4 octobre 2009

Chapeau, Mr Tomson Highway pour "Une truite pour Enestine Shuswap"!

Le théâtre est un monde à part, un milieu de dur labeur, d'abnégation et d'investissement personnel pour quelques instants de gloire. Une pièce, ce n'est pas un film qui passerait au cinéma et qu'on pourrait se procurer en DVD, quelques mois plus tard. Chaque représentation est unique car les acteurs sont humains et ne peuvent toujours reproduire à l'identique une même émotion. Il s'agit de spectacles de passages, qui prennent l'affiche pour un soir, une semaine, un mois: peu importe! Il finit toujours pas cesser afin de passer à autre chose. Comme pour celle de mon ami, dont j'évoquais la tenue dans mon billet Faust, de passage à l'UQAM, une pièce de théâtre qui a su venir nous chercher, nous émouvoir, nous paraît toujours trop éphémère. Mais c'est également ce caractère passager, temporaire, qui la rend si précieuse. Elle met en pratique le redondant proverbe "profite du moment présent".

Hier soir, avec des amis, nous avons été voir, au théâtre Espace Go, une pièce originale: "Une truite pour Ernestine Shuswap" de Tomson Highway, traduite et mise en scène par André Brassard. Tomson Highway est un Cri du Nord du Manitoba: il est l'un des dramaturges autochtones les plus fameux en Amérique du nord et ce n'est que l'un de ses nombreux talents. Dans cette pièce, il met en scène quatre femmes Amérindiennes, se préparant à recevoir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, le 25 Août 1910. Il présente la détresse croissante de ces personnages, prisonniers de leur culture, qui se voient, chaque seconde un peu plus, restreints dans leur existence. Les actrices sont époustouflantes dans leur jeu: elles entrent pleinement dans leur protagoniste, et l'émotion est tangible. Elle gonfle, latente, tout au long des 1h55 de la pièce, avant de s'éteindre violemment dans un climax théâtral et de redescendre, tout doucement, pour tomber sur le sol aussi silencieusement qu'une feuille morte. L'histoire est poignante, les décors magnifiques, le jeu d'acteur maîtrisé, les chants merveilleux et je suis sortie de cette pièce, convaincue de sa réussite.

Pour avoir une idée d'un théâtre relativement méconnu, afin de profiter d'un moment intense, dans le but de découvrir un passage de vie trop souvent déformé, mais qui, cette fois, se plie aux exigences d'un spectacle haut en couleurs, je ne peux que vous encourager très vivement à aller voir cette pièce. Elle joue jusqu'au 10 Octobre et elle est vraiment un passage obligé.

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