14 février 2014

Avoir un enfant.

Avoir un enfant. Ne pas en avoir. La question est dans toutes les têtes, ces temps-ci. Entre ceux qui militent contre le droit de tout un chacun d'avoir le choix d'en avoir ou pas et les articles de journaux présentant la parentalité comme une norme sociale, il n'y a pas un angle qui ne soit abordé. C'est étrange car c'est une question qui se pose dans nos société ultra modernes, hyper connectées, dans lesquelles nous n'avons plus le temps d'avoir le temps - alors de s'occuper d'un enfant... Pourtant, il est vrai que peu sont les gens qui avouent ne pas vouloir d'enfant. La plupart pense juste qu'ils en auront plus tard, après avoir vécu tout leur soûl, un peu comme s'ils pensaient que leur vie s'éteindrait dès l'instant où ils auront un enfant. Il est vrai que plus rien n'est pareil ensuite...

Personnellement, je n'ai jamais vraiment ressenti le désir de pouponner. J'ai une peur bleue de me réveiller un matin avec cette envie et qu'il soit trop tard mais, pour l'heure, rien de cela sous le soleil - même si je trouve vraiment classe tout ce qu'on peut sortir pour les bébés aujourd'hui. Jules non plus ne manifeste pas un désir flagrant de fonder une famille. Bref, on vacille en fonction du vent, de nos hormones, de nos humeurs sans jamais vraiment nous décider. Je discute parfois du sujet avec mes amis mais ce n'est pas vraiment notre sujet de prédilection, d'autant que beaucoup sont en voie de commencer leur famille. Et puis, il y a le fait que je trouve presqu'arrogant de ne pas vouloir d'enfants quand tant de personnes en voudraient sans vraiment le pouvoir. Je repense souvent à ma soeur qui, sans jamais l'exprimer vraiment, à porter son désir d'enfants envers et contre tout, passant par des moments douloureux (la PMA n'est pas la promenade de santé que l'on croit) et d'innombrables doutes. Même si elle n'est pas la championne de la communication, je pouvais presque sentir sa tristesse de ne pas y arriver. Elle qui voulait une fratrie soudée, nombreuse, un peu à l'image de la nôtre, elle devait se battre pour en avoir un second - sans doute le dernier. Mais elle n'est pas la seule. Autour de moi, mes amies devant affronter les embûches de la nature pour avoir un bébé sont légion. 

Dans ce tourbillon de désirs blessés, peu de personnes s'expriment. Parce que ça touche quelque-chose de personnel, d'intérieur, un tesson de bouteille jetée à la mer. Emmurés dans leur silence, dans leur tristesse, ils voient leur rêve se heurter à la limite de la science, à la fragilité de la nature humaine puis, tout doucement, ils glissent vers la détresse solitaire. Car c'est un sujet que l'on aborde peu dans notre orgie d'articles et de manifestation pour ou contre le droit des autres d'avoir des enfants. Personne ne parle de la solitude de ceux qui n'ont juste pas d'autre choix que de vivre sans, situation que nos sociétés stigmatisent. La norme, c'est la famille parents-enfants. Si tu n'en as pas, tu n'es pas vraiment "normale", on te range dans la catégorie de ceux qui ont échoué, dans cet espèce de trou noir où on met tout ceux dont on ne connaît pas le mode d'emploi. Isolé par ta détresse, tu te retrouves aussi laissé sur le bord de la route par la société parce qu'elle ne sait pas trop quoi faire de toi: tu ne fais pas partie de ceux qui ne voulaient pas d'enfants ( à qui on peut facilement jeter la pierre car c'est clairement des égoïstes, nous disent les bien-pensants) mais tu n'en as pas quand même alors on t'ignore. 

La Nature est bien faite, dit-on. Peut-être mais pas la société et aujourd'hui, plus que jamais, on est bien seul lorsqu'on ne rentre pas dans la norme. Bien seul et bien triste. 

6 commentaires:

  1. J’avoue sans aucune peine ne pas vouloir d’enfant et pour moi ce n’est pas normal. Par contre je ne trouve pas ça arrogant du tout.
    Il y a bien d’autres faits ou choix qui nous mettent hors normes pas seulement les enfants. Moi qui ne suis pas un exemple de «normalité» j’en bave tous les jours. Je ne fais de mal à personne mais je dérange. C’est vrai qu’on se sent seul et si on pouvait choisir je rentrerai dans les rangs de la norme pour avoir une vie plus facile si c’est ça la clé du bonheur.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne pense pas, personnellement, que ce soit arrogant de ne pas vouloir d'enfant et je ne trouve pas ça non plus anormal. Le fait est que notre société stigmatise ceux qui n'en veulent pas et oublie de fournir de l'aide et un soutien psychologique à ceux qui ne peuvent pas en avoir - en dépit de tout ce que la science nous offre aujourd'hui. Pour ma part, si j'étais présidente ( ;) ). je mettrais plus de temps à essayer d'aider ceux qui ne peuvent pas et que ça blesse (constat d'échec, poids sur le couple, etc.) qu'à stigmatiser ceux qui ont sciemment décidé de ne pas en avoir (aujourd'hui, plutôt vus comme égoïstes, anormaux car "l'enfant c'est la vie" ou autre...).

    RépondreSupprimer
  3. Pourquoi tu ne trouves pas ça anormal de ne pas vouloir d'enfant? Personnellement il doit me manquer un truc ou je ne sais pas .... Quand j'écoute parler les gens de leur parentalité j'ai l'impression d'être un ovni tellement je ne les comprends pas ni ne les envie. Pourtant leur parcour de vie semble idéal et logique dans leur tête. Même une femme seule sans métier ni rien veut faire des enfants !! Déjà là je me sens anormal, j'ai pas cet instinct. Pas grand monde dans mes connaissances ne souhaite pas avoir d'enfant.

    RépondreSupprimer
  4. La plupart des gens veulent des enfants (même si j'en connais aussi plusieurs qui n'en veulent pas pour différentes raisons) mais je ne vois pas en quoi ça a en fait la norme. L'idée selon laquelle notre vie n'a de sens que si l'on "se reproduit" est à mon sens un peu arbitraire et vieillotte. Bien des gens auraient dû se poser la question s'ils voulaient vraiment avoir un enfant avant d'en faire un et d'aller l'abandonner dans un coin pour x raison... Avoir un enfant, c'est pas avoir un chat: si tu ne le sens pas et que tu n'es pas prêt à sacrifier ta vie (car, on a beau dire, c'est quand même assez dépendantes, ces petites bêtes! :) ) durant les premières années, à mon sens, il vaut mieux ne pas en avoir... Et c'est un peu ce que je dis dans mon billet: la société ne nous laisse implicitement pas le choix. Si tu n'as pas d'enfant, tu es étrange. Mais c'est paradoxal avec la vie d'aujourd'hui. Je pense qu'on n'est plus dans une logique de survie de l'espèce: si tu veux un enfant, ce doit être avant tout un choix personnel et non celui d'une société bien-pensante qui l'a érigé en norme, selon moi.

    RépondreSupprimer
  5. Même si la société ne nous aide pas je ne comprendrai jamais pourquoi je n'ai pas ce besoin ni cette envie de procréer et me sentirai toujours étrange (pas que pour ça...) Et si tu es présidente tu diras juste aux gens d'arrêter de nous donner des leçons de vie ou juste de nous laisser tranquille.

    RépondreSupprimer