31 décembre 2009

L'intégrité personnelle selon Facebook!

Eh bien! Voilà bien longtemps que je n'ai point écrit! Le temps des fêtes n'est jamais la meilleure période pour se tenir à jour de nos activités: nous sommes trop occupés à manger ou à festoyer dans un coin de pays! J'avoue que j'ai reçu suffisamment de chocolats pour avoir douze crises de foie en l'espace de deux mois. Il suffit d'être raisonnable, me direz-vous, ce n'est pas comme si le sucre représentait la totalité de mon alimentation depuis une coupe de mois... ^_^'

A vrai dire, j'ai commencé à écrire des billets à quelques reprises durant cette longue période de silence. A chaque fois, cependant, j'étais interrompue et je devais le laisser inachevé. Quant à les reprendre plus tard, eh bien, ce n'était plus pareil: je n'étais plus dans l'ambiance, je n'avais plus l'inspiration. Je les ai donc abandonnés. De fait, le temps a passé et nous voilà, ce soir, sur le point de faire le bilan d'une année bien remplie. C'est un peu le passage obligé de toutes les fins d'année: même Facebook a tenté de s'inscrire dans la tendance générale en créant une application qui compile tous nos statuts de l'année écoulée. Enfin, c'est ce qu'il paraît à la lecture de la description mais il devient très vite évident que la dite application ne sélectionne qu'une dizaine de statuts au hasard...Notez que cette stratégie évite d'obtenir un livret de phrases, hors contexte et souvent inintéressantes, pour chaque utilisateur: l'air de rien, les statuts se modifient rapidement sur Facebook! Certains, d'ailleurs, me perturbent beaucoup: il y aurait une véritable étude sociologique à mener sur les états présentés sur ce site: les nouvelles mères de famille, par exemple, trop concernées par leur vie transformée, s'acharnent à décrire chaque hoquet de leur progéniture toute neuve. Si nous sommes généralement heureux de savoir que telle ou telle connaissance a assuré sa lignée, il devient très vite lassant de lire chacune des péripéties de l'enfant en lieu et place du statut de la mère. Comme me le faisait remarquer un de mes amis, cela nous fait toujours l'effet que celle-ci s'est complétement effacée pour regarder son petit respirer. Certes, c'est un choix de vie mais j'avoue que je suis toujours perturbée par cette tendance.

Parmi les états étranges, ceux trop intimes me dérangent également. Soyons clair: je suis une utilisatrice chevronnée de Facebook. Il est toujours, ou presque, ouvert en parallèle de mon travail ou de mon activité et le site constitue, à mes yeux, une merveilleuse plateforme de communication. Je n'ai pas, cependant, 176 amis proches: beaucoup sont des connaissances que j'apprécie de suivre mais à qui je ne raconterai pas forcément le quart de la moitié de ma vie. Alors, lorsqu'une de ces personnes étale sa vie personnelle et intime dans ses états, j'avoue que je demeure dubitative. Je me rappelle de l'une d'elles, notamment, qui subit une intervention chirurgicale, relativement importante, en début d'année. Alors même qu'elle était à l'hôpital, elle avait demandé à une de ses amies de se connecter en son nom pour changer ses statuts: "Truc est à l'hosto. Appelez-la pour lui dire que vous l'aimez" ou autres notifications d'état du même genre pleuvaient sur les murs de ses 200 et quelques "amis-Facebook"... Ce n'est qu'un avis personnel mais je n'ai pas vraiment l'impression que Facebook soit véritablement le bon médium pour aborder des points importants de notre existence. Pour une trentaine de personnes qui seront sincèrement concernées par des sujets aussi sérieux, il y en aura une lourde majorité qui ne saura pas quoi faire avec les informations données. A vrai dire, il faudrait sûrement user de Facebook avec beaucoup de recul et de prudence: bien-sûr pour les raisons de confidentialité que tout le monde connaît, avec notamment l'histoire de Nathalie Blanchard et de ses primes d'assurances coupées pour cause de photos compromettantes, mais également pour son intégrité personnelle. Lorsque nous marquons que nous n'allons pas bien, par exemple, c'est souvent pour avoir du soutien de ceux qui nous sont proches: en l'indiquant sur une place aussi publique que Facebook, nous prenons le risque de devoir partager notre détresse avec de simples connaissances.Or, lorsque l'affect est touché, il est rare que nous souhaitions exposer notre vie au grand jour, au premier passant de notre existence.

En définitive, nous assistons à une véritable réévaluation des jardins secrets: par le biais du net, il devient plus simple de partager absolument tout et n'importe quoi avec tout et n'importe qui. Nous ne voyons jamais, ou presque, nos lecteurs: il est toujours plus simple de s'exprimer par écrit, loin du regard des autres. Le blog est aussi une forme d'espace public. Après tout, tout le monde peut y accéder et j'écris souvent des réflexions de vie et des états d'âme très personnels. Pourtant, j'ai l'impression que ce domaine m'appartient plus que les potentiels statuts de Facebook: quiconque viendrait lire un billet sur mon blog s'attend à lire quelque chose que j'ai écrit, personnel ou pas. Il entre dans ma bulle autorisée sciemment. Pour faire une analogie pour le moins étrange, j'associerais le blog à un cinéma et Facebook à la place publique: les spectateurs choisissent leur film mais pas forcément les spectacles de rue. Bref, ce ne sont que des sentiments personnels et ils ne reposent pas vraiment sur une argumentation solide. Au fond, Facebook, Twitter, les blog: ce ne sont que des relations sociales sans contact du XXIe siècle. Nous ne sommes jamais plus libres que derrière un écran d'ordinateur...

23 décembre 2009

Les dentistes: les garagistes des temps modernes!

Oui, le titre est étrange. Mais vous allez comprendre: depuis quelques mois, je pouvais assister à la lente et douloureuse mort d'une de mes dents. Lorsque le trou créée par la carie est visible, cela augure mal. Autant le dire tout de suite, pour ce qui est des dentistes, je suis loin d'être originale: ils sont tout autant synonymes de cauchemar et de souffrance pour mes longues nuits que pour la plupart des personnes. Au bout de deux mois, tout de même, la douleur est trop vive pour que je prétexte ne pas trop la sentir. Je suis d'ailleurs rendue avec une mâchoire musclée et proéminente à gauche, tant j'évite de mâcher à droite. J'appelle donc mon sauveur potentiel, qui prend des allures de bourreau moyenâgeux lorsqu'il sort ses armes de libération, et il me fixe un rendez-vous pour mardi 16h. Devant rejoindre une de mes amies pour le spectacle Alegria du Cirque du Soleil à 19h, je songe que trois heures de délai seraient amplement suffisantes pour aller subir un plombage et revenir faire une sieste à la maison avant l'heure H. Quelle douce illusion...

15h50: j'entre dans une salle d'attente douillette et sympathique, où la secrétaire m'invite gentiment à quitter chaussures et manteaux à l'entrée. En lieu et place des premières, elle me tend deux magnifiques rectangles bleus qui s'avèrent être des recouvre-chaussures d'hôpital. Pour l'heure, ces esthétiques objets seront des recouvre-chaussettes. Assise dans le fauteuil du supplice, j'explique au dentiste l'objet de toutes mes souffrances et je lui indique ma dent trouée. La dame en blanc hoche la tête sans répondre, prononce une phrase inintelligible à son assistante et sort de la salle. Dubitative, je vois la dite assistante remonter mon siège de la mort et me tendre un objet étrange, composé d'un cercle et d'un carré, le tout tenu par une tige en plastique, marquée par d'innombrables dents.

-"Mordez!
- Pardon?
- Mordez la tige! On va prendre une radio."

Trop étonnée pour prononcer une parole, je me mets en devoir de mordre la dite tige. L'aspect le plus agréable de l'exercice est sans nul doute la partie carrée de l'objet qui perfore le bas de la mâchoire. Deux secondes plus tard, la radio est prise et je me retrouve à nouveau allongée sur le fauteuil. La dentiste revient des limbes où elle avait disparu et m'explique que j'ai effectivement une carie, (au cas où j'aurais un doute sûrement et que je sois venue simplement pour le plaisir d'être si confortablement installée), mais qu'il y a 90% de chance pour qu'on doive aussi faire un traitement de canal. Là, un vent de panique me souffle dans le dos: j'ignore tout de ce qu'est un traitement de canal mais, à priori, ça sonne douloureux et particulièrement coûteux dans ce pays. La dentiste doit sentir que je guette le meilleur moment pour m'enfuir par la fenêtre car elle s'empresse de me rassurer: elle ne le fera pas aujourd'hui. Elle attend la radio. Par contre, elle va me faire mes plombages "en attendant". C'est vrai que quitte à ne rien faire, autant s'occuper...

-"mes?"

Eh oui! Car, m'apprend-elle, la dent d'à côté a un peu pâti de la carie de sa voisine. Bilan: il faut soigner les deux. Tout en m'expliquant à quel point il est important de prévenir les traitement de canal car ce sont des opérations coûteuses, elle se saisit d'une aiguille à la pointe si longue que j'étais certaine qu'elle allait crever un oeil à son assistante en l'essayant. Que nenni! L'aiguille trouva l'intérieur de ma bouche avec plus de facilité que moi même lorsque je bois une bière! Se faire planter un tel attirail dans une zone à priori aussi sensible n'est pas la partie "le fun" du dentiste, si tant est qu'il y en ait une, mais je suis un être orgueilleux, comme le Kung Fu a pu me l'apprendre, et je mis un point d'honneur à ne pas même planter un ongle dans ma main. La dentiste, décidément très bavarde ce soir là, continue de m'expliquer les préceptes du plombage en attendant que ma moitié de bouche gèle. Se saisissant de sa fameuse roulette au cri d'une scie circulaire, elle s'attaque ensuite à l'exploration de ma dent malade. Enfin, c'est ce que je croyais alors. J'ignore ce qui est le plus effrayant: le bruit de cet engin si proche de l'outil de l'ébéniste ou bien les morceaux de dent qui s'envolent au gré de l'exploration et atterrissent souvent sur notre visage. Personnellement, dans mon souvenir, l'outil le plus effrayant du dentiste était sans nul doute cette scie circulaire miniature. Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir mon bourreau sortir un mini marteau piqueur afin d'être sûre de ne rien laisser de la dent coupable! Soudain, en dépit de ma moitié de visage gelé, une vive douleur s'empare de moi:

-"Stop!" criai-je dignement.

... Bon, évidemment, entre l'assistante et son aspirateur à salive d'un côté et l'experte en travaux public de l'autre, mon intervention s'apparenta plutôt à:

-"Stpjfdjiejijhs!"

Mais bon, l'important c'est d'être compris, n'est ce pas? La dentiste s'étonne que je sente encore quelque chose et, afin de ne plus me voir leur postillonner dessus, elle se lance dans l'élaboration d'une nouvelle seringue à l'aiguille infinie. Dans la conversation, et profitant que j'ai toujours l'aspirateur à salive dans la bouche, elle m'informe qu'en fait le trou vient de la perte d'un plombage, qui s'est fracturé et a planté sa moitié inférieure dans ma gencive, d'où mes douleurs des derniers mois et celle que je viens de ressentir, pendant son extraction. J'ignorais que les plombs avaient une durée de vie limitée mais, à priori, vu que c'est le deuxième en moins d'un an qui se fait la malle, je dois me rendre à l'évidence: une moyenne de quinze ans par plombage est un maximum! La seconde injection faite, mon visage me fait l'effet d'une énorme baudruche et la dentiste s'obstine à me poser un paquet de question pour me faire parler avec ma moitié de bouche opérationnelle. Soudain, j'ai envie de prendre mes cliques et mes claques et de m'enfuir avec ma paralysie faciale et ma dent à moitié creusée. Constatant que je ne peux plus parler, ma dentiste-garagiste enlève son masque: elle demande à son assistante de me faire une radio complète de la mâchoire afin de vérifier que toutes mes dents ne soient pas pourries. Elle disparaît à nouveau et son assistante m'entraîne dans un renfoncement du couloir où trône un siège aux allures de ceux présentés dans les films de science fiction des années soixante. Elle m'installe sur le fauteuil, place mon menton en avant, m'obligeant à basculer un peu la tête en arrière, avance une tige plus longue que la précédente et me demande de la mordre. Ainsi installée, j'imagine que je dois avoir l'air d'un oiseau malade buvant de l'eau à la pipette. L'assistante, de me demander:

-"Êtes-vous confortable?"

Je ne crois pas nécessaire de répondre et me contente d'un grincement de dents qui se veut l'expression sonore de mon rictus sarcastique. L'assistante balbutie quelques excuses et s'empresse de lancer sa machine à radio. Une minute plus tard, j'ai réintégré mon fauteuil et la dentiste, une nouvelle fois réapparue (j'imagine qu'elle est allergique aux radio... ou incontinente!), a de nouveau entrepris son travail de fondation dans mes dents. 18h05, elle se relève, visiblement soulagée, et moi, la bouche toujours aux trois quart inutile. Elle m'entraîne dans le bureau du fond et me montre ses radios: elle me désigne des tâches noires, que je ne vois  d'ailleurs pas, et m'explique qu'il faudrait faire un plan pour réparer sept dents prochainement si je ne voulais pas devoir faire des traitement de canal. Je hausse un sourcil lorsqu'elle m'apprend que parmi les deux dents qu'elle m'avait réparé, aucune n'était celle que je lui avais désigné comme douloureuse. Elle préférait "attendre". Abasourdie, je l'entends me décrire ce qu'elle voudrait faire dès la rentrée et m'informer que ça devrait me coûter environ 5000 dollars. Je me retiens d'éclater de rire et je lui rappelle que je suis étudiante. Elle prend un air attristé et me conseille de prendre contact avec mon assurance car, vraiment, j'allais perdre mes dents si on n'agissait pas bientôt. A vrai dire, depuis deux heure que je suis dans cet établissement, à être secouée dans tous les sens, j'ai juste envie de m'enfuir. Je la remercie et cours presque vers la caisse où une facture plutôt gratinée m'attend.

-"585 dollars, s'il vous plaît.
- Joyeux Noël!" maugréais-je dans ma barbe.

Bien sûr, je vais être remboursée par mon assurance maladie. Mais l'avance fait mal à mon budget de noël et les perspectives ne sont pas glorieuses. En sortant de l'immeuble, une pensée me fait sourire: je sors du dentiste avec deux dents neuves, sans que je n'ai rien demandé à leur sujet, celle que je voulais soigner est encore malade et j'ai un plan qui causerait mon endettement sur dix ans sur le bureau de mes bourreaux. Vraiment, je persiste: les dentistes sont les garagistes du monde moderne! ^-^

Un élément positif, cependant: depuis ma prime jeunesse, la technologie semble avoir évolué et ce ne sont plus des plombs gris mais blancs. Bilan: j'ai deux dents grises en moins! ;) Afin d'oublier ces mésaventures, je m'empressai de rejoindre mon amie au Centre Bell afin de voir un spectacle qui rendrait le sourire au plus taciturne des êtres: Alegria du Cirque du Soleil! Mais je vous raconterai cette soirée la prochaine fois: là, faut que je contemple mes nouvelles dents!

22 décembre 2009

Un Noël désabusé.

Temps qui passe, temps rapace. Temps qui emporte au loin tous les souvenirs fugaces de ce que nous sommes, de ce qu'ils sont, de ce qui est. Je me demande souvent jusqu'à quel point nous contrôlons le fond de notre être. Hier, succombant à la léthargie désagréable de la fièvre, j'ai passé mon après midi, allongée sur le canapé, à regarder des contes de noël. Vous savez? Ces belles histoires qui allient romantisme, joyeuses fins et belles valeurs utopistes. Habituellement, je me contente d'aller voir le dernier Walt Disney au cinéma et j'ai ma dose de bonheur distillé. Surtout que le côté animé de la chose le rend moins crédible, donc moins porteur de douces illusions. Hier, sans doute du fait de la fièvre et d'une éternelle fatigue qui s'accroche à moi avec plus de force qu'une moule à son rocher depuis des mois, j'étais clairement en mode hypersensible: j'ai pleuré devant le vieil acteur racontant à son neveu comment il était devenu un légionnaire hors pair, un sauveur de la veuve et de l'orphelin en "Afrique du Nord", j'ai sangloté devant la publicité pour le spectacle de Dan Bigras pour les sans abris, je perdais tant d'eau salée qu'elle finit par me brouiller la vue. Seule dans ce salon, à deux jours de noël, un gouffre sans fond semblait percer mon estomac. Même la réplique si cliché du vieil acteur des Vieux Lions sur la bonté fondamentale de l'homme n'a réussi à m'arracher guère plus qu'un rictus.

Noël symbolise la fête et la communion avec nos proches. Paradoxalement, c'est dans ces moments là que certaines personnes se sentent les plus seules au monde. L'expression du bonheur généralisé met en exergue avec plus force encore nos manques personnels, qu'ils soient familiaux, économiques ou autres. Le proverbe "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" est juste, finalement, et Dédé avait tort: le temps ne change rien aux regrets. Il les couvre de poussière, de futiles soucis qui, en apparence, paraissent plus gros. Mais le moindre choc secoue les millions de particules et la blessure se rouvre, béante et douloureuse. Le temps n'efface rien. La mémoire humaine a cet avantage qu'elle peut se montrer sélective. Pourtant, ce n'est que rarement les plus profondes coupures que le temps panse. Ce doit être pour ça que l'Homme a inventé les religions: pour trouver un coupable à ces douleurs qui font trop mal, pour ne plus sentir le plomb en fusion qui coule si lentement dans nos poumons. C'est tellement plus simple d'accuser une volonté extérieure, non humaine, indépendante de notre volonté. Au fond, nous ne sommes que des êtres déresponsabilisés dans un monde qui fout le camp par petits bouts. Nous ne sommes que des éternels enfants sans la magie de l'innocence. On joue aux adultes responsables mais on se retire dès que ça vient bousculer notre propre confort. L'exemple le plus probant est sans aucun doute le pitoyable échec de Copenhague. Je ne peux que rejoindre les auteurs de Paris Bali qui souligne que les dirigeants des 193 pays présents sont passés à côté de l'histoire. Pour Ban Ki Moon, le misérable accord qui en est ressorti est un "succès": j'ignore si j'ai envie de rire ou de pleurer! Parfois, je me demande comment l'idée que l'homme est fondamentalement bon et intelligent peut encore avoir la vie dure dans nos sociétés: je comprends que l'idée contraire effraie mais avouons que défendre ce point de vue est presque risible au regard de nos sociétés et de leur fonctionnement.

Bref, peu importe...Se montrer pessimiste et cynique ne permet pas à la Terre d'aller mieux non plus. Curieusement, pour la première fois depuis longtemps, Noël me rend triste. La fièvre sans doute...

21 décembre 2009

Les microbes de Noël!

Décembre et son lot de fêtes! Retrouvailles, fêtes de famille, party de bureau: le dernier mois de l'année ouvre les portes de la communion et de la joie. Les lumières aux fenêtres donnent à tous les intérieurs des airs de fête!

Dans cette atmosphère de bonheur bonbon, il fallait nécessairement que quelque chose nous ramène à la réalité. Il me semblait pourtant être dans la norme lorsque j'ai rédigé ma commande au père-noël: je n'ai même pas tenté le vœu pieux de souhaiter la paix dans le monde et une cuisse de dinde pour tous! Non, non! Aucune fausse retenue et générosité: j'ai tenté de donner un nouveau souffle à l'économie en demandant des livres ou des objets de consommation ordinaires! Pourtant, j'ai l'impression que le secrétaire du Père Noël a mal interprété mes requêtes. Peut-être que, du fait de la crise, il a été remercié pour ses bons services et le gros monsieur à barbe blanche doit se taper tout le courrier. Toujours est-il que j'ai pu, en avance, bénéficier d'une armada de microbes, chanceuse que je suis.

En même temps, il est vrai que passer les fêtes sans tousser comme une tuberculeuse et sans nez qui coule, c'est un peu comme un Noël sans sapin. Si, si!Je m'explique: passer les fêtes sans développer une variante du rhume quelconque provoque un conformisme crasse et un égoïsme sans nom! En étant malade, non seulement on permet aux mignons petits microbes bleus de passer les fêtes au chaud, dans nos poumons ou notre gorge, mais en plus on permet aux médecins, qui n'ont que faire de se gaver de foie gras, de venir chez nous sous une tempête de neige, en pleine nuit, pour nous charger 80 dollars la consultation (à leur place, je serais tentée de charger le double, d'ailleurs, histoire de convaincre la majorité des enrhumés que Tylénol est leur meilleur ami!). Je vous entends déjà râler à propos des festins des fêtes et des retrouvailles avec nos proches: à cela, je répondrai que, d'une part, les repas de famille sont excessivement surfaits, aujourd'hui: tout le monde, ou presque (quelques pauvres gens se montrent encore réfractaires à l'opulence indécente des festins de fin d'année!), s'y adonne et cela n'a plus rien d'original! En étant malade, la donne change: quel bonheur de troquer la dinde farcie et son accompagnement finement préparé par un bon bouillon de poulet Campbell's! Quant aux échanges de cadeaux et d'amitié avec nos proches, je soulignerais que si nous limitons ces réunions à une fois par an, c'est certainement pour une raison! En outre, il est toujours possible d'échanger nos nouveaux amis et locataires de gorge avec les courageux aventuriers qui viennent nous saluer sous nos quatre couvertures et douze édredons...

-"..."

J'avoue: le sarcasme est palpable! Mais il faut reconnaître que je suis particulièrement fâchée après mon système immunitaire qui, une fois de plus, me prouve son incompétence! J'aurais sûrement plus d'intérêt à investir dans une compagnie de papier mouchoirs que dans l'ingestion, par tonne, de vitamine C. Le plus amusant de l'histoire, c'est que je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre, même si je ne me gêne pas pour le faire: en définitive, j'attrape simplement toute les déclinaisons de rhume, bronchite ou autres maladies bénignes! Ce n'est certes pas agréable mais il n'y a pas mort d'homme, comme on dit...Pourtant, ça soulage de pester contre les petits bonshommes blancs avec l'étoile jaune de shérif sur la poitrine! (Oui, je regarde trop Il était une fois la vie!) Mais, en définitive, j'aurais quand même eu un souper de noël, même si les prochains risquent d'être limités: hier soir, j'ai passé une excellente soirée avec mes amis, peu importe la grève de mes anticorps. Rien que pour ça, je ne garderai pas rancune à l'égérie de Coca Cola! ^-^

17 décembre 2009

Tiens! L'hiver à Montréal, il fait froid!

Ah les joies de l'hiver! Il revient tous les ans: à priori, ce n'est plus une surprise. Objectivement, en habitant à Montréal, nous savons tous que, dès novembre, neige, froid polaire et glissades sur les trottoirs seront au rendez-vous. Pourtant, invariablement, chaque début de la saison glacée s'entame par des débats interminables sur le déneigement de la ville et nous nous demandons pourquoi, déjà, nous avons choisi le Québec comme terre d'accueil. Après tout, l'île de la Réunion a aussi bien des charmes! Notamment en ce moment d'ailleurs...

Personnellement, je suis de nature frileuse: à Nîmes, réputée la ville la plus chaude de France, j'ai passé de longues heures collée sur le radiateur, regrettant amèrement de ne pouvoir y rentrer complétement à l'intérieur. De fait, lorsque j'ai annoncé à mes proches, il y a six ans de cela, que je partais m'installer dans le pays des neiges éternelles, j'ai été l'objet de rires et de moqueries: j'avoue que cela manquait de cohérence. Cela dit, étant de nature incohérente, il était cohérent que je sois incohérente! (Ah! Les sophismes!^-^) Bref, curieusement, mes premiers temps au Québec ne furent pas si terribles: l'excitation liée à la neige, relativement rare dans mon coin de pays, et le froid sec me rendirent l'adaptation plus aisée que je ne l'aurais cru. Avec un épais manteau, des gants, une écharpe et une tuque, j'étais capable de marcher longtemps avant de sentir mes cuisses geler sous l'effet pernicieux du vent. Oui mais voilà: j'étais équipée! Ce matin, il fait -19, c'est à dire -36 avec le facteur vent, et je n'ai qu'un manteau et une écharpe. J'ai beau tenir mes mains sagement dans mes poches, la morsure des courants d'air n'est pas sans rappeler à mes mains qu'elles pourraient être bien au chaud dans des gants si je surmontais ma peur viscérale de la foule. Car oui: je n'ai pas encore été acheté des gants car nous sommes la semaine avant Noël et que je crains que mon agoraphobie latente soit mise à rude épreuve pour une paire de moufles quelconque...

-"T'exagères, Steph! Passer Noël avec des engelures ne sera pas mieux! "

Certes. Remarquez: la couleur bleuté rappellera les bleus qui parsèment mon corps. Le Kung-Fu, aussi, je l'ai découvert au Québec. Bleu comme un drapeau  orné de lys blanc: finalement, je suis simplement pleinement adaptée à mon milieu! ^-^

11 décembre 2009

Le Dartmouth College à Hannover, New Hampshire: la grisaille d'une ville en hiver!

Un long silence implique plusieurs hypothèses: une grave maladie, une amputation des doigts, un brouillage entre l'ordinateur et l'être humain ou un périple dans une contrée lointaine, dépourvue de tout accès conséquent à la technologie moderne.

Personnellement, je crée une cinquième option: un séjour, à quelques heures de Montréal, dans une ville aussi terne que les bâtiments gris et sans vie qu'elle compte. Mes besoins archivistiques, en effet, m'ont amenée à découvrir Hannover, New Hampshire, écrin de la célèbre école: le Dartmouth Collège. Les fans de Twilight reconnaîtront immédiatement le nom de cette université à laquelle l'héroïne postule dans le troisième tome! ^-^

Bref, cette petite ville se situe aux États-Unis: mon camarade de travail et moi même avons donc entrepris un périple de quatre heures de bus pour nous y rendre. Le passage de la frontière s'est avéré sensiblement identique à toutes mes expériences: un douanier Américain aux allures un peu fruste qui prend les empreintes digitales de TOUS mes doigts, pour être bien certain que je ne suis pas recensée par le FBI dans la catégorie "porteuse illégale de Foie Gras" ou encore "marchande clandestine de fromage au lait cru". Au bout de dix minutes de procédures très utiles comme me questionner sur le contenu de mes recherches au Dartmouth College, le douanier concède que ce ne sera pas avec moi qu'il pourra faire le coup d'éclat manquant à sa carrière, et me demande les six dollars nécessaires à l'émission du misérable papier vert faisant office de visa. Toutes ces mesures ne s'appliquant pas aux Canadiens, mon ami et compagnon de voyage m'attendait paisiblement sur les fauteuils de l'entrée. Remarquez que les douaniers se sont montrés bien plus affables que lors de notre voyage à New York, avec Jules, un an plus tôt: ils lui avaient alors intimé l'ordre sec et sans discussion de retourner dans le bus en me laissant me débrouiller avec la paperasse et un accent anglais pitoyable! Cette fois, j'avais la carte M. derrière moi en cas de trop grande conversation nécessaire! ^-^

Cette première étape passée, nous sommes parvenus à notre point de destination. Un campus aux allures très Britannique ancestral, hébergeant une masse de jeunes adolescents relativement gâtés par la vie, arborant tous fièrement...le pantalon de jogging aux couleurs de l'école! Notez que je n'ai pas d'argument objectif pour les commentaires qui vont suivre mais simplement un besoin d'exprimer une émotion: OUACH! Je veux bien que tu sois fier d'appartenir à une école (et encore, compte tenu des frais d'entrée, la fierté d'être riche est un élément discutable!), mais les gadgets reliés à l'enseigne sont suffisamment nombreux pour ne pas te transformer en sac de pomme de terre dans un pantalon de Jogging! Achète un porte-clé, un bonnet, un sac, une écharpe, une peluche, mais pas ce morceau de tissu informe qui métamorphoserait Jessica Alba en sac de jute! Alors, certains useront de la carte "confort": je ne la partage pas mais pourquoi pas? Mais de là à aller à l'école en pyjama...Bref, il va sans dire que je n'ai pas apprécié le côté esthétique des habitants du Dartmouth College mais il est vrai que je ne suis pas particulièrement une référence en matière de mode. Mon côté anti-magasinage a des conséquences en matière de goût...

Qu'à cela ne tienne! Nous étions venus dans ce prestigieux établissement pour ramasser des archives et non faire une étude vestimentaire. L'archiviste qui nous a reçu nous a donné l'espoir d'en finir vite car elle prétendait n'avoir que peu de stock: faux! Beaucoup d'éléments très intéressants mais très mal classés! Résultat: nous avons passé notre semaine à parcourir des fiches dont une partie des archives n'existaient même plus dans leur fonds! Perte de temps indéniable mais heureusement compensée par la serviabilité et l'efficacité des archivistes! Ils se sont montrés attentionnés et vraiment disponibles pour nous aider à trouver nos... 450 documents!

Parmi mes surprises du séjour, je mentionnerai l'absence quasi totale de supermarchés. Nous avons mis trois jours à trouver un magasin vendant de la nourriture: à croire que tout le monde mange au restaurant à White River Junction, petite ville à côté de Hannover où se trouvait notre hôtel. Nous avions bien trouvé un buffet chinois mais il fallait marcher 45minutes avant de l'atteindre et, après avoir perdu tous nos doigts le premier soir, nous n'avions pas vraiment envie de mourir criblés de gerçures les autres jours!La vie semble chère dans le coin car l'hôtel où nous résidions servait aussi de résidence étudiante: cela revenait moins cher de louer une chambre au mois que d'avoir son propre logement. Curieux pour des villes aussi petites dont les uniques possibilités d'amusement le soir sont des bars miteux, sentant le renfermé et la friture, préparant des grilled cheese (comprendre: des croque-monsieur sans jambon) huileux aux habitués volontaires!

Bref, nous sommes revenus hier soir et je n'en suis pas malheureuse! Cet aperçu des Etats-Unis n'était pas véritablement le trésor de ce pays...Au moins, j'ai été dans une des villes dont Edward Cullen parle à Bella. Je ne l'ai pas vu, cependant! Vraiment, rien pour sauver cette ville! ;)

1 décembre 2009

Séquelles de la grippe: une métamorphose en ours somnolent.

LIBRE! Depuis dimanche...

-"On croirait que tu sors de prison!"

Essayez de ne pas sortir de chez vous durant huit jours, vous allez constater que la prison a une étoile de plus en matière de liberté: se rendre au réfectoire pour dîner permet à son résident de réaliser plus de dix pas dans la journée. Pour ma part, mon plus long trajet en comptait sept. De fait, je peux claironner: LIBRE avec des accents de vérité dans la voix! ^_^ Remarquez, tout ne s'est pas déroulé aussi bien que je l'imaginais. Forcément, lorsque l'activité physique la plus exigeante que l'on réalise depuis une semaine est de mettre son assiette de soupe au micro-ondes, les séquelles de fatigue du corps ne semblent pas si importantes. Oui mais voilà: grisée par l'air frais sur ma peau, je me suis emballée: dimanche, j'ai pris le métro pour aller sur l'avenue Mont Royal dans l'espoir de trouver un portefeuille (pas sur la rue, bien sûr: dans un magasin!). Trois stations et dix minutes de marche plus tard, je rentrai dans une librairie.

-"Pour un portefeuille?"

Oui, je sais. Je suis passée devant et mon magasin n'ouvrait qu'à midi... Bref, je rentre dans la Bouquinerie Saint Denis et défaille. Mon corps, par ailleurs dépourvu de tout signe extérieur de souffrance, décide qu'il a atteint son quota d'efforts pour la journée et me conseille fortement de m'assoir si je ne veux pas avoir la honte de choir dans une étagère remplie de livres. D'ailleurs, il n'attend pas ma réponse et je me retrouve assise devant un panel d'ouvrages historiques avant d'avoir réalisé que les troubles oculaires que je percevais n'étaient pas dus aux néons. Je réalise alors que mon corps a autant d'énergie en réserve que si je venais de traverser le Canada sur une jambe: problématique, étant donné ma situation géographique. En outre, en coin, je remarque que le vendeur se doute que je ne me suis pas assise pour analyser les auteurs qui ont écrit sur la première Guerre Mondiale: il me regarde, l'œil inquisiteur. L'orgueil est une vaste capacité qui permet autant le pire que le meilleur: il m'a, à cet instant, permis de me saisir de mes quatre livres, de les payer et de porter mon enveloppe charnelle jusqu'à la librairie de voyage où travaille une de mes amies. Là, je me rassois dans l'unique fauteuil du magasin, le teint olive. J'avais initialement prévu une longue promenade pour me remplir les poumons de tout l'air pollué dont ils avaient été privé durant une semaine: autant dire que la perspective m'apparaissait, désormais, moins raisonnable que de boire une bouteille de vodka d'un seul trait. Après une heure de repos, je m'en retournai, penaude, à mon douillet chez-moi. Apparemment, la fin de la grippe ne rime pas avec la fin de la fatigue.

Cela dit, comme j'aime les proverbes, j'ai voulu appliquer complétement celui déclamant que les expériences forment la jeunesse. J'ai remis ça, indifférente aux tristes conséquences de la veille. Ainsi, hier, je tentai une autre sortie, devant aller me faire prendre en photo pour mon dossier de résidence permanente et, tout de même, travailler un peu. J'arrivai au photographe emplie d'énergie. Le temps de débourser, une larme à l'oeil, vingt dollars pour quatre malheureuses photos d'identité, j'étais dans le métro, direction le bureau. Trois heures plus tard, devant mon écran d'ordinateur, je constatai, perplexe, que ma forme  physique ressemblait à celle des lendemains de veille. Sauf que je n'ai pas fêté depuis deux semaines au moins. Mais qui dit lundi, dit Kung Fu. Après une semaine où j'avais raté tous les cours, je tenais à revenir sur les vieux tatamis du dojo. Bon, soyons honnêtes, l'orgueil ne contrôle pas tout: après le premier cours, j'imaginais mon lit avec tant de précision que j'aurais pu me coucher sur les dits tapis de sols verts marécage. Je m'éclipsai donc, sans tambour ni trompettes, espérant que ce matin serait plus efficace: il fut pire encore. Je m'endormais toutes les dix minutes en gardant ma nièce. L'interactivité n'a pas été ma caractéristique première mais cela n'étonnera personne. Il semblerait que certains départements ne soient pas ouverts à l'option "volonté" dans le corps et la lutte contre le sommeil entre dans cette catégorie.

En clair, mon corps et moi, nous nous sommes déclarés la guerre: lui réclame une sieste aux deux heures, je ne lui en accorde qu'une après le dîner. Il faut dire que je ne la contrôle pas: un genre d'évanouissement sur le canapé, avec mon travail sur les genoux. Pour l'instant, le corps a l'avantage mais je ne perds pas espoir de lui montrer le non sens de ces réclamations: pour pouvoir s'offrir une sieste aux deux heures, il me faudrait avoir moins de deux ans ou, encore, m'apparenter à un ours, entamant son hibernation annuelle. A priori, je ne satisfais / aucune de ces conditions...

28 novembre 2009

Google Street visite le patrimoine mondial de l'Unesco!

Le voyage et la découverte: il est désormais notoire que ce sont, à mon sens, de merveilleuses opportunités que notre condition humaine nous permet de réaliser sur cette planète malade. Paradoxalement, cependant, relativement peu de monde en profite. Le syndrome de la procrastination est rapportée au voyage:

-"J'aurai le temps plus tard!"

Ou, comme me répondait récemment un de mes amis:

-"J'irai après avoir remboursé ma dette d'études."

Bref, nous attendons un signe mystérieux, nous repoussons l'échéance et, très rapidement, sans même nous en rendre compte, nous tombons dans l'engrenage de notre société, toujours trop pressée. Parfois, le besoin de sortir de notre vie devient trop pressant, alors nous nous payons un "tout-inclus" à Cancun ou Cuba et nous passons une semaine en bikini dans un centre, en tout point pareil à notre confort habituel, dont le seul côté exotique est l'accent des serveurs. En clair, nous nous illusionnons en nous donnant l'impression de voyager, de quitter notre vie pour découvrir une autre réalité, alors que nous ne faisons que reproduire notre vie à l'étranger.

Les société riches deviennent de plus en plus avares de renouveau: elles se refusent à sacrifier leur confort, si chèrement gagné,sur l'autel du voyage et de la découverte de ce qui est différent. J'ai eu l'occasion, grâce à mon père, de participer un jour à ce type de voyage-postiche: je suis partie en croisière sur le Nil avec ma maman. Bon, soyons honnêtes: il serait particulièrement arrogant de ma part de cracher dans le soupe de ce magnifique voyage. L'Égypte est un temple de magnificence et tous les trésors archéologiques dont elle regorge ne sont qu'une partie de sa beauté. Il est des merveilles qui ne peuvent se rendre par la seule voix du langage ou des photographies. La rencontre avec, par exemple, les statues, au temple d'Abu Simbel, de Ramsès II et de sa femme m'a bouleversée.

Bref, il est indéniable que ce voyage, quoiqu'organisé jusqu'aux soirées de jeu faussement conviviales, demeure un excellent souvenir et une chance inouïe de pénétrer ce monde merveilleux, vestige d'une civilisation perdue. Pourtant, les personnes qui étaient présentes lors de ce séjour m'ont renforcée dans mon opinion négative quant à l'intérêt de ces séjours avec Gentils Organisateurs. Méprisants, arrogants, irrespectueux, certains de mes compagnons de voyage se comportaient plus mal que les colons qui avaient envahi l'Afrique quelques siècles plus tôt. J'ai eu honte plus souvent qu'à mon tour d'appartenir à cette société  dont les membres, imperturbables, étaient capables de déambuler au milieu de la Vallée des Rois en jetant leurs mégots sur le sol. Vous me direz: il n'est pas besoin d'aller aussi loin, ou de prendre un voyage organisé, pour rencontrer ce type de touriste détestable, inconscient des trésors qui l'entourent. Certes, j'en conviens. Pourtant, j'ai le sentiment que, si elle se retrouve aussi à l'état sauvage, cette catégorie d'humains arrogants a un instinct grégaire très prononcé et il est plus fréquent de la reconnaître au sein de sa meute. Entre Lichen, il est plus facile de s'entendre pour gangréner la planète entière.   

Pourquoi parlais-je de ça, subitement? Eh bien, ce matin, en buvant mon thé, j'ai lu un article, sur Futura Sciences, disponible ici,  qui m'a laissée songeuse. Le fameux logiciel Google Street a annoncé qu'il serait désormais possible de visiter les principaux sites désignés Patrimoine mondial de l'Unesco par le biais de leur site. A mon sens, aussi merveilleuse que soit cette application, cela ne peut remplacer la découverte réelle du lieu: il manque l'émotion liée à la contemplation des vestiges, naturels ou humains, de civilisations, parfois perdues. Rien ne peut remplacer ce sentiment d'être une si petite chose au regard de si grandes réalisations. Ma crainte, cependant, réside dans l'utilisation ou les liens qui peuvent être tissés à partir de cette donnée. De plus en plus, nos sociétés favorisent le virtuel au réel: par le biais des jeux vidéos, notamment avec la fameuse wii, qui offre la possibilité à ses utilisateurs de simuler une activité sportive ou intellectuelle. Entendons-nous bien: j'aime les jeux vidéos et j'apprécie beaucoup jouer à la wii. Mais cela reste ce qu'elle est: une console de jeu vidéo. Je peux jouer deux heures au tennis sur cette plateforme, ce ne sera jamais aussi relaxant et bénéfique que mes cours de Kung Fu. Ce n'est qu'une illusion que nous construisons pour nous mêmes, pour continuer à tisser cette toile de réalité virtuelle qui prend, peu à peu, le pas sur notre réalité. Nous pouvons être ce que nous voulons sur Internet, il nous est possible de tout réaliser, désormais, sans quitter le confort de notre salon. Ce n'est plus de la fainéantise: c'est du renferment sur soi. A quoi bon s'ouvrir aux autres, si nous pouvons nous auto-suffire?

J'avoue: j'évoque la position la plus dramatique de notre société. Beaucoup savent faire la différence entre le virtuel et le réel. Pourtant, l'annonce de Google Street me laisse dubitative: ne serait-ce pas une nouvelle occasion de bouger encore moins que ce que nous faisons déjà? Nous pouvons désormais faire le tour du monde, assis dans notre canapé, avec une bière et une tartine de pâté. Quel progrès...

25 novembre 2009

Conversation salée!

-"Qu'est ce que tu manges?
- Gratin de brocoli-pommes de terre.
- Oh! ça doit être bon!
- ça goûte le sel...
- Hein? Toi qui ne sales jamais rien, tu as réussi à mettre trop de sel dans ton plat?
- Non. J'ai mis sciemment la moitié de la salière dans mon assiette.
- ...
- En fait, je me suis trompée de fromage et le gratin est mauvais. Donc, je tue le goût sous un kilo de sel.
- Oui, je comprends, c'est la solution idéale. Tu pourrais le jeter aussi.
- Non! Il en reste les trois quarts! 
- Tu recommences tout juste à manger et tu reprends d'emblée tes mauvaises habitudes.
- Non. Ce ne sont pas des gâteaux: ce sont des brocolis et des pommes de terre. Et un kilo de sel. Les vaches lèchent bien des blocs de sel: ben c'est pareil.
- Tu n'es pas une vache. ça arrive de rater un plat: jeter, si ce n'est pas une habitude, est un acte normal. Jette donc cet accident cardiovasculaire en puissance.
- Non.
- Tu es têtue, hein?
- Non, j'ai des principes: cela n'a rien à voir!"

21 novembre 2009

Survivre au fléau H1N1!

Bon. Ce n'est un secret pour personne: je ne suis pas du tout favorable à cette vague de peur qui entoure la pandémie de Grippe A. Cette vaccination à grande échelle me laisse dubitative quant aux raisons qui la sous-tendent et, personnellement, qu'elle soit de n'importe quelle lettre de l'alphabet, lorsque nous ne sommes pas des personnes à risques, cela reste une bête grippe. C'est un débat de société qui a fait la une des journaux durant des mois et j'avais assuré que je n'en rajouterais pas une couche dans ce blog. Donc, que suis-je en train de faire?

Samedi dernier, je me suis levée avec l'impression d'avoir traversé l'océan Pacifique en papillon et d'avoir fumé quatre paquets de cigarettes. Habituée à mon système immunitaire déficient par fainéantise, je soupçonne un vague rhume qui se serait perdu quelque part dans ma gorge et ne m'en soucie guère. Mon absence totale d'énergie, cependant, s'avère surprenante: mettre une lessive en route me demande au moins trois heures de repos pour m'en remettre, l'œil aussi vif que celui d'une huitre.

-"Une huitre? Elle a des yeux?"

Non, justement. Un cliquetis persistant m'empêche, toutefois, de sombrer dans une profonde léthargie: en me concentrant sur sa provenance, je m'aperçois alors que je grelotte de tous mes membres, aussi glacée que si j'avais décidé d'aller acheter du lait, en gougounes, un 12 janvier à Montréal. Il faut bien que le lavage de cerveau médiatique ait des conséquences sur tout un chacun: je liste tous mes symptômes et les trouve, ma foi, fort similaires à ceux d'une grippe. Ciel. Encore un coup de mon système "immunofonctionnaire", comme l'appelle mon frère!

J'appelle donc ma soeur (quitte à en avoir une qui travaille comme infirmière aux soins intensifs, autant en profiter! ^_^), qui confirme mes soupçons et me conseille, en ultime vérification, d'appeler le 8-1-1, Info Santé. Obéissante, je m'y attèle: le gouvernement a bien tout préparé car, dès l'accueil, la voix automatisée nous oriente, nous, les pestiférés, vers un département téléphonique, spécifique aux symptômes de LA grippe A H1N1. Là, une infirmière, appelons-la Geneviève pour la rendre moins impersonnelle, me répond fort aimablement et me demande en quoi elle peut m'aider. Normal: j'appelle un service de santé spécialisé dans l'information et l'assistance en cas de grippe A H1N1, je peux très bien être en quête de décorations de Noël ou de mes prédictions astrales. Aussi, répondis-je, fort sérieusement:

-"Je cherche le numéro de téléphone de l'académie de coiffure, sur Mont Royal."

Non, ce n'est évidement pas vrai. Cela dit, j'ai hésité, un court instant... ^_^

J'explique donc mon cas à Geneviève, qui s'empresse d'appliquer les directives prévues à cet effet: elle me pose, à peu près, 25 questions afin de s'assurer que nous parlons bien toutes les deux de grippe et non d'une foulure à la cheville. A priori, oui, nous sommes sur la même longueur d'ondes. Elle conclut par:

-"Restez chez vous durant sept jours, prenez du tylénol pour faire baisser la fièvre, et ne venez aux Urgences qu'en cas de problèmes respiratoires ou de trop forte fièvre".

De tous ces conseils, celui de la réclusion est le plus perturbant. Après tout, si je souffrais d'une bête Influenza, je pourrais à loisir gambader dans les rues, promenant fièrement mon virus à ma suite! Je m'enquiers donc des arguments qui permettent à Geneviève d'assurer avec autant d'aplomb que j'avais la grippe H1N1, étant donné que les symptômes sont en tout point similaires à ceux de l'Influenza. Après tout, de sa réponse dépendait mon enfermement dans ma tour d'ivoire ou ma liberté sur les trottoirs de Montréal, rongée par la fièvre.

-"Cela n'aurait pas été très sain non plus!"

Certes. Mais permis. Personne ne fait un foin pour l'Influenza depuis des années qu'elle fait, en moyenne, entre 1500 et 2000 morts par an, en France. Bref, à ma question, iI m'est répondu qu'étant donné qu'il n'y a aucun cas de grippe saisonnière recensé au Québec actuellement, celle-ci n'arrivant généralement que vers janvier, toute grippe attrapée en ce moment ne peut qu'être imputée au fameux fléau dont parlent tant les médias.

Bon... Soyons honnêtes: personne n'aime être malade. Avoir le dynamisme d'une porte-fenêtre et le cerveau d'une moule ne sont pas les caractéristiques d'un être épanoui et suintant de bonheur. Une grippe reste ce qu'elle est: une maladie infectieuse qui vide lentement chaque parcelle d'énergie de votre corps, aboutissant à des situations aussi ridicule que mettre une demi heure pour aller remplir un verre d'eau.

Pourtant, ce n'est pas le cancer, cela n'a rien de commun avec le sida et ce n'est, en aucun cas, une maladie grave pour le commun des mortels. Je ne nie pas les risques de pneumonie ou de troubles respiratoires liés à ce virus et je concède que, lorsque certaines personnes sont déjà fragilisées, elles ont tout à gagner à tenter d'éviter d'attraper ce mal. Mais de là à commander 50 millions de vaccins au Canada, où la population avoisine les 30 millions, ou 95 millions en France, pour 65 millions d'habitants, j'avoue que je ne suis plus. C'est un gouffre financier pour...une grippe. Peu de monde s'est battu pour aller vacciner les gens en Afrique ou dans d'autres contrées défavorisées: est-ce ainsi notre beau monde? On fait des campagnes de peur pour les populations riches, on les sur-vaccinent pour tout et rien et on enlève cet argent des autres recherches? J'ai des nausées mais ce n'est pas dû à la grippe A.

Honnêtement, en dépit de mon système immunitaire pourri qui prend plaisir à prendre ses vacances alors qu'il devrait travailler, je m'en sors très bien: je n'ai aucun antécédent grave et je suis solide. Je comprends que des personnes plus fragiles aient ressenti le besoin de se faire vacciner pour cette grippe qui, somme toute, est semblable à l'Influenza mais en dix fois plus contagieuse: les risques de l'attraper s'en trouvaient d'autant plus grands. Mais je trouve que les politiques de peur, les mesures prises à l'échelle nationale, l'argent investi et le gaspillage qui en découle sont l'expression d'un luxe scandaleux que seuls des pays nantis, corrompus par des sociétés et quelques personnes mercantiles qui se préparent un avenir doré sur le lit de la frayeur générale, peuvent se permettre. J'ai eu la grippe H1N1. Et puis après?

20 novembre 2009

Rage sourde à travers les âges!

"Il faut désormais que mon coeur, s'il n'aime avec transport, haïsse avec fureur."

Déclarait Pyrrhus à Andromaque.

La phrase est joliment tournée et il n'est pas un cœur de pierre qui ne fondrait à son énoncé. Pourtant, aujourd'hui, nous préférons exprimer notre colère et notre frustration par des mots de haine et des injures sans passion.

Mercredi dernier, j'assistai à une bien étrange scène, dans un métro rempli des derniers noctambules, au teint livide des fins de soirées. Un couple d'amoureux, comme il en court les rues dans cette société qui l'impose comme norme sociale, se tenait à dix mètres de moi, le cœur enflammé par quelque malheureux émoi. Les mots étaient durs et la rage, palpable. Derrière la violence de l'échange, transparaissaient, recouvertes du suaire d'un Amour défunt, détresse et tristesse mélangées. Aujourd'hui, la beauté des vers de Racine est remplacée par la grisaille du vocabulaire sans attrait. Pour exprimer un sentiment fêlé, une blessure douloureuse, d'où s'écoule tout le sang de leur coeur, les protagonistes du métro ont choisi la voix de l'humiliation et de l'injure. Devant un public fade, qui regardait, l'œil vague, cet amour se déchirer et se consumer, ils se traitaient des noms les plus outrageux, se laissant aller à des cris d'hystérie. Ils transformaient la tristesse d'un Amour sans lendemain en ridicule à la frontière du risible.

Personnellement, j'en conviens, je ne suis pas une adepte du conflit. Cela me prend tout mon courage pour aborder les sujets qui fâchent et j'ai certainement dû passer toutes les autres solutions en revue avant de me lancer dans des discussions au futur chaotique. La fuite m'est devenue habituelle et mon orgueil s'efforce de panser mes blessures: je ne montrerais pas ouvertement que je suis triste, autant que possible, mais je n'irais pas non plus chercher des explications à une attitude humiliante, méprisante ou simplement incompréhensible. Je vais souvent attendre que tout devienne plus calme dans mon esprit pour oser aborder de nouveau la personne qui m'a, le plus souvent inconsciemment, blessée. De là, mon aspect si "androïde" dans l'expression de mes sentiments. J'use du recul à l'extrême, analysant tout ce qui m'arrive pour ne pas tomber dans l'émotionnel pur. Il va sans dire que ce n'est pas la meilleure méthode: à mon sens, d'ailleurs, il n'existe pas de bon moyen pour interagir les uns avec les autres. Nous suivons juste nos sentis.

Un de mes amis soulignait justement que le recours à la violence dans les paroles du couple devait certainement permettre un certain soulagement aux protagonistes de la scène. Je me permets de demeurer dubitative. Pour m'être laissée aller quelques fois à ce genre d'explosion, je puis affirmer que je ne m'en suis jamais sentie apaisée. Au contraire: je me sentais, l'instant d'après, aussi vile et sale que la personne que je venais d'incendier. L'humiliation, en l'occurrence publique, et l'injure sont des armes qui blessent profondément, ne causant, à mon sens, que des plaies dont il est impossible de guérir complétement. D'où la fameuse expression "les mots ont dépassé ma pensée", si couramment utilisée pour s'excuser d'avoir ainsi malmené notre interlocuteur. Parce que nous avons perdu le contrôle de nous mêmes, nous avons abîmé une relation et nous avons généré chez l'autre des lésions parfois trop graves pour être soignées.

Sommes-nous si parfaits que nous puissions, ainsi, tout gâcher, mépriser, humilier l'autre à ses moindres faux pas? C'est un comportement qui me gêne profondément et j'aurais toujours tendance à préférer les vers de Racine à la haine sourde et sans lendemain. Certes, certains jugeront que ces dialogues enflammés font le piment de la relation, d'autres encore estimeront qu'ils ne sont que l'expression de notre humanité: nous ne pouvons pas tout contrôler en ce monde. Ces arguments sont indéniables. Pourtant, autant que possible, je me dis que nous qui sommes si fiers d'avoir une intelligence supérieure à tous les autres animaux, nous pourrions en profiter pour taire ce type d'instinct bestial qui préside à toute joute verbale.

Bien sûr, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire...

18 novembre 2009

Être ou ne pas être "Indien"?

-"Toi, tu vas bien?
- Oui oui. Comme d'habitude. J'ai froid.
- Ah ça! Tu as choisi le pays où étudier.
- Ouais. Enfin, il faut dire que l'Amérindien ne court pas les rues au Maroc ou en Espagne.
- Non, mais tu aurais pu étudier ceux du sud, là. Les Zasteack.
- Les Aztèques. Ce ne sont pas vraiment les mêmes populations, même s'ils ont vécu sur le même continent.
- Bah, ce sont des Indiens non?"


Euh oui... En fait non, au sens strict du terme, mais on va me juger pointilleuse.

14 novembre 2009

8e Feu: l'Art multiculturel à Montréal.

L'Art autochtone d'aujourd'hui: un inconnu trop souvent réduit à la confection de mocassins tandis qu'il se développe dans tous les domaines. La plupart des personnes qui me côtoient ont tendance à penser que, puisque je travaille sur les communautés amérindiennes de la Vallée du St Laurent au XIXe siècle, je suis la meilleure source d'informations sur tout ce qui touche à ces populations aujourd'hui. Oui mais voilà, comme je le souligne souvent, un brin sarcastique, je parle avec les morts et non les vivants: en clair, je vis parmi des document vieux de près de deux siècles, je peux évoquer certainement nombre de Hurons ou d'Abénaquis qui ont joué un rôle dans leur communautés entre 1790 et 1880, mais j'ignore tout de leurs artistes et porte-paroles qui me sont contemporains. C'est ainsi, l'histoire: on retrace un passé essentiel à la compréhension du présent, mais on n'en oublie souvent de regarder le présent pour donner vie au passé.

Depuis quelques temps, cependant, j'essaie de remédier à ces lacunes contemporaines, car je suis curieuse de connaître le regard sur notre monde des héritiers culturels de mes personnages de papier. J'avais déjà eu l'occasion d'assister à une excellente pièce de théâtre, une truite pour Ernestine Shushwap, de Tomson Highway, et j'avais véritablement apprécié: j'étais alors partie en quête de ses ouvrages mais ils sont plus difficiles à trouver que la compétence chez les fonctionnaires de l'immigration!

-"..."

Oui, désolée. Juste une marque d'énervement après l'anniversaire du septième mois depuis l'envoi de ma demande de CSQ... Parfois, je me rappelle avec amusement la remarque de ma technicienne d'immigration, Mme P., qui précisait, satisfaite, qu'avec les derniers papiers que je lui donnais, tout irait beaucoup plus vite! Je n'ose imaginer ce que ce serait sans! Bref, je m'égare, mais ce n'est que conforme à mes habitudes! ^_^

Hier soir, j'ai eu l'occasion d'aller assister à un excellent spectacle, connu sous le nom du 8e Feu. Le titre du show est inspiré de la célèbre alliance des Amérindiens catholiques de la Vallée du Saint Laurent, après la conquête Britannique de 1763. Il s'agissait de réunir plusieurs artistes de minorités culturelles visibles et de leur laisser le champ libre pour s'exprimer: étaient présents le rappeur métis Samian, des chanteurs comme Claude McKenzie ou encore Nathalie Picard, maniant le slam au gré de ses pensées. Les textes, alliant tradition et modernité, avaient des relents d'artistes plus connus comme les Loco Locass ou encore Grand Corps Malade et ce fut un véritable plaisir de découvrir des talents comme celui de Solane, jeune et timide chanteuse espagnole, dont la voix nous emporte au loin, là où le soleil ne cesse jamais vraiment de briller. Sur fond d'un poême de Christine Sioui, déclamé en français et en Anishinabe, le mélange des cultures était palpable et émouvant sur cette scène de la maison de la culture Frontenac.

Personnellement, je n'adhère que fort peu, généralement, au rap. A part quelques artistes qui s'efforcent de s'approprier ce style de musique pour en faire quelque chose de particulier et de personnel, je ne voue pas une affection inconditionnelle au rap de rue: hier soir, Samian a fait du "rap de réserve" et j'ai, pourtant, aimé. Il faut reconnaître que le spectacle était placé sous le signe de l'éclectisme: les chanteurs qui se sont succédés durant une heure et demie sur scène, alliant tous les types de musique, ont su même me donner envie de danser au son de leurs instruments. Je vous assure: c'est tout un défi de relevé! ^_^ Je saluerais, d'ailleurs, au passage, le talent particulier d'Isabelle, une jeune fille appartenant au peuple Gitan, qui maîtrisait tout type de percussion avec un talent plus que certain. Yann Perreau est également venu participer au mélange interculturel en chantant trois chansons, sourire aux lèvre. Sa bonne humeur était communicatrice et une agréable atmosphère de joie régnait dans la salle.

En somme, j'ai vraiment apprécié cette petite soirée. Une fois encore, je salue le talent de tous ces artistes qui se sont produits devant nous et je les remercie de nous avoir invités à un si beau voyage. Ce spectacle, qui est une production de la maison des cultures nomades, se déplace encore jusqu'à la fin du mois dans Montréal. A l'occasion, allez assister à ce petit moment de bonheur sur scène. Il n'est jamais inutile de nous rappeler que nous appartenons à un monde multiculturel.

11 novembre 2009

Dissociation de sentiments.

-"Je me suis brûlée.
- hein? Où ça?
- Sous l'aisselle, en jouant au volley ball.
- ...
- Je t'assure que c'est logique: j'ai voulu sauter pour pousser la balle de l'autre côté et, en retombant, ben je me suis brûlée sous l'aisselle avec le filet.
- ...
-Quoi?
- Tu as conscience que ça n'arrive jamais, ce genre d'anecdotes? Je veux dire: dans la vie normale de gens normaux.
- Ben... Je l'ai pas fait exprès. Je suis maladroite.
- Et tu as l'art de l'euphémisme."

J'avoue. Un de mes amis soulignait l'autre jour que je n'étais pas vraiment maladroite mais que je manquais simplement de confiance en moi, ce qui m'incitait à paraître malhabile avec mon corps.

Bon. Honnêtement, je le remercie d'avoir tenté de me remonter le moral en mettant en évidence que ce que je prenais pour quelques flocons de neige étaient en fait les émissaires visibles d'une avalanche dévastatrice. Pas qu'on vit mieux en étant simplement maladroite, mais c'est tout de même plus amusant pour notre entourage que d'avoir à faire avec une énième complexée de l'existence, surtout quand celle-ci s'avère être une survivante d'un accident psychologique d'envergure et tellement propre aux sociétés riches de l'occident. Bref, qu'à cela ne tienne, si l'intervention de mon ami m'a prise au dépourvu (je n'ai, pour le coup, absolument rien trouvé à répondre), je peux comprendre ce qui l'a incité à tirer cette conclusion de mon comportement. Les raisons sont certainement semblables à celles qui ont poussé mon yankee préféré à me faire, un jour, cette remarque:

-"C'est fou, le contrôle que tu as sur tes émotions! On dirait que tu ne ressens rien."

C'est mon petit côté androïde. Notez que c'est le fruit d'un long travail et il n'est absolument pas recommandé de tenter ces pratiques en dehors de toute consultation psychiatrique. Mes relations houleuses avec mon corps et ma caractéristique humaine ont provoqué, chez moi, une réaction un peu étrange, d'un point de vue extérieur, qui consiste en une dissociation de l'esprit.

-"Euh... Tu es bi-polaire?"

Je pourrais. Après tout, c'est une maladie très à la mode et je suis bonne pour tomber dans les travers psychiatriques du commun des mortels. En clair, il y a "moi" qui est celle que la plupart du monde connaît, avec un important bagage de blagues posh (une véritable aubaine pour votre mariage, d'ailleurs...), relativement cynique sur ce qui l'entoure et sur elle-même, et très prompte à l'auto-dérision. Une espèce de vieille habitude: comme d'autres se font craquer les articulations lorsqu'ils ne savent pas quoi faire de leurs mains, je m'auto-vanne quand je ne sais pas trop comment me situer. Et puis, vous le noterez à l'occasion, l'auto-dérision passe toujours mieux que la simple dérision. Pour ma part, en tout cas, je préfère me moquer de moi-même avant d'attaquer les autres. Je suis certaine de ne pas blesser ou de paraître juger quelqu'un que je ne connais pas aussi bien que je le crois. Cette tendance a deux conséquences: la plupart des gens ont l'impression que je suis un être "drôle et sympathique", et certains estiment que c'est une couverture éculée pour souligner un manque criant de confiance en moi. Pour ma part, il s'agit plutôt d'une manifestation inconsciente d'une volonté de me faire accepter: un être maladroit et hésitant, ironiquement, est plus souvent apprécié et accepté par les autres qu'une personne arrogante et trop confiante.

Derrière ce "moi" apparent, il y a l'"Autre". Celle dont je ne parle que très peu et en fort mauvais termes. Celle à qui j'impute toutes mes erreurs et mes défauts, la sorcière de ma période sombre, l'allégorie de l'égocentrisme, le côté obscur de la force, bref une mini Dart Vador que je m'efforce de cacher derrière des sourires. Tout un chacun dispose de ce côté moins reluisant dont on n'est rarement fier. Mon expérience avec mon Autre, cela dit, a été tellement intense, mon côté "moi" l'abhorrant avec force durant toute la période où elle dominait, que j'ai réalisé une véritable dissociation des deux. Résultat: tout conflit, toute détresse, toute peur, et, à l'inverse, toute liesse, bref, toute émotion extrême, est bannie de mon côté "moi" pour être contemplée avec un recul froid. De là, mon incapacité à manifester une joie sincère et irréfléchie lorsque je suis heureuse et à me rendre compte que j'ai besoin de pleurer lorsque je ne vais pas bien. De là, finalement, ma tendance à paraître "androïde". Cela aboutit généralement à un débordement, comme j'en mentionnais l'existence dans mon billet sur la désillusion des larmes.

Bref, la mention du "juste milieu" aurait, une fois encore, sa place dans ce billet. A défaut de parvenir à le définir, je préfère encore tomber dans l'extrême du "moi", si étrange et si peu intelligible pour mon entourage. Il me permet de rester proche des gens que j'apprécie, paradoxalement, en levant le nez de mon nombril et en ne me laissant pas tout gâcher pour des niaiseries qui vexeraient mon égo, lequel, somme toute, est plus souvent un fardeau qu'un atout. Enfin, c'est mon point de vue et il vaut ce qu'il vaut. Alors, je m'en doute, tant que je demeurerai ainsi, je devrais toujours lutter contre cette image de petite chose fragile que je renvoie et qui, très souvent, fait peur.

Je me demande, parfois, dans quelle mesure nous sommes vraiment ce que nous pensons être?

9 novembre 2009

Choix d'une vie rêvée.

-"Hey, ça fait longtemps! Que deviens-tu?
- ... J'essaie de finir mon doc.
- Encore? C'est vrai que c'est long. Pis ton voyage en Asie, comment c'était?"

Un bruissement de nerfs qui se froissent? Ah oui, ce sont les miens. J'imagine que mon interlocutrice ne cherche pas à me poignarder dans le dos sciemment, donc je réponds, le plus aimablement que ma frustration le permet:

-"Eh bien, suite à diverses modifications de plans, ce voyage a été annulé.
- Oh, c'est dommage. Bah, tu pourras le faire après ta thèse."

Tiens, quelle détestable remarque! Je pense que j'ai dû l'entendre, en moyenne, une dizaine de fois par semaine depuis le commencement de la dite thèse, et, après trois ans révolus, elle a un arrière goût légèrement âcre.

L'avantage de ne pas avoir régulièrement des nouvelles de quelqu'un est, sans aucun doute, que nous découvrons des milliers de choses lors des retrouvailles. L'aspect négatif réside dans le fait que, à défaut d'avoir pu réaliser le quart des projets évoqués lors de notre dernière rencontre, chaque entretien se métamorphose très vite en un lent cloutage au pilori. En fait, j'avais surtout l'impression que mon interlocutrice prenait un malin plaisir à me faire remarquer à quel point ma vie n'avait mené à rien de concret ou d'intéressant depuis les trois dernières années.

-"De toute façon, il te faudrait de l'argent pour voyager. Depuis le temps que tu étudies, tu ne dois plus en avoir beaucoup. Par exemple, lors des quelques années que j'ai passées en Amérique Latine, j'ai pris un an pour en faire le tour mais ça m'a coûté toutes mes économies. Toi, il te faudra sûrement travailler avant. Tu cherches dans quoi, au fait?
-... Chômage."

Finalement, je me rappelle pourquoi je ne parlais plus à cette jeune fille depuis tant d'années. Elle parle trop. Bon, c'est sûr, ce qu'elle dit n'est pas dénué de sens. Lorsque je regarde autour de moi, la plupart de mes amis qui voyagent ont les moyens ou bien, ils ont travaillé suffisamment longtemps avant leur départ pour ne pas, comme j'ai eu si souvent tendance à le faire, se retrouver bloqués dans un coin de pays pas rapport, sans le moindre sou en poche. Pourtant, je ne peux m'empêcher de continuer à établir des plans sur la comète, et, invariablement, ils mènent à un dénouement décevant. Évidemment, je ne peux me lancer à la découverte du Laos avec une thèse en attente sur les bras. Ce serait, ma foi, assez mal perçu par mon entourage, je le crains.

J'ignore sincèrement ce que je vais faire avec mon diplôme, si je parviens, un jour, à l'obtenir. J'aimerais vraiment pouvoir réaliser mon objectif qui est de travailler à l'UNESCO. Ce n'est pas particulièrement le chemin le plus facile mais c'est de loin le plus intéressant, à mon sens. Le principal ennui est que je ne suis pas la seule à le penser. Nous verrons bien: à chaque jour suffit sa peine, comme disait l'autre. Sauf qu'il affirmait également que ce que nous semons aujourd'hui sera la récolte de demain alors, finalement, il a déclaré tout et son contraire, cet "autre" dont personne ne se soucie du nom.

Après la conversation avec la fort désagréable jeune donzelle qui mettait en évidence toutes les apories de mon existence, je me suis prise à me demander ce que j'aimerais faire là, tout de suite, si je n'avais pas d'obligations scolaires, financières, ou autres limitations morales. "Voyager" m'est venu immédiatement. Prendre mon sac à dos et vivre un peu partout, travaillant au gré des possibilités, découvrant que si les grands de notre société sont tous un peu pourris, il reste toujours des êtres sans prétention qui gagnent à être connus, des personnes anonymes au cœur plus précieux que tout l'or du monde, des quidams mystérieux au sein de bouts de pays magnifiques.

Bruno Blanchet, un chroniqueur de La Presse, illustre tout ce que je voudrais être: il y a quatre ans, ce comédien et polyvalent artiste, a tout vendu pour parcourir le monde avec son sac à dos. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le journal La Presse et vit de presque rien. Il est, je l'avoue, devenu mon idole! Je ne peux m'empêcher de voir une certaine réalisation de la liberté de l'être, là où, pourtant, on pourrait déceler un besoin de fuite. Il déclarait récemment: "voyager, c'est être en vie tout le temps". Je suis tellement d'accord avec cette petite phrase que, une fois de plus, je me prends à rêver. Au fond, n'est-ce pas cela le but de l'écriture et du voyage? Donner un peu de rêve en un monde si riche en merveilles méconnues.

7 novembre 2009

Le "Sutra" de Sidi Larbi Cherkaoui: une danse des moines mitigée.

Sidi Larbi Cherkaoui et les moines de Shaolin. Enfant, je me rappelle avoir souvent vu des affiches promouvant des spectacles mettant en scène les célèbres bouddhistes et leur Kung Fu. Qui n'a jamais rêvé d'être aussi fort et agile que Bruce Lee ou que les bonzes aux robes couleur soleil? Plus qu'un simple art martial, les figures et les prouesses des prêtres de Shaolin ont fait le tour du monde pour leur caractère gracieux et souple. De fait, lorsque mon amie m'a proposé d'aller assister à ce spectacle, tout l'enthousiasme de mon enfance a refait surface! Le spectacle débutait mardi et s'achèvera dimanche. Ami, Elo et moi y sommes allées hier soir. Les artistes se produisant au théâtre Maisonneuve à 20h, nous avions rendez-vous à 19h30 pour prendre possession de nos places, dans le coin des pauvres, tout en haut de la salle. Notez que, à part quelques menus détails, nous n'étions pas si mal placées.

D'entrée de jeu, la mise en scène m'a étonnée: l'idée de départ était de placer deux personnages particuliers, un enfant et son "père", sur le côté de la scène, qui reproduisait, à petite échelle, la mise en scène qui se déroulait sur le côté. En somme, nous avions un agrandissement de l'action principale à côté d'elle. En fait, et j'ai appris ce détail en lisant le programme, il s'agissait de symboliser la rencontre entre deux mondes: le "père", danseur Belge, dont les contorsions ont provoqué de nombreuses grimaces de douleur dans la salle, et un mini moine "bouddhiste" de onze ans, le "fils", dont les acrobaties auraient fait pâlir de jalousie le plus souple des chimpanzés. Jusque là, pourquoi pas? La manière d'aborder l'espace est originale et, ma foi, fort intéressante. J'ai haussé un sourcil, cependant, quand je me suis aperçue que l'accessoire principal du spectacle était des grandes boîtes rectangulaires, desquelles entraient et sortaient sans cesse les personnages. En fait, il s'agit d'une œuvre d'un sculpteur Britannique Antony Gormley: les artistes en usent autant comme des légos, des dominos, bref comme des jeux d'enfants à échelle humaine. Pourtant, les voir ainsi entrer et sortir de ces rectangles me rappelaient un mauvais film de morts-vivants.

Tour à tour marionnettes, croque-mort ou moines, les danseurs, car ils obéissaient à une chorégraphie rigide, tournaient autour de ces boîtes comme s'il se fut agi de cercueils. Durant une heure, car le spectacle ne dura pas plus longtemps, les artistes poussaient des cris à intervalles réguliers, en réalisant des figures acrobatiques plus proches de la gymnastique que de Bruce Lee et un peu trop tous à la fois, sans organisation très définie, pour que nous puissions voir clairement ce qu'ils cherchaient à démontrer. En même temps, me direz-vous, Bruce Lee venait de Hong Kong et n'avais pas grand chose à voir avec les moines de Shaolin.

D'un point de vue général, nous n'avions peut être pas la meilleure place pour profiter du spectacle: lorsqu'ils tentaient d'amener un peu de suspense dans la mise en scène, cachant grâce à leurs cercueils debout l'arrière de la scène, nous voyions absolument tout car nous étions au plus haut de la salle. Un certain nombre d'aspects m'ont cependant déçue: outre les acrobaties, un peu trop de type gymnastique, les armes étaient, pour ainsi dire, tellement étranges que j'ai manqué éclaté de rire: la hallebarde, notamment, avait sa lame qui claquait au vent, révélant à tout le monde ses cris d'aluminium collé à un bâton de bois. La lance brillait de tous ses feux, avec beaucoup trop d'éclat pour être une matière solide originale. Le bâton, enfin, avait plus l'air d'une branche en mal de développement que d'une tringle à rideaux en bois.

-"Une tringle???"

Eh bien, oui. Le bâton qui est utilisé en Kung Fu White Crane ressemble plus à une grosse tringle à rideau qu'à un jonc de marais, comme celui qu'utilisaient les artistes, hier soir. En somme, la mise en scène était originale et le spectacle intéressant du point de vue strictement esthétique: certaines parties, comme celle où, en ombres, ils réalisent des formes de Kung-Fu rapide et précis, méritent le détour. Là où le bas blesse c'est au niveau du fond: les moines ont, semble t-il, jeté un sac de poudre aux yeux aux spectateurs en réalisant des roues sans les mains et en poussant des râles de mourant à chaque coup, mais ils n'ont jamais vraiment mis en valeur leurs qualités de combattant et de véritables adeptes de leur Art Martial, dans lequel, je n'en doute pas une seconde, ils doivent pourtant exceller. Bien-sûr, je suis peut-être trop exigeante: une Française (décidément, nous sommes partout), installée derrière nous, a ponctué chaque roue du spectacle par des : "oh" "ah""excellent"! Enfin, à la fin du spectacle, elle s'est exclamée:

-"oh non! C'est passé trop vite!"

J'ai alors eu envie de lui dire que, une heure, en effet, ça passe vite et que c'est pour cette raison que la durée classique d'un show, quel qu'il soit, est plutôt de une heure et demie. Mais il est bon de conserver ses illusions, dans notre monde, alors j'ai préféré la laisser dans sa bulle.

Bref, en définitive, même si je ne regrette pas d'avoir assisté à ce spectacle, je suis tout de même assez déçue du résultat. Comme quoi, parfois, le rêve est bien meilleur que la réalité et, inéluctablement, la magie des artistes est grandement liée aux attentes du public. L'une de mes amies, elle, a bien aimé parce qu'elle venait surtout voir un spectacle de danse et l'approche de rencontre des mondes occidentaux et orientaux était, pour le moins, bien rendue. De ce point de vue, il est indéniable qu'elle a été comblée. Quoique, si j'étais vraiment méchante je dirais que la danse était tout de même brouillonne, par moments, avec un manque de coordination sans doute volontaire mais qui rendait l'ensemble moins gracieux.

N'empêche, une roue sans les mains, c'est quand même classe...

5 novembre 2009

Distraction culinaire.

-"Mais tu ne cuisines pas?
- Ben... Je l'ai eu fait, dans mon jeune temps. Mais là, j'avoue, plus depuis une coupe de mois.
- Mais tu manges quoi?
- Du surgelé ou des céréales."

Le regard consterné de mon ami est à deux doigts de provoquer mon hilarité. Il est vrai que, tout en conversant avec moi, il se prépare rapidement un burrito fait maison sur un coin de table de notre bureau sans fenêtre. A partir de là, mes barres de céréales ne peuvent vraiment tenir la route au niveau culinaire. En outre, son étonnement n'est que le reflet d'une pensée somme toute générale: réaliser de la bonne cuisine pour bien manger est un plaisir non équivoque. Notez que, sur ce plan là, je me suis nettement améliorée depuis mes années sombres. J'apprécie certains mets plus que d'autres et je peux même, parfois, avoir envie de préparer certains plats. Pourtant, contrairement à la plupart des personnes, je ne voue pas un culte au "bien manger"et je peux, sans m'en soucier davantage que d'un prospectus publicitaire, me nourrir de barres de céréales ou bien du même plat durant des jours.

En fait, j'en conviens, cette attitude n'est pas la plus courante, ni la plus souhaitable. Elle est certainement une séquelle de mon rapport compliqué avec l'alimentation, lors de mon adolescence. Si j'apprends chaque jour à apprécier ce qui est bon, culinairement parlant, je n'ai pas encore accompli la démarche de rechercher cette qualité dans ma routine alimentaire. En fait, et c'est là tout un paradoxe, pour lequel j'aurais une théorie farfelue, si je voulais vraiment en donner une, je suis plus mauvaise en cuisine maintenant, alors que je la mange, que lorsque j'étais malade et que je m'échinais durant des heures à confectionner des plats auxquels je ne toucherai pas. Ma distraction habituelle n'aide en rien à l'amélioration de mes compétences culinaires: hier soir, par exemple, désireuse de confectionner un gâteau pour l'une de mes amies qui angoisse beaucoup pour la fin de sa thèse, je m'y attèle à presque 22h.

-"Tu n'as pas trouvé une heure plus tardive encore pour te lancer dans la pâtisserie?"

J'avoue, je ne me suis pas vraiment aidée sur ce coup là. Mais enfin, songeai-je, il n'y a certainement rien de plus basique qu'un gâteau au chocolat, je devrais réussir cette périlleuse mission en moins de temps qu'il ne m'en faudrait pour attacher mes lacets!

-"T'as vraiment des expressions étranges..."

Merci. ^_^Donc, des oeufs, de la farine, de la poudre d'amande, du chocolat et du beurre plus tard, ce que tous les livres de cuisine appellent l'"appareil" est prêt. Le tout, mélangé, est versé dans un plat et enfourné pour vingt minutes. Tout était parfait jusqu'à cette conversation malheureuse:

-"Oh! Tu as réussi à trouver du sucre! Il n'y en avait presque plus.
- ...
- Steph? Tu n'as pas oublié de mettre du sucre n'est ce pas?"

Mon regard est posé sur le sucrier, confortablement installé sur l'étagère. Non, décidément! J'ai beau tourner et retourner la scène dans ma tête, je ne me rappelle pas que mes mains soient entrées en contact avec sa surface lisse. Je baisse les yeux sur le gâteau que mon yankee préféré tient dans ses mains, prêt à le porter à sa douce. Il ne contient pas un gramme de sucre...

-"T'inquiètes pas. C'est l'intention qui compte. Il va être bon pareil, ton gâteau..."

Peut-être. Ou complétement immonde. Après tout, un gâteau au chocolat sans sucre perd beaucoup de son intérêt... Et après on s'étonne que je ne me lance que très rarement dans l'aventure de la gastronomie! Je sais: c'est en forgeant qu'on devient forgeron, affirme un autre proverbe idiot! Oui mais voilà: mon problème n'est clairement pas la pratique: je suis au courant qu'il faut un minimum de sucre pour qu'un gâteau soit appelé "gâteau". Non, mon principal handicap est un déficit d'attention crasse, communément appelé: la distraction. Face à ce manque, toute pratique s'avère un défi.

3 novembre 2009

Novembre déprime?

Novembre. On raconte, de ce côté de l'océan, que c'est le mois le plus désagréable de l'automne, voire de l'hiver. En fait, il laisse souvent place à une dépression générale au sein de la population: le ciel est gris, les immeubles sont gris, il pleut une pluie désagréable qui glace les os et pénètre, par un moyen des plus mystérieux, jusqu'aux creux des reins. En un rien de temps, le commun des mortels se retrouve réduit à l'état de Gaspacho et rien que l'idée de marcher pour rejoindre le métro, un coin de rue plus loin, lui paraît moins raisonnable que de tenter l'ascension de l'Everest un lendemain de brosse.

Pour ma part, certes, je grelotte juste à regarder les trottoirs humides de derrière la fenêtre, mais j'échappe encore au besoin irrépressible d'aller me pelotonner dans le coin en bas à gauche de mon lit, sous les couvertures. Je ne sais pas pour combien de temps, par exemple, car j'avoue que j'envie de plus en plus souvent le chat qui, depuis deux semaines, s'applique à s'enfoncer dans le moelleux de l'édredon, avec un air de béatitude quelque peu irritant. Il me vient toujours de sombres pensées mesquines lorsqu'il se met, littéralement, à ronfler à côté de moi. Je me demande si ça flotte, un chat, lorsqu'il choit malencontreusement dans une flaque de boue...

-"..."

Je plaisante, bien sûr...

Donc, la dépression de novembre: mythe ou réalité? Il est évident que le moral n'est pas à son meilleur: la disparition du soleil nous crée une carence marquée en joie de vivre. Peut-être est-ce aussi pour cette raison que certains de mes amis se jettent à corps perdu dans le travail? Après tout, quitte à soupirer, l'œil dans le vague, devant un climat digne de la région du Connemara, autant s'abrutir intelligemment. En outre, s'il nous vient l'idée saugrenue de vouloir nous distraire en arpentant les rues détrempées ou en allant au cinéma, il est devenu impossible d'échapper à la panique générale liée ... à la grippe. Ah! La fameuse grippe H1N1... A écouter les Média, nous devrions commencer tout de suite à ériger des Bunkers et à porter des masques à oxygènes à la journée longue. Après tout, c'est quand même pire que la Peste Bubonique! Enfin... L'épidémie et les millions de morts en moins, mais bon, c'est un détail. Je suis toujours impressionnée par les lavages de cerveau et les campagnes de peur que les gouvernements, peu importe les époques et les raisons, s'appliquent à mener auprès de leur population.

Mais bref: le sujet est trop éculé, trop redondant pour être abordé ici. Revenons donc à nos ovidés: la dépression hivernale. A défaut de pouvoir aller chercher le soleil dans le coin de la planète où il a décidé de prendre ses vacances, je m'applique à trouver de nombreux avantages à ce novembre mal aimé: la parution du tome 9 de De Cape et de Croc, la meilleure bande dessinée du moment, et la sortie du second volet de cette histoire romanesque, tellement à l'eau de rose que je me surprends à redevenir une ado romantique, qu'est Twilight ne sont que des exemples des bons côtés de cet avant-dernier mois de l'année. Et puis, il demeure les petits riens du quotidien: les amis, l'acharnement des cours de Kung Fu, les défaites humiliantes en Volley Ball, les matchs de hockey et la bière. Toutes ces choses qui font que, finalement, la pluie peut ne plus être si froide et le ciel si gris. D'ailleurs, bientôt, ce sera la neige et la poudreuse s'entassant en silence sur nos marches d'immeubles, ce sera les descentes en luge sur le Mont Royal et les glissades inopinées sur les trottoirs glacés. Alors, le gris du ciel se reflétant sur notre âme n'est plus que la prémisse de l'éclat diamanté qui nous attend: un genre de sas de décompression pour que nous soyons presque heureux d'amorcer les quatre ou cinq mois de neige! La Nature est bien faite, quand même... ;)

Force et Honneur, gang!

31 octobre 2009

Réussir envers mais pas contre tout!

"-Tu n'as pas le temps de prendre un thé, bientôt?
-Non, faut que je travaille.
-Tu travailles tout le temps, tu vas finir par t'épuiser.
-Non, c'est parfait! Travailler jusqu'à l'épuisement te permet d'être plus efficace: fatigué, tu prends le chemin le plus court pour réussir ton travail.
-...Ou le bâcler."

Ce n'est pas la première fois qu'un de mes amis me vante les mérites du travail jusqu'à l'épuisement, même si les arguments ne sont pas nécessairement les mêmes. Pour mon yankee préféré, il s'agit d'un moyen inéluctable pour parvenir en temps et en heure à la fin de ses recherches, tout en lui permettant de ne jamais avoir de remords quant à la quantité de temps investi. Mon ami avec qui j'ai eu cette conversation hier, en revanche, semble y percevoir un moyen de rendre son cerveau plus efficace. Le fameux concept de "vite et bien" qui serait mis en pratique par l'inconscient afin que le corps puisse se reposer après.

Peu importe l'argument, je ne peux m'empêcher d'être en désaccord avec cette vision des choses. Elle implique trop de sacrifices que j'estime potentiellement regrettables dans notre futur. Quand je regarde évoluer mes deux amis, je crois toujours discerner des manques, des cadeaux de vie importants qu'ils sont obligés de laisser sur le bord du chemin pour pouvoir avancer selon leur envie. Mon père serait certainement d'accord avec eux: pour lui, une vie est longue et il sera toujours temps de se tourner vers le "futile" après avoir réussi: tout est question de choix. Il faut savoir faire des sacrifices, mener une vie de moine en fermant la porte à toute distraction durant les quelques années de nos études afin d'obtenir un diplôme et la possibilité de choisir notre vie. Je conçois pleinement le "bon"sens de cette argumentation mais j'y vois un certain nombre de difficultés: en consacrant tout son temps, son énergie à son travail, au point d'en négliger ses amis, ne court-on pas le risque de se retrouver diplômé, certes, mais seul?

Il s'agit d'une extrapolation, bien sûr: je ne suis certainement pas une proche de mon ami "qui n'a pas vraiment le temps de prendre un thé", et j'ignore tout de son comportement avec ceux qui comptent vraiment dans sa vie. Mon yankee préféré trouve toujours le temps pour passer un moment de détente avec moi lorsque je lui propose. Peut être qu'il en va de même pour mon camarade overbooké. Peut-être...

Mais j'avoue que je suis toujours étonnée d'entendre ce genre de discours. J'ai l'impression que si j'adoptais la même attitude, certes, je finirais mon travail plus rapidement, mais non seulement je finirais par le bâcler, voire m'en dégoûter, mais en plus, je finirais par blesser ceux qui prennent le temps de s'intéresser à moi. En les négligeant, je prendrais le risque qu'ils me tournent le dos, une fois mon ambition satisfaite, et de me retrouver seule pour fêter ma réussite... Peut être suis-je tout simplement un brin trop fumiste et que je me cherche des raisons pour continuer à partager des moments simples avec mes amis, pour poursuivre mes envolées littéraires et tout ce qui pourrait s'avérer être une "distraction". Sûrement. Après tout, j'ai toujours privilégié cette voie, cette manière d'aborder le travail et la vie en général: je recherche la reconnaissance de ma famille et, dans ce but, je vais tout mettre en œuvre pour réussir mes études. Mais il y a des choses sur lesquelles je ne concevrais jamais de marcher pour parvenir à mes fins: mes amis sont le principal trésor de cette vie. A quoi me servirait toute la réussite du monde s'ils n'étaient plus là ?

Mais au fond, la conversation avec mon "ami qui cherche l'efficacité dans l'épuisement" n'est qu'un prétexte à une piste de réflexion sur les sacrifices qu'impliquent des cursus étudiants très demandant. Encore une fois, je ne suis certainement pas assez proche de lui pour me targuer de faire partie de ses priorités de distraction donc son refus n'est en rien un indice d'une négligence amicale de son côté. Je lui souhaite de tout cœur de réussir à réaliser ses rêves sans devoir poser des actes qu'il serait amené à regretter plus tard. Ce qui fait la valeur des choses est souvent lié au regard des gens qui comptent pour nous: seul, rien n'a vraiment de sens...

28 octobre 2009

Mesquinerie Frustrante!

Résidence Permanente, épisode deux.

Hier matin, armée de mes papiers manquants, je me suis rendue au bureau d'immigration pour compléter mon dossier. J'ai préféré m'y rendre en personne car mon amie, qui a déposé sa demande presque en même temps que moi, m'avait informée que les courriers pouvaient prendre jusqu'à trente jours pour parvenir au bon destinataire dans ces bureaux: en vélo, il m'a fallu quinze minutes! C'est à se demander si les étapes administratives visant à trier le courrier ne sont pas simplement là pour gripper les rouages de la machine. Au fond, il a quand même fallu presque cinq mois à la personne traitant mon dossier pour m'informer qu'il manquait trois malheureux papiers...

Bref, ayant appelé Mme P. plus tôt dans la semaine afin de m'assurer de sa présence, elle m'avait conseillée de l'appeler avec mon cellulaire, une fois rendue devant l'immeuble, afin qu'elle descende. Oui mais voilà: je n'ai pas sa ligne directe et je dois passer par l'accueil. Je compose donc le numéro, adossée au mur de l'entrée, contemplant avec un air incrédule les deux fonctionnaires, confortablement installées derrière leur comptoir, qui ne tentent pas même un geste pour décrocher. Elles devaient venir de se vernir les ongles, je suppose: il ne faudrait pas que la décoration s'écaille!

-"Cliché!"

J'avoue. Cela dit, elles n'ont rien fait pour me prouver que ces préjugés étaient foncièrement faux! Voyant que je ne tirerai rien de la voie téléphonique, je décidai de me rendre directement au comptoir pour demander à ce que Mme P. descende chercher les papiers. La dame m'écoute avec attention, hoche la tête lorsque je lui exprime mon désir qu'elle appelle Mme P, et se remet à tapoter sur son clavier en silence. Au bout de dix minutes, je m'interroge sur ma consistance corporelle: est-ce que ma requête n'était qu'une projection de mon esprit ou bien est-ce que mon interlocutrice préférait terminer sa partie de Solitaire avant de décrocher le téléphone? Je demeure d'une impassibilité admirable, appuyée sur le comptoir, suivant chacun de ses mouvements avec un regard vide. Enfin, l'employée se décide à appeler Mme P.: elle tombe sur le répondeur et, trouvant sans doute superflu de mentionner que quelqu'un attendait en bas, elle se contente de lui demander de la rappeler. Mon incrédulité face à la compétence de mon interlocutrice grandit un peu plus et je ne peux m'empêcher d'avoir un instant d'hésitation lorsqu'elle m'invite à patienter dans la salle d'attente. Pas que j'ai autre chose à faire que de compter les mouches au plafond, mais j'ai autre chose à faire! Je finis par obtempérer, cependant, consciente que, de toute façon, je n'existe déjà plus pour mon interlocutrice qui s'est relancée dans son tapotage de clavier.

M'asseyant près de l'entrée, je remarque alors la seconde personne présente dans la minuscule pièce, en grande conversation avec l'autre employée de cette magnifique institution. Je n'entends que des bribes de ce que le requérant désire alors que son interlocutrice est, semble t'il en train d'entrer en phase d'hystérie profonde! Le monsieur désire un CAQ ( Certificat d'Acceptation du Québec: papier nécessaire à tout visa de résident temporaire dans la belle province!) et il a préparé son dossier afin de l'obtenir immédiatement: pas de chance! Aucune demande n'est traitée avant un délai de trente jours, lui répond agressivement l'employée. Le monsieur insiste et provoque chez la fonctionnaire cette réaction qui n'a pas fini de me surprendre:

-"Vous ne l'aurez pas aujourd'hui, Monsieur! ça suffit maintenant: ça devient dangereux! Gardien!"

...

"Dangereux"... Au sens de: "Il y a un danger qui se profile à l'horizon" ? Non parce que, personnellement, je ne sens pas l'air lourd de menaces! Pour être franche, le principal risque que je pourrais concevoir serait ma possible surdité, imputable aux cris d'Ofraie que pousse la dite fonctionnaire supposément apeurée! La gardienne ( car oui, c'était une femme), armée de tout son courage, s'empresse d'appeler du renfort pour maîtriser ce candidat à la violence dont les gestes et les paroles sont aussi nerveux que s'il était sous Prosac. Le soutien arrive: un homme devant m'arriver à l'épaule se précipite dans la salle, tandis que le requérant, avec un sang froid impressionnant, ignore la panique générale pour continuer à plaider sa cause. Le petit homme, craignant peut être que le "coupable", d'un calme placide, décide soudain de forcer le passage et de s'enfuir dans l'immeuble, ferme la porte et fait un barrage de son corps impressionnant...

Au bout de quelques minutes, durant lesquelles le monsieur voulant le CAQ ne lâcha pas prise, l'employée craque et fait son travail: elle lui donne les instructions pour qu'il puisse soumettre sa demande à un agent et lui intime l'ordre d'écrire une lettre expliquant son cas. Dans un silence glacé, l'homme, heureux d'avoir une information, se rend au bout de la salle pour rédiger son courrier. Aucun des autres protagonistes ne le lâche des yeux, de peur, j'imagine, qu'il se serve du stylo sorti de sa poche comme d'un poignard ou d'un détonateur! Sait-on jamais: c'est un classique dans Rambo IV! La lettre écrite, le potentiel malfrat revient voir l'employée qui, sèchement, l'invite à aller rencontrer une personne X au quatrième étage. Bien sûr, le courageux gardien de un mètre vingt se précipite pour ne pas le laisser s'éloigner seul: les mauvaises personnes, il les sent, lui!

Personnellement, j'étais tellement estomaquée par la scène de folie pure à laquelle je venais d'assister que j'en avais oublié que j'attendais déjà depuis vingt minutes...J'allais me lever pour signaler ma présence à la championne de Solitaire, siégeant calmement à côté de l'employée hystérique, lorsque cette dernière se saisit du téléphone pour appeler le secrétariat du quatrième étage. Elle lui raconte brièvement le scénario du dernier film d'action à la mode., avec un air renfrogné.. Ah non, pardon! Elle lui narre ses mésaventures avec le monsieur désirant un CAQ: étrange version qui me rappelle un mauvais film d'horreur mais absolument pas la scène à laquelle je viens d'assister. Je souris devant une telle mesquinerie de la part de cette petite femme. Sa dernière remarque, cependant, transforme mon amusement cynique en horreur profonde:

-"En tout cas, dis lui qu'il n'y a aucun agent de disponible pour le recevoir!"

...

Puis-je m'exclamer "OUACH"! Sérieusement! Cette petite fonctionnaire frustrée, en plus d'être hystérique, s'applique à mettre des bâtons dans les roues d'une personne qui lui a fait confiance pour l'aider dans sa démarche d'immigration! C'est absolument infâme! A quel moment dans la vie de cette femme s'est elle transformée en harpie aigrie qui joue avec la vie des gens en fonction de ses humeurs? J'étais profondément choquée. Peu importe le pays, la situation, il y a toujours des petits fonctionnaires mesquins pour se penser meilleurs que les autres et pour, ainsi, abuser de leurs minuscules responsabilités!

Mme P. est enfin descendue. Je lui remets mes papiers dans un état second, incapable de détacher mon regard, empli de dégoût, de cette petite femme blonde qui fait mine de se concentrer sur ses papiers. Je ne peux m'empêcher de me demander comment elle parvient à justifier ce type de comportement lorsqu'elle se croise dans un miroir. Combien de personnes a t'elle ainsi court-circuité afin de satisfaire son maigre pouvoir personnel?

J'avais envie de l'invectiver, de lui lancer ma manière de penser au visage. Mais je n'ai rien dit, songeant que je m'attirerais sûrement plus de problème qu'autre chose. Bref, je n'ai pas eu assez de cran, une fois encore, pour mettre des mots sur les nausées qu'elle me donnait. Alors, je ne suis pas mieux qu'elle car assister sans rien dire à un tel abus de pouvoir n'est pas moins grave que de le commettre. Mon côté individualiste a primé et j'en ai honte, encore, ce matin...