30 mai 2009

L'épopée du magasinage.

Il paraît que toute femme ne se définit que par le magasinage. (Il faut comprendre le lèche-vitrine, mais en québécois).

Ah...

C'est donc définitif: je ne fais pas partie de cette gang. Pour être honnête, je n'ai rien, fondamentalement, contre l'action de farfouiller dans les magasins mais il me faut, au préalable, voir réunies un certain nombre de conditions. Ainsi, si je suis parvenue à croiser mon reflet dans le miroir sans une grimace de dégoût, si les autres clients de la boutique acceptent de sortir le temps que je choisisse l'item qu'il me faut, si je peux entrer déjà en sous-vêtement afin de ne pas avoir à me déshabiller cinquante fois en dix minutes pour constater que la couleur ne va pas du tout avec mes cheveux, alors, peut être, je serai capable de garder le sourire lorsqu'on me propose une virée tue-portefeuille.

Bon, bien sûr, il y a aussi les cas de force majeure.

-"Steph... Ton jean a un trou aux fesses et se perce aux genoux. ça fait combien de temps que tu l'as?
-Ch'ai pas... Je l'ai acheté au lycée je crois... Ah non! Il était à ma sœur, celui là. Ben 10 ou 15ans quoi...
-...
-Quoi? Il peut toffer encore un peu!

*Silence réprobateur*

-Il y a une vente à rabais de jean aujourd'hui! On y va! "

Mmh... Youppie? Youplaboum!

Bref, je suis donc partie à la conquête de pantalons qui n'arboreraient pas inopinément des marques d'usure. L'avantage d'une vente d'entrepôt, c'est que c'est pas cher. Le côté négatif, c'est qu'il y a beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, de monde. En clair, mon agoraphobie en a pris pour son grade! Prenant sur moi même, je résistai à l'envie de hurler au milieu de cette foule pressée que j'avais la grippe Porcine doublée de la lèpre: certes, la majorité des gens serait sortie mais je ne suis pas sûre qu'on m'eut laissée continuer paisiblement mes emplettes. Tant pis: je devrais tenter de survivre parmi mes congénères, secouant furieusement les penderies de jeans à rabais, à la recherche du petit bijou dissimulé.

Hésitante, je commençai à regarder les différents modèles exposés. Très vite, je remarquai un autre problème s'ajoutant à mon manque d'enthousiasme face au magasinage: je suis anti-mode. Les strass sur les fesses, les fleurs brodées jusqu'au genoux ou encore les pattes de pantalon serrées en bas ne suscitent chez moi que des pensées sarcastiques, voire des moues horrifiées. Tant bien que mal, je parviens à dénicher quatre jeans pas si mal, relégués dans un coin par les fanatiques de bling-bling. Il est désormais temps d'aller essayer...

Devant le long rideau noir, la vendeuse semble fière de son rôle de vigile. Imposante dans son costume trois pièces, elle semble hésiter entre le côté maternel de la femme et celui, un brin plus rustre, du videur de boîte. D'une main, elle m'invite à demeurer à ma place, à trois mètres d'elle, tandis qu'elle soulève un pan de rideau afin de voir si je peux entrer.

-"Il va falloir attendre un peu, Madame! (SIC...) Il y a beaucoup de monde aujourd'hui. Ce sont de beaux vêtements."

Ah... J'ai oublié le nom de la marque en fait. Mais si Godzilla le dit...

La dame derrière moi tente d'entrer en communication en racontant des lieux communs sur la météo et les files d'attente. J'hésite un instant à jouer sur les mots, en bonne Française innocente, et à lui parler des gosses dans la queue qui jouent avec leurs poches en plastique mais je me contente de lui adresser un rictus antipathique, sans répondre. Mon interlocutrice finit par se lasser de mon manque évident de répartie et reporte son attention vers Bruce Willis femme qui nous invite à entrer dans le "salon d'essayage"....

En clair: un espace étroit où quarante femmes à moitié nues étalent leurs attributs pour essayer leur butin. Avec mon aisance naturelle dans la foule, je demeure un instant pétrifiée sur le seuil. Heureusement, Hulk me déboite une épaule pour m'inciter gentiment à pénétrer dans l'enclos à pitounes. Quelque peu destabilisée, je cherche un coin reculé où je pourrai déposer mes affaires sans risquer d'être agressée par une fille en string parce que je lui cache le miroir. J'avoue ne pas avoir bien pris le temps d'analyser mon image dans le dit objet réflectif, pour chaque jean, car les intelligents organisateurs l'ont installé sur un pan de rideau. Or, que fait un bout de tissu lorsqu'il y a beaucoup de mouvement autour de lui? Il bouge effectivement. Résultat: je devais attendre que le miroir daigne se stabiliser un tantinet afin de chercher mon image, revêtue du nouveau jean, dedans. Au bout du troisième essai, j'avais la nausée. Je pliais donc les heureux pantalons élus, me rhabillait en hâte et quittait l'antre des magasinières professionnelles. L'ours Grizzly de l'entrée me rappela rapidement afin de me signifier qu'elle devait recompter mon linge avant que je ne parte payer. Soit. Je ne pense pas pouvoir enfiler deux jeans l'un par dessus l'autre mais, il est vrai, on n'est jamais trop prudent...

Finalement, je suis l'heureuse détentrice de trois nouveaux jeans! Le côté positif est que ce devrait être bon pour les dix prochaines années, si je me fie à mes résultats passés...

1 commentaire:

  1. Excellent ! Je me reconnais bien là, quelle galère ces essayages ;-)
    Gros bisous,

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