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28 mars 2012

Ne jamais sous-estimer Mère Poisse!

Eh voilà! Poisse a encore frappé! Une fois de plus, elle a attendu que je m'endorme, confortablement installée sur mes lauriers, pour violemment tirer la couronne de sous ma tête. Résultat: mes parents ont acheté leur billets  d'avion pour venir assister à une remise des diplômes qui n'aura pas lieu. Enfin, si, sûrement un jour. Mais pas un de ceux compris entre le 29 mai et le 4 juin... Fondamentalement, ce pourrait n'être pas si grave: je veux dire, si la remise de diplôme n'avait été qu'un prétexte de plus pour eux de venir par ici, nous aurions pu juste sourire à cette mauvaise blague de la Mère Poisse et planifier une fin de semaine aux baleines. Personnellement, j'aurais trouvé ça chouette parce que c'est quand même ultra cool de voir des baleines! Même Jules - le premier à trouver que ce type d'activité est un attrape-touristes - a été ému aux larmes lorsqu'on en a vues! Donc, non, cela aurait pu n'être qu'un contretemps sans grande conséquence. 

Sauf que si ma maman est une habituée de la frontière canadienne, mon papa, par contre, faisait le voyage uniquement pour voir la concrétisation de tant d'années d'études, d'investissement et de sacrifices: il venait pour la Remise des diplômes. Il faut comprendre que mon papa, les voyages, il en a fait beaucoup. Plus jeune, avec ma mère, il partait à la conquête de plein de pays en Afrique ou au Moyen Orient principalement. Mais, à présent, son bonheur dans la vie, c'est d'être tranquille avec ses chiens, dans ce petit bout de terre où la pluie se fait si rare que la terre devient poussière. Il n'aime plus prendre l'avion et s'il avait voulu le faire cette fois-ci, ce n'était que pour cette remise de diplôme qui n'aura finalement pas lieu... En fait, c'est d'autant plus chien qu'ils nous avaient donné des dates pour cette remise de diplôme: j'y croyais fermement. Bref, lorsque Mère Poisse s'en mêle, aucune logique n'est de mise. 

Je suis à la fois déçue et en colère. Déçue parce que, somme toute, je me faisais une joie de cette cérémonie: j'ai toujours voulu que mes parents soient fiers de moi. Même à 30 ans, je semble toujours chercher leur bénédiction - un peu comme si je ne pouvais pas avoir confiance en mon propre jugement pour déterminer si mes choix sont les bons ou non. Pour cette raison, j'étais fière comme Artaban après ma soutenance tant je voyais ma famille et Jules émus. Je me disais que c'était dommage que papa ne soit pas là parce qu'il aurait été fier, lui aussi. Mais il était trop tard et il ne me restait que la Remise de diplômes pour lui donner un peu de fierté sur ce que j'avais fait. Je sais que pour tous ceux qui y sont habitués, ce n'est jamais qu'une vague cérémonie où tu passes, les uns après les autres, recevoir un morceau de papier vêtu d'une toge et d'un chapeau à pompoms. Mais pour ceux qui n'ont jamais vu ça que dans des films, cela revêt encore un certain prestige. C'est un peu comme le lait au chocolat qu'on nous donnait après l'épreuve de marathon annuel lorsqu'on était petits: ça réconforte, ça rassure et surtout, l'instant où on vous le donne, vous avez l'impression d'avoir accompli quelque-chose de bien...

Remarquez, ce n'est pas perdu: ce n'est que reporté. Mais je crains qu'avec le raté de ce premier essai de dates, il soit un peu moins enclin à venir. Bref, nous verrons bien. 

24 février 2009

Désillusion des larmes.

Étudier en Doctorat implique de s'accoutumer aux réactions semi admiratives des personnes qui font mine de s'intéresser à ce que tu fais. Comme si réaliser un Doctorat était un exploit. Pour ma part, j'ai plus l'impression d'avoir compris comment fonctionnait l'Université et de m'être moulée à ses critères. Sans être extraordinaire, je suis dans la moyenne. Comme toujours. Comme partout. A bien y réfléchir, je n'ai jamais vraiment réussi quelque chose qui me tenait à cœur: je n'ai jamais eu de vrai talent pour mes passions. J'ai écrit un livre, mais il est, en toute objectivité, très mauvais. Je dessine mais sans grand talent, je joue au Volley Ball mais avec difficulté, je voyage mais trop peu... Je m'y suis accoutumée et, au final, j'ai tout de même de la chance de vivre ces expériences.

Lorsque j'ai commencé le Kung Fu, je ne pensais pas pouvoir passer un niveau: je pensais encore me fondre dans la masse et demeurer un numéro parmi tant d'autres. Un an a passé: Fujiao a parlé de l'examen de niveau 1 et j'ai commencé à y croire. A l'idée de réaliser un passage, de concrétiser avec talent une passion, j'avais des papillons dans le ventre. Alors que j'ai parfois l'impression que ma vie fout le camp par petit bout, j'ai cru voir de la lumière au bout du tunnel. Pourtant, j'aurais du savoir que je m'emballais trop vite. La chute n'en fut que plus douloureuse.

-"Tu as beaucoup progressé, Stéphanie. Mais tu n'as pas encore le niveau."

Des bruissements dans mes oreilles m'empêchent d'entendre le reste correctement. Je sens les larmes affleurer mais je tente de les retenir. Soudain, tout le stress des dernières semaines, toute la souffrance que je gardais dans mon ventre, qui me brûlait jusqu'au tréfond de mes entrailles, s'est mué en ondes salées. Mes larmes coulaient devant Fujiao, quelque peu désemparé, et je n'étais pas même capable de sourire. Je pleurais mon frère, je sanglotais mon père, j'hoquetais mon chum, je noyais ma vie et je sentais le poids de la déception face à un rêve qui se fêle. Un espoir trop espéré? Une illusion trop illusionée ? Peut-être...En tout cas, j'avais mal.

C'était un peu idiot, quand on y pense...Au fond, ce n'est pas un "jamais", c'est un "plus tard". Ma réaction a certainement du paraître démesurée: elle l'était pour le seul examen. Parfois, je me dis que je devrais sortir mon hémisphère de cerveau dédié aux émotions et regarder où ça pêche... Ce serait sans doute un gain pour la science.

Je m'excuse Fujiao. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Au fond, tu l'auras compris, ce n'est pas vraiment ta faute: tu étais simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Tu m'aurais dit:

-"Merveilleux! Mais tu devrais changer de coiffure!"

J'aurais sangloté pareil. Ne t'en fais pas: je vais m'en remettre et tenter d'être irréprochable la prochaine fois. En attendant, merci d'avoir voulu, quelques instants, alléger ma peine. Un jour, j'arriverai à réaliser quelque chose. Bientôt, j'aime à le croire...