7 octobre 2009

Le Sang des mots!

"Je t'aime."

Trois mots simples, supposés représenter le summum du romantisme et de l'Amour avec un grand "A". Sept petites lettres que, si l'on se fie à la croyance populaire et aux sites féminins, toute gente demoiselle qui se respecte attend, sa vie durant, de la bouche de son cher et tendre...

J'avoue: les mots sont jolis. S'ils sont prononcés par l'être aimé, ils provoquent certainement une douce sensation de chaleur tendre, un peu comme lorsqu'on mange un M&Ms, qui fond dans la bouche et pas dans...Bref! Pourtant, je ne peux m'empêcher de me demander quel sens ces quelques lettres attachées ensemble ont encore? Je m'explique:

Lorsque j'écoute ou je lis des commentaires de personnes autour de moi, que je ne connais d'ailleurs pas forcément, je remarque qu'il est devenu courant d'employer "je t'aime" un peu à toutes les sauces. Entre amis, amoureux, vagues connaissances parfois: le dire, c'est le dompter, c'est montrer qu'on assume ses sentiments et qu'on est relié à l'autre par quelque chose de solide. Combien de fois ai-je lu sur papier, sur le net, ou bien entendu, une personne dire à l'autre, fille ou garçon, un "je t'aime" enflammé par le goût de la liberté, par le besoin d'exprimer, là, maintenant, un attachement amical qu'on veut profond? J'ai pourtant l'impression que l'utiliser ainsi, en le jetant au visage de n'importe qui, n'importe comment, parce que nous sentons que, à cet instant précis, on peut se montrer excessivement libertaire avec ce sentiment, cela dénature le sens profond de ce que ces quelques lettres expriment. A force d'être utilisées partout, elles ne signifient plus rien ou, tout au moins, pas plus qu'une poignée de main ou une tape sur l'épaule. Son usage à l'overdose l'a vidé de tout son sens, plus efficacement qu'une sangsue.

Personnellement, je ne suis certainement pas la meilleure personne pour aborder cette question: j'ai beaucoup de mal à user de ces trois mots. Je vais plus aisément rédiger une lettre enflammée que prononcer ces sons aux couleurs de feu. Comme si leur sonorité pouvait me brûler par inadvertance, ou, plus exactement, comme si je salissais trop la beauté du message en le nommant. "Définir, c'est réduire" déclarait Oscar Wilde. Je semble me refuser à toute réduction du sens profond de ces mots. Alors, j'avoue, lorsqu'on est presque incapable de dire "je t'aime" aux êtres qui nous sont intrinsèquement proches, tels que notre famille ou notre amoureux, l'entendre prononcer en tout sens nous semble étrange. Cela ne veut pas dire que c'est mal: je serais bien mal placée pour faire ce genre de réflexion. Après tout, trop d'amour n'a jamais tué personne...Mais faut-il encore qu'il soit vrai, que ces affirmations, jetées comme autant de feuilles mortes un soir d'automne, ne soient pas un moyen détourné de meubler un vide sentimental, une absence de réflexion sur ce qui nous lie.

Bref, il s'agit sûrement d'un de ces phénomènes de société que je ne comprends pas. Un de ces moments de vie où je ne sais pas quel sens donné aux mots qui sont ainsi prononcés. Ou bien suis-je, tout simplement, subrepticement, devenue vieux-jeu.Tiens, oui! Ce doit être ça... Rien de bien surprenant, finalement. ^_^

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