29 septembre 2009

Ombres du Savoir.

Le temps passe. Inexorablement, il effile ses fils le long du chemin de notre existence. Les heures s'envolent et je suis là. J'ai l'impression, parfois, de passer à côté de ma vie, de manquer les intersections et de m'entêter à poursuivre dans une impasse. J'ai des dizaines de projets mais je n'ai ni le temps, ni les moyens de les concrétiser. Autour de moi, mes amis d'enfance évoluent, grandissent et rentrent dans une vie d'adulte autonome, me laissant derrière eux, un peu plus seule, un brin plus incertaine de mes choix d'existence. Parfois, je songe que j'aurais dû être barmaid, serveuse ou n'importe quel autre emploi qui ferait que je pourrais me consacrer à l'écriture sans être redevable à quelqu'un, sans devoir une réussite par un engagement moral d'aucune sorte. Il est trop tard...

J'ai reçu, samedi, un courriel d'une amie avec qui je devais faire le tour de l'Amérique Latine. Lassée d'attendre que j'ai terminé ma thèse, elle a fini par partir en septembre dernier. Samedi, elle m'a proposé de la rejoindre trois semaines ou un mois en novembre: nous ferions le sud du Pérou, avec le Machu Picchu, une partie de la Bolivie et nous finirions à Santiago du Chili. La proposition est plus que tentante. A bien y réfléchir: ce ne sont pas trois semaines qui vont faire la différence dans ma thèse. Au pire, je ne prendrai pas de vacances l'année prochaine et cela fera la même chose! ...

Eh voilà! Je recommence à faire des plans sur la comète! Je ne pourrai, bien évidemment pas y aller: je n'en aurais pas les moyens et, de toute façon, je me suis engagée auprès de mon père à ne plus parcourir le monde tant que je n'aurais pas achevé mon travail de recherches...Quel gâchis! Certes, du point de vue de mon père, comme de celui de mon yankee préféré, je parie, il est évident que partir arpenter l'Amérique du Sud alors même que je ne suis même pas capable de subvenir seule à mes besoins paraît d'une incohérence crasse. Mais qui a dit que j'étais vraiment cohérente? On dirait que j'ai le goût de me sortir de ma tête pour quelques semaines. Mais ce serait reculer pour mieux sauter, n'est ce pas? Car comme je l'explique dans Mirage de la Procrastination, il n'existe pas réellement de vraies coupures de travail avant la fin d'une thèse. La culpabilité a tôt fait de remplacer le stress du travail et l'on ne profite souvent qu'à demi de nos périples lointains. Ainsi, ma maman, au retour de notre périple en Ontario, me déclarait:

-"Merci pour le voyage. C'était très chouette, même si tu avais souvent l'air absent ou préoccupé. Il est temps que tu achèves ta thèse car elle t'enlève ta joie de vivre."

Sûrement. Bientôt, j'aime à le croire, ce ne sera plus que souvenirs. En attendant, je continue d'avancer à tâtons sur un chemin qui, j'en suis de plus en plus persuadée, me conduit à une impasse, un gouffre de savoir étrange, qui sonne creux.

26 septembre 2009

Remous de vie.

Longtemps sans écrire, une fois de plus. L'ennui avec les intermèdes qui durent, c'est qu'on ne sait jamais par quoi commencer lorsqu'on tente de reprendre le fil des événements. J'achève actuellement un petit périple en Ontario avec ma maman. En fait, elle voulait aller voir les fameuses Chutes du Niagara, personnellement, j'avais des archives à ramasser à Toronto: allier les deux était une agréable solution. La première fois que j'ai mis les pieds dans cette grande ville, je ne savais trop qu'en penser. Certes, je logeais dans une très agréable auberge, le Clarence Castle, où je rencontrai de forts sympathiques voyageurs. Certains étaient là depuis des mois, travaillant en ville et retournant, chaque soir, au sein de l'agréable nid douillet. Toronto, pourtant, m'était apparue trop grande, trop lumineuse, trop finalement. Elle me faisait l'effet d'une de ces grandes constructions sans âme qui poussent sur notre planète comme autant de boursouflures purulentes. Ma seconde visite au sein de la capitale de l'Ontario modifia quelque peu mon point de vue: à force d'arpenter les rues, j'appris à en apprécier les charmes. J'y laissai même mon lacet en guise de souvenir.

-"Gnê?"

En fait, je l'ai perdu. Il était un peu usé et je ne me suis pas rendue compte qu'il profitait de mon périple pédestre pour se choisir son lieu de retraite. De fait, je marche avec une chaussure sans lacet depuis trois jours! Certes, rien de grave mais ne pas avoir ma cheville tenue ne m'aide en rien pour mon équilibre. J'ai dû manquer choir au moins dix fois depuis...

-"C'est ça! Mets ça sur le dos du lacet!"

Sans commentaires...^_^

J'ai donc quitté Toronto et la charmante auberge ce matin pour faire une halte à Ottawa. La ville est jolie mais je commence à m'inquiéter de mon temps de travail qui rétrécit comme peau de chagrin. Il est temps de renter. En outre, mon directeur m'a écrit mercredi pour me rencontrer. Je ne peux m'empêcher d'être inquiète: j'ai toujours l'impression qu'il va découvrir que je ne suis pas au niveau d'un doctorat et que je n'ai pas ma place parmi mes compagnons chercheurs. Je n'ose imaginer la déception de mon père et de ma famille. Encore une fois, nous sommes prisonniers de la vie que nous nous sommes imposés.

Bref, ce soir, nous dormons à Ottawa: l'auberge de jeunesse est correcte, quoique les lits sont tremblotants lorsque je grimpe dessus. Un peu plus tôt, alors que je consultais distraitement mes messages, je vis bouger la moquette à mes côtés. D'un tempérament curieux, je m'approchai du revêtement de sol coupable: une espèce dégoûtante d'insecte tentait de se fondre dans le tapis élimé. Composé d'un corps allongé couleur urine, il avait plus de pattes que n'importe quelle bestiole croisée auparavant. Elles lui entouraient tout le corps comme des franges de tapis. J'eus un léger haut-le-cœur mais mon orgueil me permit de battre en retraite sans pousser le hoquet de dégoût qui affleurait à mes lèvres. Je me perchai sur mon lit superposé, estimant qu'avec autant de pattes, l'animal à franges ne pourrait pas grimper sur un barreau lisse...

Je me concentrai à nouveau sur les nouvelles Internet. J'eus un nouveau choc, plus important et plus émotionnel celui là: Pierre Falardeau et Nelly Arcan sont morts, à 24h d'intervalle. Le premier est fameux en sol Québécois pour ses positions très marquées et très virulentes concernant la souveraineté de la Belle Province. Il fut un cinéaste et un auteur, très engagé politiquement comme peu d’artistes le sont encore. Il était atteint d’un cancer qui a, semble t’il, gagné la bataille le 25 septembre dernier. Nelly Arcan, quant à elle, était un auteur très en vogue. Pour avoir lu quelques-unes de ses œuvres et pour avoir entendu une ou deux de ses entrevues, elle apparaissait comme une jeune femme pleine de talents qui avait beaucoup de choses à dire. Un de ces êtres tourmentés qui ont la plume dans le sang et qui tente, leur vie durant, de surmonter les douleurs sourdes de leur existence par le biais de l’écrit. Cette fois, il semblerait que cela n’ait pas suffi.
Je ne suis pas grand-chose ici-bas. A priori, je connaissais bien moins ces deux personnages de la culture québécoise que la majorité de mes amis ayant grandi avec. Pourtant, je trouve toujours étrange de s’apercevoir que, depuis quelques mois, les grands artistes de notre vie, passée ou présente, nous quittent tous, les uns après les autres. La fin d’une génération, peut être… Nelly Arcan n’avait que 36ans, pourtant …

22 septembre 2009

Vie amicale!

-"Tu as une tendance assez marquée pour être, parfois, d'une gentillesse infinie avec des inconnus alors que tu te montres froide et distante avec tes amis proches."

Gnê? La phrase de mon yankee préféré me laisse quelque peu songeuse. Certes, je ne suis pas ce qu'il y a de plus facile d'accès lorsqu'on touche à des sujets qui m'affectent particulièrement: j'ai une forte tendance à mâchouiller ma tristesse jusqu'à ce qu'elle soit si peu consistante que je peux l'avaler sans même m'en rendre compte. Au mieux, je vais en parler ici, sur cette équivalence de la Pensine d'Harry potter. Mon ami semble percevoir derrière ce comportement une faille dans la solidité de notre amitié. Cette conversation n'est d'ailleurs pas l'unique dans son genre: du fait de notre conception très différente des relations amicales, nous devons souvent opérer des petits réglages en matière de communication. Personnellement, je ne suis pas particulièrement un être fusionnel et tactile. Pour être claire, j'ai beaucoup plus de facilité à enlacer et câliner un animal qu'un être humain: mes congénères provoquent, inéluctablement, la même raideur de mouvement ainsi qu'une gêne notable dans mes propos dès qu'ils tentent de pénétrer un peu trop avant dans ma bulle. J'ai tendance à mettre cette attitude quelque peu handicapante sur le compte de mon agoraphobie latente.

-"T'exagères, Steph! T'es pas aussi apeurée que tu veux bien le laisser paraître."

En fait, je dois certainement en mettre un peu trop en usant du terme "agoraphobe": je n'ai jamais vraiment souffert physiquement de la foule. Pourtant, j'y suis tout de même aussi à l'aise qu'un lièvre au milieu d'un nid d'aigles! Déjà maladroite de nature, j'ai tendance à devenir une catastrophe ambulante et à tenter, inconsciemment, de mettre un terme à ma crainte des inconnus et du monde en m'enfermant dans ma tête. Cet aspect, d'ailleurs, s'avère gênant lorsque, à l'instar de hier soir, je joue pour la première fois cette saison avec une équipe de volley ball: de mauvaise, je deviens carrément un handicap pour mes malheureux camarades de jeu, qui ignorent si je suis profondément déprimée dans la vie en général ou si je suis simplement sous Prosac. Bien entendu, cette gêne et ce côté fléau de l'humanité s'atténue au fur et à mesure que j'apprends à connaître les personnes qui m'entourent. Pourtant, le contact humain m'est toujours aussi difficile.

A bien des reprises, j'aurais aimé être capable de prendre des êtres chers dans mes bras, pour les réconforter ou simplement leur montrer que je suis là. Mais cela ne vient pas spontanément et, si je parviens tout de même à m'obliger à approcher la personne, le câlin est probablement le plus raide et le plus maladroit que celle-ci ait connu. Je ne sais, d'ailleurs, jamais quand l'arrêter, ce qui doit souvent bouleverser mes compagnons. Dernièrement, quelques-uns de mes amis traînaient derrière eux ces chaînes de tristesse et de solitude qui me font tellement mal au coeur. A l'instar de mon billet sur le Yin et le Yang du temps qui passe, j'aurais voulu pouvoir, dans un élan de compassion amicale, leur enlever ces poids inutiles qui assombrissent, quelques instants seulement, leur regard. Bien entendu, je n'en ai jamais été capable. Je me réfugie alors derrière les croyances étranges de ma maman et j'imagine mes amis entourés d'une bulle de lumière. Je suppose que ce n'est pas très utile mais ça m'empêche de trop penser que j'ai été, une fois encore, une handicapée sociale.

L'amitié, à mon sens, est un trésor de la vie, une des richesses qui font que, lorsque nous ne possédons plus rien, nous avons encore le goût d'avancer et de nous battre. Elle est indicible et indéfinissable: il n'existe aucun moyen pour en préciser les contours et en établir un mode d'emploi. Elle réchauffe le coeur du plus solitaire des êtres et elle fait que nous développons notre propre personnalité. Loin des préjugés, des modèles, des bien-pensants, elle laisse à chacun la possibilité d'être lui même et d'exister: il n'existe pas une bonne manière de voir les choses et c'est la divergence d'opinion qui nous permet de progresser dans l'apprentissage de ce que nous sommes. Il faut, simplement, laisser à chacun de nous une petite place pour grandir, loin des moules de pensée, et l'amitié est le baume au coeur qui nous permet d'être, chaque jour, un peu plus heureux, un brin plus joyeux, un tantinet plus serein.

16 septembre 2009

Résidence Permanente, qu'ils disaient...

Ah! Les aléas de l'immigration Canadienne! Je ne serai certainement pas la première à en raconter les joies! Pourtant, je vous assure, tout ce que nous pouvons en imaginer, à la lumière des centaines de récits, n'est rien à comparer de notre cas particulier, lorsque nous y sommes confrontés en personne! J'avoue, j'ai fait une erreur: j'ai cru que mes six ans de vie sur le territoire, mes connexions Canadiennes familiales, mon parcours universitaire sur place rendraient mon acceptation plus simple! Ô douce illusion de l'innocence! C'était sans compter les prouesses de la Bureaucratie pour trouver un cheveu sur le crâne d'un chauve! Voici une petite mise en situation:

Le 13 Avril dernier, après moult reports, je poste enfin mon dossier au BIQ ( qui n'a rien à voir avec un crayon ou un briquet, mal écrit, mais se targue d'être le Bureau d'Immigration du Québec), fort de ses six attestations de scolarité à plein temps, à dix dollars l'exemplaire, de ses relevés de notes, au même prix (Il est vrai qu'imprimer une misérable feuille vaut cette petite fortune, à n'en point douter...), les lettres d'employeurs que nous n'avons pas revus depuis notre tendre adolescence,... Bref, un ramassis de paperasse inutile, en attente d'être examinée afin de déterminer si mon humble personne aura l'insigne honneur d'être "sélectionnée" par le Québec et pourra donc commencer à faire ses démarches d'immigration. Le 14 Avril, je reçois le papier de la poste m'indiquant la bonne réception du dossier et le 22 du même mois, un vrai accusé de la part du bureau. Faut pas croire: Montréal peut s'avérer très grande lorsqu'il s'agit de renvoyer des papiers. Ou bien l'accusé est venu à pied depuis la rue Notre Dame et, forcément, en rampant, il a mis beaucoup plus de temps...Bon, je m'égare encore. Dans l'accusé officiel, il m'est spécifiée qui s'occupera de mon dossier, un numéro d'attribution et un site destiné, soi disant, à obtenir une idée du temps de traitement.

"Si vous avez envoyé votre dossier avant novembre 2008, vous devriez avoir reçu votre réponse."

...

Il y a eu une faille temporelle ou le responsable du site s'est fait amputer des doigts en novembre de l'année dernière?

Qu'à cela ne tienne! L'été accourait alors vers nous, avec sa rituelle période de moussons en juillet, et je conçois que, à l'instar de toute bonne administration, les performances de traitement soient mises à mal par les congés dans le sud! Je prends donc mon mal en patience et espère avoir mon CSQ, comme ce document est si joliment appelé, d'ici le mois de septembre.

Le 3 septembre, une lettre m'est envoyée.

"Il vous manque une lettre de l'établissement assurant que vous avez terminé tous vos cours académiques de Doctorat et les copies conformes des lettres de vos employeurs."

Hin hin hin... Six mois pour s'apercevoir que le dossier n'est pas complet? Une question germe dans mon esprit: combien de temps cela prendrait de demander à la personne qui ouvre l'enveloppe pour vous renvoyer l'accusé de réception de vérifier, sinon la validité, du moins la présence de tous les documents demandés??? Juste pour pas donner l'impression qu'on se moque ouvertement des candidats à l'immigration...

Bref, me voilà quelque peu ennuyée. J'ai effectivement terminé tous mes cours académiques mais il me manque deux notes. Je n'ai pas réellement le contrôle sur les activités de mon directeur donc à moins de le séquestrer pour qu'il me corrige, certaines choses échappent à mon contrôle. Je décide donc d'appeler Mme P., responsable de mon dossier.

9h : occupé.
9h30: répondeur.
10h00: répondeur.
10h15 : répondeur.
10h30 : répondeur.
11h00: répondeur.

11h02: demande à la secrétaire si la dite Madame P. existe ou si elle vient de se faire enlever par une horde d'extraterrestres en furie. Cette question se traduit généralement par la phrase classique:

-"Je tombe sans arrêt sur son répondeur. Elle travaille aujourd'hui?
- Oui oui. Vous lui avez laissé deux messages?
- deux? Je lui en ai laissé un mais sans résultat.
- Ah! Il vous faut attendre demain maintenant!"

Demain? En fait, elle est en plein décalage horaire et elle reporte tous ses messages au lendemain? Ne pouvant rien faire d'autre, je me fis une raison. Pourtant, une heure plus tard, mon téléphone sonne et j'ai la surprise de découvrir la voix de Mme P. : elle avait visiblement pris de l'avance sur son planning téléphonique ou bien elle était tannée de voir mon numéro de téléphone s'afficher tous les quart d'heures. Je lui explique mon problème:

-"Ah. Mais c'est la Loi, je ne peux rien faire. Si je n'ai pas les documents dans 60 jours, je transfère votre dossier à Paris et ils vous convoqueront à un entretien!"

Mais oui, bien sûr! Parce que, ça tombe bien, je ne sers à rien à Montréal! Alors pourquoi pas un petit aller-retour à 800 dollars dans la journée???

-"Si vous voulez, je peux aussi suspendre votre dossier jusqu'à douze mois! ça vous laisserait le temps.
- ... Et mon dossier passera à la fin de la file?
- Oui."

Hin hin hin. Elle est vraiment très amusante cette dame! C'est pas comme si, déjà, en temps normal, ça prenait un an à obtenir la résidence permanente! Tant qu'à faire, on pourrait bien rajouter une autre année! Après tout, j'ai encore un bon bout de vie à m'occuper!

En tous les cas, j'étais très très fâchée hier, un peu moins aujourd'hui et ça ira mieux demain! Toujours est-il que je me demande très franchement pourquoi l'administration est aussi stupidement bête et rigide...Peu importe le domaine, la question, il semble inscrit dans son fonctionnement interne qu'elle doit rappeler à l'être humain qu'il ne contrôle pas tout sur cette Terre! Plus forte encore que la Nature pour nous rappeler notre petitesse, la Bureaucratie trône et dispose...

Affaire à suivre!

15 septembre 2009

Reconnaissance inattendue!

Il y a des jours comme hier où le bonheur embaume l'air de ses odeurs de miel. La journée, pourtant, ne semblait pas différente des autres. Elle avait l'arôme du lundi, un goût étrange marquant le début d'une semaine de labeur et d'un retour à la civilisation, après un court intermède dans le bois. Depuis un mois, remarquez, je vis dans une réalité parallèle tant ma famille semble s'être donnée le mot pour venir taquiner le Caribou et le Raton Laveur de ce côté-ci de l'océan. En ce moment, entre ma maman et ma cousine, j'aurais de quoi occuper les heures creuses de ma journée, si seulement j'en avais! ^-^

Bref, hier avait toutes les apparences d'un lundi maussade de retour au travail. Effectuant ma routine matinale, avec plus d'assurance que si je souffrais de TOC, je m'ébouillantais consciencieusement la langue avec le thé, en ouvrant ma page mail, mes onglets Facebook et Blogger. Première bonne surprise du matin: j'ai un commentaire à modérer sur mon site! Étrangement, ce constat génère toujours la même réaction chez moi: un mélange d'excitation, à l'idée d'avoir pu écrire un texte inspirant une réaction, et d'angoisse face à un jugement un peu trop péremptoire. Ce matin là, le nom du commentateur ne me disait rien: Seccus. Je m'en montrais d'autant plus curieuse: une fois encore, le côté "inconnu" de la personne suscite chez moi une impression d'impartialité...Cet élément est, certes, discutable, car certains de mes billets ne se comprennent pleinement que si une mise en contexte peut être faite. Ceci est, cependant , un autre débat...

Hier donc, j'ouvris le commentaire de Seccus. Fort sympathique, il louait mon billet Détente à l'Ovarium, écrit en juin dernier. Une petite pointe d'enthousiasme excité perça mon cœur! En cliquant sur son nom, je me retrouvais sur son site et je découvris alors que mon mystérieux lecteur tient un blog sur le dit établissement de massage. Plus grande encore fut ma surprise lorsque je m'aperçus qu'il me citait dans l'encart des nouveautés. Je ne pus contenir ma joie solitaire plus longtemps : je l'annonçais à mon Yankee préféré, avec toute la fierté que je devais avoir en réserve! Une personne promouvant un établissement public tel que l'Ovarium citait mon humble expérience sur son site!!! ^-^ Mon excitation fut, toutefois, un brin refroidie par mon ami qui m'informa qu'il ne pouvait consulter le dit article, n'étant pas sur Facebook... Dommage...

Ma joie n'avait pas d'égale mais elle ne s'arrêta pas en si bon chemin! Quelques heures plus tard, je recevais un mail de "Seccus" qui me remerciait pour mon billet et m'invitait, dans un geste commercial très apprécié, à profiter de deux autres activités proposées par l'Ovarium, à savoir le Bain flottant et le Pulsar. Autant vous dire que j'avais atteint le sommet de la fierté et de la joie! Je l'annonçais à ma maman, qui s'y rendait justement le lendemain, et je m'empressais de remercier Mr Meloche pour son geste. Il est évident qu'il s'agit là d'une pensée promotionnelle, et le concours actuellement en vigueur sur son site, encourageant les textes sur les expériences individuelles, le prouve. Cela ne lui enlève en rien son caractère honorable et sympathique, cependant: après tout, rien n'obligeait Mr Meloche a m'offrir ces séances. L'avantage de mon blog sans aucune prétention est qu'il garantit la sincérité des textes sans nécessiter le moindre retour, autre que réactions écrites ou commentaires.

En tous les cas, Monsieur, je vous remercie grandement, une fois encore, pour votre attention et, surtout, votre reconnaissance. Celle-ci est toujours le plus agréable des baumes au cœur face à une activité qui nous passionne. Je ne manquerai pas de vous faire part de mes impressions quant aux autres activités que vous me proposez! L'essentiel est déjà fait: un sourire ne quitte plus mes lèvres depuis hier. ^-^

8 septembre 2009

Procuration vitale.

Vivre par procuration est un concept bien étrange. Lorsque j'étais enfant, je l'entendais dans la chanson de Jean Jacques Goldman sans vraiment en comprendre tout le sens. Vivre à travers les autres, à travers les rêves et les histoires que la télévision nous donne en pâture, n'est-ce pas plutôt "mourir vivant"? Au fond, rien de ce qui nous permet d'avancer ne nous appartient vraiment, selon cette perspective. Nous ne faisons que nous approprier des images de vie que nous observons de loin, sans vraiment comprendre à quoi elles réfèrent.

Personnellement, je lis beaucoup, depuis longtemps. Toute sorte d'ouvrages sont passés entre mes mains, de la bande dessinée au roman de science fiction, en passant par le livre dit érotique ou encore l'enquête policière. J'en ai tiré, je crois, un monde imaginaire pour le moins riche et propice à l'évasion. Lorsque plus rien ne va ici-bas, mon esprit plie bagages et s'envole construire un nouveau monde, le sien, dans cet ailleurs qui n'appartient qu'à lui seul. Plus jeune, il arrivait que mon imaginaire créât des histoires aux relents si vrais que je me sentais réellement oppressée et malheureuse, ou bien enthousiaste, sans aucune raison apparente. C'est ainsi que j'ai écrit Merveille Humaine: cet ouvrage est le produit même de mon imagination solitaire, imprégnée de mes lectures et de mes rêves d'adolescente. Il est la version fixée d'une histoire mille fois racontée dans mon esprit, dessinée, modifiée, transformée, adaptée. Ce sont ces types de récits imaginaires qui m'ont permis d'avancer sur le chemin de mon existence, sans me laisser vraiment dévorer par tout ce qui m'entourait. La méthode est classique: la fuite physique s'avère complexe à six ans. Remarquez, je l'ai tentée!

-"Oh! Tu as fait une fugue?!"

Non. Enfin, pas réellement. Je répondais aux disputes familiales par la fuite: je remplissais une valise, plus grande que moi à l'époque, de niaiseries en tout genre et je montais en haut de la rue, attendant je ne sais quel transport magique. C'était généralement ma mère qui me ramassait en rentrant du travail. Maigre fugue qui se voulait certainement une sortie théâtrale! J'ai peut-être raté ma vocation...^-^

Je m'égare, une fois de plus. Vivre par procuration a quelque chose d'extra-ordinaire, au sens de non commun, parce que cela revient presque, à mon sens, à mettre des œillères sur sa propre existence en s'en inventant une, plus agréable. En somme, c'est une fuite sans valise. Un exil de son corps sans disparition apparente. Un moyen très humain de sortir de sa condition sans autre arme que le rêve et l'imagination. Outil pratique si l'en est mais indubitablement peu sain sur le long terme. Tôt ou tard, il faut ouvrir les yeux et assumer ce qui nous entoure. Reculer pour mieux sauter? Un peu de sucre dans une vie trop amère? Un peu des deux? La vie par procuration est en tout cas une notion bien mystérieuses pour ma petite personne, qui en use pourtant si souvent. Le risque est toujours grand de prendre cette vie parsemée de rêves et de minuscules mensonges pour la réalité et de la laisser déborder sur notre quotidien: ce serait pourtant la porte ouverte à une chute douloureuse car le rêve disparaît lorsqu'il est confronté à la rationalité d'autrui.

Mais peut-être que tout est dans la mesure? Le fameux Juste-Milieu, encore une fois? Entre vivre par procuration et s'évader dans son monde secret, il y a certainement une nuance, une notion de temps et de contrôle qui maintiennent l'équilibre. Ce sont certainement ces limites qui différencient les faux-vivants du reste de leurs congénères. Nous revenons alors à la notion de choix personnel, de la construction de notre vie: seules nos actions prouvent ce que nous sommes, peu importe nos rêves et nos belles idées. Celles-ci sont nécessaires pour faire avancer l'individu mais elles doivent, pour s'accomplir pleinement, trouver une résonance dans nos actes. Alors, comme le disait cette petite fille devant l'ONU, soyons ce que nous faisons et non ce que nous disons.

5 septembre 2009

Cycle des Rêves.

Une nuit sombre après un moment de paix. Comme il est difficile d'oublier ses regrets, ses remords. Ils demeurent tapis dans l'ombre, guettant un moment de faiblesse ou d'inattention pour ressurgir, plus forts que jamais. Depuis trois jours, un mal de tête lancinant me ronge de l'intérieur. La nuit devient à nouveau un champ de bataille, un combat à mener tous les soirs contre les cauchemars, la peur et la souffrance. Seules quelques misérables heures d'un repos chaotique troublent le travail minutieux du remords rampant. Mon frère danse aux côtés de mes échecs: ensemble, ils arpentent les profondeurs de mon crâne afin d'en piétiner les moindres espaces. Depuis trois jours, je deviens fantôme. Les nausées, dues au manque de sommeil, se disputent la première place avec les migraines, ma réflexion a pris des vacances prolongées et j'ignore tout de la concentration: elle semble partie sans laisser d'adresse. Je me demande ce qui déclenche ces crises, où ma seule existence me semble être une erreur de calcul, un raté dans la sélection naturelle.

Hier soir, j'ai passé quelques heures de paix avec mes amies. Nous avons partagé un moment simple, comme il nous en faudrait tant pour ne pas se laisser emporter par l'ouragan du quotidien, sans un regard pour la pendule. La tempête sous mon crâne s'apaise avec le soleil mais aussi dans ces moments particuliers, où je peux juste arrêter de gamberger. A force de ressasser certaines pensées dans sa tête, elles finissent toujours par devenir des montagnes infranchissables ou des horreurs sans nom. Être bien en compagnie d'amis est sans nul doute le meilleur des antidotes. Il est dommage, cependant, que tout ait une fin et que la nuit finisse par reprendre ses droits.

"Faire la paix avec ses regrets, ça prend du temps."

Chantait Dédé, dans Dehors Novembre. Effectivement. Je me demande même jusqu'à quel point nous pouvons accepter de vivre avec des erreurs de jugement aux conséquences parfois si lourdes. Lorsque je rêve à mon frère, qu'il soit guéri ou encore malade, je ne peux m'empêcher d'avoir cette pointe venimeuse qui me perce le cœur et fait couler mon sang. Alors que je n'aurais certainement jamais pu empêcher sa folie, je me sens impuissante et presque coupable de son mal. Peut-être parce qu'il était proche de moi, peut-être parce qu'il est toujours plus simple d'entendre les appels au secours d'un noyé lorsqu'il est déjà sous l'eau, peut-être aussi parce que nous ne pouvons jamais accepter de voir un être cher souffrir sans réagir...Je ne comprends pas l'être humain, je n'entends rien à la douleur, j'ignore tout de la fatalité. Certaines épreuves nous rendent plus forts mais le prix en est cher. Trop cher.