10 août 2011

L'ombre du Serpent qui glace le sang.

Il y a quelques mois, j'ai participé à un atelier de défense urbaine que donnaient mon professeur de Kung-Fu et l'un de ses très bons élèves. Mon objectif premier était d'apprendre quelques clés pour pouvoir désamorcer rapidement toute attaque future. Si je me fie à mes expériences passées, ce sont les premières minutes qui décident si la conversation avec un potentiel agresseur s'arrête net ou dérape gravement. Lors de cet atelier, Fujiao et son assistant avaient opté pour une approche plutôt psychologique, avec une longue première partie orientée sur le partage de nos malheureuses aventures passées et l'analyse de notre comportement. Objectivement, c'est une très bonne idée pour n'importe quelle personne qui aurait subi un traumatisme récemment ou qui n'aurait jamais pris la peine de le travailler. En revanche, pour une habituée des psy-quelque-chose comme moi, qui en est arrivée à une dissociation entre mon corps et mon esprit en cas d'agression, c'est un peu tombé à côté. Je n'avais pas l'intention, en effet, de partager mes expériences avec des inconnues - déjà que j'ai du mal à utiliser des mots lorsque j'en parle avec des amis ou des professionnels du mental! ^-^ Bref, ce cours était intéressant mais j'aurais sans doute préféré qu'il soit un peu plus pratique. 

Pourquoi j'en parle maintenant? Eh bien, parce qu'il m'est arrivé une petite mésaventure hier soir qui m'a rappelée pourquoi il est bon de savoir se défendre - ne serait-ce que pour se rassurer soi-même. À vrai dire, grâce à ma capacité à me dissocier, il n'existe pas grand chose qui me donne envie de vomir dans le discours des Hommes-Paon, à la recherche d'un morceau de viande féminin. Généralement, l'ignorance ou la réponse polie désamorce immédiatement la tentative d'invasion de ma bulle personnelle. Pourtant, il y a certains regards, certaines attitudes qui donnent froid dans le dos. Hier soir, j'ai vécu un de ces moments désagréables alors que je rentrais chez moi - ce qui accroît d'autant plus mon angoisse que l'espèce de type bizarre a donc pleinement vu où j'habitais. Dans ce genre de moment, je ne peux m'empêcher de penser à toutes les séries télé américaines un peu faciles, sur les enquêtes policières, ou encore aux faits divers un peu sensationnalistes dont les journaux se gargarisent depuis quelques années: tout à coup, en sentant le regard pervers glisser sur ma peau comme un serpent et en croisant le regard un peu fou de ce personnage qui s'ingéniait à faire des mimiques obscènes, ces histoires m'ont parue excessivement plausibles. Voyez-vous, j'ai toujours cette espèce d'impression que je vais être "punie" tôt ou tard pour avoir toujours tout eu pour être heureuse alors que d'autres non. Du coup, le "ça n'arrive qu'aux autres" a généralement peu d'emprise sur ma vision des choses. 

Bref, je me rassure en me rappelant mes cours de Kung-Fu et les conseils que tout un chacun a donné, au moins une fois dans sa vie, sur la réaction à avoir en cas d'agression. Fondamentalement, je ne devrais sans doute pas y attacher l'importance que j'y donne car le type bizarre n'a pas proféré de menaces ou n'a pas paru s'installer devant la porte de mon appartement. Mais cette envie de vomir qui m'habite depuis que j'ai croisé son regard risque de me hanter encore pour quelques jours. Sans doute le signe que toutes les plaies ne sont pas cicatrisées et que je devrais considérer avec plus d'intérêt les séances de thérapie collective qui occupent les deux tiers d'une séance de défense urbaine.

1 commentaire:

  1. Gigi: Grrr! Il y en a partout de ces bestioles, pire que les moustiques! Toi tu as de la chance tu fais du kung fu. Tu dois connaitre les points faibles (moi aussi mais je sais pas viser :), je lui ai cassé un tibia au lieu de ...). J'ai quand meme une bombe lacrymogène pas loin.

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