-"Mais tu ne cuisines pas?
- Ben... Je l'ai eu fait, dans mon jeune temps. Mais là, j'avoue, plus depuis une coupe de mois.
- Mais tu manges quoi?
- Du surgelé ou des céréales."
Le regard consterné de mon ami est à deux doigts de provoquer mon hilarité. Il est vrai que, tout en conversant avec moi, il se prépare rapidement un burrito fait maison sur un coin de table de notre bureau sans fenêtre. A partir de là, mes barres de céréales ne peuvent vraiment tenir la route au niveau culinaire. En outre, son étonnement n'est que le reflet d'une pensée somme toute générale: réaliser de la bonne cuisine pour bien manger est un plaisir non équivoque. Notez que, sur ce plan là, je me suis nettement améliorée depuis mes années sombres. J'apprécie certains mets plus que d'autres et je peux même, parfois, avoir envie de préparer certains plats. Pourtant, contrairement à la plupart des personnes, je ne voue pas un culte au "bien manger"et je peux, sans m'en soucier davantage que d'un prospectus publicitaire, me nourrir de barres de céréales ou bien du même plat durant des jours.
En fait, j'en conviens, cette attitude n'est pas la plus courante, ni la plus souhaitable. Elle est certainement une séquelle de mon rapport compliqué avec l'alimentation, lors de mon adolescence. Si j'apprends chaque jour à apprécier ce qui est bon, culinairement parlant, je n'ai pas encore accompli la démarche de rechercher cette qualité dans ma routine alimentaire. En fait, et c'est là tout un paradoxe, pour lequel j'aurais une théorie farfelue, si je voulais vraiment en donner une, je suis plus mauvaise en cuisine maintenant, alors que je la mange, que lorsque j'étais malade et que je m'échinais durant des heures à confectionner des plats auxquels je ne toucherai pas. Ma distraction habituelle n'aide en rien à l'amélioration de mes compétences culinaires: hier soir, par exemple, désireuse de confectionner un gâteau pour l'une de mes amies qui angoisse beaucoup pour la fin de sa thèse, je m'y attèle à presque 22h.
-"Tu n'as pas trouvé une heure plus tardive encore pour te lancer dans la pâtisserie?"
J'avoue, je ne me suis pas vraiment aidée sur ce coup là. Mais enfin, songeai-je, il n'y a certainement rien de plus basique qu'un gâteau au chocolat, je devrais réussir cette périlleuse mission en moins de temps qu'il ne m'en faudrait pour attacher mes lacets!
-"T'as vraiment des expressions étranges..."
Merci. ^_^Donc, des oeufs, de la farine, de la poudre d'amande, du chocolat et du beurre plus tard, ce que tous les livres de cuisine appellent l'"appareil" est prêt. Le tout, mélangé, est versé dans un plat et enfourné pour vingt minutes. Tout était parfait jusqu'à cette conversation malheureuse:
-"Oh! Tu as réussi à trouver du sucre! Il n'y en avait presque plus.
- ...
- Steph? Tu n'as pas oublié de mettre du sucre n'est ce pas?"
Mon regard est posé sur le sucrier, confortablement installé sur l'étagère. Non, décidément! J'ai beau tourner et retourner la scène dans ma tête, je ne me rappelle pas que mes mains soient entrées en contact avec sa surface lisse. Je baisse les yeux sur le gâteau que mon yankee préféré tient dans ses mains, prêt à le porter à sa douce. Il ne contient pas un gramme de sucre...
-"T'inquiètes pas. C'est l'intention qui compte. Il va être bon pareil, ton gâteau..."
Peut-être. Ou complétement immonde. Après tout, un gâteau au chocolat sans sucre perd beaucoup de son intérêt... Et après on s'étonne que je ne me lance que très rarement dans l'aventure de la gastronomie! Je sais: c'est en forgeant qu'on devient forgeron, affirme un autre proverbe idiot! Oui mais voilà: mon problème n'est clairement pas la pratique: je suis au courant qu'il faut un minimum de sucre pour qu'un gâteau soit appelé "gâteau". Non, mon principal handicap est un déficit d'attention crasse, communément appelé: la distraction. Face à ce manque, toute pratique s'avère un défi.
- Ben... Je l'ai eu fait, dans mon jeune temps. Mais là, j'avoue, plus depuis une coupe de mois.
- Mais tu manges quoi?
- Du surgelé ou des céréales."
Le regard consterné de mon ami est à deux doigts de provoquer mon hilarité. Il est vrai que, tout en conversant avec moi, il se prépare rapidement un burrito fait maison sur un coin de table de notre bureau sans fenêtre. A partir de là, mes barres de céréales ne peuvent vraiment tenir la route au niveau culinaire. En outre, son étonnement n'est que le reflet d'une pensée somme toute générale: réaliser de la bonne cuisine pour bien manger est un plaisir non équivoque. Notez que, sur ce plan là, je me suis nettement améliorée depuis mes années sombres. J'apprécie certains mets plus que d'autres et je peux même, parfois, avoir envie de préparer certains plats. Pourtant, contrairement à la plupart des personnes, je ne voue pas un culte au "bien manger"et je peux, sans m'en soucier davantage que d'un prospectus publicitaire, me nourrir de barres de céréales ou bien du même plat durant des jours.
En fait, j'en conviens, cette attitude n'est pas la plus courante, ni la plus souhaitable. Elle est certainement une séquelle de mon rapport compliqué avec l'alimentation, lors de mon adolescence. Si j'apprends chaque jour à apprécier ce qui est bon, culinairement parlant, je n'ai pas encore accompli la démarche de rechercher cette qualité dans ma routine alimentaire. En fait, et c'est là tout un paradoxe, pour lequel j'aurais une théorie farfelue, si je voulais vraiment en donner une, je suis plus mauvaise en cuisine maintenant, alors que je la mange, que lorsque j'étais malade et que je m'échinais durant des heures à confectionner des plats auxquels je ne toucherai pas. Ma distraction habituelle n'aide en rien à l'amélioration de mes compétences culinaires: hier soir, par exemple, désireuse de confectionner un gâteau pour l'une de mes amies qui angoisse beaucoup pour la fin de sa thèse, je m'y attèle à presque 22h.
-"Tu n'as pas trouvé une heure plus tardive encore pour te lancer dans la pâtisserie?"
J'avoue, je ne me suis pas vraiment aidée sur ce coup là. Mais enfin, songeai-je, il n'y a certainement rien de plus basique qu'un gâteau au chocolat, je devrais réussir cette périlleuse mission en moins de temps qu'il ne m'en faudrait pour attacher mes lacets!
-"T'as vraiment des expressions étranges..."
Merci. ^_^Donc, des oeufs, de la farine, de la poudre d'amande, du chocolat et du beurre plus tard, ce que tous les livres de cuisine appellent l'"appareil" est prêt. Le tout, mélangé, est versé dans un plat et enfourné pour vingt minutes. Tout était parfait jusqu'à cette conversation malheureuse:
-"Oh! Tu as réussi à trouver du sucre! Il n'y en avait presque plus.
- ...
- Steph? Tu n'as pas oublié de mettre du sucre n'est ce pas?"
Mon regard est posé sur le sucrier, confortablement installé sur l'étagère. Non, décidément! J'ai beau tourner et retourner la scène dans ma tête, je ne me rappelle pas que mes mains soient entrées en contact avec sa surface lisse. Je baisse les yeux sur le gâteau que mon yankee préféré tient dans ses mains, prêt à le porter à sa douce. Il ne contient pas un gramme de sucre...
-"T'inquiètes pas. C'est l'intention qui compte. Il va être bon pareil, ton gâteau..."
Peut-être. Ou complétement immonde. Après tout, un gâteau au chocolat sans sucre perd beaucoup de son intérêt... Et après on s'étonne que je ne me lance que très rarement dans l'aventure de la gastronomie! Je sais: c'est en forgeant qu'on devient forgeron, affirme un autre proverbe idiot! Oui mais voilà: mon problème n'est clairement pas la pratique: je suis au courant qu'il faut un minimum de sucre pour qu'un gâteau soit appelé "gâteau". Non, mon principal handicap est un déficit d'attention crasse, communément appelé: la distraction. Face à ce manque, toute pratique s'avère un défi.
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