27 avril 2010

Le recyclage de la récolte des déchets!

Mardi 27 avril: il neige. A priori, rien d'extravagant si l'on tient compte des années précédentes. Je me rappelle encore avec émotion mon premier hiver à Sherbrooke et son ultime tempête de neige un...6 mai. Point surprenant, donc, mais décevant: après tout, depuis quelques jours, on s'accroche désespérément aux degrés gagnés chaque jour. Hier, nous avions même atteint les 15°, Ô canicule! Oui mais voilà: l'ours a décidé de garder sa peau en dépit de toutes nos transactions anticipées et on se lève ce matin avec une envie marquée de rosser Mère Nature. 

A défaut de pouvoir mettre la main sur elle, je vais aborder un point important de la vie Montréalaise: le recyclage. Nous le savons tous, trier, c'est donner un coup de pouce à l'environnement que nous polluons par tant d'autres moyens. Bien. Ici, le recyclage est une affaire d'arrondissement: chacun y veille selon ses moyens et ses ambitions, ce qui donne des écarts assez importants d'un arrondissement à l'autre. Certains ont des sacs plastique recyclables pour y mettre leur tri, d'autres ont des poubelles de compost à disposition. Nous, dans l'arrondissement Villeray, nous avons encore les bacs verts. 

Qu'est-ce que les bacs verts? Globalement, il s'agit d'une caisse d'un vert radio-actif où nous entassons cartons, papiers, verre et autres matières destinées à une vie meilleure. Ce merveilleux bac se dépose sur le trottoir, peu importe le temps, en attendant son transport vers les limbes mystérieuses de la zone de tri. L'ennui, voyez-vous, c'est que le camion de recyclage passe tous les mardi matin entre 6h30 et 7h30. Bilan: à moins de sortir précipitamment en robe de chambre dès que nous entendons le bruit du moteur, nous sommes contraints d'installer notre merveilleux bac sur le trottoir la veille au soir. Ainsi, lorsque Mère Nature décide de souffler trop fort ou de nous rappeler la douce sensation humide de la neige, il ne faut pas longtemps avant d'avoir l'impression de vivre dans une décharge. Les cartons s'envolent, les bacs se renversent, leur contenu devient spongieux et collant, bref une véritable réussite. 

A ces aléas naturels s'ajoute la plus grande frustration de ceux qui prennent le temps de recycler: le ramassage en lui-même des bacs. Lorsque nous avons la chance de voir passer le merveilleux camion et ses employés, une soudaine envie de leur jeter des tomates pourries s'insinue en vous. Il faut dire qu'ils ont un vrai talent pour vous démontrer que ce que vous faites ne sert à rien, ou presque. 7h15, le camion passe devant chez vous, Paul, mettons, se saisit de deux bacs verts avec la délicatesse d'un taureau en rut, en renverse la moitié sur le sol en se rendant jusqu'à la benne, le vide à l'intérieur dans un bruit sordide de verre brisé, puis le rejette avec force brutalité sur le trottoir, qu'il reste des choses au fond ou pas. Notez que le choc du bac vert avec le sol a généralement tendance à motiver les résidus mal-aimés du fond à se décoller et ils s'éparpillent avec joie sur les trottoirs et dans la rue.

L'esprit d'initiative de Paul s'arrête au bac vert. C'est comme ça. Lors de sa formation, on lui a sûrement montré des diapositives durant des heures: "Bac vert = dans la benne! Bac vert = dans la benne! Bac vert = ..." Du coup, n'allez surtout pas vous risquez à mettre des cartons sur le côté: il y a une chance sur deux pour que Paul les laisse pourrir sur le trottoir! Il en va de même pour ce que le vent a déplacé: plus dans le bac, privé de recyclage! Ainsi, une fois que Paul et son camion sont partis, la rue ressemble à un champ de bataille. Il y aurait probablement de quoi remplir à nouveau cinq bacs vert! Mais rassurons-nous: l'espèce de Manitou qui nettoie les rues s'empresse de venir ramasser tous ces vestiges recyclables afin de les dévorer avec son aspirateur géant, tout comme il absorbe les mégots de cigarette et les gommes collées sur le sol. 

Il m'arrive parfois de douter du véritable recyclage de nos produits. Les centres de tri sont des lieux mythiques dont on entend parler sans vraiment les voir. En outre, je m'interroge sur la capacité à trier les infimes particules de verre qui doivent se loger partout une fois qu'elles éclatent dans le camion. Je me demande surtout pourquoi on s'obstine à nous fournir un bac vert plutôt qu'un sac recyclé (et recyclable) qui aurait l'avantage de se fermer et de conserver son contenu au moins jusqu'à la benne. Ça me rappelle toujours cette histoire en Italie, à Naples, où la mafia avait pris le contrôle des entreprises de récolte des déchets et du recyclage et qui amenaient le tout au même endroit, dans quelques terrains vagues autour de la ville...

Mais non, on est à Montréal, hein? Ce n'est pas pareil!  ^-^

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