Notez que j'aurais dû le voir venir. Je veux dire: à 9h30 hier matin, j'avais déjà atteint mon quota de bonheur quotidien en recevant ma convocation pour la visite médicale, indispensable pour l'obtention d'une résidence permanente. Après 9 mois depuis le dépôt de ma demande, se sentir aussi près du but provoque en moi un sentiment proche de l'euphorie hystérique. Bien évidemment, j'en ai oublié la dure loi du Juste-Milieu qui s'applique, pour tout Donald Duck qui se respecte, avec une égale mesure pour compenser toute joie par deux ou trois événements désagréables.
La lente descente dans l'univers de la poisse a commencé lorsque, vers 17h55, j'entamais mon expédition vers l'UQAm et son dojo, désormais si cher à mon coeur. Rentrée du Kung Fu Uqamien! Après trois semaines d'absence quasi-totale d'exercices, si l'on excepte les glissades en luge et en bouées, je n'avais pas peu hâte de retrouver ces chers tatamis aux odeurs vivifiantes. Il ne me fallut pas longtemps, cependant, pour constater que les atteindre relèverait de l'héroïsme: les bouchons sur St Denis, les files de bus en ligne arborant leur enseigne "spécial" en jaune clignotant, et les masses de gens attendant pour se comprimer à l'intérieur n'auguraient rien de bon quant aux métros. J'aurais du faire médium: ils étaient fermés pour cause de "panne électrique" sur toute la ligne orange, de Berri à Laval. Merveilleux. Prenant une profonde inspiration, je monte dans le bus avec probablement la totalité de la population Montréalaise, tant nous sommes serrés les uns contre les autres. Devant me tenir quelque-part, je m'accroche à un poteau entre deux compagnons d'infortune. Comme la promiscuité, sans doute, n'était pas suffisante pour nous mettre mal à l'aise, l'un de mes deux voisins entreprend de cruiser peu subtilement la jeune fille de l'autre côté de mon bras. J'hésitai un instant à retirer ma main et à préférer perdre mes dents de devant en heurtant une vitre plutôt que d'entendre ce grand échassier pavoiser et roucouler sans grand esprit.
Une heure quinze plus tard, nous avions franchi la même distance que si j'avais été à pieds et j'avais déjà vingt minutes de retard sur le début du cours. Qu'à cela ne tienne! J'avais prévu de rester jusqu'à 22h ce soir. L'ennui de la poisse, c'est que lorsqu'elle se réveille, elle aime bien faire son nid: voulant pénétrer dans l'enceinte du centre sportif, je m'aperçois avec horreur que je n'ai pas mon porte-feuille. J'appréhende sa disparition, sans tambour ni trompette, dans le périple du bus. Après tout, je n'avais pas eu à m'en servir, dans cette cohue générale. Je n'y peux rien dans cette entrée du centre sportif et je suis en retard: je laisse un message à Jules pour qu'il regarde si je ne l'ai tout simplement pas laissé en vacances à la maison et me rue dans le Dojo. Il ne me faut pas longtemps pour sentir le manque criant d'exercice des trois dernières semaines. Ce n'est que lorsque ma tête se mit à tourner avec plus de rapidité que si j'avais descendu une bouteille de vodka en une heure que je me rendis compte que j'avais oublié de goûter. Piteusement, après à peine une heure quinze de Kung Fu, je dus battre en retraite et regagner mes pénates.
Finalement, je finis par retourner la maison en vain à la recherche de mon porte-feuille: je désactivai mes cartes bancaires, histoire d'éviter que leur disparition ne serve à financer un voyage aux Bahamas à un quelconque quidam. Puis, le tout accompli, je pus ainsi découvrir avec horreur, l'instant d'après, dans une des maisons des chats, l'objet disparu, parfaitement sain et sauf.... Parfois, je me fatigue moi-même! ^-^
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