28 novembre 2009

Google Street visite le patrimoine mondial de l'Unesco!

Le voyage et la découverte: il est désormais notoire que ce sont, à mon sens, de merveilleuses opportunités que notre condition humaine nous permet de réaliser sur cette planète malade. Paradoxalement, cependant, relativement peu de monde en profite. Le syndrome de la procrastination est rapportée au voyage:

-"J'aurai le temps plus tard!"

Ou, comme me répondait récemment un de mes amis:

-"J'irai après avoir remboursé ma dette d'études."

Bref, nous attendons un signe mystérieux, nous repoussons l'échéance et, très rapidement, sans même nous en rendre compte, nous tombons dans l'engrenage de notre société, toujours trop pressée. Parfois, le besoin de sortir de notre vie devient trop pressant, alors nous nous payons un "tout-inclus" à Cancun ou Cuba et nous passons une semaine en bikini dans un centre, en tout point pareil à notre confort habituel, dont le seul côté exotique est l'accent des serveurs. En clair, nous nous illusionnons en nous donnant l'impression de voyager, de quitter notre vie pour découvrir une autre réalité, alors que nous ne faisons que reproduire notre vie à l'étranger.

Les société riches deviennent de plus en plus avares de renouveau: elles se refusent à sacrifier leur confort, si chèrement gagné,sur l'autel du voyage et de la découverte de ce qui est différent. J'ai eu l'occasion, grâce à mon père, de participer un jour à ce type de voyage-postiche: je suis partie en croisière sur le Nil avec ma maman. Bon, soyons honnêtes: il serait particulièrement arrogant de ma part de cracher dans le soupe de ce magnifique voyage. L'Égypte est un temple de magnificence et tous les trésors archéologiques dont elle regorge ne sont qu'une partie de sa beauté. Il est des merveilles qui ne peuvent se rendre par la seule voix du langage ou des photographies. La rencontre avec, par exemple, les statues, au temple d'Abu Simbel, de Ramsès II et de sa femme m'a bouleversée.

Bref, il est indéniable que ce voyage, quoiqu'organisé jusqu'aux soirées de jeu faussement conviviales, demeure un excellent souvenir et une chance inouïe de pénétrer ce monde merveilleux, vestige d'une civilisation perdue. Pourtant, les personnes qui étaient présentes lors de ce séjour m'ont renforcée dans mon opinion négative quant à l'intérêt de ces séjours avec Gentils Organisateurs. Méprisants, arrogants, irrespectueux, certains de mes compagnons de voyage se comportaient plus mal que les colons qui avaient envahi l'Afrique quelques siècles plus tôt. J'ai eu honte plus souvent qu'à mon tour d'appartenir à cette société  dont les membres, imperturbables, étaient capables de déambuler au milieu de la Vallée des Rois en jetant leurs mégots sur le sol. Vous me direz: il n'est pas besoin d'aller aussi loin, ou de prendre un voyage organisé, pour rencontrer ce type de touriste détestable, inconscient des trésors qui l'entourent. Certes, j'en conviens. Pourtant, j'ai le sentiment que, si elle se retrouve aussi à l'état sauvage, cette catégorie d'humains arrogants a un instinct grégaire très prononcé et il est plus fréquent de la reconnaître au sein de sa meute. Entre Lichen, il est plus facile de s'entendre pour gangréner la planète entière.   

Pourquoi parlais-je de ça, subitement? Eh bien, ce matin, en buvant mon thé, j'ai lu un article, sur Futura Sciences, disponible ici,  qui m'a laissée songeuse. Le fameux logiciel Google Street a annoncé qu'il serait désormais possible de visiter les principaux sites désignés Patrimoine mondial de l'Unesco par le biais de leur site. A mon sens, aussi merveilleuse que soit cette application, cela ne peut remplacer la découverte réelle du lieu: il manque l'émotion liée à la contemplation des vestiges, naturels ou humains, de civilisations, parfois perdues. Rien ne peut remplacer ce sentiment d'être une si petite chose au regard de si grandes réalisations. Ma crainte, cependant, réside dans l'utilisation ou les liens qui peuvent être tissés à partir de cette donnée. De plus en plus, nos sociétés favorisent le virtuel au réel: par le biais des jeux vidéos, notamment avec la fameuse wii, qui offre la possibilité à ses utilisateurs de simuler une activité sportive ou intellectuelle. Entendons-nous bien: j'aime les jeux vidéos et j'apprécie beaucoup jouer à la wii. Mais cela reste ce qu'elle est: une console de jeu vidéo. Je peux jouer deux heures au tennis sur cette plateforme, ce ne sera jamais aussi relaxant et bénéfique que mes cours de Kung Fu. Ce n'est qu'une illusion que nous construisons pour nous mêmes, pour continuer à tisser cette toile de réalité virtuelle qui prend, peu à peu, le pas sur notre réalité. Nous pouvons être ce que nous voulons sur Internet, il nous est possible de tout réaliser, désormais, sans quitter le confort de notre salon. Ce n'est plus de la fainéantise: c'est du renferment sur soi. A quoi bon s'ouvrir aux autres, si nous pouvons nous auto-suffire?

J'avoue: j'évoque la position la plus dramatique de notre société. Beaucoup savent faire la différence entre le virtuel et le réel. Pourtant, l'annonce de Google Street me laisse dubitative: ne serait-ce pas une nouvelle occasion de bouger encore moins que ce que nous faisons déjà? Nous pouvons désormais faire le tour du monde, assis dans notre canapé, avec une bière et une tartine de pâté. Quel progrès...

25 novembre 2009

Conversation salée!

-"Qu'est ce que tu manges?
- Gratin de brocoli-pommes de terre.
- Oh! ça doit être bon!
- ça goûte le sel...
- Hein? Toi qui ne sales jamais rien, tu as réussi à mettre trop de sel dans ton plat?
- Non. J'ai mis sciemment la moitié de la salière dans mon assiette.
- ...
- En fait, je me suis trompée de fromage et le gratin est mauvais. Donc, je tue le goût sous un kilo de sel.
- Oui, je comprends, c'est la solution idéale. Tu pourrais le jeter aussi.
- Non! Il en reste les trois quarts! 
- Tu recommences tout juste à manger et tu reprends d'emblée tes mauvaises habitudes.
- Non. Ce ne sont pas des gâteaux: ce sont des brocolis et des pommes de terre. Et un kilo de sel. Les vaches lèchent bien des blocs de sel: ben c'est pareil.
- Tu n'es pas une vache. ça arrive de rater un plat: jeter, si ce n'est pas une habitude, est un acte normal. Jette donc cet accident cardiovasculaire en puissance.
- Non.
- Tu es têtue, hein?
- Non, j'ai des principes: cela n'a rien à voir!"

21 novembre 2009

Survivre au fléau H1N1!

Bon. Ce n'est un secret pour personne: je ne suis pas du tout favorable à cette vague de peur qui entoure la pandémie de Grippe A. Cette vaccination à grande échelle me laisse dubitative quant aux raisons qui la sous-tendent et, personnellement, qu'elle soit de n'importe quelle lettre de l'alphabet, lorsque nous ne sommes pas des personnes à risques, cela reste une bête grippe. C'est un débat de société qui a fait la une des journaux durant des mois et j'avais assuré que je n'en rajouterais pas une couche dans ce blog. Donc, que suis-je en train de faire?

Samedi dernier, je me suis levée avec l'impression d'avoir traversé l'océan Pacifique en papillon et d'avoir fumé quatre paquets de cigarettes. Habituée à mon système immunitaire déficient par fainéantise, je soupçonne un vague rhume qui se serait perdu quelque part dans ma gorge et ne m'en soucie guère. Mon absence totale d'énergie, cependant, s'avère surprenante: mettre une lessive en route me demande au moins trois heures de repos pour m'en remettre, l'œil aussi vif que celui d'une huitre.

-"Une huitre? Elle a des yeux?"

Non, justement. Un cliquetis persistant m'empêche, toutefois, de sombrer dans une profonde léthargie: en me concentrant sur sa provenance, je m'aperçois alors que je grelotte de tous mes membres, aussi glacée que si j'avais décidé d'aller acheter du lait, en gougounes, un 12 janvier à Montréal. Il faut bien que le lavage de cerveau médiatique ait des conséquences sur tout un chacun: je liste tous mes symptômes et les trouve, ma foi, fort similaires à ceux d'une grippe. Ciel. Encore un coup de mon système "immunofonctionnaire", comme l'appelle mon frère!

J'appelle donc ma soeur (quitte à en avoir une qui travaille comme infirmière aux soins intensifs, autant en profiter! ^_^), qui confirme mes soupçons et me conseille, en ultime vérification, d'appeler le 8-1-1, Info Santé. Obéissante, je m'y attèle: le gouvernement a bien tout préparé car, dès l'accueil, la voix automatisée nous oriente, nous, les pestiférés, vers un département téléphonique, spécifique aux symptômes de LA grippe A H1N1. Là, une infirmière, appelons-la Geneviève pour la rendre moins impersonnelle, me répond fort aimablement et me demande en quoi elle peut m'aider. Normal: j'appelle un service de santé spécialisé dans l'information et l'assistance en cas de grippe A H1N1, je peux très bien être en quête de décorations de Noël ou de mes prédictions astrales. Aussi, répondis-je, fort sérieusement:

-"Je cherche le numéro de téléphone de l'académie de coiffure, sur Mont Royal."

Non, ce n'est évidement pas vrai. Cela dit, j'ai hésité, un court instant... ^_^

J'explique donc mon cas à Geneviève, qui s'empresse d'appliquer les directives prévues à cet effet: elle me pose, à peu près, 25 questions afin de s'assurer que nous parlons bien toutes les deux de grippe et non d'une foulure à la cheville. A priori, oui, nous sommes sur la même longueur d'ondes. Elle conclut par:

-"Restez chez vous durant sept jours, prenez du tylénol pour faire baisser la fièvre, et ne venez aux Urgences qu'en cas de problèmes respiratoires ou de trop forte fièvre".

De tous ces conseils, celui de la réclusion est le plus perturbant. Après tout, si je souffrais d'une bête Influenza, je pourrais à loisir gambader dans les rues, promenant fièrement mon virus à ma suite! Je m'enquiers donc des arguments qui permettent à Geneviève d'assurer avec autant d'aplomb que j'avais la grippe H1N1, étant donné que les symptômes sont en tout point similaires à ceux de l'Influenza. Après tout, de sa réponse dépendait mon enfermement dans ma tour d'ivoire ou ma liberté sur les trottoirs de Montréal, rongée par la fièvre.

-"Cela n'aurait pas été très sain non plus!"

Certes. Mais permis. Personne ne fait un foin pour l'Influenza depuis des années qu'elle fait, en moyenne, entre 1500 et 2000 morts par an, en France. Bref, à ma question, iI m'est répondu qu'étant donné qu'il n'y a aucun cas de grippe saisonnière recensé au Québec actuellement, celle-ci n'arrivant généralement que vers janvier, toute grippe attrapée en ce moment ne peut qu'être imputée au fameux fléau dont parlent tant les médias.

Bon... Soyons honnêtes: personne n'aime être malade. Avoir le dynamisme d'une porte-fenêtre et le cerveau d'une moule ne sont pas les caractéristiques d'un être épanoui et suintant de bonheur. Une grippe reste ce qu'elle est: une maladie infectieuse qui vide lentement chaque parcelle d'énergie de votre corps, aboutissant à des situations aussi ridicule que mettre une demi heure pour aller remplir un verre d'eau.

Pourtant, ce n'est pas le cancer, cela n'a rien de commun avec le sida et ce n'est, en aucun cas, une maladie grave pour le commun des mortels. Je ne nie pas les risques de pneumonie ou de troubles respiratoires liés à ce virus et je concède que, lorsque certaines personnes sont déjà fragilisées, elles ont tout à gagner à tenter d'éviter d'attraper ce mal. Mais de là à commander 50 millions de vaccins au Canada, où la population avoisine les 30 millions, ou 95 millions en France, pour 65 millions d'habitants, j'avoue que je ne suis plus. C'est un gouffre financier pour...une grippe. Peu de monde s'est battu pour aller vacciner les gens en Afrique ou dans d'autres contrées défavorisées: est-ce ainsi notre beau monde? On fait des campagnes de peur pour les populations riches, on les sur-vaccinent pour tout et rien et on enlève cet argent des autres recherches? J'ai des nausées mais ce n'est pas dû à la grippe A.

Honnêtement, en dépit de mon système immunitaire pourri qui prend plaisir à prendre ses vacances alors qu'il devrait travailler, je m'en sors très bien: je n'ai aucun antécédent grave et je suis solide. Je comprends que des personnes plus fragiles aient ressenti le besoin de se faire vacciner pour cette grippe qui, somme toute, est semblable à l'Influenza mais en dix fois plus contagieuse: les risques de l'attraper s'en trouvaient d'autant plus grands. Mais je trouve que les politiques de peur, les mesures prises à l'échelle nationale, l'argent investi et le gaspillage qui en découle sont l'expression d'un luxe scandaleux que seuls des pays nantis, corrompus par des sociétés et quelques personnes mercantiles qui se préparent un avenir doré sur le lit de la frayeur générale, peuvent se permettre. J'ai eu la grippe H1N1. Et puis après?

20 novembre 2009

Rage sourde à travers les âges!

"Il faut désormais que mon coeur, s'il n'aime avec transport, haïsse avec fureur."

Déclarait Pyrrhus à Andromaque.

La phrase est joliment tournée et il n'est pas un cœur de pierre qui ne fondrait à son énoncé. Pourtant, aujourd'hui, nous préférons exprimer notre colère et notre frustration par des mots de haine et des injures sans passion.

Mercredi dernier, j'assistai à une bien étrange scène, dans un métro rempli des derniers noctambules, au teint livide des fins de soirées. Un couple d'amoureux, comme il en court les rues dans cette société qui l'impose comme norme sociale, se tenait à dix mètres de moi, le cœur enflammé par quelque malheureux émoi. Les mots étaient durs et la rage, palpable. Derrière la violence de l'échange, transparaissaient, recouvertes du suaire d'un Amour défunt, détresse et tristesse mélangées. Aujourd'hui, la beauté des vers de Racine est remplacée par la grisaille du vocabulaire sans attrait. Pour exprimer un sentiment fêlé, une blessure douloureuse, d'où s'écoule tout le sang de leur coeur, les protagonistes du métro ont choisi la voix de l'humiliation et de l'injure. Devant un public fade, qui regardait, l'œil vague, cet amour se déchirer et se consumer, ils se traitaient des noms les plus outrageux, se laissant aller à des cris d'hystérie. Ils transformaient la tristesse d'un Amour sans lendemain en ridicule à la frontière du risible.

Personnellement, j'en conviens, je ne suis pas une adepte du conflit. Cela me prend tout mon courage pour aborder les sujets qui fâchent et j'ai certainement dû passer toutes les autres solutions en revue avant de me lancer dans des discussions au futur chaotique. La fuite m'est devenue habituelle et mon orgueil s'efforce de panser mes blessures: je ne montrerais pas ouvertement que je suis triste, autant que possible, mais je n'irais pas non plus chercher des explications à une attitude humiliante, méprisante ou simplement incompréhensible. Je vais souvent attendre que tout devienne plus calme dans mon esprit pour oser aborder de nouveau la personne qui m'a, le plus souvent inconsciemment, blessée. De là, mon aspect si "androïde" dans l'expression de mes sentiments. J'use du recul à l'extrême, analysant tout ce qui m'arrive pour ne pas tomber dans l'émotionnel pur. Il va sans dire que ce n'est pas la meilleure méthode: à mon sens, d'ailleurs, il n'existe pas de bon moyen pour interagir les uns avec les autres. Nous suivons juste nos sentis.

Un de mes amis soulignait justement que le recours à la violence dans les paroles du couple devait certainement permettre un certain soulagement aux protagonistes de la scène. Je me permets de demeurer dubitative. Pour m'être laissée aller quelques fois à ce genre d'explosion, je puis affirmer que je ne m'en suis jamais sentie apaisée. Au contraire: je me sentais, l'instant d'après, aussi vile et sale que la personne que je venais d'incendier. L'humiliation, en l'occurrence publique, et l'injure sont des armes qui blessent profondément, ne causant, à mon sens, que des plaies dont il est impossible de guérir complétement. D'où la fameuse expression "les mots ont dépassé ma pensée", si couramment utilisée pour s'excuser d'avoir ainsi malmené notre interlocuteur. Parce que nous avons perdu le contrôle de nous mêmes, nous avons abîmé une relation et nous avons généré chez l'autre des lésions parfois trop graves pour être soignées.

Sommes-nous si parfaits que nous puissions, ainsi, tout gâcher, mépriser, humilier l'autre à ses moindres faux pas? C'est un comportement qui me gêne profondément et j'aurais toujours tendance à préférer les vers de Racine à la haine sourde et sans lendemain. Certes, certains jugeront que ces dialogues enflammés font le piment de la relation, d'autres encore estimeront qu'ils ne sont que l'expression de notre humanité: nous ne pouvons pas tout contrôler en ce monde. Ces arguments sont indéniables. Pourtant, autant que possible, je me dis que nous qui sommes si fiers d'avoir une intelligence supérieure à tous les autres animaux, nous pourrions en profiter pour taire ce type d'instinct bestial qui préside à toute joute verbale.

Bien sûr, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire...

18 novembre 2009

Être ou ne pas être "Indien"?

-"Toi, tu vas bien?
- Oui oui. Comme d'habitude. J'ai froid.
- Ah ça! Tu as choisi le pays où étudier.
- Ouais. Enfin, il faut dire que l'Amérindien ne court pas les rues au Maroc ou en Espagne.
- Non, mais tu aurais pu étudier ceux du sud, là. Les Zasteack.
- Les Aztèques. Ce ne sont pas vraiment les mêmes populations, même s'ils ont vécu sur le même continent.
- Bah, ce sont des Indiens non?"


Euh oui... En fait non, au sens strict du terme, mais on va me juger pointilleuse.

14 novembre 2009

8e Feu: l'Art multiculturel à Montréal.

L'Art autochtone d'aujourd'hui: un inconnu trop souvent réduit à la confection de mocassins tandis qu'il se développe dans tous les domaines. La plupart des personnes qui me côtoient ont tendance à penser que, puisque je travaille sur les communautés amérindiennes de la Vallée du St Laurent au XIXe siècle, je suis la meilleure source d'informations sur tout ce qui touche à ces populations aujourd'hui. Oui mais voilà, comme je le souligne souvent, un brin sarcastique, je parle avec les morts et non les vivants: en clair, je vis parmi des document vieux de près de deux siècles, je peux évoquer certainement nombre de Hurons ou d'Abénaquis qui ont joué un rôle dans leur communautés entre 1790 et 1880, mais j'ignore tout de leurs artistes et porte-paroles qui me sont contemporains. C'est ainsi, l'histoire: on retrace un passé essentiel à la compréhension du présent, mais on n'en oublie souvent de regarder le présent pour donner vie au passé.

Depuis quelques temps, cependant, j'essaie de remédier à ces lacunes contemporaines, car je suis curieuse de connaître le regard sur notre monde des héritiers culturels de mes personnages de papier. J'avais déjà eu l'occasion d'assister à une excellente pièce de théâtre, une truite pour Ernestine Shushwap, de Tomson Highway, et j'avais véritablement apprécié: j'étais alors partie en quête de ses ouvrages mais ils sont plus difficiles à trouver que la compétence chez les fonctionnaires de l'immigration!

-"..."

Oui, désolée. Juste une marque d'énervement après l'anniversaire du septième mois depuis l'envoi de ma demande de CSQ... Parfois, je me rappelle avec amusement la remarque de ma technicienne d'immigration, Mme P., qui précisait, satisfaite, qu'avec les derniers papiers que je lui donnais, tout irait beaucoup plus vite! Je n'ose imaginer ce que ce serait sans! Bref, je m'égare, mais ce n'est que conforme à mes habitudes! ^_^

Hier soir, j'ai eu l'occasion d'aller assister à un excellent spectacle, connu sous le nom du 8e Feu. Le titre du show est inspiré de la célèbre alliance des Amérindiens catholiques de la Vallée du Saint Laurent, après la conquête Britannique de 1763. Il s'agissait de réunir plusieurs artistes de minorités culturelles visibles et de leur laisser le champ libre pour s'exprimer: étaient présents le rappeur métis Samian, des chanteurs comme Claude McKenzie ou encore Nathalie Picard, maniant le slam au gré de ses pensées. Les textes, alliant tradition et modernité, avaient des relents d'artistes plus connus comme les Loco Locass ou encore Grand Corps Malade et ce fut un véritable plaisir de découvrir des talents comme celui de Solane, jeune et timide chanteuse espagnole, dont la voix nous emporte au loin, là où le soleil ne cesse jamais vraiment de briller. Sur fond d'un poême de Christine Sioui, déclamé en français et en Anishinabe, le mélange des cultures était palpable et émouvant sur cette scène de la maison de la culture Frontenac.

Personnellement, je n'adhère que fort peu, généralement, au rap. A part quelques artistes qui s'efforcent de s'approprier ce style de musique pour en faire quelque chose de particulier et de personnel, je ne voue pas une affection inconditionnelle au rap de rue: hier soir, Samian a fait du "rap de réserve" et j'ai, pourtant, aimé. Il faut reconnaître que le spectacle était placé sous le signe de l'éclectisme: les chanteurs qui se sont succédés durant une heure et demie sur scène, alliant tous les types de musique, ont su même me donner envie de danser au son de leurs instruments. Je vous assure: c'est tout un défi de relevé! ^_^ Je saluerais, d'ailleurs, au passage, le talent particulier d'Isabelle, une jeune fille appartenant au peuple Gitan, qui maîtrisait tout type de percussion avec un talent plus que certain. Yann Perreau est également venu participer au mélange interculturel en chantant trois chansons, sourire aux lèvre. Sa bonne humeur était communicatrice et une agréable atmosphère de joie régnait dans la salle.

En somme, j'ai vraiment apprécié cette petite soirée. Une fois encore, je salue le talent de tous ces artistes qui se sont produits devant nous et je les remercie de nous avoir invités à un si beau voyage. Ce spectacle, qui est une production de la maison des cultures nomades, se déplace encore jusqu'à la fin du mois dans Montréal. A l'occasion, allez assister à ce petit moment de bonheur sur scène. Il n'est jamais inutile de nous rappeler que nous appartenons à un monde multiculturel.

11 novembre 2009

Dissociation de sentiments.

-"Je me suis brûlée.
- hein? Où ça?
- Sous l'aisselle, en jouant au volley ball.
- ...
- Je t'assure que c'est logique: j'ai voulu sauter pour pousser la balle de l'autre côté et, en retombant, ben je me suis brûlée sous l'aisselle avec le filet.
- ...
-Quoi?
- Tu as conscience que ça n'arrive jamais, ce genre d'anecdotes? Je veux dire: dans la vie normale de gens normaux.
- Ben... Je l'ai pas fait exprès. Je suis maladroite.
- Et tu as l'art de l'euphémisme."

J'avoue. Un de mes amis soulignait l'autre jour que je n'étais pas vraiment maladroite mais que je manquais simplement de confiance en moi, ce qui m'incitait à paraître malhabile avec mon corps.

Bon. Honnêtement, je le remercie d'avoir tenté de me remonter le moral en mettant en évidence que ce que je prenais pour quelques flocons de neige étaient en fait les émissaires visibles d'une avalanche dévastatrice. Pas qu'on vit mieux en étant simplement maladroite, mais c'est tout de même plus amusant pour notre entourage que d'avoir à faire avec une énième complexée de l'existence, surtout quand celle-ci s'avère être une survivante d'un accident psychologique d'envergure et tellement propre aux sociétés riches de l'occident. Bref, qu'à cela ne tienne, si l'intervention de mon ami m'a prise au dépourvu (je n'ai, pour le coup, absolument rien trouvé à répondre), je peux comprendre ce qui l'a incité à tirer cette conclusion de mon comportement. Les raisons sont certainement semblables à celles qui ont poussé mon yankee préféré à me faire, un jour, cette remarque:

-"C'est fou, le contrôle que tu as sur tes émotions! On dirait que tu ne ressens rien."

C'est mon petit côté androïde. Notez que c'est le fruit d'un long travail et il n'est absolument pas recommandé de tenter ces pratiques en dehors de toute consultation psychiatrique. Mes relations houleuses avec mon corps et ma caractéristique humaine ont provoqué, chez moi, une réaction un peu étrange, d'un point de vue extérieur, qui consiste en une dissociation de l'esprit.

-"Euh... Tu es bi-polaire?"

Je pourrais. Après tout, c'est une maladie très à la mode et je suis bonne pour tomber dans les travers psychiatriques du commun des mortels. En clair, il y a "moi" qui est celle que la plupart du monde connaît, avec un important bagage de blagues posh (une véritable aubaine pour votre mariage, d'ailleurs...), relativement cynique sur ce qui l'entoure et sur elle-même, et très prompte à l'auto-dérision. Une espèce de vieille habitude: comme d'autres se font craquer les articulations lorsqu'ils ne savent pas quoi faire de leurs mains, je m'auto-vanne quand je ne sais pas trop comment me situer. Et puis, vous le noterez à l'occasion, l'auto-dérision passe toujours mieux que la simple dérision. Pour ma part, en tout cas, je préfère me moquer de moi-même avant d'attaquer les autres. Je suis certaine de ne pas blesser ou de paraître juger quelqu'un que je ne connais pas aussi bien que je le crois. Cette tendance a deux conséquences: la plupart des gens ont l'impression que je suis un être "drôle et sympathique", et certains estiment que c'est une couverture éculée pour souligner un manque criant de confiance en moi. Pour ma part, il s'agit plutôt d'une manifestation inconsciente d'une volonté de me faire accepter: un être maladroit et hésitant, ironiquement, est plus souvent apprécié et accepté par les autres qu'une personne arrogante et trop confiante.

Derrière ce "moi" apparent, il y a l'"Autre". Celle dont je ne parle que très peu et en fort mauvais termes. Celle à qui j'impute toutes mes erreurs et mes défauts, la sorcière de ma période sombre, l'allégorie de l'égocentrisme, le côté obscur de la force, bref une mini Dart Vador que je m'efforce de cacher derrière des sourires. Tout un chacun dispose de ce côté moins reluisant dont on n'est rarement fier. Mon expérience avec mon Autre, cela dit, a été tellement intense, mon côté "moi" l'abhorrant avec force durant toute la période où elle dominait, que j'ai réalisé une véritable dissociation des deux. Résultat: tout conflit, toute détresse, toute peur, et, à l'inverse, toute liesse, bref, toute émotion extrême, est bannie de mon côté "moi" pour être contemplée avec un recul froid. De là, mon incapacité à manifester une joie sincère et irréfléchie lorsque je suis heureuse et à me rendre compte que j'ai besoin de pleurer lorsque je ne vais pas bien. De là, finalement, ma tendance à paraître "androïde". Cela aboutit généralement à un débordement, comme j'en mentionnais l'existence dans mon billet sur la désillusion des larmes.

Bref, la mention du "juste milieu" aurait, une fois encore, sa place dans ce billet. A défaut de parvenir à le définir, je préfère encore tomber dans l'extrême du "moi", si étrange et si peu intelligible pour mon entourage. Il me permet de rester proche des gens que j'apprécie, paradoxalement, en levant le nez de mon nombril et en ne me laissant pas tout gâcher pour des niaiseries qui vexeraient mon égo, lequel, somme toute, est plus souvent un fardeau qu'un atout. Enfin, c'est mon point de vue et il vaut ce qu'il vaut. Alors, je m'en doute, tant que je demeurerai ainsi, je devrais toujours lutter contre cette image de petite chose fragile que je renvoie et qui, très souvent, fait peur.

Je me demande, parfois, dans quelle mesure nous sommes vraiment ce que nous pensons être?

9 novembre 2009

Choix d'une vie rêvée.

-"Hey, ça fait longtemps! Que deviens-tu?
- ... J'essaie de finir mon doc.
- Encore? C'est vrai que c'est long. Pis ton voyage en Asie, comment c'était?"

Un bruissement de nerfs qui se froissent? Ah oui, ce sont les miens. J'imagine que mon interlocutrice ne cherche pas à me poignarder dans le dos sciemment, donc je réponds, le plus aimablement que ma frustration le permet:

-"Eh bien, suite à diverses modifications de plans, ce voyage a été annulé.
- Oh, c'est dommage. Bah, tu pourras le faire après ta thèse."

Tiens, quelle détestable remarque! Je pense que j'ai dû l'entendre, en moyenne, une dizaine de fois par semaine depuis le commencement de la dite thèse, et, après trois ans révolus, elle a un arrière goût légèrement âcre.

L'avantage de ne pas avoir régulièrement des nouvelles de quelqu'un est, sans aucun doute, que nous découvrons des milliers de choses lors des retrouvailles. L'aspect négatif réside dans le fait que, à défaut d'avoir pu réaliser le quart des projets évoqués lors de notre dernière rencontre, chaque entretien se métamorphose très vite en un lent cloutage au pilori. En fait, j'avais surtout l'impression que mon interlocutrice prenait un malin plaisir à me faire remarquer à quel point ma vie n'avait mené à rien de concret ou d'intéressant depuis les trois dernières années.

-"De toute façon, il te faudrait de l'argent pour voyager. Depuis le temps que tu étudies, tu ne dois plus en avoir beaucoup. Par exemple, lors des quelques années que j'ai passées en Amérique Latine, j'ai pris un an pour en faire le tour mais ça m'a coûté toutes mes économies. Toi, il te faudra sûrement travailler avant. Tu cherches dans quoi, au fait?
-... Chômage."

Finalement, je me rappelle pourquoi je ne parlais plus à cette jeune fille depuis tant d'années. Elle parle trop. Bon, c'est sûr, ce qu'elle dit n'est pas dénué de sens. Lorsque je regarde autour de moi, la plupart de mes amis qui voyagent ont les moyens ou bien, ils ont travaillé suffisamment longtemps avant leur départ pour ne pas, comme j'ai eu si souvent tendance à le faire, se retrouver bloqués dans un coin de pays pas rapport, sans le moindre sou en poche. Pourtant, je ne peux m'empêcher de continuer à établir des plans sur la comète, et, invariablement, ils mènent à un dénouement décevant. Évidemment, je ne peux me lancer à la découverte du Laos avec une thèse en attente sur les bras. Ce serait, ma foi, assez mal perçu par mon entourage, je le crains.

J'ignore sincèrement ce que je vais faire avec mon diplôme, si je parviens, un jour, à l'obtenir. J'aimerais vraiment pouvoir réaliser mon objectif qui est de travailler à l'UNESCO. Ce n'est pas particulièrement le chemin le plus facile mais c'est de loin le plus intéressant, à mon sens. Le principal ennui est que je ne suis pas la seule à le penser. Nous verrons bien: à chaque jour suffit sa peine, comme disait l'autre. Sauf qu'il affirmait également que ce que nous semons aujourd'hui sera la récolte de demain alors, finalement, il a déclaré tout et son contraire, cet "autre" dont personne ne se soucie du nom.

Après la conversation avec la fort désagréable jeune donzelle qui mettait en évidence toutes les apories de mon existence, je me suis prise à me demander ce que j'aimerais faire là, tout de suite, si je n'avais pas d'obligations scolaires, financières, ou autres limitations morales. "Voyager" m'est venu immédiatement. Prendre mon sac à dos et vivre un peu partout, travaillant au gré des possibilités, découvrant que si les grands de notre société sont tous un peu pourris, il reste toujours des êtres sans prétention qui gagnent à être connus, des personnes anonymes au cœur plus précieux que tout l'or du monde, des quidams mystérieux au sein de bouts de pays magnifiques.

Bruno Blanchet, un chroniqueur de La Presse, illustre tout ce que je voudrais être: il y a quatre ans, ce comédien et polyvalent artiste, a tout vendu pour parcourir le monde avec son sac à dos. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le journal La Presse et vit de presque rien. Il est, je l'avoue, devenu mon idole! Je ne peux m'empêcher de voir une certaine réalisation de la liberté de l'être, là où, pourtant, on pourrait déceler un besoin de fuite. Il déclarait récemment: "voyager, c'est être en vie tout le temps". Je suis tellement d'accord avec cette petite phrase que, une fois de plus, je me prends à rêver. Au fond, n'est-ce pas cela le but de l'écriture et du voyage? Donner un peu de rêve en un monde si riche en merveilles méconnues.

7 novembre 2009

Le "Sutra" de Sidi Larbi Cherkaoui: une danse des moines mitigée.

Sidi Larbi Cherkaoui et les moines de Shaolin. Enfant, je me rappelle avoir souvent vu des affiches promouvant des spectacles mettant en scène les célèbres bouddhistes et leur Kung Fu. Qui n'a jamais rêvé d'être aussi fort et agile que Bruce Lee ou que les bonzes aux robes couleur soleil? Plus qu'un simple art martial, les figures et les prouesses des prêtres de Shaolin ont fait le tour du monde pour leur caractère gracieux et souple. De fait, lorsque mon amie m'a proposé d'aller assister à ce spectacle, tout l'enthousiasme de mon enfance a refait surface! Le spectacle débutait mardi et s'achèvera dimanche. Ami, Elo et moi y sommes allées hier soir. Les artistes se produisant au théâtre Maisonneuve à 20h, nous avions rendez-vous à 19h30 pour prendre possession de nos places, dans le coin des pauvres, tout en haut de la salle. Notez que, à part quelques menus détails, nous n'étions pas si mal placées.

D'entrée de jeu, la mise en scène m'a étonnée: l'idée de départ était de placer deux personnages particuliers, un enfant et son "père", sur le côté de la scène, qui reproduisait, à petite échelle, la mise en scène qui se déroulait sur le côté. En somme, nous avions un agrandissement de l'action principale à côté d'elle. En fait, et j'ai appris ce détail en lisant le programme, il s'agissait de symboliser la rencontre entre deux mondes: le "père", danseur Belge, dont les contorsions ont provoqué de nombreuses grimaces de douleur dans la salle, et un mini moine "bouddhiste" de onze ans, le "fils", dont les acrobaties auraient fait pâlir de jalousie le plus souple des chimpanzés. Jusque là, pourquoi pas? La manière d'aborder l'espace est originale et, ma foi, fort intéressante. J'ai haussé un sourcil, cependant, quand je me suis aperçue que l'accessoire principal du spectacle était des grandes boîtes rectangulaires, desquelles entraient et sortaient sans cesse les personnages. En fait, il s'agit d'une œuvre d'un sculpteur Britannique Antony Gormley: les artistes en usent autant comme des légos, des dominos, bref comme des jeux d'enfants à échelle humaine. Pourtant, les voir ainsi entrer et sortir de ces rectangles me rappelaient un mauvais film de morts-vivants.

Tour à tour marionnettes, croque-mort ou moines, les danseurs, car ils obéissaient à une chorégraphie rigide, tournaient autour de ces boîtes comme s'il se fut agi de cercueils. Durant une heure, car le spectacle ne dura pas plus longtemps, les artistes poussaient des cris à intervalles réguliers, en réalisant des figures acrobatiques plus proches de la gymnastique que de Bruce Lee et un peu trop tous à la fois, sans organisation très définie, pour que nous puissions voir clairement ce qu'ils cherchaient à démontrer. En même temps, me direz-vous, Bruce Lee venait de Hong Kong et n'avais pas grand chose à voir avec les moines de Shaolin.

D'un point de vue général, nous n'avions peut être pas la meilleure place pour profiter du spectacle: lorsqu'ils tentaient d'amener un peu de suspense dans la mise en scène, cachant grâce à leurs cercueils debout l'arrière de la scène, nous voyions absolument tout car nous étions au plus haut de la salle. Un certain nombre d'aspects m'ont cependant déçue: outre les acrobaties, un peu trop de type gymnastique, les armes étaient, pour ainsi dire, tellement étranges que j'ai manqué éclaté de rire: la hallebarde, notamment, avait sa lame qui claquait au vent, révélant à tout le monde ses cris d'aluminium collé à un bâton de bois. La lance brillait de tous ses feux, avec beaucoup trop d'éclat pour être une matière solide originale. Le bâton, enfin, avait plus l'air d'une branche en mal de développement que d'une tringle à rideaux en bois.

-"Une tringle???"

Eh bien, oui. Le bâton qui est utilisé en Kung Fu White Crane ressemble plus à une grosse tringle à rideau qu'à un jonc de marais, comme celui qu'utilisaient les artistes, hier soir. En somme, la mise en scène était originale et le spectacle intéressant du point de vue strictement esthétique: certaines parties, comme celle où, en ombres, ils réalisent des formes de Kung-Fu rapide et précis, méritent le détour. Là où le bas blesse c'est au niveau du fond: les moines ont, semble t-il, jeté un sac de poudre aux yeux aux spectateurs en réalisant des roues sans les mains et en poussant des râles de mourant à chaque coup, mais ils n'ont jamais vraiment mis en valeur leurs qualités de combattant et de véritables adeptes de leur Art Martial, dans lequel, je n'en doute pas une seconde, ils doivent pourtant exceller. Bien-sûr, je suis peut-être trop exigeante: une Française (décidément, nous sommes partout), installée derrière nous, a ponctué chaque roue du spectacle par des : "oh" "ah""excellent"! Enfin, à la fin du spectacle, elle s'est exclamée:

-"oh non! C'est passé trop vite!"

J'ai alors eu envie de lui dire que, une heure, en effet, ça passe vite et que c'est pour cette raison que la durée classique d'un show, quel qu'il soit, est plutôt de une heure et demie. Mais il est bon de conserver ses illusions, dans notre monde, alors j'ai préféré la laisser dans sa bulle.

Bref, en définitive, même si je ne regrette pas d'avoir assisté à ce spectacle, je suis tout de même assez déçue du résultat. Comme quoi, parfois, le rêve est bien meilleur que la réalité et, inéluctablement, la magie des artistes est grandement liée aux attentes du public. L'une de mes amies, elle, a bien aimé parce qu'elle venait surtout voir un spectacle de danse et l'approche de rencontre des mondes occidentaux et orientaux était, pour le moins, bien rendue. De ce point de vue, il est indéniable qu'elle a été comblée. Quoique, si j'étais vraiment méchante je dirais que la danse était tout de même brouillonne, par moments, avec un manque de coordination sans doute volontaire mais qui rendait l'ensemble moins gracieux.

N'empêche, une roue sans les mains, c'est quand même classe...

5 novembre 2009

Distraction culinaire.

-"Mais tu ne cuisines pas?
- Ben... Je l'ai eu fait, dans mon jeune temps. Mais là, j'avoue, plus depuis une coupe de mois.
- Mais tu manges quoi?
- Du surgelé ou des céréales."

Le regard consterné de mon ami est à deux doigts de provoquer mon hilarité. Il est vrai que, tout en conversant avec moi, il se prépare rapidement un burrito fait maison sur un coin de table de notre bureau sans fenêtre. A partir de là, mes barres de céréales ne peuvent vraiment tenir la route au niveau culinaire. En outre, son étonnement n'est que le reflet d'une pensée somme toute générale: réaliser de la bonne cuisine pour bien manger est un plaisir non équivoque. Notez que, sur ce plan là, je me suis nettement améliorée depuis mes années sombres. J'apprécie certains mets plus que d'autres et je peux même, parfois, avoir envie de préparer certains plats. Pourtant, contrairement à la plupart des personnes, je ne voue pas un culte au "bien manger"et je peux, sans m'en soucier davantage que d'un prospectus publicitaire, me nourrir de barres de céréales ou bien du même plat durant des jours.

En fait, j'en conviens, cette attitude n'est pas la plus courante, ni la plus souhaitable. Elle est certainement une séquelle de mon rapport compliqué avec l'alimentation, lors de mon adolescence. Si j'apprends chaque jour à apprécier ce qui est bon, culinairement parlant, je n'ai pas encore accompli la démarche de rechercher cette qualité dans ma routine alimentaire. En fait, et c'est là tout un paradoxe, pour lequel j'aurais une théorie farfelue, si je voulais vraiment en donner une, je suis plus mauvaise en cuisine maintenant, alors que je la mange, que lorsque j'étais malade et que je m'échinais durant des heures à confectionner des plats auxquels je ne toucherai pas. Ma distraction habituelle n'aide en rien à l'amélioration de mes compétences culinaires: hier soir, par exemple, désireuse de confectionner un gâteau pour l'une de mes amies qui angoisse beaucoup pour la fin de sa thèse, je m'y attèle à presque 22h.

-"Tu n'as pas trouvé une heure plus tardive encore pour te lancer dans la pâtisserie?"

J'avoue, je ne me suis pas vraiment aidée sur ce coup là. Mais enfin, songeai-je, il n'y a certainement rien de plus basique qu'un gâteau au chocolat, je devrais réussir cette périlleuse mission en moins de temps qu'il ne m'en faudrait pour attacher mes lacets!

-"T'as vraiment des expressions étranges..."

Merci. ^_^Donc, des oeufs, de la farine, de la poudre d'amande, du chocolat et du beurre plus tard, ce que tous les livres de cuisine appellent l'"appareil" est prêt. Le tout, mélangé, est versé dans un plat et enfourné pour vingt minutes. Tout était parfait jusqu'à cette conversation malheureuse:

-"Oh! Tu as réussi à trouver du sucre! Il n'y en avait presque plus.
- ...
- Steph? Tu n'as pas oublié de mettre du sucre n'est ce pas?"

Mon regard est posé sur le sucrier, confortablement installé sur l'étagère. Non, décidément! J'ai beau tourner et retourner la scène dans ma tête, je ne me rappelle pas que mes mains soient entrées en contact avec sa surface lisse. Je baisse les yeux sur le gâteau que mon yankee préféré tient dans ses mains, prêt à le porter à sa douce. Il ne contient pas un gramme de sucre...

-"T'inquiètes pas. C'est l'intention qui compte. Il va être bon pareil, ton gâteau..."

Peut-être. Ou complétement immonde. Après tout, un gâteau au chocolat sans sucre perd beaucoup de son intérêt... Et après on s'étonne que je ne me lance que très rarement dans l'aventure de la gastronomie! Je sais: c'est en forgeant qu'on devient forgeron, affirme un autre proverbe idiot! Oui mais voilà: mon problème n'est clairement pas la pratique: je suis au courant qu'il faut un minimum de sucre pour qu'un gâteau soit appelé "gâteau". Non, mon principal handicap est un déficit d'attention crasse, communément appelé: la distraction. Face à ce manque, toute pratique s'avère un défi.

3 novembre 2009

Novembre déprime?

Novembre. On raconte, de ce côté de l'océan, que c'est le mois le plus désagréable de l'automne, voire de l'hiver. En fait, il laisse souvent place à une dépression générale au sein de la population: le ciel est gris, les immeubles sont gris, il pleut une pluie désagréable qui glace les os et pénètre, par un moyen des plus mystérieux, jusqu'aux creux des reins. En un rien de temps, le commun des mortels se retrouve réduit à l'état de Gaspacho et rien que l'idée de marcher pour rejoindre le métro, un coin de rue plus loin, lui paraît moins raisonnable que de tenter l'ascension de l'Everest un lendemain de brosse.

Pour ma part, certes, je grelotte juste à regarder les trottoirs humides de derrière la fenêtre, mais j'échappe encore au besoin irrépressible d'aller me pelotonner dans le coin en bas à gauche de mon lit, sous les couvertures. Je ne sais pas pour combien de temps, par exemple, car j'avoue que j'envie de plus en plus souvent le chat qui, depuis deux semaines, s'applique à s'enfoncer dans le moelleux de l'édredon, avec un air de béatitude quelque peu irritant. Il me vient toujours de sombres pensées mesquines lorsqu'il se met, littéralement, à ronfler à côté de moi. Je me demande si ça flotte, un chat, lorsqu'il choit malencontreusement dans une flaque de boue...

-"..."

Je plaisante, bien sûr...

Donc, la dépression de novembre: mythe ou réalité? Il est évident que le moral n'est pas à son meilleur: la disparition du soleil nous crée une carence marquée en joie de vivre. Peut-être est-ce aussi pour cette raison que certains de mes amis se jettent à corps perdu dans le travail? Après tout, quitte à soupirer, l'œil dans le vague, devant un climat digne de la région du Connemara, autant s'abrutir intelligemment. En outre, s'il nous vient l'idée saugrenue de vouloir nous distraire en arpentant les rues détrempées ou en allant au cinéma, il est devenu impossible d'échapper à la panique générale liée ... à la grippe. Ah! La fameuse grippe H1N1... A écouter les Média, nous devrions commencer tout de suite à ériger des Bunkers et à porter des masques à oxygènes à la journée longue. Après tout, c'est quand même pire que la Peste Bubonique! Enfin... L'épidémie et les millions de morts en moins, mais bon, c'est un détail. Je suis toujours impressionnée par les lavages de cerveau et les campagnes de peur que les gouvernements, peu importe les époques et les raisons, s'appliquent à mener auprès de leur population.

Mais bref: le sujet est trop éculé, trop redondant pour être abordé ici. Revenons donc à nos ovidés: la dépression hivernale. A défaut de pouvoir aller chercher le soleil dans le coin de la planète où il a décidé de prendre ses vacances, je m'applique à trouver de nombreux avantages à ce novembre mal aimé: la parution du tome 9 de De Cape et de Croc, la meilleure bande dessinée du moment, et la sortie du second volet de cette histoire romanesque, tellement à l'eau de rose que je me surprends à redevenir une ado romantique, qu'est Twilight ne sont que des exemples des bons côtés de cet avant-dernier mois de l'année. Et puis, il demeure les petits riens du quotidien: les amis, l'acharnement des cours de Kung Fu, les défaites humiliantes en Volley Ball, les matchs de hockey et la bière. Toutes ces choses qui font que, finalement, la pluie peut ne plus être si froide et le ciel si gris. D'ailleurs, bientôt, ce sera la neige et la poudreuse s'entassant en silence sur nos marches d'immeubles, ce sera les descentes en luge sur le Mont Royal et les glissades inopinées sur les trottoirs glacés. Alors, le gris du ciel se reflétant sur notre âme n'est plus que la prémisse de l'éclat diamanté qui nous attend: un genre de sas de décompression pour que nous soyons presque heureux d'amorcer les quatre ou cinq mois de neige! La Nature est bien faite, quand même... ;)

Force et Honneur, gang!