4 avril 2010

Les Sables-Mouvants du Subconscient de Celle qui parle parfois trop.

Elle m'agace. Parfois, j'aimerais juste qu'elle se taise et qu'elle cesse de monter sur ses grands chevaux à la moindre occasion. Avec ses airs de Je-sais-tout et sa psychologie à deux sous, elle a l'art de parler pour ne rien dire. Pire, elle piétine parfois, sans même s'en rendre compte, les jardins secrets des autres. Je me demande si on inventera, un jour, une pilule pour les égos sur-dimensionnés comme le sien. Au prime abord, on ne remarque que son sourire. Un joli sourire, j'en conviens, mais on ne peut décemment se limiter à des dents alignées pour impressionner son auditoire. On la dit drôle et sympathique. Probablement que ceux qui la définissent ainsi ne la connaissait que depuis peu. A force de la côtoyer, on s'aperçoit qu'elle est aussi douée d'une modestie contrôlée. Lorsqu'on aborde un sujet qui la concerne (ou non), dans lequel elle pense avoir établi un raisonnement solide, son contrôle se fêle. Sans réfléchir, il lui arrive trop souvent de parler. Trop. Je donnerais beaucoup pour être les dents qui mordent sa langue après qu'elle ait dit une énième bêtise. Toujours trop tard, bien sûr. Je ne la supporte plus et j'ai parfois l'impression que les autres non plus. Mais je transpose peut-être mes propres sentiments sur eux afin de justifier ma propre rage. Peut-être. Je voudrais ne plus la voir. Oui mais voilà: comment se séparer de soi-même? 

J'ai souvent dit, au hasard des billets, que j'étais ignare en matière de sous-entendus et qu'il ne fallait jamais interpréter ce que je disais. J'ai également mentionné combien je pouvais être décalée dans certains domaines du fait d'une vision du monde, de l'être humain, de l'amour, des relations humaines pour le moins étranges. Cela ne m'a jamais empêchée de mettre au point des théories farfelues sur ces domaines que je ne maitrise pas du tout et de les défendre avec toutes leurs faiblesses et leurs incohérences. Parfois, pourtant, je m'aperçois qu'elles débordent du cadre théorique pour envahir ma vie pratique, lorsque je les défends avec trop de force. C'est une étrange sensation de se sentir, lentement, glisser vers le gris et le morne de la vie. Devenir un être qui est à fuir plutôt qu'à côtoyer car trop étrange, trop hors normes, ou simplement trop terne. Oui, c'est vraiment curieux. Et Angoissant aussi. En fait, je pense que le pire est lorsque nous prenons conscience de notre décalage dans ce monde. Nous avons alors l'impression que notre présence seule est source de malaises. On  finit par s'enfermer pour ne plus l'imposer aux autres. De peu sociable, on glisse imperceptiblement vers l'isolement total. Petit à petit, cette solitude imposée devient celle que l'on a choisie et que l'on recherche. On répond de moins en moins au téléphone, aux mails, on "oublie" d'aller au Kung Fu, alors que cette activité a toujours été (et demeure) une source de plaisirs et de bonheur. De toute façon, personne ne le remarque vraiment. Au départ, c'était juste drôle mais les autres, ceux qui vivent normalement, ont fini par se lasser d'appeler un répondeur. A n'être jamais disponible pour rien, on finit par ne plus vraiment exister, n'est-ce pas? Alors, on continue de s'enfoncer dans les sables mouvants dans lesquels on s'est volontairement lancé, sans un cri. On se dit que, finalement, être seul empêcherait sûrement cette jeune-fille qui parle trop de blesser à nouveau, parce qu'elle-même ne sait pas toujours peser le poids des mots...

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