19 décembre 2011

"Tout vient à point à qui sait attendre!"

Comme disait l'Autre, il ne faut que s'armer de patience pour que tout s'accomplisse en son temps. J'ai un travail. Alors que je n'espérais déjà plus et que je me tournais vers d'autres alternatives, la roue a tourné et le téléphone a sonné. Il s'agissait d'une dame à qui j'avais envoyé mon CV en juillet, un peu au petit bonheur la chance car l'offre qu'elle proposait était déjà terminée. J'ai été convoquée à un entretien en même temps qu'un de mes amis: c'est inévitable dans le milieu de l'Histoire à Montréal. Il est bien trop petit pour que l'on ne croise pas une de nos connaissances dans les couloirs de notre nouvelle vie professionnelle. En l'occurrence, j'étais disponible à plein temps et pas lui: cela a sans doute fait pencher la balance en ma faveur. Peu importe les raisons, remarquez, le résultat reste le même: j'ai un travail. 

Sur le coup, j'ai appelé la planète entière pour l'annoncer. Un peu plus et j'écrivais un article dans La Presse pour être bien certaine que tout le Québec soit au courant. Et puis, je me suis rappelée que je n'existais pas pour les 8 millions de personnes qui habitent la Belle Province et que me contenter de quelques coups de fil à ceux que ça intéresserait ne serait pas une mauvaise idée. J'ai commencé par Jules: après tous ces mois dans l'attente, à faire des projets sur la comète qui mouraient avant même de s'enflammer faute de moyens, j'étais soulagée de lui annoncer que je rentrais enfin dans le monde du travail. C'était un fardeau de moins pour ma conscience. Et puis, j'ai appelé mes parents. Eux aussi portaient depuis tant de temps le poids de mes rêves que j'étais enthousiaste de leur apprendre que j'avais enfin atteint le port et que j'étais prête à jeter l'ancre pour être autonome. Mon papa était si content que les lapins ont eu double ration de fourrage et ma maman s'est précipitée à la maison pour me rappeler dans la demi-heure. J'étais soulagée et heureuse de les rassurer, de leur montrer que je n'avais pas fait tout ça pour rien et que, finalement, quelqu'un avait bien voulu m'adopter. C'est véritablement le plus beau cadeau de Noël que je pouvais recevoir - il était d'ailleurs en première position sur ma liste! ;)

Je ne commence que le 11 janvier. Du coup, je suis officiellement en vacances. Je ne réalise pas trop encore: après l'excitation de la nouvelle, je suis retombée dans l'expectative. J'ai hâte de commencer pour me prouver à moi-même que je suis capable de faire du bon travail et d'être une heureuse chercheuse! Que voulez-vous? Je demeure une grande angoissée! ;) Il y aura toujours quelque-chose qui me fera douter... Mais pour l'heure, ce n'est que l'envie de commencer qui me tarabuste. Sous ce nouveau jour qui se lève dans ma vie, une seule ombre: je ne pourrai pas faire le petit voyage que j'espérais, en janvier, auprès des miens. Ce n'est que partie remise, me direz-vous, et désormais, je serai à la barre du bâteau! C'est une belle journée pour croire au Père-Noël... ^-^

3 décembre 2011

Communiquer en toute franchise

Peut-on être trop franc? Depuis que je suis enfant, mes parents m'ont élevée avec l'amour de la communication. Il fallait toujours exprimer ce que l'on ressentait afin de pouvoir surmonter les écueils de la vie. Même si toute vérité n'est pas bonne à dire, comme dirait l'Autre, elle fait souvent avancer le monde. Et c'est plutôt vrai: exprimer ce que l'on pense ou ce que l'on ressent permet d'éviter l'accumulation de rancoeur et l'explosion laide et regrettable qui ne manquera pas de se produire à long terme. Remarquez, ce n'est pas parce que je sais qu'il faut communiquer que je suis bonne là dedans. Comme je l'ai souligné à plusieurs reprises, m'exprimer est toujours un défi qui me provoque palpitations et broyage d'estomac. J'ai toujours réussi à y faire face, cependant.

Certaines situations, malgré tout, sont plus compexes que d'autres. Personne ne voudrait blesser les personnes qu'on chérit le plus au monde et, souvent, on préfère se taire plutôt que de faire couler les larmes de ces trésors de notre vie. Personnellement, lorsque j'entame une conversation difficile, j'entends presque le bruit sourd de mon coeur qui se déchire en mille morceaux. Mais je me convaincs que c'est pour le mieux, qu'une fois que ce sera fait, tout sera plus solide et plus beau. Un peu comme lorsqu'on se fait des micro fractures au Kung Fu pour que les os soient plus résistants après leur réparation. Sauf que, exactement comme dans ce dernier exemple, il faut savoir quand s'arrêter. À force de créer des micro blessures, on pourrait rendre la destruction irrémédiable et ainsi obtenir l'inverse de ce qu'on cherchait à faire. Une fois de plus, c'est la théorie du Juste Milieu qui l'emporte. 

Lorsque Jules m'a demandé en mariage, j'ai eu peur. Très peur. Le mariage n'est pas très couru dans ma famille et il a plutôt mauvaise réputation. Cependant, j'ai tendance à croire que notre vie n'est jamais rien que ce qu'on en fait. La réussite ou l'échec, le bonheur ou le malheur, ce sont nos décisions qui président à leur victoire ou à leur échec dans notre quotidien. J'aime Jules, je mettrai donc tout en oeuvre pour assurer le plus bel avenir à cette histoire. Le mariage n'est qu'une étape de plus dans cette aventure à deux. Et pour lui assurer une existence heureuse et saine, je continuerai de communiquer le plus possible. La mort dans l'âme, car ces discussions ne sont jamais agréables. Mais je continuerai parce que je crois en notre histoire et que jamais je ne voudrai la voir éclater pour cause de rancoeur amalgamée dans un coin de notre coeur. A nous de trouver le juste milieu de ces micro-fractures pour qu'elles restent un outil de solidification et non une arme de destruction.

28 novembre 2011

Movember ou le règne de la Moustache

Non, je ne suis pas morte. Je ne suis pas non plus partie refaire ma vie sur la planète Mars ni tellement occupée par mon nouveau boulot que je ne trouve plus le temps d'écrire. Et pour cause: je n'ai toujours pas passé la moindre entrevue. Faut croire que je suis pourrie en candidature ou que le monde entier s'est ligué pour ne pas m'embaucher. Je penche évidemment pour la seconde option. Du coup, les jours passent et se ressemblent beaucoup, ce qui ne facilite pas les sujets de billet. Vous me direz, il se passe suffisamment de choses dans le monde pour que je me fende d'un petit commentaire - à commencer par un "je l'avais bien dit" concernant la situation en Égypte. 

Sur une note un peu plus joyeuse, j'avais promis à Jules de faire un petit texte sur son action Movember avant la fin du mois de novembre. Il me reste deux jours: je suis encore dans la course! :s Qu'est-ce que Movember? Clairement, c'est un mouvement annuel qui cherche à recueillir des fonds pour la recherche contre le cancer de la prostate. Le principe est simple: tu es une personne à la pilosité aggressive sous le nez, tu te laisses pousser la moustache durant tout le mois de novembre et tes amis, collègues, voisins et quidam qui veulent t'encourager à la garder font des dons sur ta page personnelle. Pour Jules, c'est ici que ça se passe: http://ca.movember.com/fr/mospace/2435656/ 

Autant vous le dire tout de suite: ça fait un mois que je me sevre de ma bisoucolémie! Mon attirance pour la moustache déjà timide a complétement disparue dès l'instant où j'ai senti des picotements dans mon cou! Mais on ne peut pas être contre les bonnes causes alors je prends mon mal en patience: qu'est-ce qu'une trêve de bisous contre des sous pour lutter contre le cancer de la prostate? Ceci étant dit, vous m'accorderez que Jules est bien plus beau sans la moustache!!! ^-^ Finalement, je suis bien superficielle à mes heures...

7 novembre 2011

Un accès aux soins de santé digne du Tiers-Monde.

Le système de santé: tout le monde vous le dira, vaut mieux habiter un pays riche pour en profiter car sinon, les médecins sont trop rares, trop chers, trop peu équipés. Vraiment? À part pour la dernière caractéristique, je me permettrai d'affirmer que ceux de certains pays riches n'ont rien à  envier des ratés des contrées plus pauvres de notre planète. Bien-sûr, tout le monde connaît le crédo "pas d'argent - pas de soins" des Etats-Unis contre lequel Obama avait tenté de lutter au début de son mandat mais on parle beaucoup moins de la situation québécoise (enfin, en dehors du Québec. Ici, on a depuis longtemps remarqué son inefficacité.).

Prenons un exemple concret: je souffre d'hypothyroïdie. Y a pas mort d'homme, c'est une des maladies les plus fréquentes de ce siècle et ce n'est pas vraiment dangereux: la seule contrainte est de prendre un médicament à vie, dosé en fonction des prises de sang régulières. Pour n'importe quel quidam, ce ne devrait pas être une montagne que d'avoir un suivi régulier avec un endocrinologue pour être certain que notre dosage de médicament n'est pas simplement en train de dérégler tout le système interne. Ici, ce n'est pas une montagne non plus, c'est une planète au complet. Le genre d'obstacle que tu ne surmontes pas car, humain que tu es, tu peux difficilement sauter au dessus d'un truc aussi gros. Il y a deux mois, j'ai appelé les cliniques externes de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont afin de voir un endocrinologue: armée de la lettre de mon docteur en France insistant sur la nécessité de me faire une prise de sang tous les trois mois, de mes résultats sanguins montrant que mon taux de ch'ai pas quoi était deux cent fois la normale et de tous mes autres papiers, je m'attends à avoir un rendez-vous dans les trois mois qui suivent. Pas que ce soit gravissime, une fois de plus, mais simplement parce qu'un patient qui prend un médicament qui influe sur son fonctiomment interne, dans mon monde à moi, on le suit pour éviter les accidents stupides. 

Faut croire que tout le monde ne vit pas dans mon monde à moi. Comme personne ne me rappelait et que je me doutais qu'il y aurait quelques mois de délai avant la date de mon rendez-vous, j'ai rappelé la dame de la clinique aujourd'hui. Placidement, avec une indifférence que seule la lecture du Courrier International pourrait justifier, elle me répond:

-"Y a marqué non urgent sur votre dossier. On commencera à regarder votre dossier dans un an minimum."
...
Ok, y a que moi que ça choque ou bien? Dans UN AN, Charlotte et sa gang vont commencer à se demander si la gamine qui nécessite des prises de sang tous les trois mois a le bon médicament? C'est quoi cette blague? Y a genre un seul endocrinologue pour tout l'hôpital, ils sont cinq à l'échelle du Québec alors, évidemment, ils ont trop de patients??? Et encore, personnellement, le pire qui puisse m'arriver, si mon médicament est mal dosé, c'est que je fasse de l'Hyperthyroïdie: imaginons, des patients au médicament plus dangereux qui ne se classent pas non plus dans la catégorie "Urgent": on les classe dans les faits divers ou bien on soupire devant l'incongruïté de la chose? Sérieusement, je ferai bien une étude afin d'analyser les impacts de cette gestion pourrie des patients sur les "accidents" stupides de santé au Québec...

Comment a-t-on pu en arriver là? On ne m'enlévera pas de la tête que, au sommet de la pyramide des responsables, il y a la secte : Le collège des médecins, avec son grand chef, le père Barrette et les facultés de médecine du Québec. Cette magnifique organisation qui a pour principal objectif de faire gagner plus de pognon à ses membres et les dites facultés mettent des bâtons dans les roues aux médecins étrangers qui viennent travailler au Québec: aucun diplôme n'est assez bon, aucune expérience non plus et des centaines de médecins qui pourraient améliorer la situation au Québec restent inutiles parce qu'on n'a pas voulu leur donner une chance. Bilan: au XXIe siècle, dans un pays comme le Canada, il n'est pas garanti de pouvoir recevoir les soins nécessaires à sa guérison.Encore un peu et Médecins du monde va pouvoir nous rajouter à sa liste de pays en difficulté!

1 novembre 2011

Le mouvement des "Indignés" : un espoir dans cette tyrannie boursière.

Je suis en retard. J'aurais dû en parler dès les premiers signes de ce mouvement mais, emportée par les événements, je n'ai même pas pris la peine de pousser le cri de soulagement qui s'imposait. Il n'est pas si loin le temps où je râlais abondamment sur les humeurs changeantes de la bourse et sur l'égoïsme profond d'une poignée d'êtres humains en cravate, prêts à sacrifier des vies entières pour empiler un peu plus d'argent dans leur coffre. Je grommelais et je me demandais jusqu'à quand nos vies devaient être à ce point dépendantes de leur bon vouloir. Aujourd'hui, depuis plus de trois mois, la population mondiale démontre qu'elle en assez de ce régime inique, qui favorise les puissants et méprise les autres. Le mouvement "Occupons..." (à compléter par un nom de ville ou de lieu), également appelé le "mouvement des Indignés", exprime tout haut le ras-le-bol d'une majorité, fatiguée de payer pour l'avidité de quelques-uns. Entamé en Espagne au mois de mai, il se propage de par le Monde et trouble le confort de nos Puissants. Je trouve ça beau. 

D'aucuns diront que c'est une gang de soixante-huitards ratés qui prennent la parole sans savoir, pétris d'idéaux utopistes. Pour ma part, je crois que c'est le signe d'un changement nécessaire et inéluctable de notre société, un appel clair et éloquent à nos gouvernements que le capitalisme est arrivé à sa fin et qu'il n'est plus la solution de demain. Alors, oui, bien-sûr, les idées sont parfois confuses et ce n'est pas une marée unanime sur les alternatives qui occupent nos places et revendiquent la fin d'une ére. Il est difficile de concilier autant de personnes. Mais toutes - et c'est déjà énorme - sont d'accord pour pointer du doigt notre système et ses limites. Des solutions sont suggérées, ici ou là, pour pallier les disfonctionnements de notre économie: les taxes sur les transactions boursières par exemple. Je n'y connais rien en économie mais il me semblerait juste, en effet, que les tracteurs (car j'imagine qu'on pourrait traduire ainsi le terme de traders! ;) ) ait une responsabilisation de leurs gestes. Et comme ce n'est que le profit et l'argent qui les occupent, autant les punir par ce qui les fait vibrer. L'Europe y songe, les Etats-Unis et le Canada s'y opposent. Pourquoi? Quels arguments pourraient envore justifier de ne pas encadrer ces transactions boursières qui parient sur la faillite des entreprises, des pays, bref sur la vie des gens? Je ne comprends pas. Peut-être suis-je naïve mais je ne vois aucune bonne raison pour protéger ces personnes, pour empêcher qu'elles agissent au moins dans un cadre et qu'elles puissent être punies pour leurs actes. Certains trouveront sûrement que j'exagère mais il me semble criminel de ruiner la vie des autres pour pouvoir amasser plus d'argent. Surtout lorsqu'on considère que tout cela est virtuel: cet argent, en termes de liquidités sonnantes et trébuchantes, n'existe même pas. Tous ces milliards dont les médias nous rabattent les oreilles ne sont que données virtuelles. Un genre de Monopoly de taille mondiale sans règles du jeu.

Bref, je suis heureuse et fière de voir que le monde réagit et qu'il veut se débarrasser de ce joug inique qui l'oppresse et l'opprime. Je soutiens ce mouvement et l'encourage de toutes mes forces. La rage à sa source est bien plus forte que les intempéries et les manipulations médiatiques. Car, l'avez-vous remarqué, nos grands journalistes des journaux télévisés ne parlent presque plus des "Indignés", préférant aborder d'autres sujets pour détourner notre attention. Comme toujours.

13 octobre 2011

Une semaine plus tard.

Jules insiste. Je reconnais qu'il n'a pas tort mais je ne savais trop comment reprendre la plume. Faut-il beaucoup de mots pour exprimer la fin? J'aurais peut-être pu me contenter d'un lapidaire "C'est fini." et tout aurait été dit. Ma soutenance n'est pas encore bien réelle dans mes souvenirs. Pourtant... Cela fait déjà une semaine que j'entrais, tremblante, dans une salle bondée. Mes amis étaient assis sur les quatre rangées de chaises dévolues au public, formant un mur de soutien pour mon assurance hésitante. Si j'avais dû remporter ma thèse par la force du nombre, les membres du jury n'auraient eu aucune chance.

Les trois derniers jours avant la Fosse aux Lions, je les ai passés prostrée sur mon canapé, avec une pierre à la place de l'estomac. J'imaginais, la pointe au coeur, le président du jury profitant de mon angoisse pour me jeter des boules de compost et ricaner, les sourcils levés, sur l'imposteure démasquée qu'il avait sous les yeux (Non, je n'exagérais pas! C'était très possible! Tout le monde peut se procurer du compost maintenant! :s ). J'entendais déjà ma voix trembloter dans la récitation mal assurée d'une thèse dont je ne me rappelais que les premières pages. Sans crier gare, elle finirait par s'étioler et disparaître, tout bonnement, m'enfermant dans une prison de silence que seule la honte pourrait briser. Assez ironiquement, ces angoisses ne me faisaient que mieux dormir. Un peu comme si mon corps tentait de me protéger en me plongeant dans un comas sans fin, dont je ne me réveillerai qu'après le jour de ce que j'appelais "mon exécution publique". 

Bon, je reconnais que je suis vraiment TROP angoissée. Il était peut-être un peu excessif d'avoir aussi peur d'une journée qui se voulait celle de la consécration pour n'importe quel autre doctorant. Je devrais vraiment apprendre à relaxer et, surtout, à me dire que ce que je fais n'est pas toujours aussi mauvais que je le crois. D'ailleurs, ma soutenance s'est merveilleusement bien passée. Sig m'a même dit que mon directeur de thèse avait trouvé ma prestation excellente: après toutes ces années à n'être qu'une ombre, ce compliment m'a été un beaume au coeur. Je n'ai même pas balbutié et je me suis rappelé de toutes mes recherches! Oui, c'est surprenant, quand on sait à quel point l'angoisse peut me faire oublier jusqu'à mon nom. 

Maintenant, c'est bel et bien fini. Quoique je décide, quoiqu'il se passe dans l'avenir, ce ne sera plus dans le cadre de mes études. Je n'ai plus de reconnaissance à attendre: je viens de passer la ligne d'arrivée. C'est un nouveau chapitre de vie que je dois écrire, loin des bancs d'école. Sur le coup, alors que les membres du jury livraient leur verdict, j'ai eu, l'espace d'un instant, une énorme envie de pleurer. Je voulais embrasser tout le monde pour les remercier de m'avoir aidée, de m'avoir portée jusque-là, je regardais tous mes amis, ma famille et tous ceux qui ont cru en moi - parfois même plus que moi-même - et j'avais envie de leur donner mon diplôme comme juste rétribution de leur amitié, de leur amour et de leur fierté. C'est ironique: réaliser un Doctorat, c'est apprendre à être seul, autonome, persévérant, déterminé afin de mener à bien une entreprise de longue haleine dont, jusqu'à la dernière minute, on ne voit pas bien la sortie. Et pourtant, c'est aussi le moment où on s'aperçoit que les gens ont confiance en vous, vous portent et vous soutiennent pour que vous ne vous écartiez pas trop du chemin. Dans mon cas, je vais presque m'ennuyer des rencontres au Département d'Histoire où nous étions tous des étudiants dans le même bâteau... Bon, j'ai dit "presque"! ;)

Le lendemain de ma soutenance, ça a été le tour de mon Yankee préféré. En 48h, on a explosé la moyenne de soutenance de la chaire de recherche. C'est aussi la fin d'une époque, pour le meilleur, on l'espère. Merci à tous, en tout cas, de m'avoir permis d'arriver là où j'en suis aujourd'hui: à ma soeur qui angoissait presqu'autant que moi, à Jules qui en est sorti tout ému, de magnifiques fleurs à la main, à ma maman qui avaient les yeux rougis en franchissant la porte, à tous pour avoir été là mais aussi à ceux qui ne le pouvaient pas, physiquement, mais qui ont arrêté de respirer un instant, le Jour J, en attendant le verdict. Ainsi mon papa, ma soeur, ma famille et mes amis de l'autre côté de l'Océan. J'ai senti vos pensées. Itte Rashaï Mina-san.

28 septembre 2011

Désillusion brutale d'une fin de thèse.

Lorsque j'ai commencé mon Doctorat, j'étais armée d'une volonté indéfectible de montrer au monde entier que j'étais capable de relever cet ultime défi scolaire. Je voulais que mon papa soit fier de moi, que ma maman ait des raisons de l'être, que ma famille et mes amis se disent que, peut-être, finalement, je valais quelque-chose. Au fur et à mesure que j'avançais, je me rendais compte de la difficulté de ce pari: une bonne thèse est une thèse terminée, nous répétait souvent mon directeur français. C'était vrai: le plus dur était de trouver l'énergie, la motivation pour continuer les recherches, pour étudier, examiner, analyser les documents afin de produire, à la fin, une thèse digne de ce nom. Le Doctorat, ça n'a rien à voir avec la maîtrise ou d'autres diplômes pour lesquels un mémoire est demandé: là, il faut être original, novateur, persévérant et, surtout, autonome. Car on n'est jamais plus seul que lorsqu'on réalise un Doctorat. Bien-sûr, il y a les amis, ceux qui partagent votre galère sur le long chemin de l'ultime diplôme, et il y a aussi les directeurs qui, au hasard des couloirs, vont balayer d'un revers de main toutes vos recherches ou, au contraire, vous encourager. Mais, au final, vous êtes seul.

J'ai réussi. Ma thèse n'est pas parfaite, évidemment, mais elle est terminée, déposée et elle est le fruit de quatre années de recherches intensives. Il ne reste que la soutenance. Dans les faits, je pensais que c'était un genre de formalité: bien-sûr, j'aurais des questions et la présentation orale de mon travail va me demander une certaine préparation, mais je n'imaginais pas que l'on remettrait en cause ma thèse: après tout, elle a été déposée. Encore un indice de ma naïveté, je suppose. Hier, j'ai reçu tous mes rapports de jury: si quatre sont conformes à ce à quoi je m'attendais, soulevant à la fois les bons et les mauvais points de mon travail, le cinquième pourrait s'apparenter à un lynchage contrôlé de mon produit final. Sur six pages, l'auteur se lance avec une aigreur presque tangible dans le dénigrement de mes méthodes de recherche, de mes hypothèses, de mes démonstrations et va même jusqu'à remettre en cause la quantité d'efforts investie dans cette thèse. En toute honnêteté, je l'ai mauvaise. Vraiment. Que mes recherches ne soient pas parfaites, j'en conviens aisément: si seulement c'était possible, nous y passerions non pas quatre ou six ans mais bien le tiers de notre vie. Il y aura toujours quelque chose de plus à examiner. En revanche, sous-entendre que j'ai, pardonnez l'expression mais c'est à peu de choses près ce que l'auteur insinue, "torché" mon travail afin de rendre un espèce de brouillon infâme, c'est particulièrement blessant. Surtout qu'à la différence des autres membres du jury, il ne suggère rien - se contentant de critiquer largement mes choix. (Ce qui est limite incohérent avec sa mention (Bien) qui, si elle n'est pas la panacée pour un Doctorat, n'est quand même pas l'indice d'un échec aussi total qu'il s'évertue pourtant à le prétendre dans son rapport). 

Finalement, ma soutenance est dans une semaine et je sais que je devrais faire face à cet homme, que je n'ai vu, en tout et pour tout, qu'une fois et qui est si intimement persuadé de mon incompétence. Ce n'est certes pas la situation la plus favorable à laquelle je pouvais espérer m'attendre. Mon Yankee préféré me dit que, au pire du pire, mon exécution publique ne durerait que trois heures dans une vie. Indéniablement. Mais cela ne change rien à la brûlure du dénigrement: mon travail, sans être la meilleure thèse de l'année, méritait bien mieux que cette avalanche d'insinuations et de mépris. Pour preuve, sur cinq membres du jury, cet homme est le seul à vomir à ce point dessus...

24 septembre 2011

L'Eden est à notre porte.

Il existe un endroit pour chacun de nous. Un lieu qui nous appaise, nous réconforte et nous rassure. Nous passons souvent notre vie entière à la recherche de cet Eden, sans vraiment nous en rendre compte. Aujourd'hui, on peut même faire le tour de la planète, persuadé que la prochaine escale sera encore meilleure que celle que nous venons de faire. Pour certains, c'est une plage de sable blanc avec l'océan pour horizon. Pour d'autres, c'est les vertes prairies qui s'étendent à perte de vue dans les montagnes. Et puis il y a aussi les amoureux des villes, ceux qui parcourraient la Terre entière pour un coin de forêt ou encore ceux qui rêvent en silence d'une place au bord du Paradis. Cette Terre Promise, on nous en parle depuis des siècles et elle est pourtant si différente pour chacun de nous. Tant mieux, d'ailleurs, car elle ne serait pas assez grande pour l'humanité toute entière...

Mon Eden, c'est un coin de la planète assez peu peuplé, où la terre est si sèche qu'elle vous pique les yeux, les jours de grand vent. Il paraît qu'autrefois, il était couvert de bois et riche d'une abondante faune. Aujourd'hui, seuls les sangliers trouvent leur compte dans la multitude de champs de tournesols ou de maïs qui parsèment la région. Sur ces terres, se dressent des bâtiments en brique rouge - vestiges d'un passé heureux où j'accompagnais ma tatie garder les vaches et dévorais, en secret, les croquettes-boutons du chien (elles étaient excellentes, d'ailleurs). Derrière l'ancienne grange, se dresse un arbre dont j'ignore le nom. Il est plus vieux que je ne le serai jamais - témoin immobile du temps qui passe, des générations d'enfants qui s'ébattent dans le champs, de la renaissance perpétuelle des majestueux tournesols. Et puis, il y a les bois. Silencieux, ils se dressent au bout de mon Eden, protégeant les traces de mon enfance avec plus d'efficacité que ma mémoire ne saurait le faire. Ils gardent en leur sein nos rires d'enfants, alors que nous construisions la plus grande cabane du monde, sans branche ni feuille: une cabane creusée à même les bois, meublée des vieilleries que nous trouvions dans la grange, et dans laquelle les plus belles histoires se déroulaient. 

Je me suis toujours demandé pourquoi certains artistes exilés étaient plus lyriques lorsqu'ils parlaient de leur bout du monde. Une sorte de témoignage sur leur pays, pour lui exprimer leur attachement, pour lui rendre hommage ou peut-être seulement pour soulager leur nostalgie alors même qu'ils en étaient, parfois, partis volontairement. Aujourd'hui, je comprends que c'est aussi pour ne pas oublier. Quoi qu'on fasse, où qu'on aille, on ressent ce besoin de ne jamais couper complètement nos racines. Oublier d'où l'on vient, ce serait un peu comme devenir orphelin - d'ailleurs, ne parle-t-on pas de pays d'adoption lorsqu'on trouve un autre port d'attache?

18 septembre 2011

Les affres d'une nouvelle vie.

Attendre. Espérer. Avoir le coeur qui bat à tout rompre lorsque le téléphone sonne et puis, finalement, être presque déçue que ce ne soit qu'un coup de fil ordinaire. Chercher un travail, parfois, c'est un peu comme tomber amoureuse pour la première fois.

Lorsque je rédigeais ma thèse, j'avais hâte de pouvoir envoyer des candidatures, de prendre ma vie en main et de rentrer sur le marché du travail. Ce que je n'avais pas trop prévu, cependant, c'est que nous serions plusieurs dans ce cas et que ma candidature resterait souvent lettre morte. En fait, assez ironiquement, je n'ai jamais eu de mal à trouver un boulot jusqu'ici: que ce soit pour un travail d'été ou étudiant, j'étais sûre de trouver preneur dans le milieu agricole, hôtelier voire de la vente. Faut dire que lorsque tu veux juste gagner de quoi acheter ton pain quotidien ou financer ton prochain voyage en Europe, tu ne penses pas forcément aux quarante prochaines années de ta vie. Après tes études, par contre, ça te paraît une donnée importante et tu t'aperçois alors, durement, que la chance de faire un boulot qui plaît n'est pas donnée à tout le monde. 

Remarquez, je ne devrais pas me plaindre. Pas déjà. Après tout, ça ne fait que quelques mois que je cherche et je crois que je n'ai même pas atteint la moyenne d'embauche des jeunes diplômés (qui est de cinq mois, si je ne m'abuse).Pourtant, ça m'angoisse au plus haut point. On dirait que d'avoir terminé ma thèse n'est pas parvenue à me convaincre que je valais vraiment quelque chose. Au contraire, je ressens la morsure du temps qui passe et je regarde, un pincement au coeur, toutes ces années durant lesquelles je n'aurais jamais rien fait d'autre qu'être un poids pour ceux que j'aime. L'éternelle étudiante que je suis est arrivée au bout de sa course, plus démunie de confiance en elle qu'à ses débuts. C'est ironique. C'est comme si mon insignifiance en tant qu'être humain me sautait d'autant plus au visage que je n'ai plus d'objectif à atteindre pour prouver ma valeur - ou plutôt que l'atteinte de cet objectif n'a, en fait, rien changer. Je n'arrive pas à bailloner les angoisses qui me taraudaient la nuit et je les sens, au contraire, gagner du terrain en envahissant mes journées.

Souvent, avec mon Yankee préféré, j'ai débattu du sens de notre existence. Un genre de discussion philosophique autour d'un thé ou d'un chocolat chaud qui ne fera pas avancer la planète mais qui nous remet en question. Partisane de la théorie de l'accident humain, je défends généralement cette idée que nous ne sommes rien et que nous ne servons à rien: ce sont les choix que nous ferons dans notre vie qui détermineront notre utilité, au moment de rendre les clés de la vie. C'est vrai que cette vision est assez angoissante car finalement, elle revient à dire que nous ne sommes que de l'herbe à vache en puissance et que seul le vide nous caractérise. Un vide vertigineux, que nous tentons de combler avec nos rêves et nos espoirs, nos déceptions et notre vie sociale. Mais lorsque tout s'éteint, que l'on se retrouve seul avec soi-même, alors le vide reprend ses droits et il nous faut fermer les yeux pour ne pas tomber. Aujourd'hui, je m'accroche à l'espoir de trouver ce travail qui justifiera ces années passées, qui sera la juste rétribution de tous les cadeaux que la vie m'a fait, qui me permettra de rendre un peu de ce bonheur si injustement partagé. Je m'agrippe à cette perspective et je guette le téléphone, le coeur battant. Ce n'est pas seulement l'employeur que j'attends: c'est mon droit d'exister...

12 septembre 2011

Dérapage policier à Montréal: quand un imbécile fait le jeu des anarchistes.

Honnêtement, je suis plutôt une partisane du Juste Milieu: rien n'est noir ou blanc, personne n'est bon ou mauvais, etc. En gros, je ne suis pas une adepte des jugements arrêtés et indiscutables du type: "tous les policiers sont des cons". Personnellement, lorsque je vois des images du G quelque-chose avec un harde de jeunes en furie qui jettent des cailloux sur les agents, les invectivent, la bave aux lèvres, je ne comprends pas pourquoi tout le monde s'insurge que les dits agents aient quelque peu secoué les jeunes intrépides. D'ailleurs, c'est tellement toujours pareil que j'ai fini par penser que c'était une sorte de rituel ou de sport national pour une poignée d'anarchistes en mal d'activités... Bref, je ne suis pas de ceux qui critiquent à tout bout de champs la police. Pourtant, lorsque je vois ce type de vidéo, je ne peux que me rendre à l'évidence: si les cons sont partout, c'est encore plus évident lorsqu'ils sont en position de force:

A l'instar de Patrick Lagacé - à qui j'ai piqué la vidéo - ce n'est pas tant l'intervention des policiers à l'endroit des jeunes garçons qui me gêne: je n'ai aucune idée du contexte et c'est vrai que ça doit être désagréable de se faire injurier par une platrée de petits cons complétement saoûls à longueur de nuit. Ce qui me pose problème en revanche, c'est la réaction du policier par rapport à la fille qui vient en aide au jeune, tombé à terre (1.28mn). Que le gars veuille arrêter le type en question, je le conçois, mais qu'il emplâtre volontairement la fille dans un poteau pour pouvoir le faire, c'est un petit peu, comment dirais-je?, irresponsable? abruti? Je ne sais, les mots me manquent. Sans faire de ce personnage doué d'une bêtise rare le symbole de la police au complet, il est indéniable qu'il n'aide pas ses confrères à redorer leur image. Non seulement, il fait usage de violence gratuite mais en plus, histoire de vraiment monter que ce n'était pas un accident (genre: quelqu'un a placé le poteau sous le visage de la fille pendant qu'il regardait ailleurs), il ne se porte pas à son secours, il ne s'excuse pas et il la menace de l'accuser d'avoir fait entrave à son travail....

Le pire dans tout ça - et ce qui n'aide pas plus la cause de la police - c'est que si ce policier doit répondre de ses actes, il va être protégé par tout le monde: ses collègues, sa direction, la justice... Alors qu'il est manifestement en tort. Je suis persuadée que si la police et la justice étaient moins biaisée, punissaient les erreurs des imbéciles lorsqu'elles étaient établies, les défenseurs de l'idéologie "Fuck la police" auraient beaucoup moins de succès. Car on a besoin d'une police pour vivre harmonieusement en société, c'est évident, mais on n'a pas besoin d'un groupe d'enfants gâtés qui abusent de leur pouvoir sans jamais être punis, juste parce qu'ils sont "solidaires" entre eux. Si la police devient une sorte de secte impénatrable, étanche à toute forme de justice alors qu'ils en sont la main exécutante, il ne faut pas espérer que le cynisme à son égard s'estompe...

7 septembre 2011

Les dérives de l'Ego en mal de caresses.

L'Ego. Le "moi" latin ne se sera jamais autant fait caresser que dans nos sociétés contemporaines. Ce n'est pas une nouveauté et c'était un peu prévisible puisque l'objectif avoué des règles économiques qui régissent les grandes puissances de ce monde est de faire gagner le plus d'argent possible à quelques particuliers. Nous sommes donc bien loin des valeurs communautaires de partage qui interdiraient toute suprématie de l'individu sur le groupe. Notez que ce ne serait pas forcément un meilleur système: anihiler son être au profit des autres n'est pas plus source d'épanouissement que son aliénation...

En fait, ce qui me pousse à m'interroger sur les dérives de cet individualisme croissant, c'est sa propension à envahir toutes les sphères de notre quotidien. Il n'est pas nouveau que Facebook, par exemple, est une plate-forme destinée, d'une part, à "espionner" la vie des autres et, en second lieu, à se flatter l'Ego avec un grand "E". Il n'y a qu'à voir la proportion de personnes qui prennent quantité de photos de leur propre personne - non pas en guise de souvenir de voyage ou d'événements mais bien d'eux-mêmes par eux-mêmes d'ailleurs. Une fois mises en ligne, il y a toujours quelques "amis" facebook pour venir s'extasier sur combien ces modèles improvisés sont beaux, rayonnants, magnifiques, etc. Vous me direz: pourquoi pas? Elles ont bien le droit! Et je ne pourrai qu'en convenir. Pourtant, une part de moi ne peut s'empêcher de trouver ce comportement très présomptueux. Je m'explique: les personnes qui mettent en ligne ce type de photos - qui sont, je le répète, ni des souvenirs, ni des photos prises par Autrui - doivent le faire spécifiquement pour se faire brosser dans le sens du poil. Venant de jeunes demoiselles adolescentes, passe encore: on a tous eu une période où on jouait les grands - simplement maintenant il existe le Net pour mettre ces photos. Par contre, pour des adultes, je ne peux m'empêcher de trouver ça...particulier. Enfin, je ne suis sans doute pas très objective, étant donné mon amour pour les photos de ma personne.

Mais il n'y a pas que sur Facebook que cette explosion du Moi se fait sentir. La télévision est sans doute le principal actionnaire de ce mouvement: à Radio Canada, dernièrement, ils ont lancé une émission de variétés qu'ils ont baptisé du nom de l'animatrice - Pénélope McQuade. Pourquoi??? Je veux dire: l'émission ne va pas parler de sa vie! Pourquoi mettre l'accent sur cette fille plutôt que sur le but de l'émission? C'est un peu comme si Tout le monde en Parle s'appelait Guy A. Lepage ou que Les enfants de la télé répondaient au doux nom de Véro! C'est vraiment bizarre. Surtout que, en toute subjectivité, c'est probablement l'une des animatrices les plus insipides que j'ai jamais vues... 

Bref, nous sommes dans une phase de société où tout un chacun éprouve le besoin de se frotter l'Ego, de sentir le regard bienveillant des autres sur soi. On pourrait se demander si ce besoin de reconnaissance n'est pas lié à un vide plus grand au fond de nous, en tant qu'individu, mais ce serait sûrement faire de la psychologie de ruelle...

22 août 2011

Jack Layton est mort.

Image très bien faîte prise sur le site https://www.facebook.com/pages/RIP-Jack-Layton-1950-2011/166155473458476

Jack Layton est mort. L'écrire ne parvient pas à rendre la nouvelle réelle. Cela faisait longtemps qu'aucun politicien n'était parvenu à me faire rêver, à me faire croire en un monde meilleur et plus égalitaire. Le chef du Nouveau Parti Démocrate, opposition officielle à la folie conservatrice, avait réussi cet exploit. Il appartenait à une classe de personnes, trop rare, pour qui les valeurs sociales doivent primer sur tous les autres intérêts. Avec une honnêteté encore plus rare, il partageait ses convictions, ses points de vue, ses espoirs avec les Canadiens et cette franchise lui a gagné plus de coeurs qu'aucun de ses adversaires ne pourra jamais avoir. On se demande toujours s'il existe une justice qui nous dépasserait tous en ce monde. Une sorte de Loi de la Nature qui punirait les mauvais et récompenserait les bons. Une variation d'un Dieu tout puissant qui trierait les tristes et heureux évéments de notre vie selon des règles qui nous échapperaient un peu. Il semble que cette supra-justice, si elle existe, n'a vraiment pas les mêmes critères que nous...

Le cancer, c'est la maladie des temps modernes. Tout le monde, ou presque, connaît quelqu'un qui a succombé dans son combat contre lui. Pourtant, lorsque cette maladie gagne contre un personnage public, aux espoirs et aux convictions si grands, j'ai toujours l'impression que c'est un peu plus douloureux. Sûrement parce que ce n'est pas seulement l'homme que nous perdons, mais aussi le projet qu'il portait à bout de bras, qu'il a littéralement soulevé de terre pour nous permettre à tous de croire que c'était encore possible. Mr Layton a su insuffler dans nos coeurs un peu d'utopie, un brin de rêve, un tantinet de "pourquoi pas?". Ce n'était pas par goût de ne jamais être au pouvoir que les Québécois ont voté NPD - contrairement à ce que certains journalistes se sont plus à écrire.C'était le signe que seul Mr Layton avait su rejoindre la majorité, était sorti des discours préfabriqués que l'on servait depuis des années à chaque élection, persuadé que seuls les trois partis "classiques" seraient réélus. Ce fameux cynisme qui hante la société canadienne en matière de politique avait quelque peu disparu en écoutant le chef du NPD. Et puis, finalement, c'est le cancer qui aura eu le dernier mot.

Aujourd'hui est un jour bien triste. Mr Layton s'est éteint à 61 ans mais c'est un pays tout entier qu'il laisse en deuil. De tout coeur, j'espère que son travail et ses espoirs ne resteront pas inachevés. Pour lui, pour nous, pour l'avenir, nous ne pouvons pas vivre éternellement dans le cynisme politique. Merci Mr Layton de nous avoir démontré qu'il suffisait parfois d'y croire pour changer ce qui paraît immuable. Merci de nous avoir rendu nos rêves et nos espoirs.

19 août 2011

Les dérives du capitalisme en Bourse.

Voilà. C'est exactement ce principe qui me dérange dans les agissements de ces hommes et femmes qui décident de la ruine ou de la richesse d'un pays. Je pose encore une fois la question: jusqu'à quand devrons-nous servir les intérêts de quelques particuliers qui mourront étouffés par l'argent des Autres? Une réglementation pour limiter les excès est anti-capitaliste, soit, mais la débâcle économique auquelle nous faisons face depuis 2008 n'est-elle pas le signe que le capitalisme sans limites est une aberration qui n'est plus viable? Nous sommes pris en otage par l'argent dans notre quotidien, certes, puisqu'il est la à la clé de tout notre cheminement de vie. Malheureusement, nous le sommes aussi par ces transactions virtuelles qui rendent des particuliers plus riches au détriment de sociétés entières. Je n'y connais peut-être rien en économie mais il ne faut sûrement pas avoir faire HEC pour comprendre que ce que font ces gens, qui assurent une part de dette qu'ils n'ont même pas achetée, est tout sauf légitime.

17 août 2011

Boulimie en argent.

J'ai écrit. Pour la seconde fois, j'ai écrit un courriel très long dans lequel je parlais à coeur ouvert. Pour la seconde fois, j'ai renoncé à l'envoyer. L'ennui, lorsqu'on aime vraiment une personne, c'est qu'on ne veut pas la blesser. On sait qu'on devrait secouer le tapis plein de poussières devant son visage pour la faire réagir mais on appréhende de la faire pleurer, d'agrandir la plaie sur son coeur. Alors, on hésite, on tergiverse, on se sent impuissant. Et, finalement, on ne fait rien. On regarde, la pointe au coeur, la personne qu'on aime tanguer sur le bord de l'abîme et on prie très fort pour qu'elle ait un sursaut de lucidité au dernier moment. Bien-sûr, cela n'arrive pas.

Ce spectacle est d'autant plus douloureux que je sais, pertinemment, qu'Elle sait. Elle doit avoir une part d'elle-même, avant de signer ces bouts de papiers, qui lui hurle de ne pas le faire. Si elle nous blesse, nous, je n'ose imaginer ce qu'elle doit ressentir, elle. C'est pathologique. Un peu comme l'alcoolisme. Elle sait que ça la détruit mais elle ne peut s'empêcher de continuer. Elle regarde brûler cet argent qui creuse, toujours un peu plus, l'abysse sans fin de ses dettes, et elle ne peut se décider à éteindre les flammes tant qu'il en est encore temps. Je me rappelle avec angoisse ces moments où, désamparée, elle se tapait la tête contre les murs pour que cesse cette hantise, cette peur de gérer de l'argent. Je croyais, naïvement, que plus jamais elle ne retomberait dans ce gouffre puant de la dette. Mais rien ne se règle par magie. Comme l'alcoolisme. Si on ne prend pas les moyens de guérir alors l'épée de Damoclès ne nous quitte jamais. Tout à l'heure, demain, dans un an, elle tombera. Ce n'est qu'une question de temps.

Je me trouve souvent arrogante de penser comprendre la douleur de mes proches. J'ai beau les aimer plus que tout, je ne suis pas eux. Je ne peux rentrer dans leur tête, réécrire le passé et panser leurs blessures. Je ne suis pas Dieu. Pourtant, lorsque je les vois si proches de tomber, j'ai envie de crier, de rentrer dans leur vie et d'empêcher tous ces démons de s'approcher d'eux. Je voudrais écrire à tous ses "amis" pour leur dire d'arrêter de l'attirer dans leurs cercles d'argent où ils dépensent l'équivalent de sa retraite en quatre jours. Mais ce serait sans doute comme fermer un bar parmi tant d'autres. Tant qu'elle-même ne prendra pas les moyens de vaincre ses démons, je ne ferai que crier dans le désert. Alors j'écris. De longs courriels où je tente de lui expliquer qu'elle n'a pas besoin de tout ça pour qu'on l'aime, qu'elle n'a pas besoin de combler ce vide intérieur en achetant l'amitié ou l'amour des Autres - qu'ils soient humains ou spirituels. L'argent, c'est la drogue des Hommes. Aucun ami, Aucun Amour, Aucun Dieu ne s'en repaîtra jamais. 

Elle a trébuché. Une fois de plus, elle s'est rapprochée du vide en souriant. Une fois de plus, je regarde mon courriel et je m'en veux d'être si loin pour ne pas simplement la prendre dans mes bras et lui dire tout ce que j'ai écrit. Une fois de plus, j'hésite, je tergiverse et je n'enverrai sûrement pas le courriel. Pour ne pas la blesser, je prends le risque de la laisser se faire plus mal encore. Je suis lâche. Je reprends mon courriel, le relis et me sens, à mon tour, vide, impuissante. Si chacun reçoit la croix qu'il est capable de porter, certains ont besoin d'aide pour remonter la pente. À défaut de pouvoir changer leur passé, peut-être peut-on les aider à écrire leur futur. Aurai-je ce courage?

15 août 2011

Heidemarie Schwermer: sortir de la société de consommation ou devenir un fardeau pour les siens?

Aujourd'hui, en me rendant sur ma boîte pourriel - c'est très important de toujours avoir une boîte pourriel afin de pouvoir répondre à des sondages ou à des questionnaires qui ouvriront la porte à une pluie de spams par la suite - j'ai été interpellée par l'une des nouvelles de voila.fr: "Heidemarie Schwermer, le choix d'une vie sans argent." 

En résumé, il s'agit d'une dame de soixante-neuf ans qui, depuis quinze ans, se refuse à utiliser de l'argent dans sa vie courante. Pour vivre, elle allie le troc à l'échange de services et, selon ses propres dires, elle redistribue tout l'argent qu'elle possède à son entourage. En fait, plus je réfléchis à son action, plus je la trouve un tantinnet hypocryte. Je m'explique: je ne remets pas en cause les motivations de cette dame - je suis persuadée qu'elle pense sincèrement mener une lutte réfléchie sur la société de consommation. Pourtant, par les choix de vie qu'elle fait, elle dépend plus qu'aucun autre de celle-ci. Si elle voulait véritablement se retirer du système, il aurait fallu qu'elle se terre dans un coin de bois, où elle aurait construit sa propre cabane et se serait nourrie de racines ou de tomates qu'elle aurait elle-même plantées (j'exagère à peine). De cette façon, elle aurait pu, en effet, se vanter de s'être détachée de notre société de consommation. En revanche, en procédant comme elle fait - c'est à dire en demandant l'aide d'associations alimentaires, en récupérant les invendus ou les légumes de ses copines, elle ne fait, selon moi, que profiter du système de manière indirecte. Les produits de ses amies, les restes des magasins bios et, surtout, les groupes d'aide alimentaire appartiennent à la société de consommation qu'elle prétend fuir et ne sont, en général, que des rustines sur ses failles. D'ailleurs, demander de l'aide aux associations alimentaires me choque d'autant plus que cette madame Heidemarie pourrait très bien s'acheter de la nourriture elle-même mais s'y refuse par principe: en clair, ses bonnes intentions l'empêchent de dépenser son argent pour se nourrir, mais non d'aller chercher des vivres qui ont été achetés par des associations dont la fonction première est de pallier la pauvreté des individus. En agissant de la sorte, non seulement elle utilise indirectement de l'argent (celui des autres) mais elle "prive" des personnes qui n'ont véritablement pas les moyens de s'acheter du pain, de leur part de nourriture. 

Notez que je n'ai rien contre l'idée de chercher à vivre sans argent. Au contraire, je trouve ça très bien que certaines personnes aient envie de se libérer de l'emprise toute puissante de ce bout de papier dans leur quotidien. Mais je ne vois pas très bien la cohérence entre cette pensée et le fait de se sustenter par des moyens qui sont directement issus de la société de consommation. Cela transforme finalement cette dame en "fardeau volontaire" pour la société, pour sa famille et ses amis - qui ne vont bien-sûr jamais refuser de lui donner quelques légumes. En outre, la vie que mène Heidemarie n'est possible que si elle dispose d'un cercle social suffisant pour lui permettre d'assurer son hébergement temporaire, sa nourriture et sa sécurité. De la même manière, le choix de se priver de son assurance maladie n'est viable que si elle ne lutte pas contre une maladie grave. Si par malheur cette dame développait un cancer ou autre maladie mortelle, son retrait du système de santé  poserait de graves problèmes - en particulier pour sa famille qui refuserait évidemment de la regarder souffrir sans rien faire, en raison de ses choix de vie. 

Bref, cet article me laisse dubitative. J'ai le sentiment que Madame Schwermer s'est trompée dans ces choix d'action. Elle prétend vouloir éveiller les gens à une société de partage, plus encore que de troc, mais cela me paraît difficile à l'échelle d'un pays et, à fortiori, plus encore à l'échelle de la planète. Ceci dit, peut-être que je me trompe...

10 août 2011

L'ombre du Serpent qui glace le sang.

Il y a quelques mois, j'ai participé à un atelier de défense urbaine que donnaient mon professeur de Kung-Fu et l'un de ses très bons élèves. Mon objectif premier était d'apprendre quelques clés pour pouvoir désamorcer rapidement toute attaque future. Si je me fie à mes expériences passées, ce sont les premières minutes qui décident si la conversation avec un potentiel agresseur s'arrête net ou dérape gravement. Lors de cet atelier, Fujiao et son assistant avaient opté pour une approche plutôt psychologique, avec une longue première partie orientée sur le partage de nos malheureuses aventures passées et l'analyse de notre comportement. Objectivement, c'est une très bonne idée pour n'importe quelle personne qui aurait subi un traumatisme récemment ou qui n'aurait jamais pris la peine de le travailler. En revanche, pour une habituée des psy-quelque-chose comme moi, qui en est arrivée à une dissociation entre mon corps et mon esprit en cas d'agression, c'est un peu tombé à côté. Je n'avais pas l'intention, en effet, de partager mes expériences avec des inconnues - déjà que j'ai du mal à utiliser des mots lorsque j'en parle avec des amis ou des professionnels du mental! ^-^ Bref, ce cours était intéressant mais j'aurais sans doute préféré qu'il soit un peu plus pratique. 

Pourquoi j'en parle maintenant? Eh bien, parce qu'il m'est arrivé une petite mésaventure hier soir qui m'a rappelée pourquoi il est bon de savoir se défendre - ne serait-ce que pour se rassurer soi-même. À vrai dire, grâce à ma capacité à me dissocier, il n'existe pas grand chose qui me donne envie de vomir dans le discours des Hommes-Paon, à la recherche d'un morceau de viande féminin. Généralement, l'ignorance ou la réponse polie désamorce immédiatement la tentative d'invasion de ma bulle personnelle. Pourtant, il y a certains regards, certaines attitudes qui donnent froid dans le dos. Hier soir, j'ai vécu un de ces moments désagréables alors que je rentrais chez moi - ce qui accroît d'autant plus mon angoisse que l'espèce de type bizarre a donc pleinement vu où j'habitais. Dans ce genre de moment, je ne peux m'empêcher de penser à toutes les séries télé américaines un peu faciles, sur les enquêtes policières, ou encore aux faits divers un peu sensationnalistes dont les journaux se gargarisent depuis quelques années: tout à coup, en sentant le regard pervers glisser sur ma peau comme un serpent et en croisant le regard un peu fou de ce personnage qui s'ingéniait à faire des mimiques obscènes, ces histoires m'ont parue excessivement plausibles. Voyez-vous, j'ai toujours cette espèce d'impression que je vais être "punie" tôt ou tard pour avoir toujours tout eu pour être heureuse alors que d'autres non. Du coup, le "ça n'arrive qu'aux autres" a généralement peu d'emprise sur ma vision des choses. 

Bref, je me rassure en me rappelant mes cours de Kung-Fu et les conseils que tout un chacun a donné, au moins une fois dans sa vie, sur la réaction à avoir en cas d'agression. Fondamentalement, je ne devrais sans doute pas y attacher l'importance que j'y donne car le type bizarre n'a pas proféré de menaces ou n'a pas paru s'installer devant la porte de mon appartement. Mais cette envie de vomir qui m'habite depuis que j'ai croisé son regard risque de me hanter encore pour quelques jours. Sans doute le signe que toutes les plaies ne sont pas cicatrisées et que je devrais considérer avec plus d'intérêt les séances de thérapie collective qui occupent les deux tiers d'une séance de défense urbaine.

8 août 2011

Les caprices des Bourses sont la gangrène de notre société.

Certes, je n'y connais rien en finances et mes remarques vont sûrement être ridicules pour qui maîtrise un tant soit peu le sujet mais je tenais à râler un peu: sérieusement, ils nous fatiguent les gnomes de la Bourse! J'ai déjà bougonné quant au fait que ce soit eux qui décident si notre Monde va bien ou s'il est sur le bord de la ruine et, même si mon yankee préféré m'a expliqué que ce système était le seul qui pouvait, pour l'instant, tenir l'économie, je ne peux m'empêcher de maudire ces petits bonshommes en complet qui jouent avec la planète comme on jouerait au poker. En ce moment, ces messieurs-dames (car j'imagine que la femme est aussi présente dans ce merveilleux monde du pari financier) paniquent alors ils font s'écrouler toutes les bourses du monde. Genre, ils ont "peur" des dettes faramineuses des pays riches et doutent de leur capacité à rembourser (entre autres, j'imagine). Mais, t'sais, c'est pas nouveau que les puissants de ce monde ne le sont que parce qu'ils piochent du pognon à droite, à gauche - argent qui, d'ailleurs, demeure virtuel. C'est un tantinet hypocryte de se réveiller maintenant en se disant: "Oh! Mais c'est beaucoup d'argent, ça!". 

Bon, une fois encore, j'y connais rien et je suppose (j'espère?) que la situation est plus compliquée que ça. Mais je trouve toujours ça aussi fou que ce soit une poignée d'inconnus qui réduisent les enjeux et les besoins de la planète en une joute sans limites de vente et de rachat d'actions. Que notre monde soit dirigé par l'argent, ce n'est plus un secret pour personne - encore moins pour ceux qui crèvent de faim parce que, soudainement, le prix du riz à triplé par la faute de quelques Charlots qui ont eu "peur". Mais, franchement, encadrer les transactions boursières pour éviter qu'elles décident de la ruine ou de la richesse indécente de personnes, voire de pays, serait une entrave au bon fonctionnement du capitalisme et peut-être que cela éviterait les mouvements de panique comme on connaît encore ces jours-ci. L'échec de ce type d'économie sans limites nous rejaillit à la figure tous les deux mois depuis la fameuse crise de 2008: les pays ne savent plus quoi faire pour "rassurer les Bourses". Ils promettent des milliards (qu'ils n'ont pas), des mesures drastiques (qu'ils n'appliqueront sûrement pas) et, pendant ce temps, le commun des mortels attend de savoir s'ils pourront, oui ou non, s'acheter de quoi manger le lendemain. Jusqu'à quand subirons-nous les caprices des fameux "traders"?

4 août 2011

L'art de rédiger une annonce immobilière!

Je l'ai sûrement déjà dit (je me répète pour être sûre que le message passe! T'sais? Le principe de l'endoctrinement! Si je me répète assez, vous ferez tous comme moi! Mouahahah! Un monde entier de clones!!!! ... Bon, j'ai sûrement sauté quelques étapes mais le principe est là. Je me répète. ^-^) mais je le redis: j'aime ça regarder les annonces de trucs à vendre - que ce soit des appartements, des chalets ou encore des westfalia. Lorsque j'écrivais ma thèse, ça me détendait et maintenant, ça me permet de rédiger des volumes complets de projets pour "quand j'aurai un travail". Je dois bien en être au tome 3 ou 4, d'ailleurs. Bref. Je regarde les annonces et, à force, je finis par être pas mal bonne pour déceler les petits commentaires bizarres, destinés à rendre un produit plus attrayant qu'un autre.

Il faut savoir qu'à Montréal, le marché de l'immobilier évolue selon une sorte de réalité parallèle: les prix sont près de 41% trop cher mais les maisons ou appartements se vendent encore et relativement rapidement. Ainsi, si l'acheteuse potentielle que je suis (quoi? J'ai dit "potentielle". Tout le monde peut être un acheteur "potentiel", bon.) est assez rapidement refroidie dans ses rêves de comète, le marché est particulièrement favorable aux vendeurs qui peuvent faire un profit fort appréciable sur leur bâtiment. Du coup, certains n'hésitent pas à employer des expressions paraboliques pour encenser leur bien. Et c'est dans ce contexte que nous pouvons lire des détails du type: "garage très privé" comme valeur ajoutée à l'appartement en vente. Notez que ma remarque n'a absolument aucun intérêt, si ce n'est le plaisir de s'interroger sur le futile, mais je tiens à poser la question: qu'est-ce qu'un garage "très privé" et en quoi est-il si différent d'un banal garage? Genre, il est couvert de feuilles, façon camouflage, pour être sûr que les voisins ne voient pas que tu prends ou gares ta voiture? Ou bien, peut-être vient-il avec un vigile qui te demandera, tous les jours, une pièce d'identité pour rentrer ton véhicule? Non, sérieusement, je ne vois pas vraiment l'utilité et le sens de cette précision. 

M'enfin, évidemment, cela n'a aucune importance. Tout le monde comprend que l'appartement vient avec un garage - très privé ou pas - et c'est la seule chose qui importe au potentiel acheteur. Mais je ne peux m'empêcher d'admirer les trésors d'imagination des vendeurs qui veulent à tout prix attirer le client en mettant en évidence que leur bien est nettement mieux que celui de l'Autre. En fait, je me demande si ça fonctionne.... Après tout, y a bien des gens qui sont payés pour choisir des textes qui marquent pour les publicités alors les mots doivent bien influencer les décisions des publics cibles. Reste à savoir combien de personnes à Montréal cherche à avoir un garage "très privé" plutôt qu'un garage normal....

3 août 2011

Camping dans le Charlevoix: les Ours sont moins sauvages que les moustiques.


Ça ne surprendra personne: j'aime voyager. Le nom du blog le dit: je suis une éternelle rêveuse en mal de sac à dos et de découvertes plus ou moins étonnantes. Du coup, quitte à vivre au Québec depuis un p'tit bout de temps maintenant, j'essaie d'en visiter des coins le plus souvent possible. Tant qu'à faire d'ailleurs, je prends Jules avec moi car, bien qu'un Local, il a aussi du territoire à découvrir et il peut faire un fort agréable guide, à l'occasion. Notre dernière destination était le Charlevoix, voire, plus précisèment, le parc des Grands Jardins. Confiants, nous avons emmagasiné dans la voiture de quoi tenir un siège de trois mois et nous sommes partis, samedi dernier, pour une semaine de camping en folie dans une région connue pour être l'une des plus belles de la province canadienne. 

Bon, bien-sûr, puisque c'est moi qui ai organisé le séjour, il fallait qu'il y ait quelques petites confusions: nous nous aperçumes très vite, notamment, que notre réservation se terminait le vendredi d'après et non le samedi, comme initialement prévu, et que le site que j'avais choisi était dépourvu de douches, voire même de toilettes viables. Remarquez, on n'était pas à ces détails près: dans l'enthousiasme des vacances et du soleil sur nos épaules, on prenait tous les changements inattendus dans notre plan de voyage avec le sourire. Il faut savoir que le Charlevoix, depuis Montréal, c'est pas la porte à côté. Bon, c'est pas non plus le Nunavut mais il faut quand même compter cinq bonnes heures de voiture pour l'atteindre. Autant vous dire qu'une fois qu'on y est, on y reste. Ainsi, samedi dernier, nous y sommes arrivés à la nuit tombée: premier constat, il fait beaucoup plus frais là-haut. Nous sommes, en effet, passés des 30 degrès étouffants de l'île de Montréal à un gros 14 degrès (avec le facteur "optimisme vacances") à nous faire claquer des dents. Notez que ce fut un excellent moyen pour monter la tente en un tournemain et ne pas trop traîner dehors. Nous y sommes restés, cependant, suffisamment longtemps pour que quelques moustiques, de passage dans le coin, s'offrent un banquet sur ma voûte plantaire.

La voûte plantaire...Il y a quelques jours, je n'aurai pas utilisé cette expression car, personnellement, je parle rarement aussi en détails de mes pieds. Avec un bouton de la taille d'une pièce d'un dollar dessus, j'ai appris à disserter sur ce lieu incongru du pied, particulièrement mal adapté aux démangeaisons. Qu'à cela ne tienne, le bonheur de la découverte l'emporta sur les désagréments des grattages frénétiques et, dès le lendemain, Jules et moi partîmes à la découverte du Parc. En canot ou en randonnées pédestres, nous en avons fait le tour ou presque durant les quatre premiers jours de notre périple et, c'est indéniable, c'est vraiment joli. Pour ma part, ça me fait un peu penser aux volcans d'Auvergne dans le Cantal. Sauf que ce ne sont pas des volcans et que ces montagnes sont, paraît-il, truffées d'ours, d'orignaux et de cariboux forestiers. Enfin, j'insiste sur le "paraît-il" car nous n'en avons même pas aperçu l'ombre d'un. Et pourtant, les guides papiers, les gardes du parc, voire même les registres tenus par les touristes mentionnaient une présence presque continue des animaux. Jules et mois nous sentions un peu comme dans la publicité Kit-Kat - un genre de complot mis en place par les habitants poilus de la région pour toujours passer avant ou après nous, sans que jamais nous ne les croisions.

Remarquez, des animaux, on en a vu à foison. Beaucoup plus petits, par contre, et visiblement affamés: ainsi, les mouches noires (charmants petits insectes qui te mordent et emportent, au passage, un morceau de peau pour le lunch - je ne résiste d'ailleurs pas à l'envie de vous faire mon superbe jeu de mots: elles pratiquent le "eat and run"... Vous savez? Comme le classique "hit and run", en anglais et... mmh? Je sors? Ok, ok. N'empêche, je me suis trouvée très drôle! ;) ) et les moustiques (qui éprouvent le besoin de te sucer un litre de sang à chaque coup pour que tu aies le plus gros bouton du siècle) nous ont tenu une compagnie fidèle et zélée durant tout le voyage. Pour leur rendre le séjour plus agréable, d'ailleurs, Mère Nature décida, dès le troisième jour, d'agrémenter notre quotidien d'une pluie quasi continue, localisée sur le parc (et juste sur le parc!).

Bref, notre séjour dans le Charlevoix fut "douloureux" et "humide" mais fort agréable du point de vue des découvertes. Il est indéniable que la région est magnifique et nous avons même poussé l'entrain des vacanciers jusqu'à faire le tour de l'île aux Coudres en vélo (ce qui reprèsente, tout de même, un honorable 23km). Somme toute, ce fut donc un très beau séjour. Toutefois, vaincus par les sauvages animaux du lieu, nous avons battu en retraite plus tôt que prévu - écourtant notre camping de 24h. Finalement, cette expérience "piquante" est un argument de plus pour le Westfalia: en camionnette à pop-top, le moustique et la mouche noire sont nettement moins impressionnantes!

22 juillet 2011

Le Neverland de Peter-Pan!

Oui je sais. Après deux mois, je n'ai presque plus le droit de revenir comme une fleur et d'écrire que le monde est toujours en train de tourner. À vrai dire, je n'ai même pas une bonne excuse pour ne pas avoir écrit ces dernières semaines: les sujets, le temps, l'envie même y étaient. Mais faut croire que l'enthousiasme de retrouver mon coin de pays était plus fort que celui de tapoter un clavier d'ordinateur, à décortiquer les mouches et les moustiques qui occupent au quotidien nos sociétés. Sans doute un contrecoup de ma déprime printanière. Remarquez, je ne peux pas dire que mon retour au Québec est un choc thermique et climatique important: il fait chaud. Tellement, d'ailleurs, que tout citoyen digne de ce nom a démarré son système de climatisation pour échapper à l'humidité ambiante. Perso, j'aime pas trop. Parce que la climatisation, ça rend malade pis parce que je n'ai pas chialé durant six mois que je gelais pour me cryogéniser volontairement en été. Mais bon, chacun son truc.

Le retour à Montréal s'est donc fait sous le soleil mais il s'accompagne, une nouvelle fois, de ce sentiment de solitude crasse qui imprègne chacune de mes fins de "voyage". Vivre à l'étranger, tous les magazines vous le diront, ça "ouvre l'esprit", ça "permet de connaître autre chose" et ça vous "enrichit". C'est indéniable. Mais vivre entre deux mondes, c'est aussi s'isoler des deux. Une solitude qui s'érige comme un mur transparent entre le voyageur et ses proches, sans que nous en ayons vraiment conscience. Lorsque je rentre en France ou lorsque je reviens au Québec, je suis à la fois heureuse et triste. Profondément triste. Au début, je pensais que c'était parce que, où que j'aille désormais, je laisserai toujours des gens que j'aime derrière moi. Mais c'est aussi l'impression lancinante que je n'appartiens à aucun des deux mondes. En retrouvant mes amis ou ma famille en France, je ne peux leur rendre ma vie au Québec autrement que par des mots si vides qu'ils ne semblent même pas résonner dans la conversation. Et il en est de même lorsque je franchis à nouveau l'océan. Deux mondes que je côtoie sans jamais véritablement les pénétrer. Vivre à l'étranger, c'est aussi accepter cette forme de solitude ineffable et lancinante. 

L'autre jour, je devisai avec ma cousine sur les changements de notre société. Elle me disait, entre autres, que les anciennes générations qui n'avaient que rarement les moyens de voyager, à fortiori encore moins aussi loin que nous aujourd'hui, finissaient par s'installer et vivre sans être vraiment heureux car ils n'avaient jamais rien connu d'autre. Personnellement, je me demande encore si le voyage et la vie à l'étranger sont les clés pour nous rendre vraiment heureux - si tant est qu'il y ait une clé pour ça. Ils nous enrichissent, sans aucun doute, et nous apportent mille joies au quotidien. Mais, d'un autre côté, ils nous privent de nos racines. Sans cesse en mouvement, on ne s'arrête jamais assez longtemps pour véritablement sentir qu'on appartient à quelque-chose, qu'on fait partie d'un plus grand ensemble. Finalement, on a beau partager sentiments et bonheur avec nos proches, il reste toujours une petite part de nous qui ne peut parvenir à trouver les mots pour rendre la vie d'ailleurs aussi vivante pour ceux d'ici: cela nous transforme en bête curieuse, un peu à l'écart de tous. C'est une bien étrange sensation qui, si elle s'estompe après quelques semaines, ne tarde jamais à réapparaître au prochain voyage, au prochain séjour dans l'"autre" monde - celui que ceux d'ici ne touchent pas et que nous-mêmes ne partageons que par intermittence. Parfois, j'ai peur de disparaître complétement de ces deux mondes. À force d'être entre les deux, je songe que je pourrais disparaître sans créer de vide puisque, finalement, je n'appartenais à aucun des deux. Bien-sûr, ce n'est qu'une angoisse ridicule...

24 mai 2011

Jusqu'où irons-nous dans la désinformation?

Vous allez dire que je me répète mais, une fois de plus, la misère journalistique me claque au visage. Avez-vous remarqué comment tous les journaux, télévisuels ou écrits, se sont mis à parler de l'affaire "DSK"? La Terre s'est une fois de plus arrêtée de tourner pour commenter les frasques présumées du personnage. Mais c'est dans la lignée de toutes les informations qu'on nous donne en pâture depuis des mois, voire des années: dès que c'est un peu cru, un tantinet scandaleux, un brin sensationnaliste, tous ceux qui se flattent d'être les chevaliers de la vérité et de l'information se ruent sur le moindre ragôt comme des vautours sur une charogne. Pardonnez l'image mais c'est véritablement ce que ça m'évoque. Pourquoi cet empressement pour la laideur, la rumeur, le potin qu'on érige à bras-le-corps comme une Vérité avec un grand "V", alors qu'on en a, dans les faits, aucune idée ni aucune preuve? Parce que ça attire la masse. La masse, c'est nous. Le peuple s'arrache les revues, s'agglutine devant les écrans pourvu que les "journalistes" lui serve des histoires raccoleuses. Et chacun, d'y aller de son propre jugement, condamnant ou défendant l'objet du reportage, sans avoir plus de preuves que le pseudo journaliste qui a jeté le potin en pâture. C'est rendu loin, là. Prenons l'exemple de DSK: c'est une histoire glauquissime par excellence! Je veux dire que ce soit vrai ou non, c'est affreusement pitoyable: si les faits allégués sont prouvés, cela démontrera qu'un homme puissant s'est cru suffisamment au-dessus des lois et de l'humanité pour bafouer les droits d'une femme. Si les accusations sont établies comme fausses, cela mettra en lumière la cupidité de la dite femme, prête à ruiner la vie d'un homme pour de l'argent, voire pour servir les intérêts de quelques autres. L'une et l'autre des issues de cette histoire sont affreusement laides. De la charogne, comme je disais. Et les journaux, la télévision, ne parlent que de cette carcasse putride car nous, masse, nous y accordons du crédit. Nous éprouvons le besoin d'avoir un avis sur la question: bon ou mauvais, nous devons villipender l'un ou l'autre des acteurs de ce mauvais film.

Il n'y a pas si longtemps, je voulais faire journaliste. Je trouvais que c'était un métier remarquable, valorisant la liberté d'expression. Pour moi, le journaliste, c'était un genre de justicier de l'information - celui qui, neutre et courageux, allait au coeur de tous les grands événements de ce monde, qu'ils soient heureux ou malheureux. Il en existe encore, de ces quelques amoureux de leur métier, qui préfèrent toujours enquêter, chercher la vérité derrère les paillettes qu'on leur jette aux yeux. Je n'ai qu'à citer Alain Gravel ou encore Anne Nivat pour que la beauté du métier rejaillisse. Mais il semble que l'argent domine généralement ce métier, comme il s'immisce dans toutes les sphères de notre réalité. Aujourd'hui, ce qui compte, c'est l'audimat, c'est le nombre de vente, c'est donc ce qui est populaire. Et ce qui est populaire, c'est la charogne. Pourquoi ça nous intéresse autant de savoir que Madonna se tape son danseur ou que Trucmuche a trompé Chose? Notre vie est-elle si plate que nous devions nous gargariser avec celle des plus célèbres que nous? Et quand bien même, il y aurait cette petite part de nous qui veut savoir si la fameuse femme du Sofitel a menti ou non, cela doit-il occuper à ce point toute l'information? C'est bien simple, au journal de Radio-Canada, deux sujets accaparent les vingt premières minutes des Nouvelles (qui en durent trente) : les innondations des villages proches du fleuve et la déchéance de DSK. Parce que, bien-sûr, c'est encore plus vendeur si on sous-entend à toutes les phrases que l'homme est coupable - peu importe que le procès ait eu lieu ou non. La Lybie et la Syrie sont, semble-t-il, des dossiers réglés, le Japon et sa centrale branlante, aussi, peut-être évoqueront-ils rapidement la tornade dans le sud des Etats-Unis mais ça va se poser là. Aujourd'hui, quand on est journaliste, il semble qu'il faille faire son beurre avec la charogne ou bien faire partie de programmes plus marginaux, que seuls les plus motivés écoutent. Aux heures de grande écoute, le potin passe mieux que la misère du monde.

Notez, je suis bien au courant que la subjectivité de certains journalistes et journaux est avérée depuis longtemps. Il n'est pas rare que nous, membres de la masse, nous achetions les papiers qui correspondent le plus à nos idéaux, de façon plus ou moins consciente. On trouve que ceux qui écrivent dans les autres sont trop engagés et prêchent pour leur paroisse, sans vraiment nous rendre compte que ceux que nous lisons font la même chose sauf que nous partageons leurs idées. Mais je trouve que cette partialité a quelque chose de triste pour le métier de journaliste. C'est un peu comme affubler des armoiries à un chevalier: il ne serait donc plus indépendant mais appartiendrait au seigneur dont il porte les couleurs. Finalement, ce serait un peu comme si Cyrano avait accepté que Richelieu devienne son protecteur au détriment de l'originalité de ses écrits: ils auraient perdu de leur beauté et de leur puissance. C'est n'est, toutefois, que l'expression la plus évidente de notre subjectivité humaine.

21 mai 2011

De l'utilité de Facebook, vingt ans plus tard!

J'ai peut-être enfin trouvé l'utilité de Facebook. J'avais un ami lorsque j'étais enfant avec qui je prenais mes cours de solfège à l'école de musique. Nos parents se fréquentaient et, du coup, nous nous voyions régulièrement. Nous avions aux alentours de dix ans. Et puis, j'ai lamentablement échoué mon examen de piano: d'après le directeur de l'école, je n'avais aucun sens du rythme. À bien y réfléchir, ça n'a pas vraiment changé. Invariablement, je suis à contre-temps de toutes les musiques du monde. Bref. Mon renvoi de l'école et le fait que mes parents voyaient de moins en moins les siens ont fait que mon ami et moi, nous nous sommes un peu perdus de vue. Faut dire que dès l'instant où je suis entrée au collège, j'ai eu la bougeotte: j'ai changé d'établissement et de ville au moins trois fois jusqu'à la fin de mon lycée. Ce n'était pas la situation idéale pour conserver des liens solides avec mes amis.

Or, il y a quelques mois de cela, parmi les suggestions d'amis de Facebook, généralement pénibles car il s'agit toujours de vagues connaissances ou de sinistres inconnus, je l'ai retrouvé. Il se trouve que nous avions quelques amis d'enfance en commun. Je l'ai donc ajouté à mon cercle privilégié d'amis virtuels! ;) Bien-sûr, retrouver quelqu'un sur Internet, ce n'est pas comme le rencontrer en vrai. Pour peu que l'un des deux ne soit pas très porté sur le monde merveilleux de l'Internet, nous n'avons que le strict minimum des informations le concernant. D'ailleurs, mon ami est, dans ce domaine, à l'opposé de tous ceux qui écrivent le moindre de leurs étérnuements dans leurs statuts. Pourtant, lundi dernier, il prit la peine de mettre à jour ses informations: "Live from Montréal", qu'il écrivit innocemment. Là, j'ai eu un instant de doute. C'est vrai, quoi, y a un Montréal dans le Gers aussi. Dans le doute, j'ai tout de même posé la question : "Montréal, comme dans Montréal, Canada?" Eh bien oui. Il était venu avec sa douce visiter la contrée des neiges éternelles (enfin, depuis quelques semaines, on pourrait peut-être dire des pluies dilluviennes, mais c'est une autre question). Nous avons donc pu profiter de l'occasion pour nous retrouver vraiment, pour la première fois depuis presque vingt ans. C'est quelque-chose, quand même. 

Voilà. C'est certainement là, le principal intérêt de Facebook. Pour ceux qui se perdent de vue et qui ne sont pas très portés sur la correspondance, quelque soit sa forme, le "réseau social" permet de garder des liens ténus en dormance, jusqu'au moment où, enfin, deux amis pourront se retrouver à nouveau, en chair et en os, autour d'une pinte de bière. Rien que pour ces rares instants, cela vaut le coup de supporter les incessants messages non désirés sur notre "mur" et de se sentir dans la peau d'un mouton parmi tant d'autres, en ce bas monde.

17 mai 2011

Le lièvre vient de se faire doubler par la tortue!

D'accord, je le reconnais: je ne suis pas une pro du mariage. C'est vrai, dans le fond, c'est le premier que j'organise moi-même. Alors bon, j'avais bien une vague idée que c'était beaucoup de travail, entre les rendez-vous pour le traiteur, la recherche d'une salle, la liste des invités, etc. Pas grave, que je songeais, ma thèse déposée, je n'aurais que ça à faire de magaziner les détails de la 'tite fête. Mais en fait, j'étais bien en deça de la réalité!!! Déjà, le petit côté international de la chose est une cerise sur un gâteau bien trop garni: les mois de juillet et d'août nous sont proscrits pour cause de vacances impossibles (et de billets d'avion hors de prix, accessoirement). Il nous reste donc le mois de juin parce que bon, si jamais l'un de nos 254 projets se réalisent, il serait bon d'être unis légalement lorsque septembre viendra. C'est une bonne chose, me direz-vous, ça évite d'avoir trop de choix pour les dates. Certes. Mais ça évite aussi d'avoir trop de choix pour les lieux!

Confiante comme jamais, je songeais que, de toute façon, personne ou presque ne se préparerait plus d'un an d'avance pour se marier dans le Lot ou le Tarn-et-garonne (Oui je suis dans un entre-deux de département). Quelle naïveté! Alors que nous nous sommes finalement décidés pour le 30 juin, je m'aperçois avec stupeur qu'il y a un nid de futurs épousés dans la même région que nous et que, comble de l'étonnement, ils ont déjà réservé leur salle depuis le mois de mai. Genre. Quatorze mois d'avance. Là, je me sens vraiment comme une débutante (ou comme le lièvre dans la Fable de LaFontaine, c'est selon). Remarquez, c'est pas juste la tortue qui m'a plantée: il doit aussi y avoir un peu de Poisse qui se frotte les mains. J'en veux pour preuve que lorsque j'appelle les potentielles salles, mes correspondants me répondent, invariablement: "Ah, désolée mademoiselle. C'est la seule fin de semaine qu'on a de réservée pour l'instant. Celle d'avant ou d'après, peut-être?" La loi de Murphy, je vous dis, la Loi de Murphy!

15 mai 2011

Le prologue du chapitre d'une vie.

Le jeudi 12 mai, j'ai tourné la page de mes quatre dernières années de vie. À vrai dire, je ne réalise pas vraiment encore que ma thèse est imprimée et "déposée". Je remarque bien que je ne passe plus toutes mes journées, du matin jusqu'au soir, sur l'application word de mon ordinateur, mais je m'attendais à une liesse et un apaisement intérieur plus importants, je crois. Il est vrai qu'une petite part de moi me rappelle que la Poisse ne traîne jamais très loin de mes cris de joie et que je suis mieux de faire semblant de rien jusqu'à ce que tout soit officiel. Le principe de la cotutelle rend cette dernière étape plus longue qu'à la normale.

En fait, je ne réalise tellement pas que lorsque Ja m'a invitée vendredi soir pour un souper de filles, je n'ai absolument pas fait le lien avec cette entrèe dans le prologue de ma thèse. Conviée à 18h30, j'y suis arrivée avec trente minutes de retard - oui, il faudrait vraiment qu'on me greffe un GPS... Rétrospectivement, je remarque plein de petites choses qui auraient pu me mettre la puce à l'oreille, comme l'étrange réaction de Béa, invitée au souper de filles, qui avait soutenu à Brian qu'elle ne viendrait pas, les quelques minutes de "trop" entre le moment où j'ai sonné à la porte et l'instant où celle-ci s'est ouverte. Mais en fait, non: ils ont tous été merveilleusement forts. "Ils"? Oui, "ils". En entrant dans la cuisine de Ja, j'ai remarqué, dans l'encadrement de la porte, la coiffe avec des plumes multicolores que portait Mathieu, sur la terrasse. J'ai juste eu le temps de préparer ma remarque sardonique sur son déguisement avant de franchir à mon tour le seuil de la porte. Et là, je les ai vus. Tous. Tout le monde était là. Même Jules, qui était pourtant parti dix minutes avant moi de la maison pour aller chez Schwartz avec Alexis. J'étais sans voix. C'est parce que si je n'avais jamais fait de souper de fîlles avant, je n'avais jamais eu droit à des fêtes surprises non plus. Toute émue, j'ai senti mon corps se figer. Réaction désormais habituelle lorsqu'il est le centre de l'attention: avoir son corps et son esprit dissociés a pour principale conséquence que l'esprit abandonne le "navire" à la moindre émotion forte. Ça promet pour le mariage, d'ailleurs... J'ai fini par faire quelques pas, comme si je marchais dans un rêve. Durant les premières dix minutes, mon esprit ne parvenait pas à se fixer. Je remerciais tout le monde mais je n'entendais qu'à peine ce qu'on me disait. Je n'en revenais juste pas. Je pense qu'on peut le dire: l'effet de surprise était total.

En fait, nous étions trois fêtés: Mathieu, mon yankee préféré et moi-même. J'étais juste la dernière arrivée. En fait, je n'ai pas vraiment de mots pour dire combien cette soirée m'a touchée. Même si je ne réalisais pas, et ai encore un peu de mal à assimiler l'information que c'est (presque) fini, tous mes amis qui nous avaient accompagnés durant les dernières années étaient là pour nous féliciter d'avoir franchi le cap. Ce soir-là, je me suis sentie comme une enfant à qui on vient d'offrir ses cadeaux de noël: les yeux brillants de reconnaissance, je constatais avec angoisse qu'il n'existait pas de mots assez forts pour exprimer ma gratitude et mon bonheur. "Merci" a toujours l'air un peu éculé lorsqu'il est prononcé dans ces occasions. Si la rareté détermine la valeur des choses, il faudrait inventer un mot que l'on garderait pour les événements particuliers, afin que ceux qui le reçoivent sentent immédiatement à quel point la préciosité du cadeau qu'ils viennent de faire est grande pour nous. Un terme qui rendrait, en quelques syllabes, l'ineffable, prononçable, les étoiles dans les yeux, tangibles, et qui rendrait enfin un peu de ce trop-plein de joie reconnaissante à ceux qui l'ont instillée.

En l'absence d'un tel mot, cependant, je me contenterais du "merci", mais avec une telle sincérité et une telle gratitude qu'il dominera tous les autres. Merci à tous.

9 mai 2011

L'hivernement de nos étés.

Au début, on se dit que ce n'est rien, qu'il ne fait que passer et que, tôt ou tard, le froid hiver va reprendre son manteau blanc et s'en aller pour de bon. Comme tous les ans. On croit que, cette année, ce sera plus facile parce que bon, après six fois, on commence à le connaître: avec ses humeurs brumeuses et sa mine sombre, l'hiver est un habitué de la place. Et puis, au fil des mois, on finit par ne plus ouvrir les rideaux. À quoi bon? Le jour a à peine le temps de s'étirer qu'il doit déjà retourner se coucher pour laisser la place à l'obscure nuit froide. Sans un bruit, sans qu'on ne le soupçonne même, notre coeur se vide et s'éteint au fur et à mesure que l'hiver étend sa main sur la nature. Les arbres perdent leurs feuilles tandis que nous perdons le sommeil. La neige couvre de son grand manteau toutes les laideurs de la ville mais sa clarté nous renvoie nos angoisses comme une gifle en plein visage. Soudain, cet hiver qu'on croyait vagabond solitaire devient une armée silencieuse, à l'affût de la moindre de nos faiblesses. Tapi dans l'ombre, il nous contemple de toute sa froidure et semble attendre que notre coeur gèle et se brise en mille éclats de lumière. Scintillants, ils nous éblouiraient une dernière fois, avant de disparaître dans la blancheur de la neige.

Blanche-Neige. De la princesse aux cheveux de jais, il ne reste rien lorsqu'elle tombe du ciel. On dirait des millions de balles de coton qui glisseraient du sac d'un mystérieux cultivateur de nuages.Parfois, lorsqu'elle est bien froide, elle prend la forme d'une étoile de noël, celle qu'on dessinait, enfant, sur les vitres de nos maisons - sans bien savoir ce que c'était d'ailleurs. Lorsqu'elle s'accumule, elle se déguise en crème fouettée dans les jardins ou en épais édredon le long des trottoirs. Dans ces moments-là, il semblerait presque que le temps fait un bond en arrière pour laisser à l'enfant de 5 ans que je redeviens, le plaisir de toucher ces grandes étendues immaculées. À chaque fois, la fraction de seconde avant que mon doigt n'atteigne la neige, une part de moi semble croire que le contact sera doux, soyeux comme de la plume d'oie. Et puis, non. Il n'y a rien à faire: la neige, c'est froid et mouillé. C'est même douloureux lorsqu'on tombe dedans sans nos gants. En vérité, elle n'est qu'une grosse couverture qui borde les arbres afin qu'ils se reposent de leurs trois saisons de travail. Des belles feuilles à l'année longue, ça fatigue. Elle n'est pas là pour que nous prenions des bains dans des jardins de crème fouettée. Dommage.

Pour ma part, après quelques mois de cette sieste annuelle des arbres, j'ai l'impression d'avoir, moi aussi, perdu mes feuilles. La neige, noircie au bord des routes, ne me paraît plus aussi magique que la première fois qu'elle s'est allongée pour recouvrir tous les arbres du quartier. Faut avouer que la ville n'est pas le meilleur endroit pour apprécier l'hiver et ses vêtements. Elle-même l'a bien compris : aidée de kilos de sel et de sable, la neige n'attend pas l'été pour retourner dans les nuages. Le rude hiver s'en trouve bien mal pris: il doit repartir sans son manteau lorsqu'il reprend son tour du monde. Qu'il se rassure, cependant: avec ou sans la neige, il n'a pas à craindre qu'on l'oublie. Ce n'est, d'ailleurs, que lorsque le soleil réapparaît, brillant de mille feux et entourant délicatement chaque nouvelle feuille de sa chaleur, que la neige entourant mon coeur fond véritablement. 

Des journées comme aujourd'hui, où, si l'on prend le temps d'écouter, on peut entendre les oiseaux chanter et les bourgeons éclore, sonnent le glas du carcan glacé qui avait enveloppé notre être. Sans bruit, le sourire, presque disparu, s'installe à nouveau sur nos lèvres. Sans un mot, sans même le laisser deviner, le soleil de la fin du printemps nous réchauffe et nous enlève nos angoisses, pourtant confortablement installées après l'hiver. Cette année encore, la froide saison des neiges est vaincue. Déjà, on oublie à quel point elle a été longue. Déjà, on se dit que l'an prochain, ça ne sera rien de l'affronter à nouveau. Après tout, cette fois, ça sera le septième...

3 mai 2011

Des élections au goût rance.

Hier était un grand jour pour le Canada. Hier, les Canadiens choisissaient leur premier ministre. Lorsque j'étais enfant, mes parents me répétaient souvent que voter était une chance incommensurable de faire entendre sa voix, de décider de sa destinée. Voter n'était pas simplement un droit, c'était un devoir de citoyen. Mais c'était là le discours de mes parents : il n'était pas si loin le temps où tout le monde n'avait pas le droit d'aller aux urnes, dans leur temps. Aujourd'hui, les jeunes ont l'impression que c'est un acquis, presque une corvée. Ils se réfugient derrière les commentaires un peu faciles, toujours réducteurs, du type "à quoi bon? Ce sont tous des pourris!" ou "ce n'est pas mon vote qui fera la différence". Pour ma part, je trouve ça triste. Profondément triste. Car, s'il est indéniable que la classe politique n'est pas la même que celle qui défendait ses valeurs il y a cinquante ans, nous sommes toujours responsables de celui que nous portons à la tête de notre pays. 

Hier, 61% des Canadiens ont été voter. Hier, le parti Conservateur a été élu majoritaire alors qu'il n'a été plébiscité que par 40% des électeurs. Aujourd'hui, le Québec est en deuil mais pas seulement lui: les 60% de personnes qui ont voté contre Harper ont le sentiement d'avoir été flouées. On dit bien que la multiplication des partis divise mais ce n'est pas juste pour ça que nous nous réveillons ce matin avec un nouveau Roi à la tête du Canada: 61% de votants, c'est 39% de personnes qui ont tacitement approuvé la majorité du parti Conservateur. C'est avoir donné les clefs du coffre et la plume à un homme qui est contre l'avortement, contre le mariage gay, qui préfère acheter des avions de chasse hors de prix plutôt que d'investir dans la culture. Pourtant, quand on y pense, le problème est plus profond que l'inertie de certains: à quel moment, dans quelle démocratie, sous quelle excuse un parti peut-il affirmer être passé majoritaire alors qu'il n'a ramassé que 40% des voix? La majorité relative à un tour n'est pas représentative de la volonté du pays. Elle n'est que le reflet de quelques-uns qui ont parlé plus fort que les autres. Mon petit côté gauchiste fait que je trouve toujours étonnant qu'un premier ministre condamné pour "outrage au parlement", empêtré dans les scandales et les procédures anti-démocratiques, réussisse encore à rassembler même plus de dix voix. J'imagine que je n'ai pas toutes les pièces du puzzle. Après tout, en France, nous avons bien eu un ministre de l'immigration condamné pour "injures raciales": quand le monde va mal...

Hier, il s'est produit une petite révolution au Québec. Le bleu clair du Bloc Québécois a été dévoré par ce que les média appellent "la vague orange": le Nouveau Parti Démocratique de Jack Layton. Gilles Duceppe, le monstre sacré du parti bloquiste, a même démissionné et cela a sans doute été le moment le plus tragique de la soirée électorale. Depuis vingt ans qu'il était à Ottawa, il faisait partie du paysage politique, de notre environnement, de nos habitudes. Maintenant, le Bloc ne dispose plus que de 4 députés et Duceppe n'en sera même pas. Les Souverainistes, les Fédéralistes, les journalistes: tout le monde veut trouver une raison à cette vague orange qui a ébranlé une si solide institution en une fraction de seconde. Pour certains, c'est l'envie de changement des Québécois, pour d'autres, c'est la lassitude face à un discours dépassé. Nous ne savons pas vraiment, en vérité, pourquoi cet engouement soudain pour le centre gauche au détriment du Bloc et prétendre le contraire ne serait qu'élucubration.

Ce qu'il reste de nous ce matin, c'est un nouveau paysage politique avec un gouvernement rétrograde qui ne devrait pas être élu mais qui l'est pareil à cause des failles du système électoral et du manque de mobilisation de ses opposants. C'est une nouvelle opposition fédéraliste mais peut-être plus à gauche que n'a jamais été aucun parti d'opposition. Reste à savoir quel sera son pouvoir face à un Harper tout puissant. Ce matin, tous les Québécois, qui ont voté à 80% contre Harper, mais aussi les autres, en Colombie Britannique, par exemple, ont un mauvais goût dans la bouche. Une impression de tentative ratée de changer le cours de leur histoire, une certaine désillusion au fond des yeux et surtout, un rêve brisé. Que ce soit les souverainistes ou les fédéralistes, tous les opposants des Conservateurs ont d'autant plus mal qu'ils avaient cru, cette fois, cette fois seulement, que peut-être ils pourraient prendre leur place dans ce gouvernement en renversant le simulacre de roi qui massacrait leur pays. La chute fait mal parce qu'ils avaient de grands espoirs. Ce matin, les limites de leur système politique claque comme une gifle en plein visage.

10 avril 2011

La mission du jour!

Les activités extra-thèse en période de rédaction-correction ressemblent aux corvées de notre enfance. Vous voyez, genre lorsque vos parents exigeaient (Ô Scandale!) que vous débarrassiez la table après avoir mangé ou encore que vous portiez les poubelles au bout de la rue. Mon défi de la journée ? Me nourrir sainement.

Première étape: constater qu'il est 13h32 et qu'il faudrait penser à manger si je ne veux pas dévorer douze tartines de nutella à 16h, faute d'avoir alimenté mon insatiable corps. Pour ce faire, il me faut m'arracher à mes corrections (comprendre: perdre du temps) pour aller chasser mon repas dans la cuisine.

Seconde étape: ouvrir le frigo. En l'absence de tout revendeur Subway agréé dans mon appartement, je vais devoir confectionner mon propre sandwich.

Troisième étape: analyser le contenu du dit frigo. Jeter un oeil dubitatif sur les tomates et calculer le temps que ça prendrait pour les couper en tranches. Eliminer l'option en songeant qu'il faudrait ensuite passer l'éponge sur la table parce que, adroite comme on est, il y aura sûrement plus de jus dessus que dans la tomate de mon futur sandwich. Se tourner vers la carcasse (oserais-je dire "vieille carcasse"?) de poulet qui est là depuis tellement longtemps qu'on y est presque attachée. Douter quelques instants puis abandonner l'idée en refermant la porte du frigo.

Dernière étape: se faire deux tartines de nutella en guise de repas de midi. Quitte à les manger au goûter, autant le faire maintenant, on gagnera du temps.

Maintenant, je peux retourner travailler. En revanche, j'ai lamentablement échoué la mission du jour. Tant pis, je réessairai demain!