31 janvier 2011

Certains propriétaires confondent la chasse au pigeon avec la location.

La première fois que je suis arrivée au Québec, j'ai été frappée par le montant des loyers. Oui, Messieurs Dames, il était alors possible d'être étudiant ET de ne pas vivre dans un cagibi. Mieux: les appartements ressemblaient à de vrais appartements avec des chambres fermées et des cuisines complètes: ça changeait des mini plaques électriques de campimg que l'on posait en équilibre entre le micro-ondes et le frigo parce que le terme "cuisinette", dans le langage immobilier français, signifie "50 cm de comptoir à côté du meuble télé". Autant vous le dire: je me sentais comme dans Alice au Pays des Merveilles. Tout à coup, tout me paraissait gigantesque. Doux souvenir.

À me lire, on pourrait croire que cela remonte à une trentaine d'années. Et pourtant, seulement sept petites années (et demie) sont passées depuis. Difficile à croire lorsque je lis les offres de location aujourd'hui. Je vous donne l'exemple le plus flagrant de notre métamorphose en pigeon pour certains propriétaires: un 4 1/2 à Villeray, quartier, certes, agréable mais qui n'est ni le centre-ville ni le lieu paradisiaque que les annonces semblent vouloir le laisser croire, 2040 dollars, rien d'inclus. 2040 dollars pour un appart avec deux chambres fermées dans un coin de Montréal nécessitant l'achat d'une carte de métro pour garder un lien avec le centre névralgique de la ville (car 55 minutes à pieds, c'est vachement moins sympa par -20 degrès celsius). Genre, c'est même pas abordable pour un cadre célibataire. Quand bien même je gagnerai 4000 dollars par mois (sait-on jamais, sur un malentendu ou une erreur de Loto Québec), ça me ferait mal de donner la moitié de mon salaire aux bonnes œuvres d'un mercantile propriétaire. À ce compte-là, je préférerai acheter, quoique là aussi nous soyons passés du paradis de la bonne affaire à l'enfer de l'abus commercial (acheter un immeuble 41% trop cher, c'est un peu comme financer les prochaines vacances du vendeur et de toute sa famille élargie durant les 25 prochaines années). 

Remarquez, j'ai pris l'extrême: cette annonce n'a pu être écrite que sous l'emprise de LSD ou bien par un aventurier de l'arnaque qui s'est dit qu'il allait tenter de chasser le pigeon pour son "superbe 4 1/2". (À ce prix là, il est mieux de ne pas avoir une craque dans la peinture, en effet!). Une autre hypothèse aurait pu être que le chasseur en question se lançait dans le produit importé: il attendrait le touriste naïf pour le plumer avec le sourire et la tape dans le dos. C'est une valeur sûre, le touriste, en matière de pigeon. Mais non, notre chasseur en question est beaucoup moins calculateur que ça (ou beaucoup plus utopiste?) car il spécifie: location de deux mois minimum. Genre, il cherche un pigeon, éventuellement en voyage, qui aurait 4080 dollars (plus factures) à mettre dans son loyer. Ahahah, il est drôle le bougre. Il a le mérite d'aller jusqu'au bout de ses rêves...

Dans les faits, la plupart des propriétaires, quoiqu'ils se sentent l'âme de fermier en quête de vaches à traire (nous, chanceux locataires!), les prix ne sont pas autant excessifs que l'exemple que j'ai pris. Lorsque le montant du loyer dépasse les 2000 dollars, c'est qu'il y a un paquet de chambres dans l'appartement pour pouvoir accueillir une tripotée d'étudiants. La coloc ne se démode pas. Il n'empêche que c'est assez fou de voir comment certaines personnes n'hésitent pas à louer leur logement une fortune, peu importe le quartier ou la grandeur. Paris, prends garde! La concurrence commence à se faire rude!

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