En fait, je dois être superstitieuse. Pas au sens où je dois égorger trois poules avec un cure-dent pour contrecarrer le mauvais sort du miroir brisé mais plutôt parce que je m'impose plein de mini-défis pour mettre des chances de mon côté. Enfin, c'est ce que je me dis.
-"Pourrais-tu être moins claire?"
Eh bien, d'une manière générale, je fais référence aux petits riens que nous faisons tous ou presque lorsque quelque-chose nous tient à cœur. Mettons, par exemple, éviter de marcher sur les fissures du trottoir nous permet d'accumuler des points bonus pour un vœu x (pas un désir cochon, là! "x" comme dans "n'importe lequel"! Esprits tordus! ;) ) tandis que se faire dépasser par une voiture avant d'avoir franchi le feu de circulation, en vélo, nous en retire autant. Ces petits jeux qui servent surtout à meubler des trajets parfois trop longs ou à occuper nos pensées se doublent dans mon cas d'une certaine superstition héritée de Cendrillon. Les adeptes de la blonde souillon qui parle aux souris se rappelleront de ce passage fleur bleue au début du dessin-animé où la jeune fille explique à ses amies Myomorphes (avouez que c'est quand même plus classe de prétendre parler à des Myomorphes qu'à de vagues mangeuses de gruyère!) que si elle raconte ses rêves, ils ne se réaliseront pas. Bien. Je ne raconte plus mes rêves agréables depuis mes 10ans à cause d'elle mais ce n'est qu'un détail! J'ai poussé sa théorie plus loin: je n'ose pas parler de choses qui sont importantes pour moi, dont je n'ai pas encore le résultat, de peur de me porter la poisse et d'en précipiter l'échec.
Ainsi, par exemple, mardi, j'ai passé un concours de l'ONU. Etant donné que c'est ma perspective d'emploi prioritaire et idéale, j'aurais dû exploser d'une joie indécente: je l'ai d'ailleurs partiellement fait, une fois ma sélection pour ce concours confirmée, en appelant toute ma famille. Je n'ai pas osé, cependant, en parler sur ce blog ou même diffuser plus largement la nouvelle. La première raison est qu'il s'agissait "simplement" d'une sélection pour PASSER le concours et non la réussite à celui-ci. A part moi, qui interprète ce choix comme un premier pas vers le succès, la plupart des personnes aurait pu, très normalement, s'étonner d'un tel enthousiasme pour "si peu" de choses. La seconde raison, et la plus importante, est que je craignais, tout bonnement, de me porter la poisse et d'entraîner une déception de taille: si j'échoue à ce concours, et que j'en ai parlé à tout le monde, objectivement, il n'y aura pas mort d'homme. La plupart des candidats qui l'ont passé avec moi étaient là pour la troisième, voire la quatrième, fois. Subjectivement, cependant, je vais être très déçue et j'aurais l'impression, infondée, j'en conviens, de décevoir ceux à qui je devrais apprendre cet échec. Se retrouve ici, finalement, mon éternel pessimisme qui me permet de me protéger de la chute et de m'émerveiller de tout succès. En partant battue, je songe que je ne pourrais pas tomber plus bas. Fondamentalement, ce raisonnement est faux: au fond de moi, j'espère avoir réussi cet examen, sinon le passer n'aurait eu aucun sens (surtout vu la longueur de l'affaire!).
Bref, l'examen en lui-même s'est très bien passé. Trop même. Étant donné que la plupart des candidats qui étaient là avaient déjà échoué à plusieurs reprises, il parait un peu prétentieux de penser l'avoir réussi à la première fois. J'ai donc du tomber dans tous les pièges qui devaient se trouver dans les textes. Je ne le saurais jamais, cependant, car, dans six mois, lorsque les résultats vont tomber, on m'informera juste de ma réussite ou de mon échec, sans autre détail. C'est un peu dommage car il est toujours utile de connaitre nos faiblesses. En attendant octobre, il ne me reste plus qu'à faire des incantations et des sacrifices de fourmi sur des cure-dent. Superstitieuse? Non! Mais dès fois que ça fonctionnerait... ;)
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