18 septembre 2011

Les affres d'une nouvelle vie.

Attendre. Espérer. Avoir le coeur qui bat à tout rompre lorsque le téléphone sonne et puis, finalement, être presque déçue que ce ne soit qu'un coup de fil ordinaire. Chercher un travail, parfois, c'est un peu comme tomber amoureuse pour la première fois.

Lorsque je rédigeais ma thèse, j'avais hâte de pouvoir envoyer des candidatures, de prendre ma vie en main et de rentrer sur le marché du travail. Ce que je n'avais pas trop prévu, cependant, c'est que nous serions plusieurs dans ce cas et que ma candidature resterait souvent lettre morte. En fait, assez ironiquement, je n'ai jamais eu de mal à trouver un boulot jusqu'ici: que ce soit pour un travail d'été ou étudiant, j'étais sûre de trouver preneur dans le milieu agricole, hôtelier voire de la vente. Faut dire que lorsque tu veux juste gagner de quoi acheter ton pain quotidien ou financer ton prochain voyage en Europe, tu ne penses pas forcément aux quarante prochaines années de ta vie. Après tes études, par contre, ça te paraît une donnée importante et tu t'aperçois alors, durement, que la chance de faire un boulot qui plaît n'est pas donnée à tout le monde. 

Remarquez, je ne devrais pas me plaindre. Pas déjà. Après tout, ça ne fait que quelques mois que je cherche et je crois que je n'ai même pas atteint la moyenne d'embauche des jeunes diplômés (qui est de cinq mois, si je ne m'abuse).Pourtant, ça m'angoisse au plus haut point. On dirait que d'avoir terminé ma thèse n'est pas parvenue à me convaincre que je valais vraiment quelque chose. Au contraire, je ressens la morsure du temps qui passe et je regarde, un pincement au coeur, toutes ces années durant lesquelles je n'aurais jamais rien fait d'autre qu'être un poids pour ceux que j'aime. L'éternelle étudiante que je suis est arrivée au bout de sa course, plus démunie de confiance en elle qu'à ses débuts. C'est ironique. C'est comme si mon insignifiance en tant qu'être humain me sautait d'autant plus au visage que je n'ai plus d'objectif à atteindre pour prouver ma valeur - ou plutôt que l'atteinte de cet objectif n'a, en fait, rien changer. Je n'arrive pas à bailloner les angoisses qui me taraudaient la nuit et je les sens, au contraire, gagner du terrain en envahissant mes journées.

Souvent, avec mon Yankee préféré, j'ai débattu du sens de notre existence. Un genre de discussion philosophique autour d'un thé ou d'un chocolat chaud qui ne fera pas avancer la planète mais qui nous remet en question. Partisane de la théorie de l'accident humain, je défends généralement cette idée que nous ne sommes rien et que nous ne servons à rien: ce sont les choix que nous ferons dans notre vie qui détermineront notre utilité, au moment de rendre les clés de la vie. C'est vrai que cette vision est assez angoissante car finalement, elle revient à dire que nous ne sommes que de l'herbe à vache en puissance et que seul le vide nous caractérise. Un vide vertigineux, que nous tentons de combler avec nos rêves et nos espoirs, nos déceptions et notre vie sociale. Mais lorsque tout s'éteint, que l'on se retrouve seul avec soi-même, alors le vide reprend ses droits et il nous faut fermer les yeux pour ne pas tomber. Aujourd'hui, je m'accroche à l'espoir de trouver ce travail qui justifiera ces années passées, qui sera la juste rétribution de tous les cadeaux que la vie m'a fait, qui me permettra de rendre un peu de ce bonheur si injustement partagé. Je m'agrippe à cette perspective et je guette le téléphone, le coeur battant. Ce n'est pas seulement l'employeur que j'attends: c'est mon droit d'exister...

2 commentaires:

  1. « nous ne sommes que de l'herbe à vache en puissance et que seul le vide nous caractérise » ah c’est profond ! Elle n’est pas née la vache qui me broutera ! Devant tant de réflexion effectivement je suis très vide.
    T y vas un peu fort, tout le monde galère pour trouver du travail avec ou sans diplômes d’ailleurs. Chacun son tour, c’est le passage obligé. Tu finiras par trouver, ou quelqu’un te trouvera !

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  2. Certes. Mais je suis une grande angoissée et ça, ça m'angoisse. :)

    Je ne fais qu'essayer d'exprimer joliement ce que je ressens, d'où sans doute l'impression que j'exagère. Ceci dit, c'est tout de même l'effet que ça me fait. Quant au fait que tout le monde galère, je n'en doute pas mais je me vois difficilement parler pour les autres et cela ne change absolument rien au sentiment d'angoisse! ^-^

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