7 juin 2013

Le Dieu Apple ou les abus de la surconsommation.

Bon, c'est officiel: je suis anti-Apple. Outre leurs prix exhorbitants, qui ne se justifient même pas par une éthique de fabrication (tous leurs joujoux technologiques sont quand même fabriqués par des petites mains chinoises), ils ont une vision de la consommation à outrance qui me provoque régulièrement des petites crises d'urticaire. Qui n'a pas entendu parler des files d'attente devant leur magasin, d'une année sur l'autre, pour se procurer le nouveau modèle Ipod, Ipad, Iphone ou Itruc qui a un plus grand choix de couleurs, de mémoire, etc.? Sans égard pour le devenir du précédent modèle que l'on possédait (parce que, tout comme les frigos, c'est pas parce qu'on en veut un neuf que l'ancien disparaît comme par enchantement de la surface de la Terre), on se jette sur ce nouveau jouet en ayant l'impression d'avoir mis la main sur le dernier cri de la technologie. Ce n'est déjà pas une vision qui me fait tripper mais c'est le principe même de la consommation: entraîner les foules à désirer ce dont elles n'ont pas besoin. Ce qui me dérange plus encore, cependant, c'est qu'Apple abuse, sans vergogne, de ce principe et frôle le vol éhonté pour pousser les individus à se départir de leurs anciens modèles pour le nouveau - qui coûte évidemment une petite fortune. 

Ainsi, il se trouve que j'ai reçu pour mon anniversaire, en 2008, un Ipod Touch. À l'époque, ce devait être la seconde ou la troisième génération, je ne m'en rappelle plus, et j'y ai, depuis, installé un petit nombre d'applications. Petite fille sage que je suis, je me suis même habituée à ne plus télécharger illégalement comme je pouvais le faire dans ma tendre jeunesse et à acheter la musique, les films ou les jeux qui m'intéressaient via Itunes. Bien-sûr, je râlais déjà un peu que le système d'exploitation de mon Ipod réchigne à faire entrer tout autre format que le sien dans sa mémoire, m'empêchant du même coup d'écouter la musique sur CD que j'avais déjà achetée. Qu'à cela ne tienne, je parvenais tout de même à trouver mon bonheur et je me servais principalement de ce petit objet éléctronique comme d'un lecteur MP3 amélioré. Ma colère est montée d'un cran lorsque je me suis rendue compte que, pour Apple, il était intolérable que j'ai un aussi "vieux" modèle en ma possession et qu'il m'était donc impossible d'installer de nouvelles applications - telles que celles du Journal Le Monde, la Météo ou encore Angry Birds Star Wars- en raison de la "vétusté" de mon système d'exploitation. Je trouve scandaleux que, à peine cinq ans après sa création, Apple considère qu'il n'a plus de services à fournir à ce modèle. Mais ma surprise ne s'arrêta pas là: il y a un mois, mon Itunes me signale que je devrais mettre à jour plusieurs applications sur mon ordinateur. Parmi elles, une majorité de payantes dont je disposais depuis un an ou deux maximum. Toujours petite fille sage, j'obéis et mets en route les mises à jour qui se font sans problème. Je branche ensuite mon Ipod afin que le système se synchronise, comme il dit, lorsque je constate avec un mélange d'incrédulité et de colère froide que cette action est en train de supprimer la moitié des icônes sur mon Ipod. Un message d'Apple apparaît alors sur mon Itunes, m'informant à peu près en ces termes:

Votre système d'exploitation n'est pas assez dévelopé pour supporter les applications mises à jour. En conséquence, Apple vous les a désinstallées de votre Ipod Touch. 

J'en riais tellement je trouvais le vol grossier. Parce que nous ne parlons pas d'applications gratuites, qui auraient pu être mises gracieusement en service pour un temps X, avant d'être retirées: même si cela m'aurait fait râler, il n'y aurait pas eu de transaction derrière. Là, il s'agit d'applications que j'ai achetées, payées, et qui me sont arbitrairement retirées parce que le Dieu Apple a décidé qu'il était bien temps que je rachète un nouveau modèle d'Ipod à 500 dollars. Cela me révolte. Je ne doute pas que les vicieux penseurs de la boîte aient tout prévu: ils changent les réglements d'Itunes environ une fois aux deux mois et noient les informations importantes dans 50 pages de micro-écriture. Ils font certaienement le pari que personne ne va vraiment lire le document à chaque fois et ils ont dû glisser dans une des dernières versions qu'ils n'étaient pas responsables si le genre de mésaventures qui m'est arrivée se produisait. Mais, voyez-vous, cela ne fait que me dégoûter plus encore du fonctionnement de cette boîte: ils sont suffisamment pervers pour faire leurs coups en douce. Aucun message ne vous avertit avant la mise à jour que si votre Ipod est antérieur à telle année, il se verra retirer l'application ou qu'il ne pourra pas lire la vidéo téléchargée. Ils attendent que vous ayez payé ou agit pour perfidemment vous mettre devant le fait accompli. Avoir la renommée d'Apple et se livrer à de telles méthodes, c'est mépriser ouvertement sa clientèle. C'est se dire que peu importe jusqu'où on abuse, les clients pigeons seront toujours en file devant le magasin pour avoir un nouveau jouet. C'est être le symbole de ce que je déteste dans le capitalisme: le pognon avant le respect. 

Du coup, et bien que, sans doute, le Dieu Apple n'en aura cure - il ne s'appercevra même pas de mes récriminations - j'ai décidé de faire un boycott de la pomme. Je vais continuer d'utiliser mon Ipod Touch jusqu'à ce qu'ils me le refusent complétement sur Itunes ou jusqu'à ce qu'il tombe en miettes - la première hypothèse devrait arriver avant la seconde sans aucun doute - et, ensuite, je ne serai plus jamais une cliente-pigeonne. S'ils ne sont sûrement pas les seuls à avoir cette pensée, ils sont les seuls à être suffisamment arrogants pour le faire à la vue et au su de tous, sans aucune crainte pour leur marché. Je souhaite qu'un jour, ils paient le prix de leur mépris.