Abordons un sujet qui semi-fâche. Ce n'est pas un pavé dans la mare mais cela demeure une thématique sensible de nos sociétés: le végétarisme.
Jouons carte sur table: je suis végétarienne. Enfin, en grande partie et depuis peu. Je n'ai jamais été très férue de viande mais ce n'est que récemment que j'ai décidé de l'exclure complétement de mon quotidien alimentaire, par principe. Mes motivations sont simples: je ne me sens pas en harmonie avec les méthodes d'élevage et la provenance du morceau de steak préemballé dans les épiceries. Entendons-nous bien: je ne milite pas pour le végétarisme et je ne prétends pas être "LA gentille et lucide héroïne de l'histoire qui va changer le monde en arrêtant de manger le poulet qui n'a jamais vu la lumière du jour". Je ne fais qu'exprimer un point de vue: je ne suis pas d'accord avec certaines pratiques donc j'opte pour une solution à ma portée. Je ne suis végétarienne, cependant, qu'en "grande partie", car je suis parfaitement capable de manger un lapin de mon papa ou bien une poule de ma tante, sachant exactement d'où ils viennent, leur milieu social, leurs notes à l'école et la manière sèche et rapide dont ils sont morts. J'ai la chance de venir d'un milieu agricole et de pouvoir avoir ces informations, ainsi que des poulets rôtis de qualité. Finalement, ce n'est pas vraiment du végétarisme. Ce serait plutôt une espèce de sélection alimentaire en fonction de principes qui me sont personnels.
L'être humain est carnivore, naturellement, et je ne songe pas à prôner la suprématie du tofu sur la dinde à la Thanksgiving! De toute façon, le tofu se fourre beaucoup moins bien qu'une dinde. (Il n'y a, bien entendu, aucun jeu de mot douteux dans cette dernière phrase! ^-^). Ce qui me dérange, c'est le côté déshumanisant ou, plutôt, déresponsabilisant de la vente industrielle de viande, quelle qu'elle soit. Dimanche, à Tout le monde en parle, une dame, Maria Labrecque-Duchesneau, est venue défendre les agriculteurs et leurs pratiques de travail. Loin de moi l'idée de fustiger les dits agriculteurs: si les poulets sont élevés en batterie, par centaines, sans voir le jour ou bouger durant leur vie entière, c'est qu'il y a une demande pour ces animaux. Avec les chaînes de magasins du type PFK ou le Coq Rôti, bien sûr, il faut des dizaines et des dizaines de poulets. S'ils pouvaient avoir quatre cuisses, d'ailleurs, ça arrangerait tout le monde. Donc, non, je ne blâme personne dans la production agricole. J'ai d'ailleurs grandi au milieu des fermes et ma tante était connue dans tout le village comme "celle qui murmurait à l'oreille des vaches"! Si, si! Elle était capable de rendre une bête agressive, car anciennement maltraitée (oui, il y a des imbéciles partout!), aussi douce qu'un animal de compagnie. Elle était un peu l'idole de tous ses neveux et de tous ses animaux. Il n'empêche que lorsque ses vaches étaient trop vieilles pour donner du lait, elles partaient à l'abattoir et mouraient, stressées, avec un clou dans la tête. Il faut bien gagner sa vie et entretenir un troupeau de vieilles vaches n'est pas la plus rentable des démarches.
Bref, si je devais, à ma petite échelle, analyser l'origine du malaise qui pèse aujourd'hui sur la couche de bœuf haché (en fait, de vache hachée) de nos pâtés chinois et sur les boulettes de la sauce bolognaise, je me tournerais vers nos habitudes de consommation. Nous avons appris à avoir la vie facile, le tout-cuit dans notre assiette, sans véritablement nous questionner sur le pourquoi du comment. Je me rappellerai toujours d'une publicité sarcastique qui passait à la télévision lorsque j'étais petite: Rapid'asperge. Avec une sorte de gel vert, à étendre sur une plaque, on "obtenait" des asperges en 5 minutes. A l'époque, je trouvais ça dégoûtant. Aujourd'hui, je me laisse tellement emportée par mon quotidien qu'il m'arrive de mélanger une tasse d'eau, une tasse de lait, de vider un sac empli de poudre et de mini pâtes dans le liquide et de manger des Penne sauce Alfredo en 5minutes chrono. Fondamentalement, je mange du Rapid'asperge... Il en est de même, à mon sens, pour la viande: un St Hubert, un Coq rôti ou un PFK "de temps en temps", ça permet d'économiser de ce temps si précieux et, noyé sous les tonnes de sauce qui agrémentent le plat, le poulet a même un bon goût de barbecue. Oui mais voilà: des millions de personnes qui prennent ce "de temps en temps" en même temps, cela donne un besoin croissant en poulet à quatre cuisses. Encore une fois, je ne suis pas pour des discours pro-végétarien qui condamnent, accusent, tyrannisent les carnivores, les rendant responsables de l'extinction de tel ou tel animal ou de sa souffrance infinie. Je ne cherche pas non plus à défendre les répliques nonchalantes, parfois agressives, des mangeurs de viande qui ne voient aucun lien entre la tranche de jambon dans leur pain et les cochons qui défilent sur un tapis roulant pour se faire égorger ou "percuter" à la chaîne.
Ce que je voudrais exprimer ici, c'est simplement une aspiration à la prise de conscience: le steak haché n'est pas "né" en fines lanières grasses emballées et les ailes de poulets gratuites de la Cage aux Sports, chaque fois que le Canadien marque 5buts, ne sont pas le seul fruit d'un mélange d'œufs et de panure. (Quoique le doute est permis dans ce dernier cas...^-^) Si tout un chacun, lorsqu'il achète son morceau de viande, a conscience de ce qu'il encourage par ce seul geste, c'est déjà bien. Cela devient un choix qui n'est pas moins respectable que le mien. Chacun a ses valeurs, ses principes et loin de moi l'idée de stigmatiser ceux qui ne partagent pas les miens. Prendre conscience de ce qui est derrière le poulet désossé devant nous, c'est déjà prendre ses responsabilités.
Gigi: "rapid'asperge" et "fast huitres" je me souviens! j'ai choqué ma grand mère avec ça!
RépondreSupprimer"Regarde mamie plus la peine de planter des asperges c'est magiques!"
"Mais n'imporrrte quoi! ça rrressemble à de la merrrrde de pintade!" (les rrr c'est parce qu'elle roule les r:) elle est trop marrante ma grand mère :)