8 octobre 2009

Quête Humanitaire

"Faîtes que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve".

Clamait Saint Exupéry. Heureux homme qui a cherché à nous donner un peu d'espoir quand la vie elle même ne semblait plus y croire. Cela dit, pour ma part, j'aime beaucoup cette citation: elle me donne l'impression que rien n'est impossible, puisque le rêve peut vaincre la vie plate et sans but de notre quotidien... Enfin, dans un monde idéal: il est évident que nous aurons toujours plus de facilité à réaliser nos rêves que le petit garçon des bas fonds de Bogota...En même temps, lui, il ne l'a sans doute jamais entendu cette phrase de Saint Exupéry. Que le monde est bien fait, quand même!

-"..."

Ouais, je m'excuse. Une soudaine envie de cracher dans ma soupe intellectuellement: après tout, je râle contre les injustices sociales, contre l'inégalité des chances et la misère dans le monde, confortablement installée dans un siège de bureau, au chaud, en contemplant d'un air las, à travers la vitre de ma fenêtre, les feuilles mortes de l'automne qui entament leur course vers leur destin: devenir du humus. Il est tellement aisé de se plaindre du monde quelques heures par jour, voire par semaine, avant de reprendre notre quotidien confortable. En même temps, tout quitter pour aller vivre en sac à dos sur la montagne Hu-Chan au fin fond du Tibet ne changera pas la face du monde. Alors que faire?

J'ai eu, un jour, une discussion assez connexe avec mon yankee préféré: il m'expliquait qu'il n'aimait pas vraiment le concept des missions humanitaires car elles avaient un relent de colonisation et de supériorité. Je comprends un peu ce qu'il veut dire mais je ne suis pas tout à fait d'accord. En fait, j'en conviens, débarquer dans un pays avec notre savoir, nos moyens et toute notre arrogance en prétendant venir, sinon civiliser (on ne fait plus ça, voyons! ...), du moins "aider" les populations en difficulté, alors même que nos propres gouvernements, très souvent, cautionnent les instabilités politiques et les guérillas, cela donne un arrière goût impérialiste. Pourtant, ne rien faire n'est pas mieux. Au fond, il est trop tard pour militer pour la non-ingérence dans les autres cultures: les Européens des siècles derniers ont déjà fucké le chien", comme on dit par ici. (Notez la finesse de cette expression qui me laisse toujours un sourire aux lèvres...)Ce serait presque pire, à mon sens, sous prétexte que nous ne voulons pas prétendre arriver avec la Vérité avec un grand "V", de les laisser se débrouiller avec les vestiges de civilisations qu'on a piétiné pendant des siècles. Alors, certes, les missions humanitaires sonnent un peu comme un moyen pour nous, êtres chanceux du monde riche, de nous déculpabiliser face à l'inégalité sociale. En allant construire une école dans un quelconque pays défavorisé, on peut oublier le sans-abri qui quête tous les matins devant chez nous. Mais on peut aussi vouloir compenser un jeu de hasard: rien ne nous garantit que nous n'aurions pas pu naître dans la partie moche du monde et faire douze kilomètres à pied pour aller prendre un verre d'eau. De fait, face à ce coup du sort qui a, cette fois, joué en notre faveur, aller jouer les bons samaritains à l'autre bout du monde correspond à un rééquilibrage des forces... De toute façon, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir et l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Chacun perçoit les choses différemment et trouve le moyen de justifier son existence à sa façon. Râler dans son fauteuil au Canada est déjà un premier pas qui montre une prise de conscience des réalités qui nous entourent. Après, ce qu'on en fait, c'est une autre histoire.

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