31 décembre 2009

L'intégrité personnelle selon Facebook!

Eh bien! Voilà bien longtemps que je n'ai point écrit! Le temps des fêtes n'est jamais la meilleure période pour se tenir à jour de nos activités: nous sommes trop occupés à manger ou à festoyer dans un coin de pays! J'avoue que j'ai reçu suffisamment de chocolats pour avoir douze crises de foie en l'espace de deux mois. Il suffit d'être raisonnable, me direz-vous, ce n'est pas comme si le sucre représentait la totalité de mon alimentation depuis une coupe de mois... ^_^'

A vrai dire, j'ai commencé à écrire des billets à quelques reprises durant cette longue période de silence. A chaque fois, cependant, j'étais interrompue et je devais le laisser inachevé. Quant à les reprendre plus tard, eh bien, ce n'était plus pareil: je n'étais plus dans l'ambiance, je n'avais plus l'inspiration. Je les ai donc abandonnés. De fait, le temps a passé et nous voilà, ce soir, sur le point de faire le bilan d'une année bien remplie. C'est un peu le passage obligé de toutes les fins d'année: même Facebook a tenté de s'inscrire dans la tendance générale en créant une application qui compile tous nos statuts de l'année écoulée. Enfin, c'est ce qu'il paraît à la lecture de la description mais il devient très vite évident que la dite application ne sélectionne qu'une dizaine de statuts au hasard...Notez que cette stratégie évite d'obtenir un livret de phrases, hors contexte et souvent inintéressantes, pour chaque utilisateur: l'air de rien, les statuts se modifient rapidement sur Facebook! Certains, d'ailleurs, me perturbent beaucoup: il y aurait une véritable étude sociologique à mener sur les états présentés sur ce site: les nouvelles mères de famille, par exemple, trop concernées par leur vie transformée, s'acharnent à décrire chaque hoquet de leur progéniture toute neuve. Si nous sommes généralement heureux de savoir que telle ou telle connaissance a assuré sa lignée, il devient très vite lassant de lire chacune des péripéties de l'enfant en lieu et place du statut de la mère. Comme me le faisait remarquer un de mes amis, cela nous fait toujours l'effet que celle-ci s'est complétement effacée pour regarder son petit respirer. Certes, c'est un choix de vie mais j'avoue que je suis toujours perturbée par cette tendance.

Parmi les états étranges, ceux trop intimes me dérangent également. Soyons clair: je suis une utilisatrice chevronnée de Facebook. Il est toujours, ou presque, ouvert en parallèle de mon travail ou de mon activité et le site constitue, à mes yeux, une merveilleuse plateforme de communication. Je n'ai pas, cependant, 176 amis proches: beaucoup sont des connaissances que j'apprécie de suivre mais à qui je ne raconterai pas forcément le quart de la moitié de ma vie. Alors, lorsqu'une de ces personnes étale sa vie personnelle et intime dans ses états, j'avoue que je demeure dubitative. Je me rappelle de l'une d'elles, notamment, qui subit une intervention chirurgicale, relativement importante, en début d'année. Alors même qu'elle était à l'hôpital, elle avait demandé à une de ses amies de se connecter en son nom pour changer ses statuts: "Truc est à l'hosto. Appelez-la pour lui dire que vous l'aimez" ou autres notifications d'état du même genre pleuvaient sur les murs de ses 200 et quelques "amis-Facebook"... Ce n'est qu'un avis personnel mais je n'ai pas vraiment l'impression que Facebook soit véritablement le bon médium pour aborder des points importants de notre existence. Pour une trentaine de personnes qui seront sincèrement concernées par des sujets aussi sérieux, il y en aura une lourde majorité qui ne saura pas quoi faire avec les informations données. A vrai dire, il faudrait sûrement user de Facebook avec beaucoup de recul et de prudence: bien-sûr pour les raisons de confidentialité que tout le monde connaît, avec notamment l'histoire de Nathalie Blanchard et de ses primes d'assurances coupées pour cause de photos compromettantes, mais également pour son intégrité personnelle. Lorsque nous marquons que nous n'allons pas bien, par exemple, c'est souvent pour avoir du soutien de ceux qui nous sont proches: en l'indiquant sur une place aussi publique que Facebook, nous prenons le risque de devoir partager notre détresse avec de simples connaissances.Or, lorsque l'affect est touché, il est rare que nous souhaitions exposer notre vie au grand jour, au premier passant de notre existence.

En définitive, nous assistons à une véritable réévaluation des jardins secrets: par le biais du net, il devient plus simple de partager absolument tout et n'importe quoi avec tout et n'importe qui. Nous ne voyons jamais, ou presque, nos lecteurs: il est toujours plus simple de s'exprimer par écrit, loin du regard des autres. Le blog est aussi une forme d'espace public. Après tout, tout le monde peut y accéder et j'écris souvent des réflexions de vie et des états d'âme très personnels. Pourtant, j'ai l'impression que ce domaine m'appartient plus que les potentiels statuts de Facebook: quiconque viendrait lire un billet sur mon blog s'attend à lire quelque chose que j'ai écrit, personnel ou pas. Il entre dans ma bulle autorisée sciemment. Pour faire une analogie pour le moins étrange, j'associerais le blog à un cinéma et Facebook à la place publique: les spectateurs choisissent leur film mais pas forcément les spectacles de rue. Bref, ce ne sont que des sentiments personnels et ils ne reposent pas vraiment sur une argumentation solide. Au fond, Facebook, Twitter, les blog: ce ne sont que des relations sociales sans contact du XXIe siècle. Nous ne sommes jamais plus libres que derrière un écran d'ordinateur...

23 décembre 2009

Les dentistes: les garagistes des temps modernes!

Oui, le titre est étrange. Mais vous allez comprendre: depuis quelques mois, je pouvais assister à la lente et douloureuse mort d'une de mes dents. Lorsque le trou créée par la carie est visible, cela augure mal. Autant le dire tout de suite, pour ce qui est des dentistes, je suis loin d'être originale: ils sont tout autant synonymes de cauchemar et de souffrance pour mes longues nuits que pour la plupart des personnes. Au bout de deux mois, tout de même, la douleur est trop vive pour que je prétexte ne pas trop la sentir. Je suis d'ailleurs rendue avec une mâchoire musclée et proéminente à gauche, tant j'évite de mâcher à droite. J'appelle donc mon sauveur potentiel, qui prend des allures de bourreau moyenâgeux lorsqu'il sort ses armes de libération, et il me fixe un rendez-vous pour mardi 16h. Devant rejoindre une de mes amies pour le spectacle Alegria du Cirque du Soleil à 19h, je songe que trois heures de délai seraient amplement suffisantes pour aller subir un plombage et revenir faire une sieste à la maison avant l'heure H. Quelle douce illusion...

15h50: j'entre dans une salle d'attente douillette et sympathique, où la secrétaire m'invite gentiment à quitter chaussures et manteaux à l'entrée. En lieu et place des premières, elle me tend deux magnifiques rectangles bleus qui s'avèrent être des recouvre-chaussures d'hôpital. Pour l'heure, ces esthétiques objets seront des recouvre-chaussettes. Assise dans le fauteuil du supplice, j'explique au dentiste l'objet de toutes mes souffrances et je lui indique ma dent trouée. La dame en blanc hoche la tête sans répondre, prononce une phrase inintelligible à son assistante et sort de la salle. Dubitative, je vois la dite assistante remonter mon siège de la mort et me tendre un objet étrange, composé d'un cercle et d'un carré, le tout tenu par une tige en plastique, marquée par d'innombrables dents.

-"Mordez!
- Pardon?
- Mordez la tige! On va prendre une radio."

Trop étonnée pour prononcer une parole, je me mets en devoir de mordre la dite tige. L'aspect le plus agréable de l'exercice est sans nul doute la partie carrée de l'objet qui perfore le bas de la mâchoire. Deux secondes plus tard, la radio est prise et je me retrouve à nouveau allongée sur le fauteuil. La dentiste revient des limbes où elle avait disparu et m'explique que j'ai effectivement une carie, (au cas où j'aurais un doute sûrement et que je sois venue simplement pour le plaisir d'être si confortablement installée), mais qu'il y a 90% de chance pour qu'on doive aussi faire un traitement de canal. Là, un vent de panique me souffle dans le dos: j'ignore tout de ce qu'est un traitement de canal mais, à priori, ça sonne douloureux et particulièrement coûteux dans ce pays. La dentiste doit sentir que je guette le meilleur moment pour m'enfuir par la fenêtre car elle s'empresse de me rassurer: elle ne le fera pas aujourd'hui. Elle attend la radio. Par contre, elle va me faire mes plombages "en attendant". C'est vrai que quitte à ne rien faire, autant s'occuper...

-"mes?"

Eh oui! Car, m'apprend-elle, la dent d'à côté a un peu pâti de la carie de sa voisine. Bilan: il faut soigner les deux. Tout en m'expliquant à quel point il est important de prévenir les traitement de canal car ce sont des opérations coûteuses, elle se saisit d'une aiguille à la pointe si longue que j'étais certaine qu'elle allait crever un oeil à son assistante en l'essayant. Que nenni! L'aiguille trouva l'intérieur de ma bouche avec plus de facilité que moi même lorsque je bois une bière! Se faire planter un tel attirail dans une zone à priori aussi sensible n'est pas la partie "le fun" du dentiste, si tant est qu'il y en ait une, mais je suis un être orgueilleux, comme le Kung Fu a pu me l'apprendre, et je mis un point d'honneur à ne pas même planter un ongle dans ma main. La dentiste, décidément très bavarde ce soir là, continue de m'expliquer les préceptes du plombage en attendant que ma moitié de bouche gèle. Se saisissant de sa fameuse roulette au cri d'une scie circulaire, elle s'attaque ensuite à l'exploration de ma dent malade. Enfin, c'est ce que je croyais alors. J'ignore ce qui est le plus effrayant: le bruit de cet engin si proche de l'outil de l'ébéniste ou bien les morceaux de dent qui s'envolent au gré de l'exploration et atterrissent souvent sur notre visage. Personnellement, dans mon souvenir, l'outil le plus effrayant du dentiste était sans nul doute cette scie circulaire miniature. Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir mon bourreau sortir un mini marteau piqueur afin d'être sûre de ne rien laisser de la dent coupable! Soudain, en dépit de ma moitié de visage gelé, une vive douleur s'empare de moi:

-"Stop!" criai-je dignement.

... Bon, évidemment, entre l'assistante et son aspirateur à salive d'un côté et l'experte en travaux public de l'autre, mon intervention s'apparenta plutôt à:

-"Stpjfdjiejijhs!"

Mais bon, l'important c'est d'être compris, n'est ce pas? La dentiste s'étonne que je sente encore quelque chose et, afin de ne plus me voir leur postillonner dessus, elle se lance dans l'élaboration d'une nouvelle seringue à l'aiguille infinie. Dans la conversation, et profitant que j'ai toujours l'aspirateur à salive dans la bouche, elle m'informe qu'en fait le trou vient de la perte d'un plombage, qui s'est fracturé et a planté sa moitié inférieure dans ma gencive, d'où mes douleurs des derniers mois et celle que je viens de ressentir, pendant son extraction. J'ignorais que les plombs avaient une durée de vie limitée mais, à priori, vu que c'est le deuxième en moins d'un an qui se fait la malle, je dois me rendre à l'évidence: une moyenne de quinze ans par plombage est un maximum! La seconde injection faite, mon visage me fait l'effet d'une énorme baudruche et la dentiste s'obstine à me poser un paquet de question pour me faire parler avec ma moitié de bouche opérationnelle. Soudain, j'ai envie de prendre mes cliques et mes claques et de m'enfuir avec ma paralysie faciale et ma dent à moitié creusée. Constatant que je ne peux plus parler, ma dentiste-garagiste enlève son masque: elle demande à son assistante de me faire une radio complète de la mâchoire afin de vérifier que toutes mes dents ne soient pas pourries. Elle disparaît à nouveau et son assistante m'entraîne dans un renfoncement du couloir où trône un siège aux allures de ceux présentés dans les films de science fiction des années soixante. Elle m'installe sur le fauteuil, place mon menton en avant, m'obligeant à basculer un peu la tête en arrière, avance une tige plus longue que la précédente et me demande de la mordre. Ainsi installée, j'imagine que je dois avoir l'air d'un oiseau malade buvant de l'eau à la pipette. L'assistante, de me demander:

-"Êtes-vous confortable?"

Je ne crois pas nécessaire de répondre et me contente d'un grincement de dents qui se veut l'expression sonore de mon rictus sarcastique. L'assistante balbutie quelques excuses et s'empresse de lancer sa machine à radio. Une minute plus tard, j'ai réintégré mon fauteuil et la dentiste, une nouvelle fois réapparue (j'imagine qu'elle est allergique aux radio... ou incontinente!), a de nouveau entrepris son travail de fondation dans mes dents. 18h05, elle se relève, visiblement soulagée, et moi, la bouche toujours aux trois quart inutile. Elle m'entraîne dans le bureau du fond et me montre ses radios: elle me désigne des tâches noires, que je ne vois  d'ailleurs pas, et m'explique qu'il faudrait faire un plan pour réparer sept dents prochainement si je ne voulais pas devoir faire des traitement de canal. Je hausse un sourcil lorsqu'elle m'apprend que parmi les deux dents qu'elle m'avait réparé, aucune n'était celle que je lui avais désigné comme douloureuse. Elle préférait "attendre". Abasourdie, je l'entends me décrire ce qu'elle voudrait faire dès la rentrée et m'informer que ça devrait me coûter environ 5000 dollars. Je me retiens d'éclater de rire et je lui rappelle que je suis étudiante. Elle prend un air attristé et me conseille de prendre contact avec mon assurance car, vraiment, j'allais perdre mes dents si on n'agissait pas bientôt. A vrai dire, depuis deux heure que je suis dans cet établissement, à être secouée dans tous les sens, j'ai juste envie de m'enfuir. Je la remercie et cours presque vers la caisse où une facture plutôt gratinée m'attend.

-"585 dollars, s'il vous plaît.
- Joyeux Noël!" maugréais-je dans ma barbe.

Bien sûr, je vais être remboursée par mon assurance maladie. Mais l'avance fait mal à mon budget de noël et les perspectives ne sont pas glorieuses. En sortant de l'immeuble, une pensée me fait sourire: je sors du dentiste avec deux dents neuves, sans que je n'ai rien demandé à leur sujet, celle que je voulais soigner est encore malade et j'ai un plan qui causerait mon endettement sur dix ans sur le bureau de mes bourreaux. Vraiment, je persiste: les dentistes sont les garagistes du monde moderne! ^-^

Un élément positif, cependant: depuis ma prime jeunesse, la technologie semble avoir évolué et ce ne sont plus des plombs gris mais blancs. Bilan: j'ai deux dents grises en moins! ;) Afin d'oublier ces mésaventures, je m'empressai de rejoindre mon amie au Centre Bell afin de voir un spectacle qui rendrait le sourire au plus taciturne des êtres: Alegria du Cirque du Soleil! Mais je vous raconterai cette soirée la prochaine fois: là, faut que je contemple mes nouvelles dents!

22 décembre 2009

Un Noël désabusé.

Temps qui passe, temps rapace. Temps qui emporte au loin tous les souvenirs fugaces de ce que nous sommes, de ce qu'ils sont, de ce qui est. Je me demande souvent jusqu'à quel point nous contrôlons le fond de notre être. Hier, succombant à la léthargie désagréable de la fièvre, j'ai passé mon après midi, allongée sur le canapé, à regarder des contes de noël. Vous savez? Ces belles histoires qui allient romantisme, joyeuses fins et belles valeurs utopistes. Habituellement, je me contente d'aller voir le dernier Walt Disney au cinéma et j'ai ma dose de bonheur distillé. Surtout que le côté animé de la chose le rend moins crédible, donc moins porteur de douces illusions. Hier, sans doute du fait de la fièvre et d'une éternelle fatigue qui s'accroche à moi avec plus de force qu'une moule à son rocher depuis des mois, j'étais clairement en mode hypersensible: j'ai pleuré devant le vieil acteur racontant à son neveu comment il était devenu un légionnaire hors pair, un sauveur de la veuve et de l'orphelin en "Afrique du Nord", j'ai sangloté devant la publicité pour le spectacle de Dan Bigras pour les sans abris, je perdais tant d'eau salée qu'elle finit par me brouiller la vue. Seule dans ce salon, à deux jours de noël, un gouffre sans fond semblait percer mon estomac. Même la réplique si cliché du vieil acteur des Vieux Lions sur la bonté fondamentale de l'homme n'a réussi à m'arracher guère plus qu'un rictus.

Noël symbolise la fête et la communion avec nos proches. Paradoxalement, c'est dans ces moments là que certaines personnes se sentent les plus seules au monde. L'expression du bonheur généralisé met en exergue avec plus force encore nos manques personnels, qu'ils soient familiaux, économiques ou autres. Le proverbe "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" est juste, finalement, et Dédé avait tort: le temps ne change rien aux regrets. Il les couvre de poussière, de futiles soucis qui, en apparence, paraissent plus gros. Mais le moindre choc secoue les millions de particules et la blessure se rouvre, béante et douloureuse. Le temps n'efface rien. La mémoire humaine a cet avantage qu'elle peut se montrer sélective. Pourtant, ce n'est que rarement les plus profondes coupures que le temps panse. Ce doit être pour ça que l'Homme a inventé les religions: pour trouver un coupable à ces douleurs qui font trop mal, pour ne plus sentir le plomb en fusion qui coule si lentement dans nos poumons. C'est tellement plus simple d'accuser une volonté extérieure, non humaine, indépendante de notre volonté. Au fond, nous ne sommes que des êtres déresponsabilisés dans un monde qui fout le camp par petits bouts. Nous ne sommes que des éternels enfants sans la magie de l'innocence. On joue aux adultes responsables mais on se retire dès que ça vient bousculer notre propre confort. L'exemple le plus probant est sans aucun doute le pitoyable échec de Copenhague. Je ne peux que rejoindre les auteurs de Paris Bali qui souligne que les dirigeants des 193 pays présents sont passés à côté de l'histoire. Pour Ban Ki Moon, le misérable accord qui en est ressorti est un "succès": j'ignore si j'ai envie de rire ou de pleurer! Parfois, je me demande comment l'idée que l'homme est fondamentalement bon et intelligent peut encore avoir la vie dure dans nos sociétés: je comprends que l'idée contraire effraie mais avouons que défendre ce point de vue est presque risible au regard de nos sociétés et de leur fonctionnement.

Bref, peu importe...Se montrer pessimiste et cynique ne permet pas à la Terre d'aller mieux non plus. Curieusement, pour la première fois depuis longtemps, Noël me rend triste. La fièvre sans doute...

21 décembre 2009

Les microbes de Noël!

Décembre et son lot de fêtes! Retrouvailles, fêtes de famille, party de bureau: le dernier mois de l'année ouvre les portes de la communion et de la joie. Les lumières aux fenêtres donnent à tous les intérieurs des airs de fête!

Dans cette atmosphère de bonheur bonbon, il fallait nécessairement que quelque chose nous ramène à la réalité. Il me semblait pourtant être dans la norme lorsque j'ai rédigé ma commande au père-noël: je n'ai même pas tenté le vœu pieux de souhaiter la paix dans le monde et une cuisse de dinde pour tous! Non, non! Aucune fausse retenue et générosité: j'ai tenté de donner un nouveau souffle à l'économie en demandant des livres ou des objets de consommation ordinaires! Pourtant, j'ai l'impression que le secrétaire du Père Noël a mal interprété mes requêtes. Peut-être que, du fait de la crise, il a été remercié pour ses bons services et le gros monsieur à barbe blanche doit se taper tout le courrier. Toujours est-il que j'ai pu, en avance, bénéficier d'une armada de microbes, chanceuse que je suis.

En même temps, il est vrai que passer les fêtes sans tousser comme une tuberculeuse et sans nez qui coule, c'est un peu comme un Noël sans sapin. Si, si!Je m'explique: passer les fêtes sans développer une variante du rhume quelconque provoque un conformisme crasse et un égoïsme sans nom! En étant malade, non seulement on permet aux mignons petits microbes bleus de passer les fêtes au chaud, dans nos poumons ou notre gorge, mais en plus on permet aux médecins, qui n'ont que faire de se gaver de foie gras, de venir chez nous sous une tempête de neige, en pleine nuit, pour nous charger 80 dollars la consultation (à leur place, je serais tentée de charger le double, d'ailleurs, histoire de convaincre la majorité des enrhumés que Tylénol est leur meilleur ami!). Je vous entends déjà râler à propos des festins des fêtes et des retrouvailles avec nos proches: à cela, je répondrai que, d'une part, les repas de famille sont excessivement surfaits, aujourd'hui: tout le monde, ou presque (quelques pauvres gens se montrent encore réfractaires à l'opulence indécente des festins de fin d'année!), s'y adonne et cela n'a plus rien d'original! En étant malade, la donne change: quel bonheur de troquer la dinde farcie et son accompagnement finement préparé par un bon bouillon de poulet Campbell's! Quant aux échanges de cadeaux et d'amitié avec nos proches, je soulignerais que si nous limitons ces réunions à une fois par an, c'est certainement pour une raison! En outre, il est toujours possible d'échanger nos nouveaux amis et locataires de gorge avec les courageux aventuriers qui viennent nous saluer sous nos quatre couvertures et douze édredons...

-"..."

J'avoue: le sarcasme est palpable! Mais il faut reconnaître que je suis particulièrement fâchée après mon système immunitaire qui, une fois de plus, me prouve son incompétence! J'aurais sûrement plus d'intérêt à investir dans une compagnie de papier mouchoirs que dans l'ingestion, par tonne, de vitamine C. Le plus amusant de l'histoire, c'est que je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre, même si je ne me gêne pas pour le faire: en définitive, j'attrape simplement toute les déclinaisons de rhume, bronchite ou autres maladies bénignes! Ce n'est certes pas agréable mais il n'y a pas mort d'homme, comme on dit...Pourtant, ça soulage de pester contre les petits bonshommes blancs avec l'étoile jaune de shérif sur la poitrine! (Oui, je regarde trop Il était une fois la vie!) Mais, en définitive, j'aurais quand même eu un souper de noël, même si les prochains risquent d'être limités: hier soir, j'ai passé une excellente soirée avec mes amis, peu importe la grève de mes anticorps. Rien que pour ça, je ne garderai pas rancune à l'égérie de Coca Cola! ^-^

17 décembre 2009

Tiens! L'hiver à Montréal, il fait froid!

Ah les joies de l'hiver! Il revient tous les ans: à priori, ce n'est plus une surprise. Objectivement, en habitant à Montréal, nous savons tous que, dès novembre, neige, froid polaire et glissades sur les trottoirs seront au rendez-vous. Pourtant, invariablement, chaque début de la saison glacée s'entame par des débats interminables sur le déneigement de la ville et nous nous demandons pourquoi, déjà, nous avons choisi le Québec comme terre d'accueil. Après tout, l'île de la Réunion a aussi bien des charmes! Notamment en ce moment d'ailleurs...

Personnellement, je suis de nature frileuse: à Nîmes, réputée la ville la plus chaude de France, j'ai passé de longues heures collée sur le radiateur, regrettant amèrement de ne pouvoir y rentrer complétement à l'intérieur. De fait, lorsque j'ai annoncé à mes proches, il y a six ans de cela, que je partais m'installer dans le pays des neiges éternelles, j'ai été l'objet de rires et de moqueries: j'avoue que cela manquait de cohérence. Cela dit, étant de nature incohérente, il était cohérent que je sois incohérente! (Ah! Les sophismes!^-^) Bref, curieusement, mes premiers temps au Québec ne furent pas si terribles: l'excitation liée à la neige, relativement rare dans mon coin de pays, et le froid sec me rendirent l'adaptation plus aisée que je ne l'aurais cru. Avec un épais manteau, des gants, une écharpe et une tuque, j'étais capable de marcher longtemps avant de sentir mes cuisses geler sous l'effet pernicieux du vent. Oui mais voilà: j'étais équipée! Ce matin, il fait -19, c'est à dire -36 avec le facteur vent, et je n'ai qu'un manteau et une écharpe. J'ai beau tenir mes mains sagement dans mes poches, la morsure des courants d'air n'est pas sans rappeler à mes mains qu'elles pourraient être bien au chaud dans des gants si je surmontais ma peur viscérale de la foule. Car oui: je n'ai pas encore été acheté des gants car nous sommes la semaine avant Noël et que je crains que mon agoraphobie latente soit mise à rude épreuve pour une paire de moufles quelconque...

-"T'exagères, Steph! Passer Noël avec des engelures ne sera pas mieux! "

Certes. Remarquez: la couleur bleuté rappellera les bleus qui parsèment mon corps. Le Kung-Fu, aussi, je l'ai découvert au Québec. Bleu comme un drapeau  orné de lys blanc: finalement, je suis simplement pleinement adaptée à mon milieu! ^-^

11 décembre 2009

Le Dartmouth College à Hannover, New Hampshire: la grisaille d'une ville en hiver!

Un long silence implique plusieurs hypothèses: une grave maladie, une amputation des doigts, un brouillage entre l'ordinateur et l'être humain ou un périple dans une contrée lointaine, dépourvue de tout accès conséquent à la technologie moderne.

Personnellement, je crée une cinquième option: un séjour, à quelques heures de Montréal, dans une ville aussi terne que les bâtiments gris et sans vie qu'elle compte. Mes besoins archivistiques, en effet, m'ont amenée à découvrir Hannover, New Hampshire, écrin de la célèbre école: le Dartmouth Collège. Les fans de Twilight reconnaîtront immédiatement le nom de cette université à laquelle l'héroïne postule dans le troisième tome! ^-^

Bref, cette petite ville se situe aux États-Unis: mon camarade de travail et moi même avons donc entrepris un périple de quatre heures de bus pour nous y rendre. Le passage de la frontière s'est avéré sensiblement identique à toutes mes expériences: un douanier Américain aux allures un peu fruste qui prend les empreintes digitales de TOUS mes doigts, pour être bien certain que je ne suis pas recensée par le FBI dans la catégorie "porteuse illégale de Foie Gras" ou encore "marchande clandestine de fromage au lait cru". Au bout de dix minutes de procédures très utiles comme me questionner sur le contenu de mes recherches au Dartmouth College, le douanier concède que ce ne sera pas avec moi qu'il pourra faire le coup d'éclat manquant à sa carrière, et me demande les six dollars nécessaires à l'émission du misérable papier vert faisant office de visa. Toutes ces mesures ne s'appliquant pas aux Canadiens, mon ami et compagnon de voyage m'attendait paisiblement sur les fauteuils de l'entrée. Remarquez que les douaniers se sont montrés bien plus affables que lors de notre voyage à New York, avec Jules, un an plus tôt: ils lui avaient alors intimé l'ordre sec et sans discussion de retourner dans le bus en me laissant me débrouiller avec la paperasse et un accent anglais pitoyable! Cette fois, j'avais la carte M. derrière moi en cas de trop grande conversation nécessaire! ^-^

Cette première étape passée, nous sommes parvenus à notre point de destination. Un campus aux allures très Britannique ancestral, hébergeant une masse de jeunes adolescents relativement gâtés par la vie, arborant tous fièrement...le pantalon de jogging aux couleurs de l'école! Notez que je n'ai pas d'argument objectif pour les commentaires qui vont suivre mais simplement un besoin d'exprimer une émotion: OUACH! Je veux bien que tu sois fier d'appartenir à une école (et encore, compte tenu des frais d'entrée, la fierté d'être riche est un élément discutable!), mais les gadgets reliés à l'enseigne sont suffisamment nombreux pour ne pas te transformer en sac de pomme de terre dans un pantalon de Jogging! Achète un porte-clé, un bonnet, un sac, une écharpe, une peluche, mais pas ce morceau de tissu informe qui métamorphoserait Jessica Alba en sac de jute! Alors, certains useront de la carte "confort": je ne la partage pas mais pourquoi pas? Mais de là à aller à l'école en pyjama...Bref, il va sans dire que je n'ai pas apprécié le côté esthétique des habitants du Dartmouth College mais il est vrai que je ne suis pas particulièrement une référence en matière de mode. Mon côté anti-magasinage a des conséquences en matière de goût...

Qu'à cela ne tienne! Nous étions venus dans ce prestigieux établissement pour ramasser des archives et non faire une étude vestimentaire. L'archiviste qui nous a reçu nous a donné l'espoir d'en finir vite car elle prétendait n'avoir que peu de stock: faux! Beaucoup d'éléments très intéressants mais très mal classés! Résultat: nous avons passé notre semaine à parcourir des fiches dont une partie des archives n'existaient même plus dans leur fonds! Perte de temps indéniable mais heureusement compensée par la serviabilité et l'efficacité des archivistes! Ils se sont montrés attentionnés et vraiment disponibles pour nous aider à trouver nos... 450 documents!

Parmi mes surprises du séjour, je mentionnerai l'absence quasi totale de supermarchés. Nous avons mis trois jours à trouver un magasin vendant de la nourriture: à croire que tout le monde mange au restaurant à White River Junction, petite ville à côté de Hannover où se trouvait notre hôtel. Nous avions bien trouvé un buffet chinois mais il fallait marcher 45minutes avant de l'atteindre et, après avoir perdu tous nos doigts le premier soir, nous n'avions pas vraiment envie de mourir criblés de gerçures les autres jours!La vie semble chère dans le coin car l'hôtel où nous résidions servait aussi de résidence étudiante: cela revenait moins cher de louer une chambre au mois que d'avoir son propre logement. Curieux pour des villes aussi petites dont les uniques possibilités d'amusement le soir sont des bars miteux, sentant le renfermé et la friture, préparant des grilled cheese (comprendre: des croque-monsieur sans jambon) huileux aux habitués volontaires!

Bref, nous sommes revenus hier soir et je n'en suis pas malheureuse! Cet aperçu des Etats-Unis n'était pas véritablement le trésor de ce pays...Au moins, j'ai été dans une des villes dont Edward Cullen parle à Bella. Je ne l'ai pas vu, cependant! Vraiment, rien pour sauver cette ville! ;)

1 décembre 2009

Séquelles de la grippe: une métamorphose en ours somnolent.

LIBRE! Depuis dimanche...

-"On croirait que tu sors de prison!"

Essayez de ne pas sortir de chez vous durant huit jours, vous allez constater que la prison a une étoile de plus en matière de liberté: se rendre au réfectoire pour dîner permet à son résident de réaliser plus de dix pas dans la journée. Pour ma part, mon plus long trajet en comptait sept. De fait, je peux claironner: LIBRE avec des accents de vérité dans la voix! ^_^ Remarquez, tout ne s'est pas déroulé aussi bien que je l'imaginais. Forcément, lorsque l'activité physique la plus exigeante que l'on réalise depuis une semaine est de mettre son assiette de soupe au micro-ondes, les séquelles de fatigue du corps ne semblent pas si importantes. Oui mais voilà: grisée par l'air frais sur ma peau, je me suis emballée: dimanche, j'ai pris le métro pour aller sur l'avenue Mont Royal dans l'espoir de trouver un portefeuille (pas sur la rue, bien sûr: dans un magasin!). Trois stations et dix minutes de marche plus tard, je rentrai dans une librairie.

-"Pour un portefeuille?"

Oui, je sais. Je suis passée devant et mon magasin n'ouvrait qu'à midi... Bref, je rentre dans la Bouquinerie Saint Denis et défaille. Mon corps, par ailleurs dépourvu de tout signe extérieur de souffrance, décide qu'il a atteint son quota d'efforts pour la journée et me conseille fortement de m'assoir si je ne veux pas avoir la honte de choir dans une étagère remplie de livres. D'ailleurs, il n'attend pas ma réponse et je me retrouve assise devant un panel d'ouvrages historiques avant d'avoir réalisé que les troubles oculaires que je percevais n'étaient pas dus aux néons. Je réalise alors que mon corps a autant d'énergie en réserve que si je venais de traverser le Canada sur une jambe: problématique, étant donné ma situation géographique. En outre, en coin, je remarque que le vendeur se doute que je ne me suis pas assise pour analyser les auteurs qui ont écrit sur la première Guerre Mondiale: il me regarde, l'œil inquisiteur. L'orgueil est une vaste capacité qui permet autant le pire que le meilleur: il m'a, à cet instant, permis de me saisir de mes quatre livres, de les payer et de porter mon enveloppe charnelle jusqu'à la librairie de voyage où travaille une de mes amies. Là, je me rassois dans l'unique fauteuil du magasin, le teint olive. J'avais initialement prévu une longue promenade pour me remplir les poumons de tout l'air pollué dont ils avaient été privé durant une semaine: autant dire que la perspective m'apparaissait, désormais, moins raisonnable que de boire une bouteille de vodka d'un seul trait. Après une heure de repos, je m'en retournai, penaude, à mon douillet chez-moi. Apparemment, la fin de la grippe ne rime pas avec la fin de la fatigue.

Cela dit, comme j'aime les proverbes, j'ai voulu appliquer complétement celui déclamant que les expériences forment la jeunesse. J'ai remis ça, indifférente aux tristes conséquences de la veille. Ainsi, hier, je tentai une autre sortie, devant aller me faire prendre en photo pour mon dossier de résidence permanente et, tout de même, travailler un peu. J'arrivai au photographe emplie d'énergie. Le temps de débourser, une larme à l'oeil, vingt dollars pour quatre malheureuses photos d'identité, j'étais dans le métro, direction le bureau. Trois heures plus tard, devant mon écran d'ordinateur, je constatai, perplexe, que ma forme  physique ressemblait à celle des lendemains de veille. Sauf que je n'ai pas fêté depuis deux semaines au moins. Mais qui dit lundi, dit Kung Fu. Après une semaine où j'avais raté tous les cours, je tenais à revenir sur les vieux tatamis du dojo. Bon, soyons honnêtes, l'orgueil ne contrôle pas tout: après le premier cours, j'imaginais mon lit avec tant de précision que j'aurais pu me coucher sur les dits tapis de sols verts marécage. Je m'éclipsai donc, sans tambour ni trompettes, espérant que ce matin serait plus efficace: il fut pire encore. Je m'endormais toutes les dix minutes en gardant ma nièce. L'interactivité n'a pas été ma caractéristique première mais cela n'étonnera personne. Il semblerait que certains départements ne soient pas ouverts à l'option "volonté" dans le corps et la lutte contre le sommeil entre dans cette catégorie.

En clair, mon corps et moi, nous nous sommes déclarés la guerre: lui réclame une sieste aux deux heures, je ne lui en accorde qu'une après le dîner. Il faut dire que je ne la contrôle pas: un genre d'évanouissement sur le canapé, avec mon travail sur les genoux. Pour l'instant, le corps a l'avantage mais je ne perds pas espoir de lui montrer le non sens de ces réclamations: pour pouvoir s'offrir une sieste aux deux heures, il me faudrait avoir moins de deux ans ou, encore, m'apparenter à un ours, entamant son hibernation annuelle. A priori, je ne satisfais / aucune de ces conditions...