26 septembre 2009

Remous de vie.

Longtemps sans écrire, une fois de plus. L'ennui avec les intermèdes qui durent, c'est qu'on ne sait jamais par quoi commencer lorsqu'on tente de reprendre le fil des événements. J'achève actuellement un petit périple en Ontario avec ma maman. En fait, elle voulait aller voir les fameuses Chutes du Niagara, personnellement, j'avais des archives à ramasser à Toronto: allier les deux était une agréable solution. La première fois que j'ai mis les pieds dans cette grande ville, je ne savais trop qu'en penser. Certes, je logeais dans une très agréable auberge, le Clarence Castle, où je rencontrai de forts sympathiques voyageurs. Certains étaient là depuis des mois, travaillant en ville et retournant, chaque soir, au sein de l'agréable nid douillet. Toronto, pourtant, m'était apparue trop grande, trop lumineuse, trop finalement. Elle me faisait l'effet d'une de ces grandes constructions sans âme qui poussent sur notre planète comme autant de boursouflures purulentes. Ma seconde visite au sein de la capitale de l'Ontario modifia quelque peu mon point de vue: à force d'arpenter les rues, j'appris à en apprécier les charmes. J'y laissai même mon lacet en guise de souvenir.

-"Gnê?"

En fait, je l'ai perdu. Il était un peu usé et je ne me suis pas rendue compte qu'il profitait de mon périple pédestre pour se choisir son lieu de retraite. De fait, je marche avec une chaussure sans lacet depuis trois jours! Certes, rien de grave mais ne pas avoir ma cheville tenue ne m'aide en rien pour mon équilibre. J'ai dû manquer choir au moins dix fois depuis...

-"C'est ça! Mets ça sur le dos du lacet!"

Sans commentaires...^_^

J'ai donc quitté Toronto et la charmante auberge ce matin pour faire une halte à Ottawa. La ville est jolie mais je commence à m'inquiéter de mon temps de travail qui rétrécit comme peau de chagrin. Il est temps de renter. En outre, mon directeur m'a écrit mercredi pour me rencontrer. Je ne peux m'empêcher d'être inquiète: j'ai toujours l'impression qu'il va découvrir que je ne suis pas au niveau d'un doctorat et que je n'ai pas ma place parmi mes compagnons chercheurs. Je n'ose imaginer la déception de mon père et de ma famille. Encore une fois, nous sommes prisonniers de la vie que nous nous sommes imposés.

Bref, ce soir, nous dormons à Ottawa: l'auberge de jeunesse est correcte, quoique les lits sont tremblotants lorsque je grimpe dessus. Un peu plus tôt, alors que je consultais distraitement mes messages, je vis bouger la moquette à mes côtés. D'un tempérament curieux, je m'approchai du revêtement de sol coupable: une espèce dégoûtante d'insecte tentait de se fondre dans le tapis élimé. Composé d'un corps allongé couleur urine, il avait plus de pattes que n'importe quelle bestiole croisée auparavant. Elles lui entouraient tout le corps comme des franges de tapis. J'eus un léger haut-le-cœur mais mon orgueil me permit de battre en retraite sans pousser le hoquet de dégoût qui affleurait à mes lèvres. Je me perchai sur mon lit superposé, estimant qu'avec autant de pattes, l'animal à franges ne pourrait pas grimper sur un barreau lisse...

Je me concentrai à nouveau sur les nouvelles Internet. J'eus un nouveau choc, plus important et plus émotionnel celui là: Pierre Falardeau et Nelly Arcan sont morts, à 24h d'intervalle. Le premier est fameux en sol Québécois pour ses positions très marquées et très virulentes concernant la souveraineté de la Belle Province. Il fut un cinéaste et un auteur, très engagé politiquement comme peu d’artistes le sont encore. Il était atteint d’un cancer qui a, semble t’il, gagné la bataille le 25 septembre dernier. Nelly Arcan, quant à elle, était un auteur très en vogue. Pour avoir lu quelques-unes de ses œuvres et pour avoir entendu une ou deux de ses entrevues, elle apparaissait comme une jeune femme pleine de talents qui avait beaucoup de choses à dire. Un de ces êtres tourmentés qui ont la plume dans le sang et qui tente, leur vie durant, de surmonter les douleurs sourdes de leur existence par le biais de l’écrit. Cette fois, il semblerait que cela n’ait pas suffi.
Je ne suis pas grand-chose ici-bas. A priori, je connaissais bien moins ces deux personnages de la culture québécoise que la majorité de mes amis ayant grandi avec. Pourtant, je trouve toujours étrange de s’apercevoir que, depuis quelques mois, les grands artistes de notre vie, passée ou présente, nous quittent tous, les uns après les autres. La fin d’une génération, peut être… Nelly Arcan n’avait que 36ans, pourtant …

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