21 novembre 2009

Survivre au fléau H1N1!

Bon. Ce n'est un secret pour personne: je ne suis pas du tout favorable à cette vague de peur qui entoure la pandémie de Grippe A. Cette vaccination à grande échelle me laisse dubitative quant aux raisons qui la sous-tendent et, personnellement, qu'elle soit de n'importe quelle lettre de l'alphabet, lorsque nous ne sommes pas des personnes à risques, cela reste une bête grippe. C'est un débat de société qui a fait la une des journaux durant des mois et j'avais assuré que je n'en rajouterais pas une couche dans ce blog. Donc, que suis-je en train de faire?

Samedi dernier, je me suis levée avec l'impression d'avoir traversé l'océan Pacifique en papillon et d'avoir fumé quatre paquets de cigarettes. Habituée à mon système immunitaire déficient par fainéantise, je soupçonne un vague rhume qui se serait perdu quelque part dans ma gorge et ne m'en soucie guère. Mon absence totale d'énergie, cependant, s'avère surprenante: mettre une lessive en route me demande au moins trois heures de repos pour m'en remettre, l'œil aussi vif que celui d'une huitre.

-"Une huitre? Elle a des yeux?"

Non, justement. Un cliquetis persistant m'empêche, toutefois, de sombrer dans une profonde léthargie: en me concentrant sur sa provenance, je m'aperçois alors que je grelotte de tous mes membres, aussi glacée que si j'avais décidé d'aller acheter du lait, en gougounes, un 12 janvier à Montréal. Il faut bien que le lavage de cerveau médiatique ait des conséquences sur tout un chacun: je liste tous mes symptômes et les trouve, ma foi, fort similaires à ceux d'une grippe. Ciel. Encore un coup de mon système "immunofonctionnaire", comme l'appelle mon frère!

J'appelle donc ma soeur (quitte à en avoir une qui travaille comme infirmière aux soins intensifs, autant en profiter! ^_^), qui confirme mes soupçons et me conseille, en ultime vérification, d'appeler le 8-1-1, Info Santé. Obéissante, je m'y attèle: le gouvernement a bien tout préparé car, dès l'accueil, la voix automatisée nous oriente, nous, les pestiférés, vers un département téléphonique, spécifique aux symptômes de LA grippe A H1N1. Là, une infirmière, appelons-la Geneviève pour la rendre moins impersonnelle, me répond fort aimablement et me demande en quoi elle peut m'aider. Normal: j'appelle un service de santé spécialisé dans l'information et l'assistance en cas de grippe A H1N1, je peux très bien être en quête de décorations de Noël ou de mes prédictions astrales. Aussi, répondis-je, fort sérieusement:

-"Je cherche le numéro de téléphone de l'académie de coiffure, sur Mont Royal."

Non, ce n'est évidement pas vrai. Cela dit, j'ai hésité, un court instant... ^_^

J'explique donc mon cas à Geneviève, qui s'empresse d'appliquer les directives prévues à cet effet: elle me pose, à peu près, 25 questions afin de s'assurer que nous parlons bien toutes les deux de grippe et non d'une foulure à la cheville. A priori, oui, nous sommes sur la même longueur d'ondes. Elle conclut par:

-"Restez chez vous durant sept jours, prenez du tylénol pour faire baisser la fièvre, et ne venez aux Urgences qu'en cas de problèmes respiratoires ou de trop forte fièvre".

De tous ces conseils, celui de la réclusion est le plus perturbant. Après tout, si je souffrais d'une bête Influenza, je pourrais à loisir gambader dans les rues, promenant fièrement mon virus à ma suite! Je m'enquiers donc des arguments qui permettent à Geneviève d'assurer avec autant d'aplomb que j'avais la grippe H1N1, étant donné que les symptômes sont en tout point similaires à ceux de l'Influenza. Après tout, de sa réponse dépendait mon enfermement dans ma tour d'ivoire ou ma liberté sur les trottoirs de Montréal, rongée par la fièvre.

-"Cela n'aurait pas été très sain non plus!"

Certes. Mais permis. Personne ne fait un foin pour l'Influenza depuis des années qu'elle fait, en moyenne, entre 1500 et 2000 morts par an, en France. Bref, à ma question, iI m'est répondu qu'étant donné qu'il n'y a aucun cas de grippe saisonnière recensé au Québec actuellement, celle-ci n'arrivant généralement que vers janvier, toute grippe attrapée en ce moment ne peut qu'être imputée au fameux fléau dont parlent tant les médias.

Bon... Soyons honnêtes: personne n'aime être malade. Avoir le dynamisme d'une porte-fenêtre et le cerveau d'une moule ne sont pas les caractéristiques d'un être épanoui et suintant de bonheur. Une grippe reste ce qu'elle est: une maladie infectieuse qui vide lentement chaque parcelle d'énergie de votre corps, aboutissant à des situations aussi ridicule que mettre une demi heure pour aller remplir un verre d'eau.

Pourtant, ce n'est pas le cancer, cela n'a rien de commun avec le sida et ce n'est, en aucun cas, une maladie grave pour le commun des mortels. Je ne nie pas les risques de pneumonie ou de troubles respiratoires liés à ce virus et je concède que, lorsque certaines personnes sont déjà fragilisées, elles ont tout à gagner à tenter d'éviter d'attraper ce mal. Mais de là à commander 50 millions de vaccins au Canada, où la population avoisine les 30 millions, ou 95 millions en France, pour 65 millions d'habitants, j'avoue que je ne suis plus. C'est un gouffre financier pour...une grippe. Peu de monde s'est battu pour aller vacciner les gens en Afrique ou dans d'autres contrées défavorisées: est-ce ainsi notre beau monde? On fait des campagnes de peur pour les populations riches, on les sur-vaccinent pour tout et rien et on enlève cet argent des autres recherches? J'ai des nausées mais ce n'est pas dû à la grippe A.

Honnêtement, en dépit de mon système immunitaire pourri qui prend plaisir à prendre ses vacances alors qu'il devrait travailler, je m'en sors très bien: je n'ai aucun antécédent grave et je suis solide. Je comprends que des personnes plus fragiles aient ressenti le besoin de se faire vacciner pour cette grippe qui, somme toute, est semblable à l'Influenza mais en dix fois plus contagieuse: les risques de l'attraper s'en trouvaient d'autant plus grands. Mais je trouve que les politiques de peur, les mesures prises à l'échelle nationale, l'argent investi et le gaspillage qui en découle sont l'expression d'un luxe scandaleux que seuls des pays nantis, corrompus par des sociétés et quelques personnes mercantiles qui se préparent un avenir doré sur le lit de la frayeur générale, peuvent se permettre. J'ai eu la grippe H1N1. Et puis après?

2 commentaires:

  1. Je trouve que tu parles un peu trop de bivalves dans ce texte... bien que très bien écrit, il me semble un peu péjoratif pour nos amis les mollusques à bicoquilles!

    Sinon, ça m'a bien fait rire :) Parfait petit remontant pour une soirée grise et froide...

    RépondreSupprimer
  2. Iih! A tes souhaits! J'ai vraiment parlé de "bivalves"??? Au sens de "Deux valves"? Heureusement que tu as glissé "mollusque" dans ta phrase! J'aurais cherché où j'avais bien pu glisser un tel mot! ;)

    Heureuse d'avoir quelque peu égayé ta soirée grise et froide: dis toi qu'on a la même par ici! ça motive plus à l'hibernation qu'au travail mais bon... ^-^

    RépondreSupprimer