31 août 2010

Dans la peau d'un pigeon du Web!

Dernièrement, vous l'aurez remarqué, je ne suis pas très prolixe sur mon blog. Et pour cause: je tente de terminer un (gros) chapitre de mes études et j'ai fait le choix de m'y consacrer presque exclusivement pendant les quelques mois qu'il me reste. Soit. Je demeure, cependant, la "ressource-Internet" de mes parents et je m'occupe de vendre leur maison ou encore du matériel agricole que mon papa n'utilise plus. Pour vendre vite, songeai-je, usons de ce bel outil qu'est le web pour toucher un maximum de personnes, à peu de frais. Oui mais voilà: pour le coup, on rejoint également quelques "accidents" (aussi connus sous le nom de "boulets") de société. 

Depuis plus d'un an maintenant, des annonces pour un tracteur, une scie géante, un bras gigantesque destiné à faire passer le grain et bien d'autres curiosités, héritées d'une exploitation agricole familiale, sont en vente sur quelques sites internet. Mon papa a reçu une dizaine d'appels en un an (gros succès...) dont les deux tiers provenaient de pays étrangers. Enfin, paraît-il. Car, voyez-vous, lorsque je reçois ce type de message, par mail:

"Bonsoir je vous remercie pour votre courrier.

Je vous confirme que je suis bel et bien intéressé pas votre offre.
Mais cela ce trouve que je suis pas dans votre pays moi je suis en Afrique et jais une société de vente de machine agricole sais pour cela je vous est contacter.
Veuillez me donner votre mode de payement afin que je puisse viser ma banque pour le virement si cela est t'il possible car sais plus sécuriser pour tout.
Veuillez me donner le prix de votre offre.

Dans l’attente de vous lire.

Mr Dupuis."

J'ai quand même bien envie de rigoler. Outre le fait que le Monsieur Dupuis (et pourquoi pas Dupont (ou Tremblay pour les Québécois) puisqu'on est dans les clichés?) affirme être en Afrique avec une adresse de courriel finissant par .fr, il me demande mes coordonnées bancaires parce que "sais plus sécuriser pour tout". La blague est drôle. Je me sens, curieusement, dans la peau d'un pigeon. Un gros pigeon gris et niais, qui confond un mégot de cigarette avec un vers dodu. Remarquez, il aurait pu faire pire dans l'arnaque grossière: il pouvait se faire passer pour un riche héritier d'un minuscule royaume d'Afrique noire désireux d'acheter tout mon matériel agricole pour permettre à ses sujets de survivre. Genre.

Bon, comme je suis une enfant bien élevée et qu'il faut toujours laisser le bénéfice du doute aux truies, je lui ai répondu fort poliment que, à moins qu'il trouve le moyen de venir voir le tracteur et de le payer lors de la prise de possession, il n'y aurait pas de transaction possible parce que, de toute manière, mon bon vieux Zetor ne roulera pas jusqu'en Afrique. Il ne sait pas nager. Faut pas déconner: c'est un tracteur, tout de même. 

Bref, une fois encore, le niveau des arnaques sur Internet me laisse pantoise. Je ne sais pas si ça fonctionne vraiment pour "Olivier Dupuis" mais, si oui, (après tout, il fait l'effort de répondre à une annonce. C'est presque plus crédible que les chaînes pour accueillir généreusement les millions d'une riche princesse de Findumonde), et si j'étais à sa place, j'en profiterai pour me payer des cours d'orthographe. Histoire d'avoir l'air un chouya plus "patron de société agricole". 

Internet, on ne le dira jamais assez, c'est chouette à bien des égards: on n'est jamais loin de nos proches et on a accès à une montagne d'informations, parmi lesquelles, d'ailleurs, le tri est parfois difficile. Malheureusement, chaque médaille a son revers et on n'est jamais très loin non plus des "accidents" de la société.

26 août 2010

Un Génie pour mes 28ans?

Eh bien voilà. 28ans et toutes mes dents. Je me rapproche de la trentaine avec l'impression d'en avoir 22 car, en définitive, rien n'a vraiment changé depuis cet âge-là. J'étudie (encore!) et mon principal souci est de tenir mes délais pour rendre mes parties de thèse. Autant dire que la révolution de mes 28ans passe aussi discrètement dans ma vie que l'élection du dernier chanteur à succès dans l'émission "La Nouvelle Star".

En fait, j'exagère. Il ne s'est pas, à ce point, "rien passé" depuis mes 22ans. J'ai rencontré des gens merveilleux, j'ai commencé le Kung Fu et je suis plus proche de finir ma thèse que je ne l'étais il y a six ans, où je ne projetais que timidement d'en commencer une. Rien que par rapport à l'année dernière, nombre de choses ont changé. Je suis clairement mieux dans ma tête et dans ma vie, je sais ce que je veux faire et où je m'en vais et si tous les coins sombres de ma tête ne sont pas encore dépoussiérés, il y a quand même eu un gros ménage de fait. Bref, si mes 28ans ne me paraissent pas signifier grand chose, en regard de ma vie d'étudiante perpétuelle, c'est sûrement parce qu'ils prendront tout leur sens lorsque je franchirai les portes du secrétariat de mon département d'université, croulant sous le poids des exemplaires de ma thèse. Là, oui, je vais réaliser qu'un chapitre important de ma vie est sur le bord de se terminer.

L'autre jour, je lisais un article dans Science et Vie sur la capacité du temps à passer plus ou moins lentement, selon l'âge que nous avons. Jusqu'à nos vingt ans, à peu près, il se traîne. Nous aimerions qu'il aille toujours plus vite pour pouvoir avoir une voiture, un appartement, une indépendance quelconque. Après nos vingt ans, on commence à réaliser qu'à force de le presser, nous ne sommes plus capables de l'arrêter. Il s'enfuit en silence, sans même prendre le temps de nous laisser souffler un peu. Le temps n'a plus le temps d'attendre. Personnellement, je suis un peu entre deux mondes: j'estime, en effet, qu'il va trop vite en général mais je ne peux m'empêcher de souhaiter qu'il fasse une petite dernière accélération jusqu'au dépôt final de ma thèse. Comme si la fin de celle-ci dépendait de lui... Sait-on jamais? Cela peut-il constituer un cadeau de fête? ^-^

Non. Si je devais faire un vœu pour ma fête, ce serait d'obtenir le travail que je désire tant, au sein de l'ONU ou de l'UNESCO. Après tout, il ne faudrait pas gâcher un souhait de fête pour une chose que je suis capable de réaliser par moi-même. Tiens, peut-être pourrais-je demander une lampe à huile, à Jules, pour mes 28ans. Une très très très vieille lampe à huile, qui nécessiterait beaucoup de frottements pour lui rendre son éclat! ;) Je suis peut-être encore une enfant, finalement.

22 août 2010

Green Day à Montréal: vous avez dit "charismatique"?

Ma première réaction lorsque Jules m'a proposé d'aller voir Green Day dans le vieux port de Montréal a été:

-"C'est qui, ça?"

Lorsqu'il m'a un peu présenté l'affaire, je me suis dit que j'allais vivre une douloureuse expérience pour mon agoraphobie latente. Un vieux groupe dont les chansons passent à la radio, cela sonne un peu comme "une tonne de fans entassés dans un petit espace". Devant l'argument indiscutable de Jules ("ce serait le fun que tu sortes avec nous pour une fois!"), je passai outre mes angoisses et me préparai à découvrir Green Day avec 100 000 autres personnes autour de moi. Le jour J, hier, histoire de vraiment finir de miner mon enthousiasme timide, il pleuvait. En fait non, il bruinait. Une espèce de petite pluie agaçante qui mouille toutes les parties de ton corps alors qu'elle n'est même pas capable d'arroser tes plantes. Bref, second argument imparable de Jules: 

-"Au prix où sont les billets, on y va, qu'il pleuve ou pas!"

Certes. Nous voilà donc en route pour le Vieux Port. Le concert en lui-même, hors première partie, commençait à 20h. Nous sommes arrivés sur place à 19h30 et, première surprise, il n'y avait pas tant de monde que ça. Bon, tout est relatif, mais disons que, comparé à mon expérience au Centre Bell avec les Jonas Brother, mon agoraphobie latente me trouvait petite joueuse. (Nous ne nous sommes pas jetés dans le coeur de la foule non plus, il faut dire. Faudrait pas pousser trop loin ma résistance à la multitude!) Le public n'était pas très jeune, entre 30 et 50ans, dirais-je, avec parfois leurs petits  sur les épaules. Quelques adeptes de métal de ci- de là et beaucoup d'anciens rebelles rangés (genre, couverts de tatouages mais avec un jean et un tee-shirt classique, et deux petits enfants blondinets dans les mains). Ce qui frappa le plus Jules, c'est qu'on ne vendait pas de bière sur le site. Personnellement, vu mon rapport houleux avec l'alcool, je trouvais ça plutôt bien. Bref, et le spectacle?

En toute honnêteté, je l'ai trouvé excellent. Vraiment. Le chanteur est charismatique jusqu'à la pointe des cheveux et le groupe au complet est en harmonie avec la foule. Leur plaisir sur scène transparaît sur leurs visages et ils n'ont pas l'air de jouer vite-fait bien-fait parce que ça rapporte du cash et ça fait vendre des albums. D'ailleurs, ils ont joué trois heures. Trois heures complètes à courir partout, à chanter, à jouer, à partager, au sens propre, avec la foule en liesse. Le chanteur, Billy Joe, faisait quelques blagues, a fait monter des enfants sur la scène et leur a fait faire un saut dans la foule. Il était amusant. Il a même laissé un groupe du public monter sur la scène avec eux et pendant qu'ils chantaient et jouaient, les gens se baladaient, se prenaient en photo avec eux, dansaient, bref on avait presque l'impression qu'il se produisait un léger débordement. Mais non. Tout s'est bien passé. Billy Joe jouait littéralement avec son public et cela le rendait d'autant plus sympathique. Il a demandé si un chanteur se trouvait dans l'assistance et un jeune homme est monté chanter une chanson à sa place, pendant que lui jouait de la guitare. Le chanceux chanteur en herbe a mis toute son énergie et son talent pour chanter et cela a payé: la foule était conquise et Billy Joe sûrement aussi car, à la fin, il lui a donné sa guitare électrique. Une vraie, là. Je pense, honnêtement, que la soirée du jeune homme était faîte! ^-^

Bref, la soirée était excellente et, quoique 3heures debout, c'est long, Jules et moi sommes restés captivés tout le long du spectacle. Green Day a démontré tout l'intérêt du concert par rapport au CD: un telle énergie, un tel partage avec son public, un tel charisme sur scène sont sans aucun doute des merveilles à voir. Pour ma part, j'ai été conquise! Et même si Green Day, à priori, n'était pas mon groupe préféré, sa prestation sur scène l'a éclairé d'un jour nouveau. Lorsque j'entendrai à nouveau sa musique, ce ne sera jamais plus "une chanson qui passe à la radio"!

Félicitations au groupe. Vraiment.

16 août 2010

Le Chien-Jouet en mal d'amour.

Oui, encore un billet sur les chiens. En fait, c'est plus un article sur leurs "propriétaires" que sur nos amis canins. Mettons que j'ai été profondément choquée de certains comportements ou raisonnements que j'ai pu découvrir sur Internet. Dans quelques semaines, ce sera les soixante ans du papa de Jules. Soixante ans, retraite, campagne, marche quotidienne: Jules songea qu'un chien serait peut-être le parfait compagnon pour cette nouvelle étape de vie. Bon, bien-sûr, il fallait l'accord de l'intéressé avant d'entreprendre toutes les démarches mais, souffrant de puérilité chronique lorsqu'il s'agit de chiens, je me mis à prospecter un chien-pantoufle, dès fois que son adoption soit entérinée par qui de droit. Ce ne fut pas le cas. Déception, certes, mais ce n'est rien comparée à ma colère portant sur certaines annonces que j'ai pu trouver. J'en cite quelques-unes de mémoire:

"Vends chiot 3 mois, cause: j'habite dans un 4 1/2 au 2e étage et je n'ai pas la patience de m'en occuper, 100$"

"Vends chiot 4 mois, cause: vente de maison subite et déménagement dans un condo. 250$"

"URGENT! Vends chien 11 mois 250$, si personne d'ici trois jours, je vais l'euthanasier."

...

Trois cas de figure qui reflètent, à peu de choses près, le niveau d'absurdité de certaines personnes. Honnêtement, je n'aime pas juger les gens, surtout sans les connaître (comme mon billet sur l'arrogance le souligne), mais franchement, sur les centaines d'annonces de cet acabit sur Internet, c'est difficile de prendre du recul. Sérieusement, La dame A, avec son chien de 3 mois, elle vient d'allumer qu'elle habitait dans un 4 1/2 au 2e étage? Un chiot, ça s'adopte à deux mois! Elle vient de l'accueillir! Il ne doit même pas savoir encore comment il s'appelle qu'elle vient de remarquer que, non, décidément, ça bouge trop un chien! Mais chrisitie, elle croyait quoi? Qu'un chiot cute, ben ça se pose sur le canapé, et quand on en a envie, qu'on a le temps, qu'il fait beau et que les cerisiers sont en fleurs, ben on peut aller prendre une marche avec? 

Franchement, je trouve ça honteux! Pareil pour Madame B: "vente subite de maison"... Genre, elle s'est levée un matin et un type lui a donné un chèque pour qu'elle s'en aille? Ça fait plus de six mois que j'essaie de vendre la maison de mes parents: si c'était une affaire de 24heures de vendre une maison, ça se saurait! Et quand bien même ce serait dû à une histoire plus "triste", du fait de la perte d'un être cher ou d'ennuis financiers, le chien mérite t-il d'être tassé sur le bord du chemin comme un sac de patates? Il est vivant! Allo! Je sais bien qu'il ne faut pas tomber dans l'extrême inverse et devenir gaga de son compagnon. Un chien est un chien et une poussette ne sert absolument pas à promener un animal (quoiqu'en pensent certains propriétaires de mini-canidés). Mais ça ne veut pas dire que ce sont des objets ou des jouets. Ils ne sont pas juste "cuuuuuttteeeeeesss": un chien, ça grandit, ça a besoin de se promener au moins deux fois par jour, de jouer, de dormir, de manger (beaucoup), de chier (et faut ramasser en ville), etc... C'est pas un Tamagotchi! Tu ne peux pas enlever les piles quand tu en as marre de jouer avec et tu ne peux pas le déposer comme un morceau de viande sur une place de marché, voyons donc! (Objectivement, cependant, en l'absence de toute information complémentaire, la Madame B. est celle qui mérite le plus le bénéfice du doute quant à ses motivations.)

Cela m'amène à l'annonce de Monsieur C et sa menace de tuer son chien si un quidam ne lui file pas, là, dans les trois jours, 250$ pour le reprendre. Là, j'ai des nausées. Non seulement le père C n'assume pas son chien qu'il vient d'adopter il y a même pas un an mais en plus il EXIGE que quelqu'un le paye aussi cher qu'un chiot pour compenser les frais qu'il a eu jusqu'ici. Mais c'est que personne ne l'a obligé à l'adopter, le chien en question. Le culot de Monsieur Chose ne s'arrête pas là: il culpabilise les potentiels intéressés en mettant un délai dans son annonce. Si personne ne prend son animal avant cet ultimatum, ils seront tous un peu responsables de sa mort, finalement, d'après son raisonnement. Sérieux? Non je veux dire qu'il veuille se débarrasser de son chien, c'est une chose (que je condamne mais c'est son problème), mais qu'il fasse du chantage aux autres (payez-le sinon je le tue) et qu'il veuille de l'argent en échange, ça me dépasse. C'est parce que c'est pas un libre-service l'euthanasie, t'sais, Chose? Tu rentres pas chez le véto avec ton chien de même pas un an en lui disant: "ch'ui tanné, il est poilu. Tuez-le." Faut que tu payes, que tu remplisses un formulaire pis tout, là! (Ahahah! Jeu de mot: un formulaire pis tout... un formulaire pitou! ... Ok, je sors! ;) )Ça va te coûter une centaine de dollars. A ce compte-là, donne-le ton chien! Alors, certes, une théorie douteuse prétend que celui qui paye un animal aura plus respect pour lui que celui qui le récupère. Bon, entre nous, cette théorie est archi foireuse: quiconque respecte la vie, respectera l'animal, qu'il l'ait acheté ou qu'on lui ait donné. Pour les autres, c'est ni plus ni moins qu'acheter un jouet. Et un jouet, quand on n'y joue plus, ben on le jette. Payé ou pas.

Bref, c'était mon petit coup de gueule sur ces annonces qui pleuvent sur Internet et qui m'horrifient. Le pire, c'est que ces gens là écrivent en toute candeur des phrases comme "je n'ai pas la patience de m'en occuper" ou encore "je vais le tuer si personne ne l'achète". Genre, c'est normal. On s'en fout, ce ne sont pas des êtres humains au cerveau sur-développé et à l'intelligence notoire. Ils sont incapables d'émotions, les animaux, c'est bien connu, pas comme nous, les Hommes! 

...

C'est pas un sujet qui fait pleurer dans les chaumières. D'aucuns diront sûrement qu'entre ça et les enfants qui meurent de faim, y a pas photo: c'est superficiel. Peut-être. A mes yeux, cependant, c'est juste révélateur de notre respect de la vie. Lorsqu'on est capable d'acheter tout et n'importe quoi avec notre argent, on perd notre humilité et notre respect des autres, de la nature, des animaux. Tout nous est dû. On veut bien concevoir que d'autres existent et qu'il faut nous remettre en question mais après notre émission de télé, après notre pizza-bière et après notre vie confortable. Après.

12 août 2010

De l'insignifiance de certains regrets pourtant si douloureux.

Bientôt vingt-huit ans. Il paraît que ce qui nous fait vieillir, ce n'est pas le temps qui passe, c'est le poids des regrets qui s'accumule. Je dois être quand même un peu vieille. Des regrets, j'en ai de toutes les sortes: des gros, des petits, des rouge-sang, des noirs-ténèbres. C'est un peu comme une collection, mais une collection pas le fun, mettons. Parce qu'un regret a une vie propre. Je veux dire: ce n'est pas parce qu'il vient de se poser sur votre épaule, avec les autres, qu'il va se contenter de faire une sieste en vous fichant la paix. Non, ce serait la honte, pour un regret, de ne pas nous faire regretter régulièrement. Il est toujours là pour gratter la croûte et être certain que votre plaie ne cicatrise jamais complétement. Puis, comme ils s'en viennent pas mal nombreux sur mes épaules, ils se relaient: toujours un au poste pour raviver telle ou telle douleur, de l'insignifiante à celle qui vrille votre estomac douloureusement. Aujourd'hui, je vais vous conter le regret qui vous paraîtra, certainement, la plus insignifiant de tous et qui, pourtant, continue de me hanter avec plus ou moins de vigueur. 

Je suis une fille un peu quétaine alors j'ai un petit gargantuesque sentiment d'affection envers pas mal tous les animaux du monde. (Jules refuse encore d'adopter un ours polaire mais il va craquer, je le sens bien!). Question de proximité et d'accessibilité peut-être, j'ai une nette préférence pour les chiens. A peine perceptible pour le commun des mortels, attention: entre mes cris de gamine de quatre ans devant tous les autres animaux, il est difficile de déterminer lequel est mon favori. Mais c'est un fait: les chiens, les gros et pantouflards chiens, c'est la compagnie animale que je préfère. Il y a huit ans maintenant, j'en ai eu un. Bounty que je l'ai appelé. Enfin, après une semaine: il s'est d'abord appelé Frosties, Locke, Frimousse et j'en passe. Bref, Bounty lui est resté. (En dehors de ses douze surnoms et diminutifs, bien-sûr). Mon Bounty, c'est un Golden Retriever et il gagnerait des prix s'il existait un concours du chien le plus feignasse sur cette planète. Pour vous donner une idée, lorsque je voulais aller le promener avant d'aller travailler, le matin, alors que la nuit avait du mal à s'en aller, il refusait tout simplement de sortir dans le noir. Trop tôt, qu'il semblait penser le chien-pantoufle, en retournant se coucher dans un soupir. Bref, Bounty, je l'ai gardé un an et demi avec moi. Puis (attention, mon regret s'en vient!) je suis partie un an (en tout cas, c'était ce qui était prévu) au Québec, en échange universitaire. J'ai hésité à le prendre et puis j'ai eu peur de lui faire prendre l'avion. Bête peur que je regrette aujourd'hui. Un an, me disais-je, c'est vite passé et je savais que mon papa en prendrait soin. 

Oui mais voilà: un an plus tard, je retournais au Québec et mon papa me fit remarquer que ce serait égoïste de traîner mon chien là-bas, alors que je revenais l'année suivante. Je cédais.  Phase deux de mon regret d'aujourd'hui. Je l'ai récupéré l'année suivante, à Paris, mais il était trop tard. Mon papa, pour diverses raisons qui lui sont personnelles, ne souhaitait pas que je le reprenne. Du coup, il ne cessait de dire que mon chien était malheureux avec moi à Paris, que chez lui, c'était dans le sud, là où il pouvait courir librement dans les champs. Objectivement, sa vision se défendait: j'étais partie deux ans, Bounty s'était habitué à la liberté (quoiqu'il n'est pas non plus un monstre de dynamisme et qu'il continue à dormir plus souvent qu'autre chose) et le prendre avec moi était égoïste. Bref, le temps a passé ainsi et aujourd'hui mon chien a huit ans et n'est plus vraiment mon chien. Enfin si, il l'est dans mon cœur mais pas dans les faits. Assez curieusement, il me manque beaucoup. Au fond, tout cumulé, j'aurais passé trois ans avec lui mais une semaine, un jour, une heure m'avait suffi pour m'attacher. Mon regret, c'est de ne pas l'avoir emmené avec moi la première année. Si je l'avais pris, il serait toujours avec moi et non pas "heureux avec quelqu'un d'autre". Je m'exprime peut-être mal. Je suis sûrement égoïste de penser ça parce que, finalement, c'est à moi qu'il manque. Lui semble parfaitement heureux. Au bout de tant d'années, vous pensez, je ne suis pas grand chose dans ses souvenirs. Au fond de moi, je sais que mon papa n'a pas eu conscience de ce qu'il me disait, qu'il pensait sincèrement que mon chien était plus heureux avec (et rendait plus heureux) la personne qui le gardait plutôt qu'avec moi et ma vie de nomade. Mais, bêtement, j'ai l'impression d'avoir perdu un bout de moi et ma grosse boule de poils me manque souvent. Aujourd'hui par exemple.

Alors, vous voyez, ça, c'est un regret quétaine, en apparence. Ce n'est pas un regret qui aurait changé le monde et le fait de ne pas prendre mon chien dès le premier voyage n'aurait pas sauvé des vies. C'est comme ça. C'est presque bizarre de se sentir malheureuse pour ça, non? Pourtant, Bounty me manque. Et si c'était à refaire, je ne referais pas comme ça.  Mais il est trop tard, maintenant. Comme quoi, l'importance des choses est relative, elle aussi.

9 août 2010

Facebook: le mythe de l'avaleur de temps.

Alors que je passe actuellement toutes mes journées ( au sens large! C'est à dire qu'elles débordent un peu sur l'aube et un tantinet sur la soirée) sur ma thèse, quelque peu angoissée à la perspective de ne pas remplir mes engagements dans les temps, je me souviens avec un brin de nostalgie amusée d'une discussion précédemment eue avec mon Yankee préféré, il y a déjà quelques mois. Mon ami, souffrant d'une allergie incurable aux joujoux du web moderne, principalement au très populaire Facebook, m'avait soumis un article accusant ce type de site de grignoter le temps de ses adeptes. En gros, le dit article soutenait que tout le temps que les Facebookiens passaient sur leur page était du temps retranché à d'autres activités cybernétiques ou ludiques, telles que le blog, le courriel, la lecture de la presse ou la confection de tasses en terre cuite. 

A l'époque, je m'étais étonnée de ce raisonnement car, fondamentalement, sur Facebook, mis à part mettre à jour son statut à chaque fois qu'on réalise un petit exploit digne d'être connu, selon nous, publier des photos de nos vacances à Perpette-Les-Bains une fois par an et jouer à Tétris en ligne, il n'y a pas de quoi passer des heures "actives" dessus. Je précise "actives" car je pense qu'une nuance doit être apportée quant à l'usage de Facebook: fondamentalement, si l'on se base sur le temps où ma page Facebook est ouverte, je ne dois pas être loin de de la dépendance. Et pour cause, travaillant sur ma thèse, donc sur mon ordinateur, j'ai la fenêtre ouverte en permanence, aux côtés de ma boîte mail. Mais je n'y suis pas plus ou moins active que la dite boîte mail. Je veux dire: l'avoir ouverte est pratique car je peux prendre connaissance immédiatement des messages qui me concernent, comme pour ma messagerie, mais cela ne signifie pas que je suis engagée dans une partie de douze heures de Tétris. Facebook n'est, ni plus ni moins, qu'une plateforme de communication en temps réel qui permet de communiquer avec plusieurs personnes à la fois d'une manière plus originale que le simple mail. A mon sens en tout cas. Sorti de là, je vois mal comment on pourrait véritablement avoir une dépendance à ce site qui nous ferait oublier toutes nos passions. Clairement, je ne me suis jamais dit: tiens, je n'ai pas le temps de lire ce livre, je dois aller voir si mes "amis Facebook" ont des mises à jour! De la même manière, l'utilisation que j'ai de ce site n'a rien à voir avec ce que je peux écrire sur mon blog... De fait, je ne peux que m'étonner de ce type de raisonnement. Ce n'est pas parce qu'on mange un yaourt qu'on ne voudra pas de pommes, me semble! (Et oui, pour répondre à mon Yankee préféré, je viens d'inventer cette phrase! ;) )

Bref, pourquoi parler de ça plus de deux mois après le débat? Eh bien, alors que je suis sur le point de me métamorphoser en clavier d'ordinateur et que mes yeux sont sur le bord de quitter le navire, las de regarder défiler des pages de texte à la recherche d'une erreur, je souris en repensant au point de l'auteur de l'article. S'il veut savoir ce qui m'empêche de me consacrer à mes autres passions, le philosophe du web, je pourrais le rassurer immédiatement: ce n'est point Facebook, mon avaleur de temps, c'est ma thèse. Clairement.

Bon. "Back to Work" comme dit mon Yankee préféré! ;)

1 août 2010

Viaje en Cuba, deuxième (ou première) partie.

Deuxième jour de narration de nos aventures Cubaines. Notez que ma capacité de concentration est quelque peu réduite en ce dimanche après-midi, résultat d'un lever pour le moins matinal à 6h45 du matin. Certes, Jules et moi avions pris un rythme de poule depuis quelques temps mais il fallait une petite fille de deux ans et demi pour nous montrer le véritable sens du mot "tôt". J'aurais du m'en douter, la veille, lorsque ma nièce a réclamé d'aller se coucher une heure avant celle du coucher habituel, que toute médaille a son revers et que toute soirée pépère dès 19h20 se paye. Bref, on ne pourra pas me reprocher d'avoir gaspillé mon dimanche en grasse matinée inutile. 

Où en étais-je restée de notre remontée dans le temps à Cuba? Ah oui! La visite de la région de Cienfuegos. C'est dans cette province que se trouvait notre hôtel tout-inclus qui nous servait de point de départ et d'arrivée à Cuba: le Rancho Luna. Nous n'y avons pourtant passé, en tout et pour tout, que quatre journées complètes. Le reste du temps, et notamment la première semaine, nous n'étions, pour ainsi dire, presque, voire complètement, jamais là. Arrivés un vendredi, en effet, nous le quittions dès le lundi pour nous rendre à La Havane. Nous nous sommes greffés à un groupe de touristes qui s'y rendait en avion et les avons abandonnés une fois parvenus dans la capitale. La Havane est une grande ville qui n'en a pas l'air. Sur le bord de l'Océan Atlantique, la plupart de ses grands édifices voient leurs couleurs ternies par les aléas climatiques et le sable. Lors de notre passage, beaucoup de monde s'affairaient à repeindre leur façade afin de cacher un état précaire des murs extérieurs. L'intérieur, par contre, offre généralement un confort et une décoration appréciables, quoique parfois un peu kitchounet (ou quétaine, comme on dit par ici.). Nous sommes restés trois jours dans la capitale, le temps de découvrir les charmes de la vieille ville, des groupes de musique dans les cafés et le caractère beaucoup plus froid de la partie moderne. Nous avons aussi pu apprécier les talents de beaux-parleurs de certains Cubains: quoique nous savions que beaucoup tentent de vendre de faux cigares à de crédules touristes dans la rue, nous nous sommes laissés prendre au piège. Il faut dire que nous sommes particulièrement crédules et nos "amis" nous vantaient les mérites de la coopérative populaire qui leur permettait d'avoir des vivres, s'ils ramenaient des clients, surplus précieux en cette période difficile. Une fois sur place, il ne nous fallut pas longtemps pour comprendre que la vieille table sous une cage d'escalier, en arrière de deux immeubles en ruines, n'avait rien d'un magasin de coopérative. Il fallait bien se faire prendre une fois: voilà qui était fait! 

Outre ce petit incident sans gravité, nous avons rencontré de charmantes personnes, notamment dans les Casas où nous habitions, forme de logement chez l'habitant dont les hôtes se mettent en quatre pour vous aider. Quitte à être à Cuba, nous avons aussi voulu passer, au moins une journée, sur une plage de sable blanc au bord d'une mer azur, à taquiner le poisson clown et à chasser l'étoile de mer. Nous avons opté pour Cayo Largo del Sur et nous n'avons pas regretté. Armés de nos masques et tubas, nous avons passé une journée dans l'eau, à nous émerveiller comme des enfants. Un peu comme le soir suivant, lorsque nous vidions nos pots de lait après-soleil sur nos corps plus rouges qu'un homard trop cuit. Ma maman en aurait la migraine si elle le savait. Pour notre défense, nous avions mis toute la crème écran solaire nécessaire pour un petit soleil normal mais nous n'avions pas l'expérience de "la plage de film". Chose faite. Pour nous remettre de cette journée plage et Iguanes (car il y avait des iguanes!), nous sommes partis pour Vinales (qui s'écrit avec un truc sur le n mais mon clavier n'a même pas les accents français alors vous pensez bien que les espagnols demeurent un concept assez flou...). En clair, un morceau de jungle entouré de montagnes verdoyantes. Un coin réputé car il servit au Che de base de repli durant les débuts de la guerre froide. Là bas, nous avons goûté à la Nature et à la vie des campagnes Cubaines. Nous avons fait du cheval dans la vallée et rencontré un planteur de Tabac qui nous a expliqué les fondements de la fabrication du cigare. Et du Coco Loco. Très bon d'ailleurs. Bref, la semaine s'est envolée sans un bruit et nous sommes repartis, au petit matin du dimanche, vers Cienfuegos et la ville de Trinidad.

De tout le voyage, c'est certainement la semaine que j'ai préférée. Elle nous a donné un rapide, certes, mais agréable aperçu de Cuba, urbain et agricole, moderne et rustique, tel que nous ne l'oublierons pas. Cela n'enlève rien au plaisir de la nage avec les dauphins et des visites dans la région de Cienfuegos. Mais c'était différent, un autre charme qui m'est peut-être très personnel. Après tout, il y a dans cette semaine d'escapade un petit côté sans attache, libre de partir quand  et où bon nous semblait, qui parait si cher à mon cœur.