24 septembre 2011

L'Eden est à notre porte.

Il existe un endroit pour chacun de nous. Un lieu qui nous appaise, nous réconforte et nous rassure. Nous passons souvent notre vie entière à la recherche de cet Eden, sans vraiment nous en rendre compte. Aujourd'hui, on peut même faire le tour de la planète, persuadé que la prochaine escale sera encore meilleure que celle que nous venons de faire. Pour certains, c'est une plage de sable blanc avec l'océan pour horizon. Pour d'autres, c'est les vertes prairies qui s'étendent à perte de vue dans les montagnes. Et puis il y a aussi les amoureux des villes, ceux qui parcourraient la Terre entière pour un coin de forêt ou encore ceux qui rêvent en silence d'une place au bord du Paradis. Cette Terre Promise, on nous en parle depuis des siècles et elle est pourtant si différente pour chacun de nous. Tant mieux, d'ailleurs, car elle ne serait pas assez grande pour l'humanité toute entière...

Mon Eden, c'est un coin de la planète assez peu peuplé, où la terre est si sèche qu'elle vous pique les yeux, les jours de grand vent. Il paraît qu'autrefois, il était couvert de bois et riche d'une abondante faune. Aujourd'hui, seuls les sangliers trouvent leur compte dans la multitude de champs de tournesols ou de maïs qui parsèment la région. Sur ces terres, se dressent des bâtiments en brique rouge - vestiges d'un passé heureux où j'accompagnais ma tatie garder les vaches et dévorais, en secret, les croquettes-boutons du chien (elles étaient excellentes, d'ailleurs). Derrière l'ancienne grange, se dresse un arbre dont j'ignore le nom. Il est plus vieux que je ne le serai jamais - témoin immobile du temps qui passe, des générations d'enfants qui s'ébattent dans le champs, de la renaissance perpétuelle des majestueux tournesols. Et puis, il y a les bois. Silencieux, ils se dressent au bout de mon Eden, protégeant les traces de mon enfance avec plus d'efficacité que ma mémoire ne saurait le faire. Ils gardent en leur sein nos rires d'enfants, alors que nous construisions la plus grande cabane du monde, sans branche ni feuille: une cabane creusée à même les bois, meublée des vieilleries que nous trouvions dans la grange, et dans laquelle les plus belles histoires se déroulaient. 

Je me suis toujours demandé pourquoi certains artistes exilés étaient plus lyriques lorsqu'ils parlaient de leur bout du monde. Une sorte de témoignage sur leur pays, pour lui exprimer leur attachement, pour lui rendre hommage ou peut-être seulement pour soulager leur nostalgie alors même qu'ils en étaient, parfois, partis volontairement. Aujourd'hui, je comprends que c'est aussi pour ne pas oublier. Quoi qu'on fasse, où qu'on aille, on ressent ce besoin de ne jamais couper complètement nos racines. Oublier d'où l'on vient, ce serait un peu comme devenir orphelin - d'ailleurs, ne parle-t-on pas de pays d'adoption lorsqu'on trouve un autre port d'attache?

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