16 novembre 2010

Les Gaz de Schiste: des campagnes écologiquement économiques.

Nous vivons une époque de débats publics. Enfin, en théorie. Parce que les populations débattent mais les politiciens décident, et ce, dans le plus grand mépris des principes fondamentaux de la démocratie. Bref, l'une des questions tendancieuses de l'heure, c'est l'exploitation des gaz de schiste

-" Qu' es aquò???"

Eh bien, en somme, ce sont des réserves de gaz emprisonnées à des kilomètres sous terre, dans des roches de schistes. Apparemment, le Québec est un paradis pour cette énergie et les entreprises se battent pour venir l'exploiter. C'est bien là le problème, d'ailleurs: l'exploitation. En clair, il s'agit de fragmenter la roche pour y injecter des substances chimiques et ainsi faire remonter le mélange. Or, pour ce faire, il faut gaspiller une quantité phénoménale d'eau, qui est alors souillée par les produits chimiques et les gaz, avant d'être vaguement nettoyée par des stations d'épuration absolument pas équipées pour ça et rejetée dans les rivières parce que ce serait quand même super le fun qu'on devienne tous grands et bleus, comme dans Avatar, en buvant de l'eau contaminée. Face à ces dangers, la population québécoise se lève et tente de se battre contre le moulin à vent qu'est le gouvernement de la province qui n'a que faire de la volonté du peuple (c'est pas comme si c'était pour les représenter que ses membres ont été élus). Des campagnes de publicité, des manifestions, des sensibilisations publiques sont menées derechef par la population qui, à défaut de voir bouger ses élus, tente de reprendre le contrôle de son coin de pays. Tant de motivation et d'implication font plaisir à voir et doivent être soutenues, indéniablement. Cependant, quelque-chose me tarabuste dans la gestion de ces campagnes. En clair, deux arguments se côtoient dans les discours, comme s'ils étaient pleinement compatibles, alors qu'ils sont, à mon sens, exclusifs l'un à l'autre: les représentants de la résistance arguent tout à la fois que le gouvernement est pourri de laisser faire les entreprises d'exploitation parce que c'est néfaste pour l'environnement ET parce qu'ils ne demandent pas assez d'argent aux entreprises.

...

J'ai beau tourner ces arguments de toutes les façons possibles, je ne vois pas comment les combiner logiquement. Je veux dire, mettons que je sois patron d'une entreprise d'exploitation de ces gaz: je vois la campagne publicitaire, la pression populaire et l'opposition d'un gouvernement (SIC!), qu'est-ce que je fais? Je paye plus cher. J'achète mon droit d'exploiter, rendant inutile du même coup toutes les campagnes de sensibilisation sur les dangers de mon exploitation des gaz de schiste. Pardonnez mon amateurisme en la matière mais il me semble que tout l'or du monde ne remplacera jamais des nappes phréatiques souillées, si? Concilier argent et écologie dans les revendications, c'est un peu comme donner le bâton pour se faire battre. C'est certain que si négociation il y a, elle portera sur l'argent que la province pourra retirer de ces exploitations et que les millions de litres d'eau polluées, les espèces menacées et les problèmes de santé qui en dériveront, passeront à la trappe. Or, je suis peut-être idéaliste, mais il me semble que c'est quand même la question écologique qui devrait être au centre des débats. L'argent ne devrait même pas être une donnée dans cette équation. L'exploitation des gaz de schiste est une activité encore trop peu connue dont les conséquences aux États-Unis ont été catastrophiques? Fine! Ça me semble de bonnes raisons pour juste refuser tout court le moindre forage au Québec. Que l'on demande des peccadilles ou des millions pour l'exploiter n'est même pas une question.

Bref, à mon sens, la campagne anti-exploitation des gaz de schiste est moins efficace qu'elle pourrait l'être. Elle se perd dans des données financières qui laissent croire que si les entreprises payaient plus, la grogne populaire serait moindre. Or, j'ose croire que ce qui motive vraiment les foules, c'est une conscience un peu plus grande des dangers menaçant l'eau, richesse de demain, que celle de la ministre des ressources naturelles, Mme Normandeau, qui ne doit même pas savoir ce qu'est une "ressource naturelle". S'il est aberrant qu'un gouvernement n'écoute pas sa population (et ça vaudrait aussi pour un président de la république qui triche et ment aux Français pour pouvoir passer ses lois), il est tout aussi désarmant de voir une si faible projection vers l'avenir. Exploiter à tout crin tout ce que la Terre contient, en dépit des dangers et des risques connus, c'est ne pas vraiment considérer l'avenir des générations futures comme important. Sans eau, l'avenir paraît assez sombre et pourtant il s'en trouve toujours pour mentir sur les conséquences de ces exploitations, sous prétexte qu'ils y trouvent un intérêt immédiat. J'en suis toujours estomaquée. En tout cas, si quelqu'un me demandait mon avis (peu probable mais je le donne pareil! ^-^), j'enlèverai cette partie financière qui entache la campagne de sensibilisation d'une donnée simplement mercantile qui n'enlève rien à la bêtise écologique de ces exploitations. M'enfin, ce que j'en dis...

2 commentaires:

  1. Je peux vous dire que sur le terrain, monsieur et madame tout le monde n'en veut pas du tout, de ce gaz de schiste! Intuitivement, la fracturation hydraulique est beaucoup trop risquée. Mais puisque les grands décideurs et leurs lobbys ne comprennent que des chiffres et les finances, nous tentons de faire la preuve qu'en plus d'être nocif pour l'environnement et désastreux socialement, c'est économiquement pas viable! Alors, pourquoi se lancer là-dedans?!!!???

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour et merci pour votre commentaire.

    Effectivement, cela reste les grands qui ont le gros bout du bâton et ce sont les-mêmes qui comptent leur argent sans penser à demain. Mais en fait je me demande si ce n'est pas un peu risqué de jouer leur jeu? Au sens où, à force d'entremêler argent et écologie, les puissants finiront peut-être par donner plus d'argent en discréditant, du même coup, la donnée environnementale. Bon, bien-sûr, ce n'est que mon impression et c'est très théorique: pour l'instant, rien ne change ni d'un côté, ni de l'autre.

    Sinon, je suis pleinement consciente que la population a à cœur de régler cette question par l'arrêt pur et simple des travaux d'exploitation et je soutiens fermement ce combat. ^-^

    RépondreSupprimer