3 mars 2010

Politique amicale ou triste individualisme?

Tout le monde le sait: parler de politique avec ses amis est le meilleur moyen de se brouiller. Cette remarque, proche de l'adage, serait évidemment à nuancer en fonction des dits amis et des situations mais elle demeure vraie en général. 
Un fait à priori anodin m'a amenée à pousser la réflexion plus loin, cependant: poursuivant actuellement mes études entre le Canada et la France depuis quelques années, je me suis installée au pays des neiges éternelles il y a quelques années maintenant. Je m'y plais, j'y ai tissé des relations amicales des plus agréables, parfois profondes, bref, j'ai fini par entamer des procédures pour transformer ce séjour étudiant en aventure professionnelle. Je n'ai pas le droit de vote actuellement et je ne l'aurais pas plus avec ma Résidence Permanente: à priori, le monde politique ne devrait pas me captiver outre mesure de ce côté de l'océan, étant donné mon incapacité à faire entendre ma voix. Ce n'est pourtant pas le cas: mon éducation et ma manière de comprendre le monde me poussent malgré tout à m'y intéresser et je peux ainsi connaître, au moins dans ses grandes lignes, les importantes questions de la société dans laquelle je vis.
Tout ceci est très bien mais quel est le lien avec mon introduction? Patience, j'y arrive! ^-^ Parmi mes amis, une personne est député pour le parti bleu. Jusque là, rien de bien troublant! Même si je ne prendrais sa vie pour rien au monde, ayant fort peu d'espoir dans les possibilités idéelles de la politique, je ne peux qu'admirer la volonté et le courage d'un être allant jusqu'au bout de ses convictions. Mon problème se situe à un autre niveau, beaucoup plus abstrait. Je m'interroge en fait sur les limites entre l'amitié et le métier de mon député (Tiens, j'ai fait une rime...^-^). Prenons un cas concret: cet ami a établi une pétition pour un service dans une région relativement éloignée de mon lieu d'habitation. Dois-je la signer? Plus exactement, pourquoi devrais-je la signer? Clairement, si je ne connaissais pas la personne à l'origine de cette pétition, je ne me serais même pas posée la question. Pire: je n'aurais jamais su qu'un tel document existait. Une telle réaction peut paraître égoïste, profondément individualiste, (et elle l'est!), mais elle n'en demeure pas moins vraie. Qui, sincèrement, se préoccupe du financement d'un service dans une ville qu'il n'habite pas? Le problème est que cette mentalité très individuelle est certainement, au moins en partie, la cause de l'indifférence générale pour la politique et les mesures parfois aberrantes prises par le gouvernement. Ce raisonnement est un des facteurs permettant à des partis au programme douteux d'accéder au pouvoir. Parce que, de toute façon, les mesures les plus discutables ne nous concernent pas ou bien parce qu'ils ont promis telle ou telle chose qui nous arrange, nous, au détriment des autres. 

Alors, finalement, ma question est la suivante: pourquoi devrais-je signer cette pétition? (ou pourquoi ne le devrais-je pas, les deux étant liés). Parce que mon ami en est l'auteur? La réponse négative paraît évidente ici. Ce serait valider un système douteux de réseaux et de relations qui prévaudrait sur le fond même des idées. Ce serait triste pour une démocratie. Je pourrais la signer parce que je suis d'accord avec son énoncé? Ce serait le meilleur argument mais, en toute honnêteté, et comme je l'ai déjà dit, je ne me serais jamais intéressée à la question si je n'avais pas connu l'auteur. Dans le fond, je ne peux pas être contre la requête au cœur de la pétition: à habiter dans la ville concernée, je serais sûrement enthousiaste. Mais je n'y habite pas et ce serait hypocrite d'appuyer une idée qui, fondamentalement, m'importe peu. Ne pas la signer, cependant, c'est cautionner cette dé-responsabilisation politique dont je parlais plus tôt et accentuer notre nombrilisme latent.

Bilan?

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