"L'Histoire est en marche", clament depuis quelques jours tous les journalistes occidentaux. Et pour cause, ce n'est pas tous les jours que nous assistons (même si cette notion reste très vague lorsque c'est par télévision ou radio interposées) à des révolutions en chaîne. Il était déjà incroyable de voir un pays tout entier, la Tunisie, poussé par la faim et la pensée qu'il n'avait plus rien à perdre, prendre la rue pour demander la démission de leur "président"- à la tête du pays depuis près de 30ans. La détermination d'un peuple qui aspire à se démettre de ses chaînes, uni dans l'adversité, est beaucoup plus impressionnante que n'importe quel autre mouvement politique. C'est un cri du cœur qui motive les manifestants et c'est ce désespoir face à l'injustice qui incitent ceux qui ont déjà touché le fond à remonter d'un coup de talon.
Le mouvement était, d'ailleurs, à ce point convaincu qu'il s'est répandu telle une traînée de poudre et les journalistes ne savent plus où donner de la tête: depuis que les Tunisiens ont obtenu gain de cause, tous les regards se sont rivés sur l'Egypte et le Yémen, où la révolte gronde à son tour. Une moitié de la planète s'aperçoit alors que d'autres pays, dont on connaissait jusqu'ici l'existence grâce aux catalogues touristiques, ont fait le choix de se battre pour leur avenir et on sent un petit frisson nous parcourir l'échine. Comme si ce désir de liberté venait chatouiller notre fibre révolutionnaire trop longtemps endormie, qui nous fait préférer, le plus souvent, le bougonnement en petits groupes à l'union nationale de protestation. Face aux aspirations d'un peuple dans son entier qui n'hésite pas à braver la vindicte du pouvoir pour faire entendre sa voix, nous ne pouvons que nous incliner. L'Histoire, c'est aussi ces grands moments de conscience populaire qui se battent pour leur existence. Si l'avenir est incertain, il est déjà sûr que la Tunisie et l'Egype, tout au moins, auront écrit, de leurs propres mains, plusieurs pages de leur livre de vie. "L'Histoire est marche", en effet, et il n'appartient qu'à ces peuples de la guider sur ces chemins brumeux d'avenir.
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