2 juin 2009

Stérile Liberté?

"Vivre libre, c'est souvent vivre seul!"

Réplique presque anodine de Renaud dans sa chanson intitulée Manu.



Triste constat avec lequel mon père serait sûrement d'accord. Parfois, je me demande dans quelle mesure l'être humain est fait pour vivre en groupe, ou en couple. Certes, de nombreuses idéologies ont, au fil des temps, promu la communauté et la vie à deux mais elles répondaient à une nécessité pratique déjà établie: on est beaucoup trop nombreux pour ne pas s'organiser en groupe. Mais est-ce là une raison de succès? En même temps, si on part de là, l'individualisme à tout crin est également issu d'une idéologie préfabriquée...

-"Pourquoi tu parles de ça???"

Je ne sais pas. Cette phrase m'a interpellée. Je la crois vraie, de même que celle qui suit:

"ça fait peut être mal au bide mais c'est bon pour la gueule." (Oui: Renaud est un poète!^_^)

De fait, j'ai eu envie de réfléchir sur son sens profond et sur son impact dans notre quotidien. Un questionnement stérile dont j'ai l'habitude finalement. ^_^

Bref, revenons à nos animaux laineux: si vivre libre, c'est vivre seul, alors notre société nous impose des choix pour le moins cruels. Renoncer à notre liberté individuelle pour échapper à une solitude parfois douloureuse, ou bien n'avoir plus aucune entrave mais être seul à jamais.

En fait, ce n'est pas exactement le sens que Renaud donnait à ses paroles. Si nous replaçons la phrase dans son contexte, le chanteur parlait surtout du couple: il réconfortait son ami, après une rupture difficile, en lui rappelant qu'ils étaient, tous deux, faits pour vivre seuls, sans femme. Bref, sa remarque se rapportait moins au groupe qu'au couple. J'ignore si je trouve cette précision rassurante mais elle est indéniable: le principe fondateur de l'union de deux personnes est la concession. Il n'y a pas de couple sans compromis. De fait, dans quelle mesure désire t'on notre liberté? Pour poser la question autrement: faire le choix de vivre en couple n'est il pas la preuve que nous n'aspirons pas tant que ça à notre liberté individuelle?

Je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises sur ce blog: je suis vraiment novice en matière de relations amoureuses et de couple durable. J'en découvre un peu tous les jours, même si parfois cela s'avère assez douloureux. Pourtant, la question de la la liberté individuelle et celle de la concession m'ont toujours profondément perturbée. Où est la frontière à ne pas dépasser? A partir de quand nos choix, faits en fonction de l'autre, ne correspondent plus à une aliénation de ce que nous sommes? En clair, comment savoir si les décisions que nous prenons pour nous concilier avec notre partenaire de vie ne seront pas source de regrets ou de rancœurs plus tard? Je sais que la première fois que je me suis interrogée sur ces questions dans ce blog, une de mes amies m'avait fort justement fait remarquer que je pouvais douter de tout mais pas du choix de l'autre. Elle a raison. Mais, nous mêmes, quels sacrifices sommes-nous prêts à faire pour préserver une vie à deux?

Je n'ai pas de réponse. A dire vrai, j'imagine que nous ne pouvons jamais le déterminer à l'avance et, sur le moment, toutes les décisions que nous prenons nous paraissent les meilleures possibles. Pourtant, je ne peux m'empêcher de songer que si Renaud a raison, alors nous faisons le choix délibéré de nous aliéner nous mêmes en échange d'un peu d'amour et d'affection... Remarquez, si l'on en croit tous les films et les romans à l'eau de rose que nous sommes capables de produire, c'est un peu l'objectif de notre existence...

Enfin, après la réussite sociale, la richesse, la reconnaissance, et autres valeurs de nos sociétés modernes! Faut pas déconner non plus... ^_^

2 commentaires:

  1. Comme ton père, ma mère répétait souvent : « mieux vaut seul que mal accompagné ».
    À force de me répéter j’ai une fois fait une étude statistique qui prouve le contraire (malheureusement). En cas de problème majeur (tomber au fond d’un puits par exemple) être deux ou plus donne plus de chances de s’en sortir. Mais je crois que là n’est pas ton propos.

    De même, là ou tu dis que la nécessité de se regrouper vient du fait qu’on est trop nombreux, ça ne se justifie que des nos jours. Originalement, je crois plutôt que la nécessite de se regrouper vient du fait de notre faiblesse intrinsèque qu’il fallait compenser par la force du groupe. À mon avis, le fait d’être trop nombreux justifie plus la société que le regroupement, avec tout ce qu’elle implique en lois, codes et interdits. Et l’individualisme viendrait selon moi du fait que le « danger » ne vient plus d’ailleurs, mais qu’il est interne, intimement lié à cette société. L’individualisme nous fait croire que nous ne marchons pas au pas de la société, que nous maitrisons notre vie, et dans le pire des cas, que nous pouvons dominer ces autres individus, les moutons de notre société et qu’en étant meilleurs qu’eux, nous pouvons en profiter.

    Bon, je m’égare….

    Au passage, Renaud EST un poète, pas besoin de smiley derrière ;)

    Là où je ne suis plus forcement Renaud est quand il dit que : « une gonzesse de perdue, c’est les copains qui reviennent ». Les copains, il n’y en a pas tant que ça, et c’est rare qu’ils viennent à notre rescousse (Ok, il y en a quand même un ou deux par tranche de vie).

    J’ai déjà entendu à plusieurs reprises que la vraie liberté n’est possible que dans les contraintes (un peu comme on dit pour l’art). Que veut-on dire par ça? J’y travaille encore, mais une des voies, la plus facile, est que l’on profite mieux de notre liberté en opposition aux contraintes (Ex : vacances versus travail. Le plaisir des vacances étant le changement par rapport au travail). Puis la liberté pour quoi faire? Je vais dans le négatif, mais les fois où j’ai été vraiment libre, en ai-je profité? Après quelque « folies », on se retrouve dans un no man land un peu perdus et on cherche quelque chose de concret à quoi se rattacher.

    Si tu as tout à fait raison dans le fait de ne pas s’aliéner, dans la pratique c’est très difficile et les concessions qu’on fait, par amour ou pour s’éviter des problèmes, sont la norme plus que les exceptions. La vie de couple étant parmi les choses les plus difficiles à réaliser pleinement.

    Tout ça pourquoi? Pour un peu d’amour et d’affection comme tu le dis? Après du contrat social, le contrat affectif…

    Au moins un point positif dans tout ça : je retourne écouter Renaud en divagant sur mes anciennes amours, ma jeunesse et en me laissant aller à la rêverie. Manque seulement l’ivresse pour être comblé (comme dirait Musset).

    Sur ce, force et honneur.

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  2. Hello!!!

    Oui, Renaud est un poète, au sens où il dit de belles affaires. Ce qui est amusant dans l'usage du terme est qu'il le fait en usant d'un langage très familier, voire vulgaire qui jure avec l'image "classique" du poète. D'où le smiley! ;)

    Ta réflexion est intéressante. Et je n'ai effectivement pas assez réfléchi sur la fonction du groupe. Ton analyse me paraît assez bien pensée et il est certain que, dans les premiers temps, cela relevait plus de l'instinct de survie que du manque d'espace.

    En revanche, pour les amis, je pense que Renaud fait ici allusion à une tendance assez généralisée, un brin regrettable, que nous avons à négliger un peu nos amis quand on se lance dans l'aventure amoureuse. En ce sens, lorsque survient la rupture, on "retrouve" nos amis. Ceci étant dit, même s'ils se comptent sur les doigts d'une main, les bons amis sont là en cas de coup dur. En tous les cas, les miens le sont et je le suis pour eux. Ce serait un peu triste sinon, non? ^_^

    Abordons maintenant le cas de la liberté dans la contrainte. C'est une analyse classique notoire et je te rejoins pleinement. Probablement parce que c'est toujours lorsqu'on perd quelque chose qu'on se rend compte qu'on y tenait vraiment. De fait, c'est dans l'absence de liberté qu'on va la désirer la plus ardemment. Pour le cas du couple cela dit, il s'agit d'un choix volontaire. C'est la partie la plus intrigante, selon moi. Ce ne sont plus vraiment des contraintes extérieures: nous décidons de nous priver de cette liberté pour partager, comme tu le dis si bien, un contrat affectif... C'est étrange...

    En tous les cas, je suis heureuse d'avoir lu cette intervention! ^_^ Elle me permet de réfléchir un peu plus sur la question... Et si elle t'a permis de passer un peu de temps avec Renaud et tes anciennes amours, je suis comblée! L'ivresse viendra en son temps: nous sommes encore maître de notre vie... ;)

    Force et Honneur!!!

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