20 août 2012

On ne nous volera pas notre liberté de penser!

Ils recommencent. Une autre élection, les mêmes réactions. Pourtant, on aurait pu penser qu'ils auraient appris de leurs erreurs, après le résultat des élections fédérales et la fameuse "vague orange" qui a créé des palpitations cardiaques à tous ces pseudo journalistes, analystes ou autres qui se flattent de titres ronflants pour faire passer leurs idées à la télévision ou dans les journaux. N'y aura-t'il jamais personne pour leur rappeler où est leur place? Pour leur rappeler que même s'ils pensent fortement qu'un parti ne sera jamais élu pour x ou x raison, ils n'ont pas à l'affirmer comme si c'était une vérité nue dans le cadre de leurs fonctions? Ou alors, ils n'ont qu'à écrire des blogs ou des chroniques: ils pourront nous y raconter leur dernier tournoi de golf et leurs opinions politiques. Personne ne trouvera à y redire. Mais dans la peau du journaliste, on ne veut pas les connaître. Qui sont-ils, eux, pour affirmer que Québec Solidaire ne sera jamais élu? Ne seraient-ils pas les mêmes qui affirmaient, en 2011, que le NPD n'avait aucune chance au Québec avant de se rendre compte, au fur et à mesure que les sondages sortaient, qu'ils n'avaient rien compris? S'en était suivie alors une myriade d'explications bancales allant du jugement de valeur ("les Québecois aiment être dans l'opposition") à l'auto-justification à peine voilée d'affirmations précédentes sur l'incapacité du NPD à être élu. On est en train de vivre la même chose, au palier provincial cette fois, avec le petit frère du Parti Orange - Québec Solidaire. 

Hier, il y a eu un débat entre quatre des principaux candidats aux élections. Déjà, il en manquait un: c'était pas fort pour la démocratie et la représentativité de toutes les voix lors de cette campagne. Option Nationale avait droit à sa chaise, tout comme le Parti vert et n'importe quel autre parti qui se présente. Si on veut que les choses changent, il faut donner la parole à tout le monde de façon égale, sinon, ce n'est qu'un jeu hypocrite pour faire gagner toujours les mêmes, les gros, qui se complaisent dans leur langue de bois et leur monde, déconnectés du peuple. Il faut que tous les partis puissent avoir la même visibilité pour que le scrutin soit juste. Déjà, sur ce point, il y avait une grosse lacune au débat de Radio-Canada - ne parlons même pas de celui sur TVA qui n'aura que trois partis... Bref, hier, Françoise David, chef de Québec Solidaire, est ressortie du débat, la tête haute: elle a défendu son programme, évité de tomber dans le piège de la petite politique qui s'insulte à moitié en tirant la couverture à soi (" c'est vous qui étiez ministre de truc! Oui mais c'est vous qui avez fait ci! "). De l'avis de tous, elle est la grande vainqueure de ce débat. Quelques minutes après la fin, le téléjournal commence et la présentatrice reçoit un analyste pour les premiers commentaires à chaud: cela ne lui a pas pris trois minutes pour expliquer que Madame David l'avait facile parce qu'elle était sûre de ne pas être élue. J'ai eu une poussée d'urticaire.

Voyez-vous, chacun peut avoir ses convictions politiques, son avis sur les sondages, sa préférence pour une tendance de société. Mais si quelqu'un n'a pas à affirmer que tel parti a le droit de gagner et tel autre non, c'est bien un journaliste. Il est là pour nous informer, nous donner toutes les clés pour que nous puissions faire notre choix en toute connaissance de cause: à aucun moment, on ne lui demande ce qu'il pense des chances de gagner de tel ou tel parti. Théoriquement, tous les partis sont égaux: Rien ne disqualifie Québec Solidaire avant même le départ de la Course. Rien. Et il en va de même pour le Parti Vert et Option Nationale. En théorie, tout le monde a les mêmes chances d'atteindre la ligne d'arrivée. Et ce n'est pas à un journaliste, analyste ou peu importe son titre, de décider si il va y arriver ou non! 

Après la victoire du NPD, la remarque que j'entends le plus souvent, c'est: "si les média n'avaient pas autant parlé de vague orange, les résultats auraient été moins bons pour le NPD". J'ai souvent une seconde poussée d'urticaire. D'abord, c'est une remarque pleine de mépris pour les capacités intellectuelles de la majorité des gens car elle sous-entend que c'est parce que les média ont parlé, que les gens ont voté - et non, selon leurs propres convictions. Ensuite, si l'on s'en tient à ce raisonnement, pourquoi ne pas le tenir équitablement? Je veux dire: c'est peut-être aussi parce que les média s'obstinent à dire que tel ou tel parti ne gagnera jamais les élections qu'ils ne les gagnent jamais! Après tout, en affirmant cela, ils dévalorisent le vote de chaque personne qui optera pour ce candidat. C'est un peu comme si ces journalistes omniscients leur disaient qu'ils étaient crétins de voter pour un Parti qui ne gagnera pas! Alors que dans les faits, rien n'empêche ce parti d'atteindre la ligne d'arrivée. Rien. 

Le 4 septembre, je n'aurai pas encore le droit de voter pour le candidat que j'estime digne de diriger le pays dans lequel je vis. Mais une chose est sûre, lorsque j'aurai ce droit, je ne renoncerai jamais à mes convictions pour des questions de stratégie, d'opinions médiatiques, de sens du vent: ce ne sont pas les média qui font les élections, ce sont les électeurs, c'est vous, c'est nous. Votez. Votez pour que personne ne vous vole votre liberté de penser. Le premier ministre qui sera élu le 4 ne sera peut-être pas celui ou celle que vous aurez choisi, mais vous vous serez au moins battu pour vos convictions, pour vous-mêmes, pour vos enfants. Vous aurez fait entendre votre voix. Que si un autre doit gagner, qu'il ait au moins senti votre souffle chaud dans son cou durant toute la campagne, qu'il ait eu peur de perdre sa place, qu'il se soit rappelé qu'au final, il n'est là que parce que le peuple l'y place. Un jour, peut-être, ce sera votre candidat qui dirigera le pays de vos rêves. Mais il n'y arrivera jamais sans vous.

1 août 2012

La 8e Merveille du monde n'est plus: le Monde est un peu plus moche.

J'avais plusieurs fois essayé d'imaginer ce que ça me ferait. Juste pour voir. Souvent j'éclatais en sanglots et j'arrêtais parce que cela ne faisait que broyer mon estomac en mille morceaux. A l'époque, je ne pensais pas que cette douleur, ce vide, pourrait être surpassé. J'avais tort. En fait, c'est comme sentir qu'on vous arrache le coeur mais pas d'un coup - à petits coups pour être bien certain qu'il n'en reste aucun bout d'intact. Certains diront "ce n'était qu'un chien" - ceux-là n'en ont probablement jamais eu. Cela ne peut jamais n'être "qu'un" chien lorsque c'est le vôtre...

Il y a quelques mois, j'apprenais que mon Bounty avait une tumeur dans la bouche. Cela m'a fait l'effet d'une douche froide et j'ai passé les quelques semaines qui ont suivi à sangloter dans sa fourrure, tandis que lui, fidèle à lui-même, attendait sans broncher. Quoi? Je ne l'ai jamais vraiment su. Il m'a toujours attendue dans mes moments de crise intense. Il restait près de moi et ne bougeait pas: que je sois en train de vomir, au coeur de mes années noires, ou de pleurer, il me calmait de sa présence tranquille et de sa truffe humide. Même malade, il restait près de moi. J'ai cru qu'il pourrait surmonter cette épreuve: après tout, il allait plutôt bien, si ce n'était cette excroissance déplaisante. Je lui donnais sa nourriture en arrière de la bouche et il mangeait avec appétit. Même qu'il se promenait encore - avec certes moins de vigueur mais toujours autant de plaisir. Alors je me disais que peut-être, il pourrait guérir. J'ai été voir un sorcier de chiens qui vit dans la pampa avec ses cinquante chiens - rendu là, je n'avais plus rien à perdre. Je n'ai jamais été très ésotérique mais parfois, lorsqu'il ne reste plus rien, cela fait moins mal de se fier au surnaturel, à ce qu'on ne comprend pas, plutôt que de se dire qu'il n'y a plus d'espoir.

Lorsque je suis repartie, en juillet, j'ai dit à mon Bounty que j'allais revenir cet automne, qu'il fallait qu'il m'attende, que je reviendrai me rouler dans ses poils jusqu'à ce qu'il en soupire de lassitude. Comme avant. Je lui ai dit que je serai là avec lui et qu'il fallait qu'il me pardonne de l'avoir laissée si longtemps. Je lui ai promis de revenir. Mais il ne m'a pas attendu. Ce matin, son coeur a lâché et le mien n'en finit plus de se briser en mille morceaux. C'est comme une douleur lancinante qui s'installe dans chacun de mes remords, dans chacune de mes pensées. J'ai l'impression que je pourrai ne jamais arrêter de pleurer. Et ce sentiment de vide qui me hante et me consumme de l'intérieur... Je voudrais crier et me rouler en boule dans un coin en attendant qu'il revienne. Mais il ne reviendra pas. Il est parti et moi, je reste là, avec mes souvenirs et mes regrets, avec mon bout de lien qui m'unissait à lui et qui maintenant traîne à terre sans rien à son extrêmité. 

Bounty, tu as été l'ami, le confident, le compagnon sincère et silencieux de mes jours. C'est grâce à toi si j'ai survécu à mes années noires, après mon anorexie, c'est parce que tu étais là que je n'ai jamais perdu l'espoir de m'en sortir un jour. Maintenant, tu es parti, tu es allé attraper des balles de tennis ailleurs, là où je ne pourrai plus râler que tu ne me les ramènes pas. J'espère qu'ils te laisseront monter sur le canapé, là où tu es. Tu es parti et tu as emporté un bout de mon coeur avec toi: regarde au bout de ton bout de lien, tu l'y verras. Prends en soin. Je t'aime mon bountounnet. Tu me manques déjà...