15 janvier 2009

Réflexions d'un jour divers...

-"Vous avez un très joli sourire, Mademoiselle. Gardez-le!"

Une réflexion d'un Sans-Abri qui me tenait la porte du métro. Merci, lui ai-je répondu, accentuant le dit sourire. Je ne peux m'empêcher de penser à ce que m'avait dit Henri, un SDF "régulier" des Camions des Resto du Coeur, Gare de l'Est à Paris.

-"Tu sais, le pire dans la Rue, c'est pas le froid. [On s'entend qu'il était à Paris et non à Montréal, aujourd'hui] C'est l'indifférence. Au bout d'un moment, on finit par ne plus exister aux yeux des gens."

Il avait raison. Moi-même, je passais de nombreuses fois devant des Sans-Abris, sans même leur jeter un regard. Parce qu'ils sont "trop nombreux", parce que "souvent, ce sont des organisations qui les mettent là pour soutirer de l'argent", parce que je n'ai pas le "temps", parce que c'est ainsi... Mais, au fond, eux sont toujours là. Et, en les ignorant, c'est une petite mort que je leur inflige. Ils sont nombreux, c'est vrai, mais est-ce vraiment une bonne raison pour ne pas les regarder? Pour ne pas les écouter? Pour ne pas leur laisser cette parcelle de vie dans le fond de leurs yeux?

-"Ils veulent juste ton argent! Ils sont impolis quand tu leur donnes rien!"

Encore une fois, je ne peux qu'en convenir pour certains. Mais pas tous. Et quand bien même, peut-être pourrait-on se demander ce qu'il ressent au bout du cinquantième refus, même si cela n'excuse pas son discours désagréable. Finalement, Henri avait raison: un sourire, un regard, un "bonjour", ça ne coûte rien. Et ça peut réchauffer un cœur, à défaut du corps. Ce n'est, en vérité, que peu de choses. Mais si cela peut éviter que le froid glacial de l'air ne s'immisce dans son être, alors, pour ma part, ça vaut la peine.

Aujourd'hui, les températures à Montréal ont atteint les -33°. Un record depuis de nombreuses années. Sur l'avenue Mont Royal, j'ai croisé un homme recroquevillé sur le trottoir, arborant une cagoule ne laissant paraître que ses yeux Océan. Une superbe étendue bleue... éteinte. Un regard vide et triste qui nous broie l'estomac.


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