12 février 2010

Voyeurisme à l'extrême du monde virtuel!

Facebook est l'expression de notre narcissisme profond. Récemment, j'ai lu un article à propos du livre de Nina Testud, Facebook, et moi et moi et moi!. Dans une interview que l'auteur accorda à Lauren Malka pour le journal gratuit Métro, elle y évoque les tentations narcissiques auxquelles les sites comme Facebook nous incitent à succomber. A bien y réfléchir, son raisonnement est logique: ce réseau social virtuel est une place publique où chacun se montre dans les limites qu'il s'est fixées. On expose des photos de nous, on change notre statut en fonction de notre humeur, on répond à des quizz déclarant que nous ressemblons à Charlotte Gainsbourg ou à Marge Simpson, bref on montre une partie de nous que la moitié de nos cent amis n'auraient jamais connue autrement. Bien sûr, cette sur-exposition de nous-mêmes dépend de notre manière d'aborder Facebook. Certains de mes amis, par exemple, ne remplissent que le strict minimum des informations demandées, mettent une photo de paysage en guise de profil et renvoient à leur propre site pour plus de détails. D'autres tombent dans l'excès inverse et racontent chaque péripétie de leur existence comme si nous étions deux cent à avoir garder les cochons ensemble! J'avais, d'ailleurs, déjà abordé cette question dans mon billet sur l'intégrité personnelle selon Facebook. D'une manière générale, nous créons une vie virtuelle dont nous sommes le héros. Nina Testud a tout à fait raison de pointer du doigt cet excès de narcissisme et, à la limite, il serait possible d'étendre ce constat aux blogs personnels. 

Ceci étant dit, ce n'est pas le seul défaut de Facebook: cet espace virtuel de liberté et de vie rêvée est la porte ouverte à tous les excès, notamment en matière de voyeurisme. Entendons-nous bien: je ne parle pas de ce que tout un chacun décide de montrer ou non sur son compte. Si Pierre, Paul  ou Marilène choisissent de diffuser leurs dernières photos de vacances, ils ne peuvent pas vraiment se plaindre que leurs "amis" les aient vues. En fait, je songeais plutôt à certaines vidéos qui sont parfois diffusées sur Youtube puis relayées par Facebook ou encore à des groupes douteux, créés parce que, de toute façon, il est possible de créer n'importe quoi sous le nom de Mickey Mouse! Hier, par exemple, une personne, que j'apprécie beaucoup par ailleurs, a diffusé une vidéo d'un homme coincé dans l'ascenseur de son travail durant 48h, aux prises avec des troubles gastriques. Ce petit film, provenant de la caméra de surveillance, montre l'humiliation à son comble du prisonnier de la boîte métallique. A vrai dire, j'ignorais ce que c'était en déclenchant la vidéo et je l'ai arrêtée plus vite que mon ombre, l'estomac noué. Le monde virtuel donne tellement de liberté que tout un chacun peut être témoin de scènes tristes, humiliantes, violentes, les filmer et les diffuser sur le net. Pourquoi? Je ne comprends pas cette débauche de voyeurisme, cette volonté de voir et de rire de la misère de l'autre. A chaque fois, j'ai un trou dans l'estomac. Comment peut-on penser, lorsqu'on assiste à la mort de quelqu'un dévoré par un lion ( oui cette vidéo existe aussi: Youtube est vraiment merveilleux!), à sortir son cellulaire ou sa caméra pour filmer la scène??? Christ!!! Quel degré d'inhumanité faut-il pour supporter un tel spectacle et le diffuser sur Internet??? Cela fait-il tellement d'effet dans une conversation de mentionner qu'on a filmé la mort de tel quidam ou l'humiliation de chose? La personne qui a mis sur Youtube l'humiliation du pauvre homme dans son ascenseur trouvait ça tellement amusant de voir une personne réduite aux gestes les plus extrêmes qu'elle a décidé de mettre sa honte à la face du monde? 

J'avoue que plus que l'égocentrisme permise par le monde du virtuel, c'est véritablement ces excès voyeurs et dégradants qui m'affectent le plus. Je ne peux m'empêcher de me demander comment réagiraient ces personnes filmant ce type de scènes si elles se trouvaient un jour victimes de leur propre jeu? Filmées en situation de détresse ou humiliées, trouveraient-elle la démarche aussi amusante? Personnellement, je suis peut-être vieux-jeu mais ces vidéos me donnent la nausée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire