12 février 2009

Sursis et Ego.

Enfant, on me reprochait régulièrement de ne pas sourire, d'avoir un air triste. J'admets que je n'étais pas la petite fille la plus gaie qu'il soit et je ne voyais vraiment pas de raison pour afficher un air heureux et épanoui alors que me lever tous les matins me posait des problèmes existentiels. J'ai tout de même pris l'habitude de sourire, histoire de ne plus entendre ces remarques désagréables: un grand sourire qui ne laisse aucune place à l'ambigüité. Ma famille est contente et j'ai mué ma crainte du monde qui nous entoure en cynisme débridé.

Il est difficile de déterminer ce que nous voulons vraiment dans la vie. Elle est courte: nous devons donc faire des choix. Mais ils sont toujours à double tranchant: nous voulons sauver la planète "pour-nos-enfants" (SIC...) mais nous ne voulons pas que cela empiète sur notre propre confort et nos habitudes. Nous sommes contre le travail des enfants, les injustices sociales, l'exploitation des plus faibles ou des plus pauvres, mais nous allons tout de même acheter des chaussures ou des vêtements fabriqués par de petites mains en Chine ou ailleurs. Parce que c'est moins cher. Parce que nous achèterons local, plus tard, quand "on aura les moyens". Bien entendu, le "nous" est très général: sans doute que des personnes vont jusqu'au bout de leurs convictions dans ces domaines. Sans doute. Mais la plupart, faute de moyens, faute de motivation aussi, choisissent la facilité. Je m'inclus dans ce dernier groupe.

Aujourd'hui, une compagnie Chinoise a racheté Rio Tinto Alcan. Ou a "investi dans l'entreprise" mais bref, c'est bonnet blanc et blanc bonnet! En clair, l'Occident, en pleine débâcle économique, voit ses "subalternes" traditionnels prendre le relais de la puissance mondiale. Ceux que nous pointions du doigt hier pour leurs pratiques sociales, contraires aux droits de l'homme, s'apprêtent à diriger le monde selon leur bon vouloir.

Il paraît que notre planète est en danger. On raconte que les hommes sont en sursis et qu'un enfant meurt à chaque minute du sida, dans le monde. Nous, nous vivons dans un monde privilégié et nous profitons à chaque instant des ressources qui nous sont offertes.

Sourions, le monde change...Enfin, peut-être...Bref...

2 commentaires:

  1. Si je suis d’accord avec le postulat de base, je me permets quand même de faire quelques remarques.

    La Chine contrôle déjà l’économie américaine (USA) depuis au moins 5 ans, si ce n’est plus. Les chinois ont fait fonctionner l’économie américaine ces dernières années par un afflux important de capitaux qu’ils ne pouvaient pas forcement « placer » chez eux.
    Les chinois n’ont pas pour habitude de faire travailler leurs enfants, qui, du fait de la politique de l’enfant unique (est-elle encore en place?), sont considères comme des rois.
    Les USA, et quelques autres, ne respectent pas non plus les droits de l’homme et personne ne s’en soucie beaucoup. Est que le fait de fusiller les opposants politiques est plus barbare qu’une piqûre mortelle? L’occupation du Tibet est elle pire que celle de l’Irak? Peut-être, mais je ne me permet pas de donner des magnitudes d’horreur à l’horreur.

    Selon quelques approches, l’exploitation industrielle du tiers monde, j’entends par là les usines à salaire moins que minimum, n’a pas forcement que du mauvais. Des fois ces salaires de misère font la différence qui fait que les gents ne mourront pas de faim, ne seront pas obligés de mendier, de se prostituer, et dans le cas particulier des femmes, ça peut leur permettre, dans certains pays, d’avoir une option de survie par rapport à l’autre option : le mariage (plus ou moins forcé). Certaines de ces approches (forcement un peu capitalistes), au contraire, poussent à développer ces industries, qui par leur besoin de main d’œuvre, seront obligées à offrir de meilleures conditions à leurs employés si elles veulent les garder, et donc produire. On voit ce phénomène par le déplacement des industries d’esclavage d’un pays à un autre des que les salaires du précèdent pays augmentent. Elles laissent, quelques fois, des infrastructures, du savoir-faire, des connaissances, des technologies ou des conditions qui pourront aider au développement des industries locales après leur départ. C’est sûr que cette « amélioration » fait suite à une première période d’exploitation complètement inhumaine.

    Malheureusement, comme c’est mon habitude, ces quelques remarques n’ont pas de références, ayant été glanées par-ci par-là au cours de mes lectures. De même l’approche est certainement très capitaliste et occidentale, approche que j’abhorre, mais qui régit malheureusement le monde actuel. J’aurais préféré une approche communiste, ou socialiste, du moins selon l’idéologie, vu que son application a aussi vécu pas mal de dérapages, ou alors une approche humaniste, ou simplement humaine, mais je pense que c’est celle dont le monde est le plus éloigné et elle ne sera pas adoptée avant quelques générations.

    Sinon, pour le sourire, garde-le car il est magnifique, mais essaie qu’il soit sincère.

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  2. Eh bien, cher Polo, je suis très heureuse de lire un commentaire aussi fourni, quand bien même les sources ne soient pas mentionnées: au fond, tu es post-moderniste! ^_^
    Pour en revenir au sujet, je te rejoins sur certains points, notamment les droits de l'homme bafoués par les USA. Tu remarqueras que je n'ai jamais dit le contraire, ni même dit que la situation ancienne était meilleure que celle qui se profile. J'ai juste pointé du doigt le fait que nous parlions beaucoup de belles valeurs sans agir et que nous répétions les mêmes erreurs, sans prendre en compte ce qui nous menace vraiment. Ainsi, que la Chine vienne "prendre la place" des Etats Unis, n'est qu'un renversement de pôle qui illustre le fait que nous axons toujours nos actions sur notre intérêt immédiat et le profit. En clair: rien ne change, sinon qui dirige le monde.
    Après, concernant les délocalisations, je ne peux que songer que les entreprises tombent de charybe en Sylla. De fait, elles apportent peut être des "améliorations" selon le modèle occidental dominant, mais elles laissent aussi des nouveaux pauvres dans les pays qu'elles ont quitté, des dégâts environnementaux de taille dans les pays d'accueil, et elles creusent souvent les écarts entre riches et pauvres. Rien n'est tout noir ou tout blanc.
    Pour le sourire, merci beaucoup. Il l'est souvent avec mes amis! ^_^
    Encore merci pour cet intéressant commentaire!

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