30 mai 2009

L'épopée du magasinage.

Il paraît que toute femme ne se définit que par le magasinage. (Il faut comprendre le lèche-vitrine, mais en québécois).

Ah...

C'est donc définitif: je ne fais pas partie de cette gang. Pour être honnête, je n'ai rien, fondamentalement, contre l'action de farfouiller dans les magasins mais il me faut, au préalable, voir réunies un certain nombre de conditions. Ainsi, si je suis parvenue à croiser mon reflet dans le miroir sans une grimace de dégoût, si les autres clients de la boutique acceptent de sortir le temps que je choisisse l'item qu'il me faut, si je peux entrer déjà en sous-vêtement afin de ne pas avoir à me déshabiller cinquante fois en dix minutes pour constater que la couleur ne va pas du tout avec mes cheveux, alors, peut être, je serai capable de garder le sourire lorsqu'on me propose une virée tue-portefeuille.

Bon, bien sûr, il y a aussi les cas de force majeure.

-"Steph... Ton jean a un trou aux fesses et se perce aux genoux. ça fait combien de temps que tu l'as?
-Ch'ai pas... Je l'ai acheté au lycée je crois... Ah non! Il était à ma sœur, celui là. Ben 10 ou 15ans quoi...
-...
-Quoi? Il peut toffer encore un peu!

*Silence réprobateur*

-Il y a une vente à rabais de jean aujourd'hui! On y va! "

Mmh... Youppie? Youplaboum!

Bref, je suis donc partie à la conquête de pantalons qui n'arboreraient pas inopinément des marques d'usure. L'avantage d'une vente d'entrepôt, c'est que c'est pas cher. Le côté négatif, c'est qu'il y a beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, de monde. En clair, mon agoraphobie en a pris pour son grade! Prenant sur moi même, je résistai à l'envie de hurler au milieu de cette foule pressée que j'avais la grippe Porcine doublée de la lèpre: certes, la majorité des gens serait sortie mais je ne suis pas sûre qu'on m'eut laissée continuer paisiblement mes emplettes. Tant pis: je devrais tenter de survivre parmi mes congénères, secouant furieusement les penderies de jeans à rabais, à la recherche du petit bijou dissimulé.

Hésitante, je commençai à regarder les différents modèles exposés. Très vite, je remarquai un autre problème s'ajoutant à mon manque d'enthousiasme face au magasinage: je suis anti-mode. Les strass sur les fesses, les fleurs brodées jusqu'au genoux ou encore les pattes de pantalon serrées en bas ne suscitent chez moi que des pensées sarcastiques, voire des moues horrifiées. Tant bien que mal, je parviens à dénicher quatre jeans pas si mal, relégués dans un coin par les fanatiques de bling-bling. Il est désormais temps d'aller essayer...

Devant le long rideau noir, la vendeuse semble fière de son rôle de vigile. Imposante dans son costume trois pièces, elle semble hésiter entre le côté maternel de la femme et celui, un brin plus rustre, du videur de boîte. D'une main, elle m'invite à demeurer à ma place, à trois mètres d'elle, tandis qu'elle soulève un pan de rideau afin de voir si je peux entrer.

-"Il va falloir attendre un peu, Madame! (SIC...) Il y a beaucoup de monde aujourd'hui. Ce sont de beaux vêtements."

Ah... J'ai oublié le nom de la marque en fait. Mais si Godzilla le dit...

La dame derrière moi tente d'entrer en communication en racontant des lieux communs sur la météo et les files d'attente. J'hésite un instant à jouer sur les mots, en bonne Française innocente, et à lui parler des gosses dans la queue qui jouent avec leurs poches en plastique mais je me contente de lui adresser un rictus antipathique, sans répondre. Mon interlocutrice finit par se lasser de mon manque évident de répartie et reporte son attention vers Bruce Willis femme qui nous invite à entrer dans le "salon d'essayage"....

En clair: un espace étroit où quarante femmes à moitié nues étalent leurs attributs pour essayer leur butin. Avec mon aisance naturelle dans la foule, je demeure un instant pétrifiée sur le seuil. Heureusement, Hulk me déboite une épaule pour m'inciter gentiment à pénétrer dans l'enclos à pitounes. Quelque peu destabilisée, je cherche un coin reculé où je pourrai déposer mes affaires sans risquer d'être agressée par une fille en string parce que je lui cache le miroir. J'avoue ne pas avoir bien pris le temps d'analyser mon image dans le dit objet réflectif, pour chaque jean, car les intelligents organisateurs l'ont installé sur un pan de rideau. Or, que fait un bout de tissu lorsqu'il y a beaucoup de mouvement autour de lui? Il bouge effectivement. Résultat: je devais attendre que le miroir daigne se stabiliser un tantinet afin de chercher mon image, revêtue du nouveau jean, dedans. Au bout du troisième essai, j'avais la nausée. Je pliais donc les heureux pantalons élus, me rhabillait en hâte et quittait l'antre des magasinières professionnelles. L'ours Grizzly de l'entrée me rappela rapidement afin de me signifier qu'elle devait recompter mon linge avant que je ne parte payer. Soit. Je ne pense pas pouvoir enfiler deux jeans l'un par dessus l'autre mais, il est vrai, on n'est jamais trop prudent...

Finalement, je suis l'heureuse détentrice de trois nouveaux jeans! Le côté positif est que ce devrait être bon pour les dix prochaines années, si je me fie à mes résultats passés...

29 mai 2009

Poisse ou Maladresse??? Là est la question...

D'aucuns diraient que j'exagère. Pour ma part, j'en suis désormais certaine: Gaston Lagaffe est mon père caché!

-"Bon! Qu'est ce que tu as encore fait??"

Rien de particulier. En fait, tout avait très bien commencé: décidée à être au bureau à 9h00, je devais me lever à 7h45 pour avoir le temps de me préparer.

Bon...

Il est 9h00 et je suis assise sur mon canapé, tranquillement occupée à boire mon thé. Un léger retard sur le planning qui n'est pas si dramatique si l'on tient compte que je peux travailler jusqu'à 21h ce soir.

En temps normal, avant 10h00, il est à peu près impossible de me parler sans que j'ai l'air bête. Afin d'épargner mes camarades de chaire (notez que j'ai bien mis un "e" à la fin de "chaire"! Donc ne tirez pas des conclusions hâtives sur la fonction de mes dits compagnons.^_^), je me dirigeais d'un bon pas vers la douche, espérant secrètement que cela accélère l'étape réveil.

Grossière erreur.

Les écarts de température sont vivifiants, paraît-il. Personnellement, me retrouver sous un jet d'eau avoisinant les 5° au réveil, ça a tendance à me mettre de mauvaise humeur. Vous me direz, je n'avais qu'à tourner le bon robinet d'eau! Certes... Mais c'était quand même 8h15... Il ne faut pas trop m'en demander. Une chose est sûre: j'ai la peau ferme ce matin!

Courageuse dans l'adversité, je décidai de poursuivre mon programme, sans tenir compte de mes heures de retard et de mon réveil tonifiant: une bonne journée ne commence jamais sans un solide petit déjeuner, me répétait souvent ma maman. En clair, thé et toast au nutella!

Mmh? Les fruits? Ben les noisettes dans le nutella, c'est pas des fruits???

Bref, me saisissant de ma tasse remplie de thé bouillant avec un peu trop d'enthousiasme, je constate avec une petite pointe d'inquiétude que le liquide est en train de plier bagage. Avant même que je tente d'entamer les négociations, le fuyard avait fixé son point de chute sur ma jambe droite. C'est toujours dans ces moments là qu'on regrette d'avoir laissé l'eau bouillir plus que de raison. La brûlure fut si vive que je m'attendais à voir ma peau se carapater, outrée:

-"C'est scandaleux! On me gèle! On m'ébouillante! Je change de corps!"

Eh bien non. Elle a résisté, quoiqu'elle rosit de colère.

Désormais, prête pour le départ et ma rencontre avec mon directeur de thèse, je constate avec un brin d'amertume qu'El niño s'est installé à Montréal. ça tombe bien: je suis en vélo. Je jette un regard gêné à ma jambe, encore boudeuse. Une petite pluie fine, celle qui glace les os par un procédé magique, tombe drue. Je vais probablement me métamorphoser en soupe d'ici l'université... Qu'à cela ne tienne: ce n'est pas comme si j'avais vraiment une rencontre importante ce matin...

Croyez-le ou non: ce n'est pas évident d'être moi tous les jours... ^_^



28 mai 2009

Sociable Incapacité.

Eh bien, voilà: c'est un fait avéré. Je suis très mauvaise en relations humaines. Je n'ai pas encore le statut d'ermite mais je dois certainement mériter celui de boulet de la sociabilité.

-"Bon! Encore une crise de dévalorisation! La confiance en soi, Steph, la confiance en soi!"

Pas du tout. Ce n'est pas une remarque visant à me diminuer mais bel et bien un constat. Triste conclusion, certes, mais tellement réaliste, au regard des dernières semaines. Je m'explique:

Au prime abord, lorsque je ne connais personne dans un milieu, il faut presque me prendre par surprise pour que j'ose entrer dans un endroit. Pour information, avant de parvenir à suivre des cours de Kung Fu à l'UQAM, j'ai essayé durant près de dix ans, dans toutes les villes où j'ai vécu, sans même réussir à franchir la porte de l'établissement. Cette attitude, par trop timide, peut être perçue comme un indice du manque d'estime de soi. Au regard des autres comportements "anormaux" de ma personne, je dirais plutôt qu'il n'est qu'un indice de plus de mon incapacité à socialiser avec mon entourage. Entendons-nous bien: j'ai des amis que j'apprécie beaucoup et avec qui j'aime passer, voire "perdre" comme diraient certains, du temps. Mais ils sont eux aussi, parfois, les victimes de mon incapacité sociale.

D'une manière générale, ne sachant pas réellement comment agir, ni comment penser mes relations, tant amoureuses qu'amicales, j'ai pris le parti d'être tout simplement franche en tout temps et de ne recourir qu'en tout dernier ressort aux sous-entendus explicites. J'ai banni de ma vie et de mon intelligence, au sens de compréhension, les phrases trop alambiquées, ou les silences, qui finissent par ne plus vouloir rien dire à force de tout dire. Ainsi, par exemple, dans:

-"Je ne peux pas aujourd'hui mais je te rappelle sans faute pour faire de quoi."

Il ne me paraît pas évident de comprendre:

-"Ne m'écris plus jamais et oublie jusqu'à mon prénom."

Pourtant, ça a l'air que c'était le contenu sous-jacent à percevoir... Que voulez-vous? Je manque de subtilité. Pour ce cas particulier, cependant, je ne tiens pas forcément à changer. Personnellement, les sous-entendus trop "sous" me fatiguent rapidement. Je finirais par chercher un sens caché partout:

-"Voilà, mademoiselle! Votre pain coûte 3,50 dollars!
- Quoi? Vous voulez savoir quel est mon salaire hebdomadaire? "

Non, décidément, je deviendrais encore plus bizarre que je ne le suis déjà.

Ceci étant dit, mon incapacité sociale s'avère et devient un handicap lorsqu'elle blesse les êtres qui me sont chers, parce que je ne suis tout bonnement pas apte à comprendre ce qui se dit ou pas. Lorsque quelque chose me tracasse, je le partage. A date, et à trois reprises, j'ai égratigné des proches en exprimant les tréfonds de ma pensée. Il me faudrait un "guide du bien communiquer pour les nuls". Ou bien franchir la dernière étape qui est l'ermitage: après tout, lorsqu'on n'est pas capable d'avoir des relations saines avec ses proches sans les blesser, c'est peut être un indice qu'il faut s'isoler un moment. Quoique... Vivre toute seule avec moi même m'angoisserait au plus haut point. Je ne me supporterais plus rapidement. C'est fou d'être associable avec soi-même. ça augure mal pour la vie sociétale.

Depuis une coupe de semaine, il se passe des choses étranges dans ma tête. Je ne sais pas d'où ça vient, je ne comprends pas pourquoi et toute la partie cartésienne de mon cerveau tente de les museler afin que je cesse de gamberger. Je n'ai pas une grosse expérience amoureuse: je découvre chaque jour des lignes que je n'avais pas lues dans le contrat de départ. A cause de mon incapacité sociale, j'ai voulu partager ces questionnements, dont je ne sais que faire, avec Jules, sans me rendre compte que je pouvais le blesser.

Cela n'a pas manqué.

Un jour, j'aime à le croire, j'aurais tellement mis les pieds dans le plat que je saurais mettre des barrières aux bonnes places. J'arrêterai de sortir des théories stupides qui font croire à mes interlocuteurs que je suis une femme réflèchie et forte et je saurai me taire lorsqu'il le faut. Un jour...

23 mai 2009

Ovo ou le spectacle des insectes sous le soleil!

Hier soir, enfin, je suis allée voir le nouveau spectacle du Cirque du Soleil: Ovo. Qu'en dire? Tout d'abord, comme je l'ai déjà laissé paraître à quelques reprises, je suis une très grande fan de cirque. J'aime vraiment ça et je redeviens toujours une enfant de cinq ans lorsque j'ai la chance d'assister à un spectacle. Il est très rare que je ne trouve pas mon bonheur lors d'une représentation.

Ceci étant dit, pour le cas particulier du Cirque du Soleil, j'ai eu la joie d'assister à deux spectacles depuis que je connais l'organisation: Alegrïa et Ovo. Pour être honnête, j'ai clairement préféré le premier. Il s'agissait, certes, d'un style différent, moins grouillant, si vous me passez l'expression, un brin romantique, mais il m'a semblé mieux assorti que le spectacle auquel j'ai assisté hier soir. Nous étions un peu mal placés, c'est indéniable, en arrière d'un des poteaux de soutien du chapiteau, ce qui rendait la vision de certains numéros ardue. Mais il m'est apparu que l'ensemble ne se tenait pas toujours, que les artistes étaient moins spectaculaires qu'à l'ordinaire et je n'ai, surtout, pas particulièrement aimé la musique à tendance électro qui accompagnait la grande majorité du spectacle.

Tout n'est pas négatif, cependant: cela reste le Cirque du Soleil et ils savent rendre magique la plupart des instants passés sous leur chapiteau. Les artistes de trampoline, à la fin, étaient impressionnants, marchant sur les murs comme si de rien n'était et virevoltant au gré d'une chorégraphie savamment orchestrée. Le thème principal de Ovo était les insectes, plus particulièrement les oeufs. De fait, les déguisements et le décor étaient particulièrement réussis et on finissait par se croire au ras du sol, en train d'admirer les prouesses des bestioles microscopiques que nous foulons d'ordinaire sans le moindre regard. J'ai même eu des nausées à la vue d'un ver multiple se dandinant lascivement sur la scène, tant il était bien imité. (Parce que, avouons-le, c'est quand même dégoûtant un ver...)

En définitive, le bilan est bon. Je demeure une inconditionnelle du Cirque du Soleil et les artistes sont admirables. J'avais sans doute, simplement, des attentes trop élevées, comme pour tout art qui nous est cher, ce qui a causé la petite pointe de déception qui transparaît dans ces quelques lignes. Mais je ne peux que vous encourager, si vous le pouvez, à aller vous faire votre propre opinion car le spectacle vaut quand même le détour. Mes neveux et ma soeur y assisteront en aôut à Québec et je pense qu'ils apprécieront l'expérience. Car, peu importe les critiques, le cirque fait entrer dans un monde de magie où, l'espace de quelques heures, le temps, les angoisses, les soucis n'ont plus leur place. Il ne reste que les palpitations d'un coeur émerveillé devant l'impossible. Une beauté sans égale et un rêve se jouent devant nous et, le corps tendu vers cet ailleurs, nous suivons, éblouis, tant de magie.

Bon spectacle!

21 mai 2009

Belzebuth, Les Colocs.



Je vous en ai parlé hier, voici un extrait du groupe Les Colocs. Il s'agit de la chanson Belzebuth, qui se trouve sur l'album "Dehors Novembre", paru en mai 1998. Selon moi, c'est leur meilleur mais je n'ai aucunement les compétences pour l'affirmer de manière générale: je ne fais part que de mes goûts ici.

Bref, bonne découverte pour certains, bonne écoute pour les autres!!! ^_^

20 mai 2009

Tourmente en musique.

"-Ecris ce qui te bouffe le ventre, Dédé!"

Réplique dramatique tiré du film éponyme "Dédé, à travers les brumes". Cette oeuvre cinématographique est très réussie, selon moi. Pour remettre un peu dans le contexte, Dédé, également connu sous le nom d'André Fortin, était le chanteur d'un groupe de musique Québécois, les Colocs, qui représenta, durant près de 10ans, la pensée et le coeur de la Belle Province. Très engagés politiquement, les musiciens s'étaient assignés une véritable mission d'éducation de leurs concitoyens pour parvenir à une société plus juste et plus conforme aux valeurs alors en vogue, dans un pays divisé par les questions culturelles et linguistiques. L'aventure du groupe s'acheva dramatiquement en 2000, alors que son chanteur, André Fortin, se fit sepukku dans son appartement. "Dédé, à travers les brumes" raconte un bout de vie de cet homme tourmenté qui vécut ses souffrances intérieures au travers de ses chansons, jusqu'à ce que la douleur soit trop forte. Au fond, retrospectivement, il ne pouvait pas en être autrement... Le film est magnifiquement bien construit autour des principales oeuvres musicales du groupe, avec un Sébastien Ricard, membre du groupe Loco Locass, étincelant dans le rôle de Dédé.

Enfant, j'étais loin d'être souriante et enjouée. J'ai déjà, à quelques reprises, effleuré cette période assez sombre de ma vie. N'ayons pas peur des mots: je suis plutôt torturée comme gamine. Ma maman est restée sur l'image de la petite fille flirtant sans cesse avec la mort , dans une danse macabre, que j'ai pu renvoyer, plus jeune. Elle craint encore, parfois, de voir une souffrance mystérieuse dans mes yeux. Aussi, lorsque je l'ai amenée voir le film "Dédé, à travers les brumes", elle a songé que cet homme qui se noyait dans sa détresse avait un arrière goût âcre de déjà vu.

-"Comment as tu trouvé le film, toi?
- Très bien! Sébastien Ricard était excellent dans le rôle de ...
- Non, ce n'est pas ce que je demandais. Qu'est ce que tu as pensé de la souffrance de cet homme?
-...

- Son mal de vivre ne...

-Je ne vais pas me faire sepukku, maman, si c'est là le fond de ta question.
"

Mon ton est sec. Encore une fois, je dérape. On dirait que je ne suis pas capable d'entendre ce qu'elle veut me dire. Ma maman a touché là où ça fait mal: oui, la douleur de Dédé a résonné d'une drôle de manière dans mon ventre. La phrase de son manager, l'incitant à écrire ses souffrances, ne quitte plus mon esprit depuis que j'ai quitté la salle de cinéma, il y a plus d'un mois. Je ne sais pas trop pourquoi ni comment. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment cherché à comprendre pourquoi, certaines nuits, je fais des cauchemars effrayants, pourquoi j'ai parfois si mal à la vie. J'ai toujours songé que ces sentiments étaient stériles: la culpabilité, le regret ne sont que des fardeaux qui ne changent rien à la face du monde. Ils sont un luxe. En outre, ces raisonnements n'ouvrent pas à des discussions très gaies et je crains fort que, au contraire, ils effraient les autres. De fait, je garde cette douleur de vivre à l'intérieur et je la maquille par du cynisme, du sarcasme et de l'insouciance.

Ce film m'a particulièrement interpellée. Il a secoué la poussière que j'avais laissé tombée sur mes questionnements incessants. J'aimerais sortir de mon ventre cette boule douloureuse, trop lourde pour moi. Mais j'ignore comment. Alors, une fois encore, j'attends et je songe que le temps va faire son oeuvre...

19 mai 2009

Fin de semaine des Esprits

Mardi. Une journée de semaine semblable à toutes les autres, certainement, mais qui se veut également le lendemain d'un long week-end. En clair, un mardi imposteur qui cherche à remplacer le désagréable lundi dans son rôle de trouble-fête. Tant pis: il faut bien reprendre un jour le chemin du quotidien afin de conserver aux vacances leur petit côté exaltant.

Vendredi soir, j'ai entamé ma fin de semaine par une soirée avec des amis Kung-Fuiens. Cette petite fête était l'initiative de mon étudiant en théâtre préféré et s'y trouvaient un grand nombre des acteurs de cette magnifique pièce, le Docteur Faust, à laquelle j'ai assisté en avril dernier. C'était très amusant de les voir agir en dehors de la scène. Bon, bien sûr, il fallait s'y attendre: Trop de monde et je me réfugie dans un coin. En clair, je me suis contentée d'observer mon environnement, une bonne partie de la soirée, avec l'étrange sourire de l'homme invisible. On ne se refait pas et il faut croire que j'y trouve un certain plaisir... Qu'à cela ne tienne! La soirée était fort agréable et la nuit particulièrement courte.

-"Pas de grasse matinée?"

Non. Pas le temps pour ça. Le samedi matin, d'autres amis et moi même partions en direction de Saint Félix de Valois.

-"Gnê? C'est où ça?"

Aucune idée. Quelque-part à une heure et demie de Montréal. Max, un de mes amis historiens, dispose d'un chalet en ce site et nous devions tous y passer la fin de semaine de la Reine.

A vrai dire, au prime abord, l'édifice ne paye pas de mine: entre deux grandes maisons de briques, il ressemble à une grande cabane de jardin, malmenée par les intempéries. L'intérieur n'en est pas moins chaleureux. Un petit retour dans le passé le temps d'une fin de semaine: il faut en permanence faire bouillir de l'eau pour la vaisselle, les bains des enfants et autres utilisations. Autant le dire tout de suite: nous n'avons pas brillé par le nombre de douches prises au cours des ces trois derniers jours. Les soirées étaient très agréables: rassemblés autour des musiciens du groupe, nous écoutions les chants tout en discutant de choses et d'autres. Les journées, quant à elles, étaient plus actives: il fallait jouer avec les enfants mais le temps était glacial et la présence de Sieur Courage était indispensable pour mettre le nez dehors. Mon Yankee préféré aimait cette température, sans doute, parce qu'il y passa ses deux jours sans broncher. Personnellement, je limitais au strict minimum mes déplacements à l'extérieur et les nuits étaient plutôt fraîches pour dormir dans des tentes.

Le dernier jour, cependant, le soleil s'est enfin rendu compte que nous étions en vacances et que sa présence serait la bienvenue. Nous étions alors si enthousiastes que nous nous sommes installés dehors sans protection: ma maman serait en colère de voir le coup de soleil que j'arbore.

La fin de semaine fut, en définitive, particulièrement agréable. Un brin rustique, un tantinet joyeuse et conviviale, bref tout ce qu'il faut pour changer d'air et aider les esprits à reprendre des forces. Alors, certes, mardi, tu prends la place de lundi dans ton rôle de rabat-joie mais, au fond, ce n'est pas grave. Car c'est parce que tu existes que nous aprécions les instants où tu n'es pas là. ^_^

Le soleil est encore là ce matin et ses rayons réchauffent mon être. Finalement, rien n'est si dramatique, n'est ce pas?

14 mai 2009

Fortuite rencontre.

Hier était une journée Kung Fu. Enfin, elle aurait dû être caractérisée par cette activité mais une grève inopportune a bouleversé les plans de départ: durant 24h, mes amis et moi avons échangé des courriels afin de savoir si un cours se tiendrait tout de même et, si oui, où. Nous avons certainement dû épuiser Fujiao par nos demandes incessantes: au moins, notre motivation transparaît de manière évidente.

Finalement, nous sommes allées au Parc Lafontaine, à 18h.

-""alléEs"?"

Oui. Nous n'étions que des filles. D'ailleurs, nous n'étions pas très nombreuses: quatre adeptes infatigables, désireuses de profiter d'une magnifique journée pour aller exercer notre style de La Grue Blanche au beau milieu des étendues terreuses du parc. L'expérience fut amusante. Bon, certes, au départ, il est difficile de se concentrer entre les musiciens et les funambulistes, les essais de combats de lance ou encore les amateurs de Capoëra. Qu'à cela ne tienne, le recours aux habitudes a l'avantage de n'appeler que des actions machinales: l'échauffement devient naturel et nous permet de ne pas trop nous laisser distraire par le monde environnant. Après une heure de petits exercices en tout genre, que nous avions maintes fois pratiquées en classe, les petits scarabées que nous sommes firent une rencontre pour le moins surprenante. Un jeune homme, arborant fiérement une veste décorée du sigle des Jeux Olympiques de Beijing de 2008, s'approcha de nous pour nous interroger sur nos pratiques. Au fil de la discussion, nous apprîmes qu'il était Chinois, qu'il avait pratiqué plusieurs styles de Kung Fu depuis 17ans et qu'il voulait nous en montrer des parties. L'une de mes amies étaient particulièrement enthousiaste à cette idée, tandis que les deux autres se montraient plus réticentes. Pour ma part, je trouvai ça fort amusant.

La démonstration dura une petite heure. Il nous enseigna quelques formes, tant bien que mal, car il ne maîtrisait pas réellement le Français et l'Anglais. Nous fonctionnions beaucoup à la gestuelle. L'expérience fut, à mon sens, enrichissante car elle nous permit de prendre contact avec d'autres manières de pratiquer. Au bout d'un temps, cependant, il fallut repartir: l'une de mes amies invita notre nouveau compagnon à revenir lundi pour renouveller l'expérience. Il eut l'air heureux. J'imagine qu'il ne doit pas connaître beaucoup de monde pour l'instant.

Suite à cet épisode, nous retrouvâmes un de nos amis et nous sortîmes prendre une bière. Ce fut une fort agréable soirée. ^_^ Lundi, nous n'aurons pas de cours officiel de Kung Fu non plus car c'est la fête de la Reine. Qu'à cela ne tienne: nous retournerons dans le parc. J'ai déjà hâte...

12 mai 2009

Vie de passage.

Dans la nuit du 27 au 28 février 2008, ma soeur a appelé au beau milieu de la nuit pour m'informer que, à moins qu'elle soit subitement devenue incontinente, elle venait de perdre les eaux. Traduction: Steph, tu as deux minutes pour t'habiller et te joindre à la mission "clinique d'accouchement". Bon, on le sait, la nuit n'est pas le meilleur moment pour imaginer le déroulement d'événements en tout genre car on tombe vite dans le registre fantasme ou cauchemar. En l'occurrence, je me rappelais toutes les sordides anecdotes que ma soeur m'avait contées sur les accouchements qui se "compliquaient"... Ce n'était rien face à ce qui nous attendait sur place: tous ces merveilleux livres qui se vendent comme des petits pains pour vous expliquer le B.A. BA de la bonne petite accoucheuse ont probablement été écrit par des hommes déguisées en femme ou bien par des adeptes des contes pour enfant. Ma soeur avait suivi leurs conseils à la lettre et s'était apportée des collations, en attendant l'heureux moment, des livres et des mots croisés. Elle refusait catégoriquement la péridurale: bref, elle était le modèle merveilleux des bouquins "Que sais-je?" sur l'accouchement.

Oui mais voilà: elle ne lisait plus un livre, elle était l'actrice principale. Et, à priori, les auteurs des bouquins ont confondu accouchement et séance d'épilation. Alors que ma soeur tentait de prendre une de ces collations, son estomac a pris le bord: il est pas fou lui! Il a recraché immédiatement cette nourriture indument ingurgitée! Et puis, quitte à avoir commencé la purge, il s'est débarrassé de tout le reste pendant une heure. Au moins, il devait être plus rutilant que la voiture d'un concessionnaire. (Superbe image...^-^). Bon, autant le dire, les mots croisés sont restés dans le fond du sac. A intervalles réguliers, lorsque ce n'était pas ma soeur qui poussaient des râles dignes d'un cancéreux en phase terminale, nous entendions les hurlements de femmes "en plein travail", comme disait l'interne. Eh bien! Elles devraient chercher un autre boulot: celui là a l'air intense...Au bout de quelques heures qui paraissent assez proches de l'éternité lorsqu'on est juste immobile à côté de sa soeur qui se tord de douleur, la dite accoucheuse reconnait la valeur de la science et exhorte l'interne à effectuer la péridurale! Y a pas à dire: les auteurs des bouquins "accouchement pour les nuls" doivent dormir toutes les nuits sur des débris de verre pour juger supportable une telle douleur. Finalement, 7h22: Maya était née et moi, j'étais endormie sur une vielle table, dans le couloir de la clinique...

Bien, bien, bien... Mais pourquoi en parler 15mois plus tard? La première raison est qu'au moment des faits, je n'avais pas de blog. Pour le raconter, c'est plus difficile. La seconde, mais non la moindre, est que je suis actuellement en train de garder la première petite Québécoise de la famille. Soyons franches: elle est plus énergique que moi! Elle court partout, joue dans tous les recoins, et ne s'arrête que pour tenter d'appâter les chats. Alors, comme il y a quinze mois, je songe qu'il est beaucoup plus simple d'être là parfois que d'être présente tout le temps... ^-^

Pourtant, c'est quand même la plus belle nièce Québécoise du monde!!! ^-^

10 mai 2009

Des matins inutiles...

Je suis en colère. Pourtant, je pleure devant mon écran en même temps que je me lascère la main: il faut croire que je suis également malheureuse. Tout avait si bien commencé hier matin, cependant: la journée était grise mais j'étais de bonne humeur. J'avais passé une fort agréable soirée et j'avais presque réussi à faire une grasse matinée. En me levant, je jetais machinalement un œil dans la rue, là où se tenait fièrement mon fidèle compagnon estival: le vélo mauve. Il était là et je fus soulagée qu'il ait survécu à sa nuit dehors. Toute bonne journée commençant par un solide petit déjeuner, je suivis l'odeur du café jusqu'à la cuisine. Un gros dix minutes plus tard, je revenais dans la pièce où j'avais dormi afin de ramasser mes affaires.

-"Euh... Ton vélo..."

Le ton de voix de mon ami génèra des palpitations inquiètes à l'endroit où devrait se trouver mon cœur. Je me tournais vers la fenêtre: mon compagnon des pistes cyclables avait disparu. Mon estomac se mua en pierre. Une grosse boule dans l'estomac, je sortis dehors, espérant peut-être qu'il sortirait de derrière les autres vélos en ricanant:

-"AHAHAHAH! Je t'ai bien eue!"

Pas du tout. Rien. Son emplacement était plus vide qu'une plage en plein hiver. Pas un son autre que celui des voitures. Certes, vous me direz, il n'était pas très bavard: pas étonnant qu'il ne crie pas dans la rue. Pourtant, je regardais, hébétée, l'avenue presque déserte, où personne ne semblait se promener avec un vélo sans selle.

-"Sans selle?"

Oui: je l'avais enlevée et je me trouvais donc avec un siège de luxe, certes, mais inutile. Mon ami me rejoignit sur le trottoir. Il était navré. Ce n'était pas sa faute mais je le quittais encore en état de choc. Sans un sourire. Je venais de perdre mon vélo. En automate, je marchai jusque chez Elo, qui habitait un peu plus loin sur la rue. En larmes, je lui tombais dans les bras et je lui racontais qu'un gros naze venait de voler mon moyen de locomotion. Tant bien que mal, mon amie me consola et tenta de me réconforter. Alors qu'elle partait quérir un verre d'eau, je jouais sur son ordinateur. Machinalement, je consulta mes mails: mon Yankee préféré m'avait écrit quatre mails dont un particulièrement intense pour mon humeur chancelante. Mon cœur se brisa. Je voulais mourir, à cet instant, tant j'avais l'impression de revivre une douleur trop récente, trop cruelle, qui me déchirait l'estomac: deuxième choc de la journée, plus violent encore que le premier.

J'ai traversé le reste de ma journée en fantôme, en spectatrice invisible d'une vie qui me donnait la nausée. Il y a des matins, comme hier, où la première erreur est de se lever.

Aujourd'hui, le soleil brille. Je me suis expliquée avec mon Yankee préféré. Mon vélo est toujours volé et j'ai encore une petite boule dans la gorge. Mais je vais bien. Encore une fois, les leçons de mon papa n'auront pas été vaines: ce n'est qu'en tombant qu'on apprend à se relever. Je ne suis plus à quelques égratignures près... Je vais bien et je vais tourner la page. Il y a certainement des leçons à tirer de cette douloureuse journée du 10 Mai 2009. Sûrement...

4 mai 2009

Ninja d'opérette.

La première fois que mon amie Elo m'a proposé l'expérience, je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire: jouer le rôle d'une figurante ninja, pratiquant le Kung Fu, dans une pièce de théâtre est déjà l'expression d'une incohérence. Je suis probablement l'allégorie de la maladresse: comment pourrais-je réussir à donner l'illusion d'un combat acharné sans crever, par inadvertance, l'oeil de mon partenaire?

Qu'à cela ne tienne! Hier, nous étions dimanche, un grand soleil éclairait un ciel sans nuage, les arbres étiraient leurs branches bourgeonnantes le long des rues: le climat était propice à une petite promenade en vélo qui me guida vers le lieu de répétition.

Pour ressituer un petit peu l'action, je vais préciser en quoi consistent ces pièces de théâtre. Mon professeur de Kung Fu produit, à temps perdu, des œuvres théâtrales: en l'occurrence, il a été sélectionné dans le cadre du festival Fringe pour monter deux pièces, l'une en anglais, l'autre en Français, au mois de juin prochain. Les deux oeuvres nécessitent des figurants mimant les combats: il a donc proposé à ses amis et à ses élèves de participer. Ils pratiquent ainsi depuis maintenant un mois.

Hier, je me suis lancée. Au départ, je ne savais pas trop où me mettre. N'ayant pas véritablement reçue d'invitation officielle, j'ignorais s'il s'agissait d'un acte réfléchi car l'action nécessitait un minimum d'adresse, ou bien simplement d'un oubli. Fujiao m'expliqua brièvement qu'il n'allait pas me dire immédiatement de sacrer mon camp parce que j'étais trop mauvaise ou bien de signer car j'avais la comédie dans le sang, car il prévoyait plutôt d'avoir le maximum de personnes formées pour le jour J afin de ne pas être pris au dépourvu. De fait, je pouvais tenter l'expérience et voir par moi même ce que j'en pensais.

L'exercice réalisé, qu'en dire? Pour ma part, j'ai apprécié. C'était fort amusant et je me suis rendue compte de beaucoup d'aspect du travail de théâtre auxquels on ne pense pas forcément avant. Notamment les chutes: personnellement, je dois tomber, ou manquer choir, en moyenne, une ou deux fois par jour. Lorsqu'il s'agit de faire semblant de chuter, la mission s'avère plus problématique: les réflexes et l'instinct de préservation prennent le dessus. Mon corps semble refuser ostensiblement les chutes volontaires, trop las de s'abîmer naturellement, en permanence. De fait, lorsque vient le temps de mimer la réaction face à un coup de genou dans le visage, il s'oppose ouvertement à me faire tomber la tête la première. Il faut beaucoup de persuasion et de travail pour le convaincre que ce n'est qu'un jeu et qu'il n'aura pas mal. Certes, ma maladresse ne m'aide pas: je me suis brûlée les chevilles en chutant sur du plancher. Forcément, mon corps a pas trop confiance...

En définitive, j'ai vraiment aimé l'expérience. J'étais bien entourée: mon amie, qui me guidait pour mes premiers pas dans cette aventure, s'est montrée très patiente envers moi. Elle a essayé de me faire perdre de cette raideur qui m'habite, généralement, si souvent. Merci beaucoup, Ami! ^_^ Je réessaierai, à l'occasion, même si je ne pense pas vraiment être fin prête pour le grand saut du festival.

Les deux pièces s'intitulent Amazone et Vérité & Conséquences. Elles se dérouleront à six reprises chacune, entre le 11 et le 21 Juin prochain. Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site ici, mais il ne sera mis à jour qu'à compter du premier juin. C'est à voir... ^_^


2 mai 2009

Beaume Sucré du mois de Mai.

Tiens. Je suis en vie. Et Heureuse en plus de ça.

-"Tu vois, Steph! Ce n'était pas si dramatique cette communication!"

Non, en effet. Sauf que je n'en menais pas large hier matin. Dès le réveil, j'ai subtilement tenté de demander à Jules s'il pouvait appeler à la Chaire pour dire que j'étais malade et que je ne pouvais pas réaliser ma présentation. En dépit de ma fine approche, j'eus droit à un "non" aussi sec que catégorique. Tant pis. Il faut bien mourir un jour alors pourquoi pas le premier Mai?

J'avais décidé de faire un effort vestimentaire: pour une fois, je n'apparaîtrai pas comme une adolescente perdue dans un monde d'adultes. J'ai donc revêtu mon tailleur Zara, acheté deux ans plus tôt pour passer un entretien chez Sony France. Depuis, je ne le mets que pour les enterrements et les colloques. Voilà qui tombe bien: hier était une journée de conférences et, cerise sur le gâteau, je commettais une présentation. Bon, bien-sûr, parce que tout ne se déroule pas toujours comme dans les contes pour enfants, ce n'est pas parce qu'on met la belle tenue que le talent nous suinte par chaque pore de la peau.

Bilan: je suis en tailleur, mon vélo dans une main, ma communication de l'autre, une boule dans l'estomac, un mal de tête lancinant et je contemple d'un air vide la pluie qui dégoutte le long de ma fenêtre. Je vais me métamorphoser en soupe durant le trajet séparant ma maison de l'université. Qu'à cela ne tienne! Personne n'aurait été dupe de mon costume de toute façon.

Armée de courage, je m'élançai vers ce qui devait être ma potence. J'essayais de me rassurer en songeant que mon ami m'avait grandement aidée en relisant mon texte à trois reprises afin de m'en indiquer les lacunes et les faiblesses. Si je meurs aujourd'hui, il sera au moins là pour me jeter des roses. ^_^ A priori, il semble que j'en fasse beaucoup pour une simple communication. J'avoue. Mais, n'étant pas de nature très extravagante, j'ai plutôt du mal à imaginer que je puisse intéresser les gens. Alors, lorsqu'un public attentif s'attend à un discours palpitant de ma part, je fige.

Pourtant, hier, j'ai été la plus heureuse du monde. Ma communication faite, les yeux rivés sur la table, dès fois qu'elle s'en aille sans que je m'en rende compte, j'ai entendu une salve d'applaudissements. Levant mon regard pour répondre aux questions, j'ai vu un public intéressé. Le poids sur mon coeur fondait plus vite qu'une crème glacée en plein soleil. Les félicitations que je reçus à la fin, tant de mon directeur que de mes amis, furent un beaume sucré pour mon être craintif. J'ai été inondée de joie. J'avais l'impression d'avoir réussi quelque chose, d'avoir franchi une étape, de palper un résultat concret pour la première fois en trois ans. Et cette chance, je te la dois en grande partie, mon ami Yankee! Alors merci pour ta patience, pour tes conseils et pour tes relectures.

Finalement, je vais peut être réussir à faire quelque chose de ma peau... ^_^