22 décembre 2009

Un Noël désabusé.

Temps qui passe, temps rapace. Temps qui emporte au loin tous les souvenirs fugaces de ce que nous sommes, de ce qu'ils sont, de ce qui est. Je me demande souvent jusqu'à quel point nous contrôlons le fond de notre être. Hier, succombant à la léthargie désagréable de la fièvre, j'ai passé mon après midi, allongée sur le canapé, à regarder des contes de noël. Vous savez? Ces belles histoires qui allient romantisme, joyeuses fins et belles valeurs utopistes. Habituellement, je me contente d'aller voir le dernier Walt Disney au cinéma et j'ai ma dose de bonheur distillé. Surtout que le côté animé de la chose le rend moins crédible, donc moins porteur de douces illusions. Hier, sans doute du fait de la fièvre et d'une éternelle fatigue qui s'accroche à moi avec plus de force qu'une moule à son rocher depuis des mois, j'étais clairement en mode hypersensible: j'ai pleuré devant le vieil acteur racontant à son neveu comment il était devenu un légionnaire hors pair, un sauveur de la veuve et de l'orphelin en "Afrique du Nord", j'ai sangloté devant la publicité pour le spectacle de Dan Bigras pour les sans abris, je perdais tant d'eau salée qu'elle finit par me brouiller la vue. Seule dans ce salon, à deux jours de noël, un gouffre sans fond semblait percer mon estomac. Même la réplique si cliché du vieil acteur des Vieux Lions sur la bonté fondamentale de l'homme n'a réussi à m'arracher guère plus qu'un rictus.

Noël symbolise la fête et la communion avec nos proches. Paradoxalement, c'est dans ces moments là que certaines personnes se sentent les plus seules au monde. L'expression du bonheur généralisé met en exergue avec plus force encore nos manques personnels, qu'ils soient familiaux, économiques ou autres. Le proverbe "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" est juste, finalement, et Dédé avait tort: le temps ne change rien aux regrets. Il les couvre de poussière, de futiles soucis qui, en apparence, paraissent plus gros. Mais le moindre choc secoue les millions de particules et la blessure se rouvre, béante et douloureuse. Le temps n'efface rien. La mémoire humaine a cet avantage qu'elle peut se montrer sélective. Pourtant, ce n'est que rarement les plus profondes coupures que le temps panse. Ce doit être pour ça que l'Homme a inventé les religions: pour trouver un coupable à ces douleurs qui font trop mal, pour ne plus sentir le plomb en fusion qui coule si lentement dans nos poumons. C'est tellement plus simple d'accuser une volonté extérieure, non humaine, indépendante de notre volonté. Au fond, nous ne sommes que des êtres déresponsabilisés dans un monde qui fout le camp par petits bouts. Nous ne sommes que des éternels enfants sans la magie de l'innocence. On joue aux adultes responsables mais on se retire dès que ça vient bousculer notre propre confort. L'exemple le plus probant est sans aucun doute le pitoyable échec de Copenhague. Je ne peux que rejoindre les auteurs de Paris Bali qui souligne que les dirigeants des 193 pays présents sont passés à côté de l'histoire. Pour Ban Ki Moon, le misérable accord qui en est ressorti est un "succès": j'ignore si j'ai envie de rire ou de pleurer! Parfois, je me demande comment l'idée que l'homme est fondamentalement bon et intelligent peut encore avoir la vie dure dans nos sociétés: je comprends que l'idée contraire effraie mais avouons que défendre ce point de vue est presque risible au regard de nos sociétés et de leur fonctionnement.

Bref, peu importe...Se montrer pessimiste et cynique ne permet pas à la Terre d'aller mieux non plus. Curieusement, pour la première fois depuis longtemps, Noël me rend triste. La fièvre sans doute...

2 commentaires:

  1. J'abonde dans ton sens en ce qui concerne Copenhague. Je rajoute juste qu'à ma connaissance, une autre personne est satisfait(e) de l'entente: Stephen Harper.

    Joyeux décembre (haha).

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  2. Héhéhé! En effet, je l'avais oublié celui là! Faut dire qu'il n'était pas bruyant lors du sommet! ^-^

    Merci pour ce souhait accommodant et raisonnable! ;)

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