8 février 2010

Choix de vie en compromis...

Une thèse de doctorat, pour beaucoup, c'est un diplôme de qualité: après autant d'années d'étude, il paraît évident que le thésard est un être brillant et plein d'avenir. Selon moi, comme je l'avais mentionné dans mon billet Mirage de la procrastination, il n'ait rien de plus simple que de commencer un doctorat. Il suffit de ne pas être trop mauvais, de se sentir à l'aise dans la peau d'un étudiant et de se laisser porter par le courant de la vie. La principale difficulté réside en son achèvement: les années passent et, contrairement aux autres diplômes, elles nous laissent beaucoup trop de temps pour nous remettre en question. Ai-je fait le bon choix? Suis-je vraiment capable de terminer cette recherche de longue haleine? Ai-je vraiment le potentiel pour écrire, seule ou presque, un infime pan de l'histoire? Et puis que vais-je faire ensuite? Lorsque mes amis me demandent pourquoi j'ai choisi de continuer en Histoire, je n'ai souvent que peu d'arguments convaincants. J'aime cette discipline. Profondément. J'apprécie découvrir et approfondir mes connaissances dans le domaine des autochtones du Québec, puisque je les ai choisis entre tous. Mais j'aurais pu en faire un loisir... Alors pourquoi?

Peu importe mes choix de vie, je me suis toujours accrochée à deux principes pour la mener à bien: je ne voulais dépendre de personne, assumer mes décisions sans jamais en faire porter les conséquences à qui que ce soit. Il me semblait que l'inverse aurait été lâche: il est tellement aisé d'accuser les autres pour nos erreurs passés. Je ne voulais jamais en arriver là. Mon second principe de vie était de ne jamais négliger ni remettre à plus tard ce qui comptait vraiment pour moi. Ces deux résolutions profondes peuvent se résumer par l'adage bien connu: "Les remords valent mieux que les regrets". Pourtant, depuis quelques temps, je pèse sur ma famille car je n'ai pas les moyens d'assumer mes choix étudiants et je néglige mes amis, le Kung Fu, si cher à mon cœur, j'oublie ce que je suis afin de mener à bien un Doctorat en Histoire. Je suis juste trop avancée pour abandonner: j'ai envie de le terminer car le sujet me passionne vraiment, parce que je veux prouver que je peux y arriver, parce que j'ai du me battre trop longtemps pour parvenir jusqu'ici. Je veux le terminer et je vais le terminer. Mais le prix est parfois cher à payer pour y parvenir. J'ai tout de même de la chance: ici, bien des étudiants finissent leurs études et sont endettés pour les dix prochaines années de leur vie. Personnellement, aucune banque ne m'enverra de compte à payer à la fin de mon doctorat. Je ne devrais donc pas me plaindre. Pourtant, cette sensation de ne plus s'appartenir et que l'échec n'est même plus concevable car il serait aussi celui de mes proches est parfois particulièrement pesante. Hier soir, j'ai trouvé une offre d'emploi qui me convenait parfaitement: un VIE à Ottawa d'une durée d'un an, à compter de mai. Parfait pour le territoire, songeai-je, mais un peu trop tôt pour le timing. En plaisantant, j'ai tout de même demandé à Jules s'il me suivrait dans la capitale. Une douche froide m'attendait:

-"Non."

Mon sourire s'est éteint. Certes, le temps n'était pas parfait et il y aurait donc eu peu de probabilité pour que je puisse accepter l'offre d'emploi, si tant est qu'ils aient voulu de moi, mais sa réponse m'a bouleversée. Certains diront qu'il est encore trop tôt pour penser aux choix professionnels et que, peut-être, tout se décantera de lui-même en temps et lieu. Peut-être...Mais avouons que les possibilités d'emploi, avec un doc en sciences humaines et une hantise d'enseigner, ne sont pas légion. En outre, mes principales offres d'emploi sont à l'étranger: en dépit de toute ma bonne volonté, je n'ai pas de travail dans mon domaine à Montréal. J'ai beau me dire qu'on verra bien en temps et lieu, une petite boule s'est formée hier soir dans mon estomac et elle fait un peu mal...

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