Sidi Larbi Cherkaoui et les moines de Shaolin. Enfant, je me rappelle avoir souvent vu des affiches promouvant des spectacles mettant en scène les célèbres bouddhistes et leur Kung Fu. Qui n'a jamais rêvé d'être aussi fort et agile que Bruce Lee ou que les bonzes aux robes couleur soleil? Plus qu'un simple art martial, les figures et les prouesses des prêtres de Shaolin ont fait le tour du monde pour leur caractère gracieux et souple. De fait, lorsque mon amie m'a proposé d'aller assister à ce spectacle, tout l'enthousiasme de mon enfance a refait surface! Le spectacle débutait mardi et s'achèvera dimanche. Ami, Elo et moi y sommes allées hier soir. Les artistes se produisant au théâtre Maisonneuve à 20h, nous avions rendez-vous à 19h30 pour prendre possession de nos places, dans le coin des pauvres, tout en haut de la salle. Notez que, à part quelques menus détails, nous n'étions pas si mal placées.
D'entrée de jeu, la mise en scène m'a étonnée: l'idée de départ était de placer deux personnages particuliers, un enfant et son "père", sur le côté de la scène, qui reproduisait, à petite échelle, la mise en scène qui se déroulait sur le côté. En somme, nous avions un agrandissement de l'action principale à côté d'elle. En fait, et j'ai appris ce détail en lisant le programme, il s'agissait de symboliser la rencontre entre deux mondes: le "père", danseur Belge, dont les contorsions ont provoqué de nombreuses grimaces de douleur dans la salle, et un mini moine "bouddhiste" de onze ans, le "fils", dont les acrobaties auraient fait pâlir de jalousie le plus souple des chimpanzés. Jusque là, pourquoi pas? La manière d'aborder l'espace est originale et, ma foi, fort intéressante. J'ai haussé un sourcil, cependant, quand je me suis aperçue que l'accessoire principal du spectacle était des grandes boîtes rectangulaires, desquelles entraient et sortaient sans cesse les personnages. En fait, il s'agit d'une œuvre d'un sculpteur Britannique Antony Gormley: les artistes en usent autant comme des légos, des dominos, bref comme des jeux d'enfants à échelle humaine. Pourtant, les voir ainsi entrer et sortir de ces rectangles me rappelaient un mauvais film de morts-vivants.
Tour à tour marionnettes, croque-mort ou moines, les danseurs, car ils obéissaient à une chorégraphie rigide, tournaient autour de ces boîtes comme s'il se fut agi de cercueils. Durant une heure, car le spectacle ne dura pas plus longtemps, les artistes poussaient des cris à intervalles réguliers, en réalisant des figures acrobatiques plus proches de la gymnastique que de Bruce Lee et un peu trop tous à la fois, sans organisation très définie, pour que nous puissions voir clairement ce qu'ils cherchaient à démontrer. En même temps, me direz-vous, Bruce Lee venait de Hong Kong et n'avais pas grand chose à voir avec les moines de Shaolin.
D'un point de vue général, nous n'avions peut être pas la meilleure place pour profiter du spectacle: lorsqu'ils tentaient d'amener un peu de suspense dans la mise en scène, cachant grâce à leurs cercueils debout l'arrière de la scène, nous voyions absolument tout car nous étions au plus haut de la salle. Un certain nombre d'aspects m'ont cependant déçue: outre les acrobaties, un peu trop de type gymnastique, les armes étaient, pour ainsi dire, tellement étranges que j'ai manqué éclaté de rire: la hallebarde, notamment, avait sa lame qui claquait au vent, révélant à tout le monde ses cris d'aluminium collé à un bâton de bois. La lance brillait de tous ses feux, avec beaucoup trop d'éclat pour être une matière solide originale. Le bâton, enfin, avait plus l'air d'une branche en mal de développement que d'une tringle à rideaux en bois.
-"Une tringle???"
Eh bien, oui. Le bâton qui est utilisé en Kung Fu White Crane ressemble plus à une grosse tringle à rideau qu'à un jonc de marais, comme celui qu'utilisaient les artistes, hier soir. En somme, la mise en scène était originale et le spectacle intéressant du point de vue strictement esthétique: certaines parties, comme celle où, en ombres, ils réalisent des formes de Kung-Fu rapide et précis, méritent le détour. Là où le bas blesse c'est au niveau du fond: les moines ont, semble t-il, jeté un sac de poudre aux yeux aux spectateurs en réalisant des roues sans les mains et en poussant des râles de mourant à chaque coup, mais ils n'ont jamais vraiment mis en valeur leurs qualités de combattant et de véritables adeptes de leur Art Martial, dans lequel, je n'en doute pas une seconde, ils doivent pourtant exceller. Bien-sûr, je suis peut-être trop exigeante: une Française (décidément, nous sommes partout), installée derrière nous, a ponctué chaque roue du spectacle par des : "oh" "ah""excellent"! Enfin, à la fin du spectacle, elle s'est exclamée:
-"oh non! C'est passé trop vite!"
J'ai alors eu envie de lui dire que, une heure, en effet, ça passe vite et que c'est pour cette raison que la durée classique d'un show, quel qu'il soit, est plutôt de une heure et demie. Mais il est bon de conserver ses illusions, dans notre monde, alors j'ai préféré la laisser dans sa bulle.
Bref, en définitive, même si je ne regrette pas d'avoir assisté à ce spectacle, je suis tout de même assez déçue du résultat. Comme quoi, parfois, le rêve est bien meilleur que la réalité et, inéluctablement, la magie des artistes est grandement liée aux attentes du public. L'une de mes amies, elle, a bien aimé parce qu'elle venait surtout voir un spectacle de danse et l'approche de rencontre des mondes occidentaux et orientaux était, pour le moins, bien rendue. De ce point de vue, il est indéniable qu'elle a été comblée. Quoique, si j'étais vraiment méchante je dirais que la danse était tout de même brouillonne, par moments, avec un manque de coordination sans doute volontaire mais qui rendait l'ensemble moins gracieux.
N'empêche, une roue sans les mains, c'est quand même classe...
D'entrée de jeu, la mise en scène m'a étonnée: l'idée de départ était de placer deux personnages particuliers, un enfant et son "père", sur le côté de la scène, qui reproduisait, à petite échelle, la mise en scène qui se déroulait sur le côté. En somme, nous avions un agrandissement de l'action principale à côté d'elle. En fait, et j'ai appris ce détail en lisant le programme, il s'agissait de symboliser la rencontre entre deux mondes: le "père", danseur Belge, dont les contorsions ont provoqué de nombreuses grimaces de douleur dans la salle, et un mini moine "bouddhiste" de onze ans, le "fils", dont les acrobaties auraient fait pâlir de jalousie le plus souple des chimpanzés. Jusque là, pourquoi pas? La manière d'aborder l'espace est originale et, ma foi, fort intéressante. J'ai haussé un sourcil, cependant, quand je me suis aperçue que l'accessoire principal du spectacle était des grandes boîtes rectangulaires, desquelles entraient et sortaient sans cesse les personnages. En fait, il s'agit d'une œuvre d'un sculpteur Britannique Antony Gormley: les artistes en usent autant comme des légos, des dominos, bref comme des jeux d'enfants à échelle humaine. Pourtant, les voir ainsi entrer et sortir de ces rectangles me rappelaient un mauvais film de morts-vivants.
Tour à tour marionnettes, croque-mort ou moines, les danseurs, car ils obéissaient à une chorégraphie rigide, tournaient autour de ces boîtes comme s'il se fut agi de cercueils. Durant une heure, car le spectacle ne dura pas plus longtemps, les artistes poussaient des cris à intervalles réguliers, en réalisant des figures acrobatiques plus proches de la gymnastique que de Bruce Lee et un peu trop tous à la fois, sans organisation très définie, pour que nous puissions voir clairement ce qu'ils cherchaient à démontrer. En même temps, me direz-vous, Bruce Lee venait de Hong Kong et n'avais pas grand chose à voir avec les moines de Shaolin.
D'un point de vue général, nous n'avions peut être pas la meilleure place pour profiter du spectacle: lorsqu'ils tentaient d'amener un peu de suspense dans la mise en scène, cachant grâce à leurs cercueils debout l'arrière de la scène, nous voyions absolument tout car nous étions au plus haut de la salle. Un certain nombre d'aspects m'ont cependant déçue: outre les acrobaties, un peu trop de type gymnastique, les armes étaient, pour ainsi dire, tellement étranges que j'ai manqué éclaté de rire: la hallebarde, notamment, avait sa lame qui claquait au vent, révélant à tout le monde ses cris d'aluminium collé à un bâton de bois. La lance brillait de tous ses feux, avec beaucoup trop d'éclat pour être une matière solide originale. Le bâton, enfin, avait plus l'air d'une branche en mal de développement que d'une tringle à rideaux en bois.
-"Une tringle???"
Eh bien, oui. Le bâton qui est utilisé en Kung Fu White Crane ressemble plus à une grosse tringle à rideau qu'à un jonc de marais, comme celui qu'utilisaient les artistes, hier soir. En somme, la mise en scène était originale et le spectacle intéressant du point de vue strictement esthétique: certaines parties, comme celle où, en ombres, ils réalisent des formes de Kung-Fu rapide et précis, méritent le détour. Là où le bas blesse c'est au niveau du fond: les moines ont, semble t-il, jeté un sac de poudre aux yeux aux spectateurs en réalisant des roues sans les mains et en poussant des râles de mourant à chaque coup, mais ils n'ont jamais vraiment mis en valeur leurs qualités de combattant et de véritables adeptes de leur Art Martial, dans lequel, je n'en doute pas une seconde, ils doivent pourtant exceller. Bien-sûr, je suis peut-être trop exigeante: une Française (décidément, nous sommes partout), installée derrière nous, a ponctué chaque roue du spectacle par des : "oh" "ah""excellent"! Enfin, à la fin du spectacle, elle s'est exclamée:
-"oh non! C'est passé trop vite!"
J'ai alors eu envie de lui dire que, une heure, en effet, ça passe vite et que c'est pour cette raison que la durée classique d'un show, quel qu'il soit, est plutôt de une heure et demie. Mais il est bon de conserver ses illusions, dans notre monde, alors j'ai préféré la laisser dans sa bulle.
Bref, en définitive, même si je ne regrette pas d'avoir assisté à ce spectacle, je suis tout de même assez déçue du résultat. Comme quoi, parfois, le rêve est bien meilleur que la réalité et, inéluctablement, la magie des artistes est grandement liée aux attentes du public. L'une de mes amies, elle, a bien aimé parce qu'elle venait surtout voir un spectacle de danse et l'approche de rencontre des mondes occidentaux et orientaux était, pour le moins, bien rendue. De ce point de vue, il est indéniable qu'elle a été comblée. Quoique, si j'étais vraiment méchante je dirais que la danse était tout de même brouillonne, par moments, avec un manque de coordination sans doute volontaire mais qui rendait l'ensemble moins gracieux.
N'empêche, une roue sans les mains, c'est quand même classe...
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