à la douleur, j'ignore tout de la fatalité. Certaines épreuves nous rendent plus forts mais le prix en est cher. Trop cher.

30 août 2009

Intelligence Corporelle ou Puissance de l'esprit?

Il paraît que la chance n'existe pas, que nous provoquons notre destin et que rien n'est écrit. Les théories prônant l'inverse appartiennent généralement aux courants religieux qui souhaitent voir leurs ouailles suivre une même voie. Pour ma part, je serais tentée de penser que nous sommes tous, de manière plus ou moins consciente, bien entendu, responsables et acteurs de ce qui nous arrive. Nous ne recevons que les épreuves que nous avons la force de supporter, quoique, parfois, des erreurs de calcul surviennent, débouchant sur des conséquences regrettables.

En moins d'une semaine, j'ai réussi à transformer mon corps en champ de bataille! Deux chutes de vélo relativement violentes et j'ai pu ajouter une nouvelle panoplie de bleus et d'égratignures à mon panel déjà bien fourni. La seconde m'a d'ailleurs privée de la compagnie de certains de mes amis, vers qui je me dirigeais, afin de prendre une petite bière estivale. En lieu et place, j'ai eu droit à une nuit douloureuse et un matin courbaturé. Vous me direz, à première vue, mon vélo a eu bien plus de dommages que moi même, alors je n'ai pas à me plaindre. Pourtant, ça m'a rappelé cette fameuse année 2003 ou j'aspirais tellement à mourir, parvenue à ma limite de tolérance après sept ans de maladie, que je vécus trois "accidents" en l'espace de six mois. Il semblerait que selon notre état d'esprit, notre corps réagisse de manière pour le moins pratique. Je suis toujours surprise de l'intelligence autonome de notre moyen de locomotion ou, pour le dire autrement, de sa capacité d'adaptation à la force de notre esprit.

-"Mouais...ça voudrait dire que, selon ton état d'esprit, conscient ou inconscient, tu influes sur le cours des événements extérieurs? Par exemple, pour tes chutes en vélo, tu ne pouvais pas réellement prévoir que Trucmuche allait t'ouvrir la portière dessus ou que chosemachin allait décider de tourner devant toi, le jour où tes freins sont en vacances!"

Bien sûr. Je ne pense pas que notre esprit ait suffisamment de force pour jouer sur des plans extérieurs. En fait, ce que je crois, c'est que si notre état d'esprit est trop négatif, fatigué ou un tantinet fataliste, il baisse notre attention au point de générer des "accidents" en cascade. Les deux péripéties qui me sont arrivées cette semaine, par exemple, avec mon fidèle compagnon à deux roues, auraient peut-être pu ne pas advenir si j'avais fait montre d'un peu plus d'attention... Cela dit, je n'appuie ma réflexion sur aucune étude sérieuse et scientifique: ce sont juste des remarques que je me suis faites, au regard des événements se produisant autour de moi.

Hier soir, j'ai accompagné ma nièce au concert des Jonas Brothers au Centre Bell! Personnellement, ce n'est pas mon genre de musique mais c'était très amusant visuellement! Je vous en raconterai les moindres détails dans mon prochain billet, car je suis sûre que vous trépignez déjà de savoir, mais je vais commencer par aller offrir une cure de jouvence à mes freins à la retraite... Histoire que je ne sois pas totalement dépecée et bleue dans une semaine! ^-^

Petite mention spéciale à mes amis qui m'ont attendue: je m'excuse encore. Il faut croire que je n'avais pas sorti mon corps en mousse ce soir là et mon vélo ne ressemblait plus vraiment à la Batmobile d'antan! J'espère de tout coeur que vous avez tout de même passé une bonne soirée!

31 mars 2009

Esprit de voyages.

-"Steph, pourquoi tu restes jamais au même endroit? Pourquoi tu veux toujours parcourir le monde avec ton sac à dos? Tu cherches quoi?"

La première fois que mon ami m'a posé cette question, j'ai levé un sourcil. La réponse me semblait bien trop évidente: il n'était pas besoin d'y mettre toute une emphase psychanalytique derrière pour comprendre le goût de la découverte. A bien y réfléchir, je me demande parfois si ce besoin irraisonné de changer de lieu, de ville, de vie n'est pas simplement le reflet d'une peur irrationnelle d'un futur prévisible et ordinaire, où, à l'instar de tout un chacun, mon quotidien se résumerait à travail, famille, patrie. Si j'ai le dit travail, d'ailleurs, car cette étape là est loin d'être gagnée pour l'instant.

Un voyage, au fond, peut prendre plusieurs visages: il peut autant être source de dépaysement, de découvertes, de contacts qu'un simple vol de quelques heures à la recherche du soleil. En somme, il n'est jamais que ce que nous voulons en faire. Le tourisme s'est tellement développé ces dernières années qu'il est désormais possible de passer trois semaines à Cancun sans rien connaître du Mexique. C'est un peu triste, à mon sens, mais chacun est libre de chercher ce qu'il souhaite dans les voyages.

Pour ma part, la beauté du voyage réside dans l'anonymat. Je m'explique: lorsque j'ai la chance de me rendre en terre étrangère, accompagnée ou seule, je ne suis personne. Nul ne sait qui je suis, je ne connais rien de ce qui m'entoure: je suis entièrement en mode découvertes. Tout est source d'émerveillement, de la spécialité locale à base de sauterelles à la magnificence des pyramides. Je n'ai aucune attente, aucun complexe: je m'efforce de m'imprégner de cette culture, souvent différente, mais en même temps si proche, de la mienne, et de me fondre dans le décor. Je ne cherche pas à retrouver mes habitudes à Mexico, par exemple: si j'avais voulu un hôtel avec Spa, je n'aurais eu qu'à prendre le métro jusqu'au centre ville de Montréal (Pas que le Spa soit vraiment une habitude mais bref...). De fait, les découvertes de nouvelles contrées entrainent, inéluctablement, une remise en cause de soi même et une ouverture d'esprit par rapport à ce qui nous entoure: ce sont sans doute là les plus beaux trésors des voyages car ils permettent de mieux comprendre pourquoi le monde ne tourne pas toujours rond. La compréhension est le premier pas vers la solution, n'est ce pas? ^-^

Lorsque je suis partie au Mexique, en 2003, j'ai enfin compris que nous étions bien peu de chose au regard de la nature et des cultures qui nous entourent. Je m'estime chanceuse de pouvoir voir et connaître tant des richesses qui parsèment notre bonne vieille Terre. Et je ne voudrais jamais arrêter, toujours découvrir et partager le plus longtemps possible ces instants privilégiés. Une photo n'est qu'un morceau d'écorce sèche arrachée à un arbre millénaire. Alors, mon ami, peut-être y a t'il des raisons psychologiques à mon instabilité géographique. Peut-être. Mais au fond, on s'en fout un peu. L'important, c'est ce que ces expéditions nous apportent n'est ce pas? ^-^

M'en vais tâcher de terminer ma thèse dans les temps, je pense. Mon sac à dos trépigne: je dois encore montrer et découvrir tant de lieux avec Jules! ^-^

30 mars 2009

Hammam festif.

Samedi, une de mes amies a eu 24 ans. Pour fêter ce petit pas vers le quart de siècle, nous avons été dans un Hammam: depuis un mois, ce doit faire la troisième fois que je vais dans ce type d'endroit. Ma peau n'aura jamais été aussi douce! ^-^

Le spot en question s'appelle Zinabelle. Assez grand, un décor magnifique à tendance Marocaine, le hammam, quoique relativement petit, était tout à fait agréable. La dame, qui avait pour tâche de nous exfolier (comprendre: nous étriller avec un gant de crin), était merveilleusement sympathique: originaire du Chiapas, au Mexique, elle m'a permis de me remémorer, un brin nostalgique, les beautés de cette contrée lointaine. Son nom est Blanca et elle mettait beaucoup de coeur à l'ouvrage: je sortis d'entre ses mains avec des rougeurs deci delà, mais surtout avec une peau lisse à souhait. Comme dit mon amie, notre peau glisse! ^-^

Le seul point négatif de ce site est certainement l'attitude un brin angoissée de la gérante. Elle était pressée d'enchaîner toutes les étapes du hammam: une heure et demie pile après notre entrée, nous étions assises dans le salon, à boire notre thé à la menthe et à manger des biscuits. C'est un peu dommage car dès que nous commencions à nous détendre un peu, elle brisait le calme en nous enjoignant de passer à la phase suivante du Hammam. Tant pis: elle a quand même offert un cadeau à mon amie pour ses 24ans, alors on lui pardonne. ^-^

La journée était magnifique. Le soleil illuminait un ciel bleu azur, l'air portait une délicieuse odeur de printemps et de bourgeons. Tout était réuni pour souhaiter à ma belle amie une très joyeuse fête! Le soir, nous sommes sorties prendre un verre: elle, avec son coca cola, moi avec mon jus d'orange, nous paraissions bien sages en ce samedi soir. Pourtant, ce fut très très agréable. Comme quoi, l'alcool n'est pas toujours nécessaire pour s'amuser. En outre, j'ai l'air un peu moins maladroite sans bière! Si, si, je vous assure: je suis capable de passer une soirée sans rien renverser ou sans trébucher ridiculement sur les marches du bar. ^-^

Encore une fois, Ami, Bonne Fête. T'inquiète pas: 24ans, c'est rien. Un chiffre parmi tant d'autres. Le plus grand danger du temps qui passe n'est pas l'âge qui croît mais l'oubli, qui s'immisce pernicieusement. Nous pouvons tous devenir vieux sans être adultes: Jacques Brel l'a dit! Garde toujours ce si beau sourire qui met un peu de soleil dans nos coeurs et Carpe Diem... ^-^

16 mars 2009

Escapade touristique en cabane à sucre.

Autre pays, autre culture. Lorsque nous avons la chance de voyager dans d'autres contrées ou encore de découvrir, l'espace de quelques années, les charmes d'un pays, nous sommes souvent amenés à nous intéresser aux particularités dites touristiques du lieu que nous arpentons. Ainsi, la première année où je suis arrivée au Québec, j'ai voulu faire du chien de traîneau. Sous les rires et les moqueries de mes amis Québécois, jugeant que je donnais dans le cliché et que je me laissais séduire par des attrape-touristes, je participais, avec d'autres amis Français, à une expédition en traîneau. J'ai vraiment aimé cette expérience et, s'il est possible de tomber sur des usines à promenades en canidés, nous avons pu découvrir cette activité avec un monsieur qui y recourait dans le cadre de son travail. Pas si"folklore pour touriste"que ça, finalement...

Hier, j'ai renoué avec les visites clichés du Québec: j'ai été dans une cabane à sucre avec ma maman et deux amis. Pour le coup, je n'avais pas vraiment effectué beaucoup de recherches et il s'est avéré que Les Femmes Collin tenait plus de la salle des fêtes que de la petite exploitation familiale. Mais la journée était magnifique: un doux soleil sur des paysages enneigées, des érables à perte de vue, liés les uns avec les autres par des petits tuyaux bleus aspirant le sirop à même leur solide tronc de bois, une fort agréable compagnie, il n'en fallait pas plus pour rendre la visite réussie. Le repas était très bon également: le principe d'une cabane à sucre est de goûter le sirop d'érable à même l'exploitation, en en recouvrant l'ensemble des mets distribués au cours d'un diner. Nous sommes, indéniablement, allés dans une usine à touristes, produisant le sirop à la tonne et accueillant les curieux par pelletées. Pourtant, ce fut très agréable et nous avons passé une excellente journée.

Il est complexe de démêler l'attrape-touriste de la découverte culturelle à l'étranger. Souvent, en creusant un peu, on s'aperçoit que ceux qui vous reprochent le plus de tomber dans les pièges à naïfs n'ont jamais pris la peine de visiter ce que leur propre pays leur offre en matière d'attraits. A mon sens, c'est dommage. Entendons-nous bien: je suis également dans le lot. Il y a certainement des choses que je n'ai jamais pris la peine de découvrir en France, sous un quelconque prétexte. Parfois, la beauté est sous nos yeux et nous ne la regardons même plus. L'habitude, sans doute, ou une léthargie propre à l'aspect local des charmes du pays, inspirée par des réflexions de type: "Oh! J'ai le temps! C'est à côté."

Profitons de chaque instant, de chaque cadeau que le hasard de la vie nous offre. Après tout, nous ignorons pour combien de temps encore nous en disposons...

10 mars 2009

L'imposture de l'estime de soi.

Hier soir, j'ai manqué le second cours de Kung Fu. A priori, rien de grave: cela doit arriver même aux meilleurs d'entre nous. Pour ma part, cependant, il m'a coûté de quitter le dojo avant la fin. J'ai de nombreux défauts mais je suis quelqu'un de résistant et de tenace: il est très rare que je baisse les bras pour quelque raison que ce soit, à fortiori pour de vagues arguments de fatigue corporelle. J'ai la prétention de penser dominer mon corps par ma volonté: hier, pourtant, je me suis inclinée. Ce n'était pas exactement de la procrastination, au sens où je n'ai pas voulu remettre à plus tard le cours, mais plus un besoin physiologique dominant ma volonté. Pourtant je me suis sentie mal à l'aise. Étrange tout de même...

L'ironie de l'histoire est que je ne suis même pas rentrée chez moi, pour me reposer ou pour terminer mon travail, qui s'avère, de ce fait, en retard. J'ai appelé une amie et je l'ai rejoint pour prendre un verre avec elle. Elle était elle même avec un compagnon et nous avons discuté une heure ou deux. La soirée était très sympathique et nos discussions ont mis en lumière un certain nombre de points que j'avais pris soin, inconsciemment, de dissimuler derrière les ombres de mes pensées.

La confiance en soi, par exemple: avez-vous remarqué que nous n'aimons pas les démonstrations excessives du manque d'estime de soi? A vrai dire, je pense avoir nettement moins de profondes défaillances dans ce domaine que par le passé: mon estime de moi, grâce aux personnes qui m'entourent, s'est reconstruite et a atteint un niveau suffisant pour être considérée comme normale. Le problème est que mon discours n'a pas changé: par peur de tomber dans l'excès inverse, l'égocentrisme, je vais avoir tendance à chercher toujours le pire, à me dévaloriser en permanence pour ne pas empiéter sur les autres. Sans m'en rendre compte, je vais tenir le discours de l'adolescente mal dans sa peau que j'ai été. C'est assez gênant car les autres doivent subir cette attitude et j'obtiens le résultat inverse de celui que je recherche: ils s'éloignent, par peur ou lassitude, ou bien ils vont tenter, par tous les moyens, de reconstruire mon estime, jusqu'à l'épuisement, alors qu'elle va très bien.

Encore une fois, comme dans Le Subconscient de Morphée, j'aimerais comprendre les mécanismes de la pensée, du subconscient, du conscient, bref de l'être humain pour mieux discerner les problèmes de fonctionnement. J'essaie de surveiller mon discours pour ne pas trop souffler sur cette estime en équilibre mais, c'est radical, elle dérape dès que j'ai un moment d'inattention. Vous me direz, c'est toujours mieux dans ce sens que dans celui de la prétention.

Mouais...Un juste milieu peut être? ^_^
Justifier

3 mars 2009

Clair comme de l'eau de roche.

A vrai dire, lorsque j'ai commencé à écrire ce blog, mon objectif était simplement d'écrire des bouts de pensées, des poussières de ceux qui m'entourent et de moi même. Je suis certainement trop naïve mais je n'ai jamais songé que mes textes pourraient être mal interprétés et blesser des êtres qui me sont chers. Ainsi, hier, lorsque mon ami m'a signifiée qu'il avait été affecté par ce que j'avais écrit dans Maladresse de corps et d'esprit, je suis tombée des nues: dans ce billet, j'évoquais une situation délicate avec deux personnes que j'avais envie de mieux connaître mais qui m'intimidaient tellement que j'en perdais tous mes moyens. Pour mon ami, cette mise en valeur de ces personnages lui enlevait une part de son importance pour moi.

C'est faux.

Ce que je cherchais à exprimer était le profond trouble que suscitait mon incapacité à partager avec les deux personnes évoquées mais cet état de fait n'enlève rien à mes amis: au contraire, cela met en lumière combien je suis à l'aise lorsque je suis avec eux. Aucune hiérarchie d'amitié, nul critère d'intérêt, ne président mes relations interpersonnelles. Qu'on se le dise...

Lorsque j'écris, tout est clair dans ma tête. Je n'ai jamais l'impression de poser des phrases ambigües ou ambivalentes. Pour être tout à fait honnête, peu importe le contexte, j'ai horreur des sous-entendus peu explicites. Lorsque je veux exprimer quelque chose, je vais utiliser des mots qui ne laisseront jamais place au doute: si je propose à quelqu'un d'aller prendre une bière, je n'y mets pas d'autre sens derrière. Si je veux autre chose, je vais utiliser les mots qu'il faut. Car à trop user de métaphores complexes et alambiquées, on crée des quiproquos et des situations incongrues, parfois désagréables, souvent susceptibles de blesser les protagonistes impliqués. De fait, lorsque je n'apprécie pas quelqu'un, pour X raison, cela va se voir: je fige et ne parle plus que par onomatopée. En revanche, si je rie en permanence en votre compagnie, si je la recherche, si j'apprécie de passer du temps avec vous, il n'y a rien à interpréter non plus: on est amis et je profite de la chance que j'aie de vous connaître.

Bref, je tenais à publier ce billet pour que mes écrits ne puissent plus affecter qui que ce soit de mes amis. Il ne faut pas creuser derrière mes phrases: elles ont le sens qu'elles semblent avoir à la première lecture. L'amour ou l'amitié, partagés par des êtres, ne sont pas des données quantifiables: en donner à d'autres n'enlève rien à ceux qui en bénéficient déjà.

Quant à toi, mon Ami que mes mots ont blessé, sache que je ne m'oblige pas à partager du temps avec des personnes: si j'échange dix mails par jour avec toi, alors que nous avons déjà discuté des heures entières la veille ou la même journée, c'est que j'apprécie sincèrement ces instants, cette complicité que j'ai l'audace de penser avoir avec toi, ces conversations un peu folles qui font que nous sommes toujours un peu à part. N'oublie jamais que je suis une création de ton esprit, et que tu es toi même imaginé par une autre jeune femme qui tient à toi. Alors, en définitive, notre amitié est quand même la plus originale qui soit et ne laisse que peu de place au doute, n'est ce pas? ^_^

Force et Honneur, ptit homme!