18 novembre 2012

L'impasse d'une vie.

Le syndrome de la page blanche est angoissant. En fait, il donne soudainement l'impression que même pour quelque-chose qui vous tient tellement à coeur, vous n'êtes pas assez bon. Je pensais que lorsque j'aurais fini mes études, j'aurais du temps à revendre pour écrire des nouvelles par centaines. J'avais des milliers d'idées mais jamais le temps de les écrire. Je croyais que mon problème était la thèse. Il s'avère que j'avais tort. Je n'ai jamais aussi peu écrit que depuis que j'ai terminé mes études - comme si mon imagination s'était tarie en même temps que je raccrochais mon bonnet d'étudiante. Même mon blog demeure désepéremment vide. Pourtant, ce ne sont pas les sujets d'actualité qui manquent: je suis tellement frustrée par la façon dont on s'enfonce dans la haine, l'intolérance et l'injustice que je devrais pouvoir écrire des romans entiers de râleries. A commencer par notre président que j'ai élu pour faire une politique de gauche et qui semble ne pas pouvoir se dépêtrer de ses chaînes financières - quitte à prendre des décisions un peu trop doitière à mon goût. Et ce n'est pas tout: je suis horrifiée par les inepties qu'on peut entendre suite à la proposition de valider le mariage homosexuel. C'est un peu comme si cela devenait une mode d'étaler son ignorance et ses idées reçues sur la place publique afin de défendre des idées intolérantes et haineuses. Parfois, j'ai mal à mon pays.

Bref, des sujets de billets, j'en ai en masse - comme ils disent ici. Je pourrais même vous parler de mon nouvel emploi qui me fait découvrir deux mondes différents - celui du maritime et celui de l'Islet sur Mer. Je pourrais mais je ne le fais pas. Pas le goût, pas l'inspiration. On dirait que je ne sais plus jouer avec les mots. Vous allez trouver ça ridicule mais je ne me remets pas de la disparition de mon Bounty. C'est comme si j'avais perdu l'envie de faire les choses. Avant, je me disais toujours que lorsque j'aurai un travail, je ferai des travaux dans ma petite maison et on pourrait y vivre. C'était évident que je me berçais d'illusions, qu'il n'aurait pas survécu jusque-là. Mais j'aimais me dire que c'était un de mes objectifs de vie. Là, je me sens un peu vide, comme si je ne savais plus trop quel chemin prendre. Vous savez, je rêve encore de lui. C'est idiot... Vous me direz, je rêve aussi de ma mamie. En fait, je crois que vivre loin rend moins réelles les choses tragiques de notre vie. C'est un peu comme si je refusais de me dire que ces pages de ma vie - celle avec mon chien ou celle avec ma famille autour de l'immense table de mes grands-parents - sont autant de souvenirs passés. J'aimerais me rouler en boule dans un coin et dormir pour l'éternité en rêvant que tout est comme avant, que rien n'a changé. Que je n'ai pas passé près de huit ans de ma vie loin de ceux que j'aime et qu'ils ne sont pas partis sans moi. Avant, écrire me permettait de changer la fin des livres dont je n'aimais pas la fin. Je pouvais inventer des histoires, contrôler les événements, créer un univers dans lequel je transformais ce qui me rendait triste en dénouement heureux. On dirait que je viens de m'apercevoir que je ne pouvais pas tout changer comme ça. Il était temps, à trente ans...

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