21 avril 2009

Indépendance en sursis.

Il paraît que la pluie rend rêveur. Pour ma part, elle me déprime. Certes, je le sais, elle est nécessaire à la nature et elle est sans doute la richesse de demain. Sûrement. Mais, pour l'heure, elle rend mon environnement froid et gris et mes trajets en vélo, périlleux!

Hier après-midi, j'ai été prendre un thé avec mon yankee préféré à l'Orienthé, mon refuge lounge sur Saint Denis, coin Mont Royal. Nous avons alors eu une grande discussion sur les choix que nous sommes tous amenés à faire, à un moment donné, dans nos vies. Je m'interroge souvent sur comment aurait été mon existence si je n'étais pas, par exemple, revenue au Québec, ou si j'avais arrêté mes études plus tôt. Différente, certainement, mais il est impossible de déterminer dans quelle mesure elle aurait été pire ou meilleure. Peu importe le scénario, si on le modifie même un tant soit peu, on perd un peu des beautés qu'on a rencontrées dans cette vie présente. Alors, le jeu en vaut-il la chandelle?

Ce genre de questionnement stérile me permet, paradoxalement, d'apprécier ce que j'ai et de songer que, peu importe les mauvais côtés, je n'aurais pas pu prendre un autre chemin sans perdre nombre de trésors.

En fait, ce qui me pousse à réflèchir à ce genre de question est certainement ce sentiment de dépendance que j'entretiens depuis bientôt deux ans. D'un naturel très indépendant, j'ai toujours détesté impliquer les autres dans mes choix personnels. De fait, je me suis assumée relativement tôt dans la plupart de mes décisions. Pourtant, lorsqu'il a été question de venir à Montréal terminer ma thèse, j'ai été confrontée à une situation problématique: je n'avais pas l'argent pour mais je désirais vraiment achever ce que j'avais entrepris. J'avais trop investi d'énergie dans cette aventure étudiante, j'étais trop convaincue de mes choix pour baisser les bras, mais je n'avais pas les ressources financières pour mener ma quête jusqu'à son terme.

Frustrant.

Aussi, lorsque ma famille m'a proposé de l'argent pour que je puisse terminer, j'ai ressenti un mélange de joie, puisqu'elle me montrait une sortie à mon impasse, et de tristesse, car cela heurtait tous mes principes ainsi que ma philosophie de vie. Mon père avait d'ailleurs conclut sa proposition en mentionnant qu'il ne serait pas étonné que je refuse. Moi non plus. J'ai accepté pourtant. En toute conscience, j'ai signé au bas d'une proposition qui allait à l'encontre de tous mes efforts des années précédentes: j'imposais mon choix de mener des études longues à ma famille. Pire, je leur en faisais payer le prix. En acceptant l'offre de mon père, je devenais non seulement une charge financière mais je vendais mon indépendance.

-"Hein? Ton indépendance? De quoi tu parles?"

Eh bien, il y a deux ans, alors que j'assumais mes études seule, j'étais responsable de mes choix. Si, tout à coup, j'avais voulu arrêter mon doc pour devenir serveuse dans un bar, par exemple, ça n'aurait impliqué que ma personne. Or, en acceptant la proposition de ma famille, j'ai signé plus qu'une dette d'argent: je leur dois de réussir, dans les temps que je me suis impartis, de trouver une job qui ait de l'allure. Parce qu'elle aura fait des sacrifices pour que j'en arrive là, parce que je l'aurais contrainte à me suivre dans mes choix de vie. C'est en ce sens que j'affirme avoir perdu mon indépendance.

Entendons-nous bien: j'ai accepté de mon plein grè la proposition de ma famille et je m'estime plus que chanceuse d'être aussi bien entourée. Je leur suis vraiment reconnaissante de tous les efforts qu'elle réalise pour m'aider à atteindre mon objectif et c'est sans doute grâce à elle que je continue toujours d'avancer. J'ai vraiment beaucoup de chance. C'est simplement une partie de moi qui songe que je n'avais peut-être pas le droit de les entraîner dans mes choix égoïstes.

La pluie tombe drue ce matin. Elle me rend un brin nostalgique.

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