1 août 2012

La 8e Merveille du monde n'est plus: le Monde est un peu plus moche.

J'avais plusieurs fois essayé d'imaginer ce que ça me ferait. Juste pour voir. Souvent j'éclatais en sanglots et j'arrêtais parce que cela ne faisait que broyer mon estomac en mille morceaux. A l'époque, je ne pensais pas que cette douleur, ce vide, pourrait être surpassé. J'avais tort. En fait, c'est comme sentir qu'on vous arrache le coeur mais pas d'un coup - à petits coups pour être bien certain qu'il n'en reste aucun bout d'intact. Certains diront "ce n'était qu'un chien" - ceux-là n'en ont probablement jamais eu. Cela ne peut jamais n'être "qu'un" chien lorsque c'est le vôtre...

Il y a quelques mois, j'apprenais que mon Bounty avait une tumeur dans la bouche. Cela m'a fait l'effet d'une douche froide et j'ai passé les quelques semaines qui ont suivi à sangloter dans sa fourrure, tandis que lui, fidèle à lui-même, attendait sans broncher. Quoi? Je ne l'ai jamais vraiment su. Il m'a toujours attendue dans mes moments de crise intense. Il restait près de moi et ne bougeait pas: que je sois en train de vomir, au coeur de mes années noires, ou de pleurer, il me calmait de sa présence tranquille et de sa truffe humide. Même malade, il restait près de moi. J'ai cru qu'il pourrait surmonter cette épreuve: après tout, il allait plutôt bien, si ce n'était cette excroissance déplaisante. Je lui donnais sa nourriture en arrière de la bouche et il mangeait avec appétit. Même qu'il se promenait encore - avec certes moins de vigueur mais toujours autant de plaisir. Alors je me disais que peut-être, il pourrait guérir. J'ai été voir un sorcier de chiens qui vit dans la pampa avec ses cinquante chiens - rendu là, je n'avais plus rien à perdre. Je n'ai jamais été très ésotérique mais parfois, lorsqu'il ne reste plus rien, cela fait moins mal de se fier au surnaturel, à ce qu'on ne comprend pas, plutôt que de se dire qu'il n'y a plus d'espoir.

Lorsque je suis repartie, en juillet, j'ai dit à mon Bounty que j'allais revenir cet automne, qu'il fallait qu'il m'attende, que je reviendrai me rouler dans ses poils jusqu'à ce qu'il en soupire de lassitude. Comme avant. Je lui ai dit que je serai là avec lui et qu'il fallait qu'il me pardonne de l'avoir laissée si longtemps. Je lui ai promis de revenir. Mais il ne m'a pas attendu. Ce matin, son coeur a lâché et le mien n'en finit plus de se briser en mille morceaux. C'est comme une douleur lancinante qui s'installe dans chacun de mes remords, dans chacune de mes pensées. J'ai l'impression que je pourrai ne jamais arrêter de pleurer. Et ce sentiment de vide qui me hante et me consumme de l'intérieur... Je voudrais crier et me rouler en boule dans un coin en attendant qu'il revienne. Mais il ne reviendra pas. Il est parti et moi, je reste là, avec mes souvenirs et mes regrets, avec mon bout de lien qui m'unissait à lui et qui maintenant traîne à terre sans rien à son extrêmité. 

Bounty, tu as été l'ami, le confident, le compagnon sincère et silencieux de mes jours. C'est grâce à toi si j'ai survécu à mes années noires, après mon anorexie, c'est parce que tu étais là que je n'ai jamais perdu l'espoir de m'en sortir un jour. Maintenant, tu es parti, tu es allé attraper des balles de tennis ailleurs, là où je ne pourrai plus râler que tu ne me les ramènes pas. J'espère qu'ils te laisseront monter sur le canapé, là où tu es. Tu es parti et tu as emporté un bout de mon coeur avec toi: regarde au bout de ton bout de lien, tu l'y verras. Prends en soin. Je t'aime mon bountounnet. Tu me manques déjà...




1 commentaire:

  1. il a eu la plus belle vie avec la meilleure des maitresses, j en suis sure!

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