Eh bien! Voilà bien longtemps que je n'ai point écrit! Le temps des fêtes n'est jamais la meilleure période pour se tenir à jour de nos activités: nous sommes trop occupés à manger ou à festoyer dans un coin de pays! J'avoue que j'ai reçu suffisamment de chocolats pour avoir douze crises de foie en l'espace de deux mois. Il suffit d'être raisonnable, me direz-vous, ce n'est pas comme si le sucre représentait la totalité de mon alimentation depuis une coupe de mois... ^_^'
A vrai dire, j'ai commencé à écrire des billets à quelques reprises durant cette longue période de silence. A chaque fois, cependant, j'étais interrompue et je devais le laisser inachevé. Quant à les reprendre plus tard, eh bien, ce n'était plus pareil: je n'étais plus dans l'ambiance, je n'avais plus l'inspiration. Je les ai donc abandonnés. De fait, le temps a passé et nous voilà, ce soir, sur le point de faire le bilan d'une année bien remplie. C'est un peu le passage obligé de toutes les fins d'année: même Facebook a tenté de s'inscrire dans la tendance générale en créant une application qui compile tous nos statuts de l'année écoulée. Enfin, c'est ce qu'il paraît à la lecture de la description mais il devient très vite évident que la dite application ne sélectionne qu'une dizaine de statuts au hasard...Notez que cette stratégie évite d'obtenir un livret de phrases, hors contexte et souvent inintéressantes, pour chaque utilisateur: l'air de rien, les statuts se modifient rapidement sur Facebook! Certains, d'ailleurs, me perturbent beaucoup: il y aurait une véritable étude sociologique à mener sur les états présentés sur ce site: les nouvelles mères de famille, par exemple, trop concernées par leur vie transformée, s'acharnent à décrire chaque hoquet de leur progéniture toute neuve. Si nous sommes généralement heureux de savoir que telle ou telle connaissance a assuré sa lignée, il devient très vite lassant de lire chacune des péripéties de l'enfant en lieu et place du statut de la mère. Comme me le faisait remarquer un de mes amis, cela nous fait toujours l'effet que celle-ci s'est complétement effacée pour regarder son petit respirer. Certes, c'est un choix de vie mais j'avoue que je suis toujours perturbée par cette tendance.
Parmi les états étranges, ceux trop intimes me dérangent également. Soyons clair: je suis une utilisatrice chevronnée de Facebook. Il est toujours, ou presque, ouvert en parallèle de mon travail ou de mon activité et le site constitue, à mes yeux, une merveilleuse plateforme de communication. Je n'ai pas, cependant, 176 amis proches: beaucoup sont des connaissances que j'apprécie de suivre mais à qui je ne raconterai pas forcément le quart de la moitié de ma vie. Alors, lorsqu'une de ces personnes étale sa vie personnelle et intime dans ses états, j'avoue que je demeure dubitative. Je me rappelle de l'une d'elles, notamment, qui subit une intervention chirurgicale, relativement importante, en début d'année. Alors même qu'elle était à l'hôpital, elle avait demandé à une de ses amies de se connecter en son nom pour changer ses statuts: "Truc est à l'hosto. Appelez-la pour lui dire que vous l'aimez" ou autres notifications d'état du même genre pleuvaient sur les murs de ses 200 et quelques "amis-Facebook"... Ce n'est qu'un avis personnel mais je n'ai pas vraiment l'impression que Facebook soit véritablement le bon médium pour aborder des points importants de notre existence. Pour une trentaine de personnes qui seront sincèrement concernées par des sujets aussi sérieux, il y en aura une lourde majorité qui ne saura pas quoi faire avec les informations données. A vrai dire, il faudrait sûrement user de Facebook avec beaucoup de recul et de prudence: bien-sûr pour les raisons de confidentialité que tout le monde connaît, avec notamment l'histoire de Nathalie Blanchard et de ses primes d'assurances coupées pour cause de photos compromettantes, mais également pour son intégrité personnelle. Lorsque nous marquons que nous n'allons pas bien, par exemple, c'est souvent pour avoir du soutien de ceux qui nous sont proches: en l'indiquant sur une place aussi publique que Facebook, nous prenons le risque de devoir partager notre détresse avec de simples connaissances.Or, lorsque l'affect est touché, il est rare que nous souhaitions exposer notre vie au grand jour, au premier passant de notre existence.
En définitive, nous assistons à une véritable réévaluation des jardins secrets: par le biais du net, il devient plus simple de partager absolument tout et n'importe quoi avec tout et n'importe qui. Nous ne voyons jamais, ou presque, nos lecteurs: il est toujours plus simple de s'exprimer par écrit, loin du regard des autres. Le blog est aussi une forme d'espace public. Après tout, tout le monde peut y accéder et j'écris souvent des réflexions de vie et des états d'âme très personnels. Pourtant, j'ai l'impression que ce domaine m'appartient plus que les potentiels statuts de Facebook: quiconque viendrait lire un billet sur mon blog s'attend à lire quelque chose que j'ai écrit, personnel ou pas. Il entre dans ma bulle autorisée sciemment. Pour faire une analogie pour le moins étrange, j'associerais le blog à un cinéma et Facebook à la place publique: les spectateurs choisissent leur film mais pas forcément les spectacles de rue. Bref, ce ne sont que des sentiments personnels et ils ne reposent pas vraiment sur une argumentation solide. Au fond, Facebook, Twitter, les blog: ce ne sont que des relations sociales sans contact du XXIe siècle. Nous ne sommes jamais plus libres que derrière un écran d'ordinateur...
Difficile d'exprimer à quel point je suis d'accord avec toi. Mon psy parle de "totalitarisme de la vie privée".
RépondreSupprimerMême si tu ne te dévoiles pas, quelqu'un le fera pour toi.
Et si rien n'est dévoilé, c'est que ta vie ne doit pas être bien intéressante.