27 février 2010

Préjugés et Ignorance font bon ménage!

Ce matin, j'ai rencontré la bêtise et l'ignorance, réunies pour mon plus grand déplaisir en un seul corps. A vrai dire, tout aurait pu être parfait en ce samedi matin: un petit brunch pour fêter le retour d'une amie, quelques agréables visages que je n'avais pas vus depuis longtemps, le seul restaurant de Montréal capable de rater une omelette au saumon, bref, tous les ingrédients pour apprécier les premières heures de la fin de semaine. Oui mais voilà, lorsqu'une personne, après qu'elle ait appris que vous travailliez sur les autochtones, vous rétorque, en souriant:

-"Mon dieu! Que c'est inutile! On aurait du faire comme les Américains et tous les tuer! Au moins il n'y a aucun Apache qui se plaint aujourd'hui: ils sont tous morts!"

L'envie de lui répondre que 1/Non, les Apaches ne sont pas tous morts mais que ce serait étrange qu'il soit au courant de la moindre de leurs revendications, étant donné son ignorance crasse sur les communautés qui l'entourent, et que 2/ Si l'on suit son raisonnement, il est même dommage que les Anglais n'aient pas tué tous les Canadiens-Français de l'époque car ils râleraient beaucoup moins aujourd'hui, eux aussi, est particulièrement forte! Après tout, à remarque stupide, infondée et ignorante, réponse de la même famille! 

A vrai dire, depuis le temps que j'étudie dans ce domaine, je suis accoutumée aux remarques de cet acabit de la part des personnes qui n'ont aucune autre connaissance des cultures autochtones que ce que les Média en disent, entre l'annonce d'une médaille olympique et la disparition du chat de Céline Dion. Je conçois pleinement que chaque être humain ayant grandi dans un milieu et un contexte différent arrive à l'âge "adulte" avec plus de préjugés que de cheveux sur la tête, tout en se pensant pleinement éclairée. Je le conçois et je suis même certaine que j'en ai une réserve impressionnante moi-même, issue de ma propre éducation. Ce qui me désole et génère chez moi une véritable envie de remettre brutalement à leur place certains interlocuteurs, ce sont sans aucun doute des comportements similaires à celui de ce triste sire, dont j'ai oublié jusqu'au nom. Le jugement de quelque chose qu'on ne connait pas personnellement, l'opinion forgée à partir de "on dit" et le sentiment qu'on vaut mieux que les autres sont des aberrations de la vie en société: faudrait-il rappeler à ce garçon qu'il n'a pas plus de droits sur cette Terre et cette vie que les autochtones? Doit-on aussi lui faire remarquer que si certaines communautés paraissent faire des scandales, personne ne parle ni du contexte des revendications, ni de la popularité au sein de la réserve de ces demandes, ni même encore de l'histoire présidant à ces requêtes? Faudrait-il, enfin, rappeler à ce défenseur de l'ethnocide que le pays qu'il habite n'a pas été "découvert" comme on le dit si souvent car il était déjà habité depuis des siècles et des marins Basques y faisaient commerce depuis longtemps? Oui, j'imagine qu'il faudrait lui apprendre tout cela. Mais tout est fait pour que, s'il ne fait pas de recherches de lui-même, il conserve cette ignorance crasse! Et si certains sont intéressés et curieux de comprendre le fonctionnement de leur société, d'autres semblent heureux et épanouis d'étaler leur ignorance comme on étale de la confiture sur du pain.

25 février 2010

Les risques du libre-arbitre!

Tel l'enfant prodigue, je reviens sur la toile pour un nouveau billet. Notez que je n'avais jamais quitté vraiment ce fabuleux monde virtuel où l'on peut communiquer avec tous nos proches sans quitter le confort de notre foyer mais je n'ai point poussé cette présence jusqu'à mettre à jour ce blog. Si je puis me décharger d'une parcelle de culpabilité, je dirais que Blogger a également sa part de responsabilité: les quelques essais d'écriture de billet se sont heurtés à un blocage de l'option "nouveau message". "Coup monté!" m'écriai-je, Blogger me censure!!! Il faut dire qu'avec le caractère profondément polémique de mon site, cela serait compréhensible!

-"..."

Un doute?^-^ Bref, m'apercevant de la mutinerie informatique, je pris le parti d'agir en attendant patiemment (l'attente peut être une forme d'action) que tout se règle par lui-même. Ce matin semble être le bon: Blogger m'est revenu! Notez que sa rébellion ne demeurera pas impunie: je lui ai d'ailleurs demandé de marcher sur les genoux en se flagellant avec des orties, ce à quoi il m'a été précisé que, à priori, Blogger n'avait pas de genoux, ni même de dos à offrir aux douces vertus des plantes. Facile.

Bref, cette petite mésaventure m'amène parfois à reconsidérer ma décision de créer mon propre site...en Html! Certes, Jules trouverait ça moche, comme il me l'a déjà si subtilement fait remarquer, mais au moins je pourrais dire que les innombrables maladresses informatiques qui ne manqueraient pas d'arriver sont dus à mon manque crasse de compétences en ce domaine! Il est tellement plus simple d'être responsables de nos erreurs plutôt que de chercher (ou de profiter, dans une certaine mesure, d') un coupable. Remarquez que le choix du mot "simple" est sans doute impropre: il serait sûrement plus facile, dans notre vie de tous les jours, d'imputer tous nos ratés, nos regrets et nos actes manqués à quelqu'un d'autre. Ce comportement nous évite de nous regarder en face et d'assumer nos choix jusqu'au bout. En fait, en lieu et place de "simple", je devrais utiliser "juste"ou "vrai". Mais les deux sont un peu liés. Je m'explique: chercher un coupable pour tous nos ratés demande, en dépit des apparences, beaucoup d'énergie. Inconsciemment, on se convainc de la justesse de notre raisonnement vis-à-vis de l'autre et cela nous permet de ne pas trop nous faire de reproches: on n'y est pour rien, c'est l'autre. Cela vous éveille des souvenirs? Oui c'est le comportement que nous avons tous eu dans notre enfance et qui nous agace lorsque notre propre progéniture, 6ans, tente de nous faire croire que c'est Chose, 10 mois, qui a commencé à le mordre, avec sa menaçante (mais unique) dent! On a l'impression que c'est une tendance horripilante d'enfant ne voulant pas être puni? Eh bien oui mais non! (Spéciale dédicace à mon Yankee préféré! ^-^ Le "Yes but no" est tellement 2009! ;) )Nous continuons à en user dans notre vie adulte afin de ne pas assumer certains de nos choix ou nos ratés en général. A mon sens, il est beaucoup plus simple (et je choisis mes mots, cette fois!) de regarder nos erreurs et d'en tirer des conséquences. En fait, à moins d'être un programme informatique (et même là, tout dépend des variantes installées), aucun choix n'est neutre. Il dépend de beaucoup de paramètres, donnant la part belle aux individus qui nous entourent, mais il demeure qu'au final, dans nos sociétés en tout cas, le choix reste le nôtre. Moralité: assumer reste la voie la plus simple, évite conflits inutiles et réflexions fragiles, et si elle soulève parfois de douloureuses remises en question, il n'en demeure pas moins qu'il est plus simple d'en tirer les conséquences que de chercher un coupable.

-"Tout ça pour souligner ton incompétence crasse en informatique et tes possibles futures boulettes si tu te laissais aller à créer ton propre site?"

J'avoue, j'ai un peu élargi le sujet! ^-^ Ceci dit, mon raisonnement, qui n'engage que moi comme toujours, s'applique à toutes les sphères de vie! De la création autonome d'un site Internet, afin de ne pas fustiger les plate-formes toutes faites, à la vie étudiante qui ne finit plus... ^-^ 

12 février 2010

Voyeurisme à l'extrême du monde virtuel!

Facebook est l'expression de notre narcissisme profond. Récemment, j'ai lu un article à propos du livre de Nina Testud, Facebook, et moi et moi et moi!. Dans une interview que l'auteur accorda à Lauren Malka pour le journal gratuit Métro, elle y évoque les tentations narcissiques auxquelles les sites comme Facebook nous incitent à succomber. A bien y réfléchir, son raisonnement est logique: ce réseau social virtuel est une place publique où chacun se montre dans les limites qu'il s'est fixées. On expose des photos de nous, on change notre statut en fonction de notre humeur, on répond à des quizz déclarant que nous ressemblons à Charlotte Gainsbourg ou à Marge Simpson, bref on montre une partie de nous que la moitié de nos cent amis n'auraient jamais connue autrement. Bien sûr, cette sur-exposition de nous-mêmes dépend de notre manière d'aborder Facebook. Certains de mes amis, par exemple, ne remplissent que le strict minimum des informations demandées, mettent une photo de paysage en guise de profil et renvoient à leur propre site pour plus de détails. D'autres tombent dans l'excès inverse et racontent chaque péripétie de leur existence comme si nous étions deux cent à avoir garder les cochons ensemble! J'avais, d'ailleurs, déjà abordé cette question dans mon billet sur l'intégrité personnelle selon Facebook. D'une manière générale, nous créons une vie virtuelle dont nous sommes le héros. Nina Testud a tout à fait raison de pointer du doigt cet excès de narcissisme et, à la limite, il serait possible d'étendre ce constat aux blogs personnels. 

Ceci étant dit, ce n'est pas le seul défaut de Facebook: cet espace virtuel de liberté et de vie rêvée est la porte ouverte à tous les excès, notamment en matière de voyeurisme. Entendons-nous bien: je ne parle pas de ce que tout un chacun décide de montrer ou non sur son compte. Si Pierre, Paul  ou Marilène choisissent de diffuser leurs dernières photos de vacances, ils ne peuvent pas vraiment se plaindre que leurs "amis" les aient vues. En fait, je songeais plutôt à certaines vidéos qui sont parfois diffusées sur Youtube puis relayées par Facebook ou encore à des groupes douteux, créés parce que, de toute façon, il est possible de créer n'importe quoi sous le nom de Mickey Mouse! Hier, par exemple, une personne, que j'apprécie beaucoup par ailleurs, a diffusé une vidéo d'un homme coincé dans l'ascenseur de son travail durant 48h, aux prises avec des troubles gastriques. Ce petit film, provenant de la caméra de surveillance, montre l'humiliation à son comble du prisonnier de la boîte métallique. A vrai dire, j'ignorais ce que c'était en déclenchant la vidéo et je l'ai arrêtée plus vite que mon ombre, l'estomac noué. Le monde virtuel donne tellement de liberté que tout un chacun peut être témoin de scènes tristes, humiliantes, violentes, les filmer et les diffuser sur le net. Pourquoi? Je ne comprends pas cette débauche de voyeurisme, cette volonté de voir et de rire de la misère de l'autre. A chaque fois, j'ai un trou dans l'estomac. Comment peut-on penser, lorsqu'on assiste à la mort de quelqu'un dévoré par un lion ( oui cette vidéo existe aussi: Youtube est vraiment merveilleux!), à sortir son cellulaire ou sa caméra pour filmer la scène??? Christ!!! Quel degré d'inhumanité faut-il pour supporter un tel spectacle et le diffuser sur Internet??? Cela fait-il tellement d'effet dans une conversation de mentionner qu'on a filmé la mort de tel quidam ou l'humiliation de chose? La personne qui a mis sur Youtube l'humiliation du pauvre homme dans son ascenseur trouvait ça tellement amusant de voir une personne réduite aux gestes les plus extrêmes qu'elle a décidé de mettre sa honte à la face du monde? 

J'avoue que plus que l'égocentrisme permise par le monde du virtuel, c'est véritablement ces excès voyeurs et dégradants qui m'affectent le plus. Je ne peux m'empêcher de me demander comment réagiraient ces personnes filmant ce type de scènes si elles se trouvaient un jour victimes de leur propre jeu? Filmées en situation de détresse ou humiliées, trouveraient-elle la démarche aussi amusante? Personnellement, je suis peut-être vieux-jeu mais ces vidéos me donnent la nausée.

11 février 2010

Impuissante frustration!

L'impuissance, quel sentiment frustrant! L'impuissance d'aider des amis qui ont mal, l'impuissance de leur éviter des étapes douloureuses de la vie, l'impuissance de leur donner un peu de paix et de joie quand tout semble perdu... Il en résulte toujours cette sensation étrange de se heurter à un mur invisible et de rester là, à quelques pas à peine de cet être cher malheureux, mais trop loin encore pour lui donner notre énergie, nos bulles de lumière ou en tout cas, pour prendre un peu de ce plomb pesant sur ses épaules. Peu importe le côté rationnel de notre pensée, lorsqu'un de nos amis a mal, on se sent coupable de ne pas pouvoir faire plus que d'être là. Je me demande si, un jour, on créera une machine capable de rééquilibrer le bonheur chez les gens. Un peu comme une transfusion sanguine: tu partages ton trop plein de joie avec ceux qui en ont moins. En attendant, nous sommes là, contemplant la détresse de nos amis, si profonde parfois qu'elle nous blesse un peu aussi: les dommages collatéraux qu'on appelle ça! Mais ce ne sont que des égratignures comparées à la détresse que dégagent nos proches. 

Lorsque les douze coups de minuit du 31 décembre ont mis fin à l'année 2009, j'ai poussé un soupir de soulagement. Après une année aussi riche en émotions, la prochaine allait sûrement me paraître aussi calme qu'un ruisseau en pleine sécheresse! J'aurais dû me rappeler du proverbe sur l'eau qui dort, tout ça tout ça! En quelques mois seulement, les mauvaises nouvelles ont plu avec plus de force que durant la mousson en Inde! Il semblerait que Mère-Nature ait besoin d'équilibre: tout bonheur personnel doit être compensé par la détresse de nos proches. J'ai ainsi appris que ma seconde maman avait une rechute de cancer, parce qu'une fois, ce n'est pas assez. Tant qu'à faire, autant organiser une petite sauterie de cellules folles. Pour compléter un début d'année raté, j'ai su que mon frère s'était un peu plus enfermé dans sa tête, s'isolant de ses derniers proches auxquels il parlait encore. L'impuissance se gargarise de situations frustrantes: de la séparation amoureuse à la remise en question d'une vie entière, il n'ait rien qui n'échappe à son emprise. Une douleur triste, palpable au delà du temps et des distances, et qui résonne en nous comme autant de cris de détresse. J'ai tendance à philosopher sur l'impuissance, à estimer que la seule présence est déjà un petit pansement sur une hémorragie. Là encore, pourtant, il est parfois difficile de l'être, du fait de nos choix de vie et de notre emploi du temps. Mais peut-on vraiment se suffire d'une compresse alors que nous voyons nos proches se vider de leur sang? Que peut-on faire pour soulager une douleur aussi vive?

Personnellement, il m'arrive fréquemment d'avoir un trou à la place du cœur. Une espèce de plaie béante et laide qui insuffle une douleur rampante dans tout mon être. Les moments où j'ai le plus mal, cependant, sont, sans aucun doute, lors des situations de détresse amicale: mon impuissance à décharger leurs épaules de toutes ces épreuves de vie me plonge dans une angoisse sans nom. A quoi bon être heureux si on ne peut pas partager ce bonheur avec nos proches lorsqu'ils en ont besoin?

Il y a des jours comme aujourd'hui où on a très envie de cracher sur une nouvelle année pourrie! Elle ne fait que commencer, cependant, alors on va lui laisser une chance...

8 février 2010

Choix de vie en compromis...

Une thèse de doctorat, pour beaucoup, c'est un diplôme de qualité: après autant d'années d'étude, il paraît évident que le thésard est un être brillant et plein d'avenir. Selon moi, comme je l'avais mentionné dans mon billet Mirage de la procrastination, il n'ait rien de plus simple que de commencer un doctorat. Il suffit de ne pas être trop mauvais, de se sentir à l'aise dans la peau d'un étudiant et de se laisser porter par le courant de la vie. La principale difficulté réside en son achèvement: les années passent et, contrairement aux autres diplômes, elles nous laissent beaucoup trop de temps pour nous remettre en question. Ai-je fait le bon choix? Suis-je vraiment capable de terminer cette recherche de longue haleine? Ai-je vraiment le potentiel pour écrire, seule ou presque, un infime pan de l'histoire? Et puis que vais-je faire ensuite? Lorsque mes amis me demandent pourquoi j'ai choisi de continuer en Histoire, je n'ai souvent que peu d'arguments convaincants. J'aime cette discipline. Profondément. J'apprécie découvrir et approfondir mes connaissances dans le domaine des autochtones du Québec, puisque je les ai choisis entre tous. Mais j'aurais pu en faire un loisir... Alors pourquoi?

Peu importe mes choix de vie, je me suis toujours accrochée à deux principes pour la mener à bien: je ne voulais dépendre de personne, assumer mes décisions sans jamais en faire porter les conséquences à qui que ce soit. Il me semblait que l'inverse aurait été lâche: il est tellement aisé d'accuser les autres pour nos erreurs passés. Je ne voulais jamais en arriver là. Mon second principe de vie était de ne jamais négliger ni remettre à plus tard ce qui comptait vraiment pour moi. Ces deux résolutions profondes peuvent se résumer par l'adage bien connu: "Les remords valent mieux que les regrets". Pourtant, depuis quelques temps, je pèse sur ma famille car je n'ai pas les moyens d'assumer mes choix étudiants et je néglige mes amis, le Kung Fu, si cher à mon cœur, j'oublie ce que je suis afin de mener à bien un Doctorat en Histoire. Je suis juste trop avancée pour abandonner: j'ai envie de le terminer car le sujet me passionne vraiment, parce que je veux prouver que je peux y arriver, parce que j'ai du me battre trop longtemps pour parvenir jusqu'ici. Je veux le terminer et je vais le terminer. Mais le prix est parfois cher à payer pour y parvenir. J'ai tout de même de la chance: ici, bien des étudiants finissent leurs études et sont endettés pour les dix prochaines années de leur vie. Personnellement, aucune banque ne m'enverra de compte à payer à la fin de mon doctorat. Je ne devrais donc pas me plaindre. Pourtant, cette sensation de ne plus s'appartenir et que l'échec n'est même plus concevable car il serait aussi celui de mes proches est parfois particulièrement pesante. Hier soir, j'ai trouvé une offre d'emploi qui me convenait parfaitement: un VIE à Ottawa d'une durée d'un an, à compter de mai. Parfait pour le territoire, songeai-je, mais un peu trop tôt pour le timing. En plaisantant, j'ai tout de même demandé à Jules s'il me suivrait dans la capitale. Une douche froide m'attendait:

-"Non."

Mon sourire s'est éteint. Certes, le temps n'était pas parfait et il y aurait donc eu peu de probabilité pour que je puisse accepter l'offre d'emploi, si tant est qu'ils aient voulu de moi, mais sa réponse m'a bouleversée. Certains diront qu'il est encore trop tôt pour penser aux choix professionnels et que, peut-être, tout se décantera de lui-même en temps et lieu. Peut-être...Mais avouons que les possibilités d'emploi, avec un doc en sciences humaines et une hantise d'enseigner, ne sont pas légion. En outre, mes principales offres d'emploi sont à l'étranger: en dépit de toute ma bonne volonté, je n'ai pas de travail dans mon domaine à Montréal. J'ai beau me dire qu'on verra bien en temps et lieu, une petite boule s'est formée hier soir dans mon estomac et elle fait un peu mal...

2 février 2010

Rentrée de la distraction!

Notez que j'aurais dû le voir venir. Je veux dire: à 9h30 hier matin, j'avais déjà atteint mon quota de bonheur quotidien en recevant ma convocation pour la visite médicale, indispensable pour l'obtention d'une résidence permanente. Après 9 mois depuis le dépôt de ma demande, se sentir aussi près du but provoque en moi un sentiment proche de l'euphorie hystérique. Bien évidemment, j'en ai oublié la dure loi du Juste-Milieu qui s'applique, pour tout Donald Duck qui se respecte, avec une égale mesure pour compenser toute joie par deux ou trois événements désagréables. 

La lente descente dans l'univers de la poisse a commencé lorsque, vers 17h55, j'entamais mon expédition vers l'UQAm et son dojo, désormais si cher à mon coeur. Rentrée du Kung Fu Uqamien! Après trois semaines d'absence quasi-totale d'exercices, si l'on excepte les glissades en luge et en bouées, je n'avais pas peu hâte de retrouver ces chers tatamis aux odeurs vivifiantes. Il ne me fallut pas longtemps, cependant,  pour constater que les atteindre relèverait de l'héroïsme: les bouchons sur St Denis, les files de bus en ligne arborant leur enseigne "spécial" en jaune clignotant, et les masses de gens attendant pour se comprimer à l'intérieur n'auguraient rien de bon quant aux métros. J'aurais du faire médium: ils étaient fermés pour cause de "panne électrique" sur toute la ligne orange, de Berri à Laval. Merveilleux. Prenant une profonde inspiration, je monte dans le bus avec probablement la totalité de la population Montréalaise, tant nous sommes serrés les uns contre les autres. Devant me tenir quelque-part, je m'accroche à un poteau entre deux compagnons d'infortune. Comme la promiscuité, sans doute, n'était pas suffisante pour nous mettre mal à l'aise, l'un de mes deux voisins entreprend de cruiser peu subtilement la jeune fille de l'autre côté de mon bras. J'hésitai un instant à retirer ma main et à préférer perdre mes dents de devant en heurtant une vitre plutôt que d'entendre ce grand échassier pavoiser et roucouler sans grand esprit.

Une heure quinze plus tard, nous avions franchi la même distance que si j'avais été à pieds et j'avais déjà vingt minutes de retard sur le début du cours. Qu'à cela ne tienne! J'avais prévu de rester jusqu'à 22h ce soir. L'ennui de la poisse, c'est que lorsqu'elle se réveille, elle aime bien faire son nid: voulant pénétrer dans l'enceinte du centre sportif, je m'aperçois avec horreur que je n'ai pas mon porte-feuille. J'appréhende sa disparition, sans tambour ni trompette, dans le périple du bus. Après tout, je n'avais pas eu à m'en servir, dans cette cohue générale. Je n'y peux rien dans cette entrée du centre sportif et je suis en retard: je laisse un message à Jules pour qu'il regarde si je ne l'ai tout simplement pas laissé en vacances à la maison et me rue dans le Dojo. Il ne me faut pas longtemps pour sentir le manque criant d'exercice des trois dernières semaines. Ce n'est que lorsque ma tête se mit à tourner avec plus de rapidité que si j'avais descendu une bouteille de vodka en une heure que je me rendis compte que j'avais oublié de goûter. Piteusement, après à peine une heure quinze de Kung Fu, je dus battre en retraite et regagner mes pénates.

Finalement, je finis par retourner la maison en vain à la recherche de mon porte-feuille: je désactivai mes cartes bancaires, histoire d'éviter que leur disparition ne serve à financer un voyage aux Bahamas à  un quelconque quidam. Puis, le tout accompli, je pus ainsi découvrir avec horreur, l'instant d'après, dans une des maisons des chats, l'objet disparu, parfaitement sain et sauf.... Parfois, je me fatigue moi-même! ^-^