18 novembre 2012

L'intolérance des fanatiques: la plaie de nos sociétés!

Comme quoi, il faut parfois attendre la goutte qui fait déborder le vase pour retrouver l'envie de protester! J'étais déjà outrée que certains se pensent suffisamment géniaux dans leur vie pour ne pas hésiter à raconter un paquet d'inepties dans les journaux concernant le mariage homosexuel. Je pensais qu'on leur accordait trop d'importance et que c'était le genre d'ignares intégristes qui passaient leur vie à aligner les phrases chocs et rétrogrades. Du coup, je n'étais pas trop choquée qu'ils organisent une manifestation contre le projet de loi - quitte à adhérer sans recul à tout ce que dit un monarque dans sa tour d'ivoire, qui prétend faire voeu de pauvreté en mangeant dans des assiettes en or, il ne faut pas avoir peur du ridicule. Personnellement, je trouve ça pathétique, en 2012 et en France, d'avoir encore des gens qui se préoccupent de la sexualité des autres avant même de balayer devant leur porte. 

C'est tout de même assez ironique d'entendre des Catholiques associer homosexualité et pédophilie lorsqu'on sait tous les abus que leurs représentants religieux ont fait subir à des milliers de jeunes enfants. Et je ne parle même pas des pensionnats autochtones des années 1970 au Canada, où les religieux catholiques ont fait preuve d'une brutalité sans bornes à l'égard de leurs élèves...Mais que voulez-vous? On est toujours plus prompts à critiquer Autrui qu'à se regarder dans un miroir et assumer ses propres failles. Entendons-nous bien: ce n'est pas tant les adeptes de Jésus qui me gênent que ceux du clergé. On peut être catholique et désavouer cette élite religieuse qui se gargarise dans ses bonnes intentions et détruit des peuples entiers par son prosélytisme et ses abus. Ceux là n'ont certainement pas grand chose à voir avec des associations telles que Civitas. Parce qu'ils ont compris que, de la même manière que le Coran n'a jamais autorisé le massacre d'innocents, la Bible n'a pas plus pris position sur les moeurs de nos sociétés modernes. Ce sont les intermédiaires, les hommes, qui en font une interprétation arriérée, conforme à leurs idées rétrogrades, fermées, abusives et stupides. 

Civitas a donc organisé une manifestation réunissant quelques milliers de militants pour empêcher le mariage homosexuel. Pour fêter ça, certains manifestants ont tablassé des journalistes et militantes féministes: parce que, c'est bien connu, quand quelque-chose ne te convient pas, tu te dois de le rouer de coups en meute pour lui prouver à quel point ton cerveau n'a pas beaucoup évolué depuis le temps des hommes de Cro-Magnons. Tu n'as pas de réels arguments à opposer à une idée mais tu as quatre gros copains? Pas de problème. Tu n'as qu'à frapper très fort et t'auras pas besoin d'utiliser du jus de cerveau inutilement. Difficile à croire que ce genre de comportement s'observe encore en 2012, dans un pays dit "civilisé". 

Qu'on soit pour ou contre le Mariage homosexuel est une chose - quoique, à mon sens, ce débat n'a pas lieu d'être tellement cela ne regarde que les personnes concernées et non les bien-pensants - mais que l'on se serve de ses opinions pour tabasser ceux qui ne sont pas d'accord, c'est une insulte à la Démocratie et à la République. C'est vouloir pouvoir exprimer ses idées rétrogrades sous le couvert de la liberté d'expression en refusant ostensiblement ce droit fondamental aux autres. Bref, c'est ne même pas mériter de vivre dans un pays de droits. Personnellement, ça me donne envie de vomir. Certains jours, j'aimerais qu'ils aient raison, ces fanatiques, et qu'il y ait vraiment un Dieu après la mort. Juste pour qu'ils se voient fermer la porte de leur Paradis au nez et qu'ils aient une éternité de tourments pour avoir présenté l'intolérance et la haine comme la bannière du dit Dieu durant toute leur vie. Juste pour qu'ils se rendent compte de l'hypocrisie de leur existence. 

L'impasse d'une vie.

Le syndrome de la page blanche est angoissant. En fait, il donne soudainement l'impression que même pour quelque-chose qui vous tient tellement à coeur, vous n'êtes pas assez bon. Je pensais que lorsque j'aurais fini mes études, j'aurais du temps à revendre pour écrire des nouvelles par centaines. J'avais des milliers d'idées mais jamais le temps de les écrire. Je croyais que mon problème était la thèse. Il s'avère que j'avais tort. Je n'ai jamais aussi peu écrit que depuis que j'ai terminé mes études - comme si mon imagination s'était tarie en même temps que je raccrochais mon bonnet d'étudiante. Même mon blog demeure désepéremment vide. Pourtant, ce ne sont pas les sujets d'actualité qui manquent: je suis tellement frustrée par la façon dont on s'enfonce dans la haine, l'intolérance et l'injustice que je devrais pouvoir écrire des romans entiers de râleries. A commencer par notre président que j'ai élu pour faire une politique de gauche et qui semble ne pas pouvoir se dépêtrer de ses chaînes financières - quitte à prendre des décisions un peu trop doitière à mon goût. Et ce n'est pas tout: je suis horrifiée par les inepties qu'on peut entendre suite à la proposition de valider le mariage homosexuel. C'est un peu comme si cela devenait une mode d'étaler son ignorance et ses idées reçues sur la place publique afin de défendre des idées intolérantes et haineuses. Parfois, j'ai mal à mon pays.

Bref, des sujets de billets, j'en ai en masse - comme ils disent ici. Je pourrais même vous parler de mon nouvel emploi qui me fait découvrir deux mondes différents - celui du maritime et celui de l'Islet sur Mer. Je pourrais mais je ne le fais pas. Pas le goût, pas l'inspiration. On dirait que je ne sais plus jouer avec les mots. Vous allez trouver ça ridicule mais je ne me remets pas de la disparition de mon Bounty. C'est comme si j'avais perdu l'envie de faire les choses. Avant, je me disais toujours que lorsque j'aurai un travail, je ferai des travaux dans ma petite maison et on pourrait y vivre. C'était évident que je me berçais d'illusions, qu'il n'aurait pas survécu jusque-là. Mais j'aimais me dire que c'était un de mes objectifs de vie. Là, je me sens un peu vide, comme si je ne savais plus trop quel chemin prendre. Vous savez, je rêve encore de lui. C'est idiot... Vous me direz, je rêve aussi de ma mamie. En fait, je crois que vivre loin rend moins réelles les choses tragiques de notre vie. C'est un peu comme si je refusais de me dire que ces pages de ma vie - celle avec mon chien ou celle avec ma famille autour de l'immense table de mes grands-parents - sont autant de souvenirs passés. J'aimerais me rouler en boule dans un coin et dormir pour l'éternité en rêvant que tout est comme avant, que rien n'a changé. Que je n'ai pas passé près de huit ans de ma vie loin de ceux que j'aime et qu'ils ne sont pas partis sans moi. Avant, écrire me permettait de changer la fin des livres dont je n'aimais pas la fin. Je pouvais inventer des histoires, contrôler les événements, créer un univers dans lequel je transformais ce qui me rendait triste en dénouement heureux. On dirait que je viens de m'apercevoir que je ne pouvais pas tout changer comme ça. Il était temps, à trente ans...

4 septembre 2012

2012

2012 - La fin du Monde. Peut-être a - t'on mal compris: ce n'est pas la destruction de la Terre qu'avait prévu les Maya, c'est la fin de notre monde à nous, à nos sociétés. Dans mon petit quotidien, entourée de mes proches, j'ai l'impression qu'il tombe en déliquessence... Nous avons payé notre tribut de deuils depuis le début de l'année, maintenant c'est au tour de la détresse impuissante de faire son entrée. La tristesse profonde, le désarroi sans fin, c'est comme la puie: on ne peut pas la rater. Je raconte souvent cette anecdote qui m'est arrivée l'an dernier, alors que j'accompagnais Jules à l'enterrement d'un ami de son père dont il connaissait le fils. J'avais croisé l'ami en question quelques-fois mais sans vraiment lui parler - et je n'avais jamais rencontré le fils. Pourtant, lorsqu'il a pris la parole à l'église pour, une dernière fois, rendre hommage à son papa, un immense flot de tristesse a envahi la salle, me submergeant sans prévenir. J'ai pleuré comme une madeleine. Non pas pour le monsieur que je ne connaissais pas vraiment, mais parce que je pouvais presque toucher l'incommensurable détresse de ce garçon de 33 ans qui avait soudain l'air d'en avoir 5 devant le cercueil de son papa et qui tentait tant bien que mal d'avoir l'air fort pour cet ultime au-revoir. Oui, la tristesse est ineffable mais nul n'est besoin de mot quand elle se manifeste avec autant de force... 

Alors, quand elle émane d'un être proche de vous, quand elle suinte de quelques mots tremblants dans un combiné de téléphone ou quand elle se devine derrière un regard absent, cela devient juste insoutenable. Personnellement, ma réaction est presqu'immédiate: je parle, vite, sans vraiment réfléchir. Je raconte n'importe-quoi, je tape allégrèment dans la dérision, plus allégrément encore dans l'auto-dérision, je ne veux qu'une chose: l'entendre rire. Parce que, si elle rit, cela veut dire qu'elle est encore là. Si elle rit, cela veut dire que la pesante tristesse n'a pas encore tout recouvert de son épais tapis de larmes. Alors, je m'auto-flagelle, je raconte des anecdotes insignifiantes avec parfois un brin d'exagération : rien n'est de trop pour un sourire, pour un rire, pour un moment de paix.

Je suis la petite de la famille. Personne ne me parle vraiment car il faut me protéger ou tout simplement parce qu'on ne s'aperçoit pas vraiment que j'ai grandi. Pourtant, j'ai l'impression que je ressens chaque tristesse, déception, colère ou joie de mes proches avec autant de vigueur que si c'était les miennes. Cela rend mon impuissance d'autant plus douloureuse: je sais mais je ne sais pas vraiment. Je voudrais briser la carapace de chacun de ces êtres qui me sont si chers pour prendre un peu de leur détresse et la ranger avec les miennes: j'ai de la place dans ma tête et dans mon coeur - je peux en prendre. Mais je suis aussi maladroite: il n'est pas facile de tendre la main à quelqu'un sans avoir l'air de vouloir fouiller son jardin secret. Alors, je botte en touche, je me réfugie derrière mes mauvaises blagues, mon auto-dérision pour faire rire et espérer, ainsi, retenir un peu de mes proches près de moi.

2012, Fin du Monde. 2012, Fin de mon monde. Cette fois, c'est sûr, je ne suis plus une enfant et il n'y a pas de retour en arrière possible. 

20 août 2012

On ne nous volera pas notre liberté de penser!

Ils recommencent. Une autre élection, les mêmes réactions. Pourtant, on aurait pu penser qu'ils auraient appris de leurs erreurs, après le résultat des élections fédérales et la fameuse "vague orange" qui a créé des palpitations cardiaques à tous ces pseudo journalistes, analystes ou autres qui se flattent de titres ronflants pour faire passer leurs idées à la télévision ou dans les journaux. N'y aura-t'il jamais personne pour leur rappeler où est leur place? Pour leur rappeler que même s'ils pensent fortement qu'un parti ne sera jamais élu pour x ou x raison, ils n'ont pas à l'affirmer comme si c'était une vérité nue dans le cadre de leurs fonctions? Ou alors, ils n'ont qu'à écrire des blogs ou des chroniques: ils pourront nous y raconter leur dernier tournoi de golf et leurs opinions politiques. Personne ne trouvera à y redire. Mais dans la peau du journaliste, on ne veut pas les connaître. Qui sont-ils, eux, pour affirmer que Québec Solidaire ne sera jamais élu? Ne seraient-ils pas les mêmes qui affirmaient, en 2011, que le NPD n'avait aucune chance au Québec avant de se rendre compte, au fur et à mesure que les sondages sortaient, qu'ils n'avaient rien compris? S'en était suivie alors une myriade d'explications bancales allant du jugement de valeur ("les Québecois aiment être dans l'opposition") à l'auto-justification à peine voilée d'affirmations précédentes sur l'incapacité du NPD à être élu. On est en train de vivre la même chose, au palier provincial cette fois, avec le petit frère du Parti Orange - Québec Solidaire. 

Hier, il y a eu un débat entre quatre des principaux candidats aux élections. Déjà, il en manquait un: c'était pas fort pour la démocratie et la représentativité de toutes les voix lors de cette campagne. Option Nationale avait droit à sa chaise, tout comme le Parti vert et n'importe quel autre parti qui se présente. Si on veut que les choses changent, il faut donner la parole à tout le monde de façon égale, sinon, ce n'est qu'un jeu hypocrite pour faire gagner toujours les mêmes, les gros, qui se complaisent dans leur langue de bois et leur monde, déconnectés du peuple. Il faut que tous les partis puissent avoir la même visibilité pour que le scrutin soit juste. Déjà, sur ce point, il y avait une grosse lacune au débat de Radio-Canada - ne parlons même pas de celui sur TVA qui n'aura que trois partis... Bref, hier, Françoise David, chef de Québec Solidaire, est ressortie du débat, la tête haute: elle a défendu son programme, évité de tomber dans le piège de la petite politique qui s'insulte à moitié en tirant la couverture à soi (" c'est vous qui étiez ministre de truc! Oui mais c'est vous qui avez fait ci! "). De l'avis de tous, elle est la grande vainqueure de ce débat. Quelques minutes après la fin, le téléjournal commence et la présentatrice reçoit un analyste pour les premiers commentaires à chaud: cela ne lui a pas pris trois minutes pour expliquer que Madame David l'avait facile parce qu'elle était sûre de ne pas être élue. J'ai eu une poussée d'urticaire.

Voyez-vous, chacun peut avoir ses convictions politiques, son avis sur les sondages, sa préférence pour une tendance de société. Mais si quelqu'un n'a pas à affirmer que tel parti a le droit de gagner et tel autre non, c'est bien un journaliste. Il est là pour nous informer, nous donner toutes les clés pour que nous puissions faire notre choix en toute connaissance de cause: à aucun moment, on ne lui demande ce qu'il pense des chances de gagner de tel ou tel parti. Théoriquement, tous les partis sont égaux: Rien ne disqualifie Québec Solidaire avant même le départ de la Course. Rien. Et il en va de même pour le Parti Vert et Option Nationale. En théorie, tout le monde a les mêmes chances d'atteindre la ligne d'arrivée. Et ce n'est pas à un journaliste, analyste ou peu importe son titre, de décider si il va y arriver ou non! 

Après la victoire du NPD, la remarque que j'entends le plus souvent, c'est: "si les média n'avaient pas autant parlé de vague orange, les résultats auraient été moins bons pour le NPD". J'ai souvent une seconde poussée d'urticaire. D'abord, c'est une remarque pleine de mépris pour les capacités intellectuelles de la majorité des gens car elle sous-entend que c'est parce que les média ont parlé, que les gens ont voté - et non, selon leurs propres convictions. Ensuite, si l'on s'en tient à ce raisonnement, pourquoi ne pas le tenir équitablement? Je veux dire: c'est peut-être aussi parce que les média s'obstinent à dire que tel ou tel parti ne gagnera jamais les élections qu'ils ne les gagnent jamais! Après tout, en affirmant cela, ils dévalorisent le vote de chaque personne qui optera pour ce candidat. C'est un peu comme si ces journalistes omniscients leur disaient qu'ils étaient crétins de voter pour un Parti qui ne gagnera pas! Alors que dans les faits, rien n'empêche ce parti d'atteindre la ligne d'arrivée. Rien. 

Le 4 septembre, je n'aurai pas encore le droit de voter pour le candidat que j'estime digne de diriger le pays dans lequel je vis. Mais une chose est sûre, lorsque j'aurai ce droit, je ne renoncerai jamais à mes convictions pour des questions de stratégie, d'opinions médiatiques, de sens du vent: ce ne sont pas les média qui font les élections, ce sont les électeurs, c'est vous, c'est nous. Votez. Votez pour que personne ne vous vole votre liberté de penser. Le premier ministre qui sera élu le 4 ne sera peut-être pas celui ou celle que vous aurez choisi, mais vous vous serez au moins battu pour vos convictions, pour vous-mêmes, pour vos enfants. Vous aurez fait entendre votre voix. Que si un autre doit gagner, qu'il ait au moins senti votre souffle chaud dans son cou durant toute la campagne, qu'il ait eu peur de perdre sa place, qu'il se soit rappelé qu'au final, il n'est là que parce que le peuple l'y place. Un jour, peut-être, ce sera votre candidat qui dirigera le pays de vos rêves. Mais il n'y arrivera jamais sans vous.

1 août 2012

La 8e Merveille du monde n'est plus: le Monde est un peu plus moche.

J'avais plusieurs fois essayé d'imaginer ce que ça me ferait. Juste pour voir. Souvent j'éclatais en sanglots et j'arrêtais parce que cela ne faisait que broyer mon estomac en mille morceaux. A l'époque, je ne pensais pas que cette douleur, ce vide, pourrait être surpassé. J'avais tort. En fait, c'est comme sentir qu'on vous arrache le coeur mais pas d'un coup - à petits coups pour être bien certain qu'il n'en reste aucun bout d'intact. Certains diront "ce n'était qu'un chien" - ceux-là n'en ont probablement jamais eu. Cela ne peut jamais n'être "qu'un" chien lorsque c'est le vôtre...

Il y a quelques mois, j'apprenais que mon Bounty avait une tumeur dans la bouche. Cela m'a fait l'effet d'une douche froide et j'ai passé les quelques semaines qui ont suivi à sangloter dans sa fourrure, tandis que lui, fidèle à lui-même, attendait sans broncher. Quoi? Je ne l'ai jamais vraiment su. Il m'a toujours attendue dans mes moments de crise intense. Il restait près de moi et ne bougeait pas: que je sois en train de vomir, au coeur de mes années noires, ou de pleurer, il me calmait de sa présence tranquille et de sa truffe humide. Même malade, il restait près de moi. J'ai cru qu'il pourrait surmonter cette épreuve: après tout, il allait plutôt bien, si ce n'était cette excroissance déplaisante. Je lui donnais sa nourriture en arrière de la bouche et il mangeait avec appétit. Même qu'il se promenait encore - avec certes moins de vigueur mais toujours autant de plaisir. Alors je me disais que peut-être, il pourrait guérir. J'ai été voir un sorcier de chiens qui vit dans la pampa avec ses cinquante chiens - rendu là, je n'avais plus rien à perdre. Je n'ai jamais été très ésotérique mais parfois, lorsqu'il ne reste plus rien, cela fait moins mal de se fier au surnaturel, à ce qu'on ne comprend pas, plutôt que de se dire qu'il n'y a plus d'espoir.

Lorsque je suis repartie, en juillet, j'ai dit à mon Bounty que j'allais revenir cet automne, qu'il fallait qu'il m'attende, que je reviendrai me rouler dans ses poils jusqu'à ce qu'il en soupire de lassitude. Comme avant. Je lui ai dit que je serai là avec lui et qu'il fallait qu'il me pardonne de l'avoir laissée si longtemps. Je lui ai promis de revenir. Mais il ne m'a pas attendu. Ce matin, son coeur a lâché et le mien n'en finit plus de se briser en mille morceaux. C'est comme une douleur lancinante qui s'installe dans chacun de mes remords, dans chacune de mes pensées. J'ai l'impression que je pourrai ne jamais arrêter de pleurer. Et ce sentiment de vide qui me hante et me consumme de l'intérieur... Je voudrais crier et me rouler en boule dans un coin en attendant qu'il revienne. Mais il ne reviendra pas. Il est parti et moi, je reste là, avec mes souvenirs et mes regrets, avec mon bout de lien qui m'unissait à lui et qui maintenant traîne à terre sans rien à son extrêmité. 

Bounty, tu as été l'ami, le confident, le compagnon sincère et silencieux de mes jours. C'est grâce à toi si j'ai survécu à mes années noires, après mon anorexie, c'est parce que tu étais là que je n'ai jamais perdu l'espoir de m'en sortir un jour. Maintenant, tu es parti, tu es allé attraper des balles de tennis ailleurs, là où je ne pourrai plus râler que tu ne me les ramènes pas. J'espère qu'ils te laisseront monter sur le canapé, là où tu es. Tu es parti et tu as emporté un bout de mon coeur avec toi: regarde au bout de ton bout de lien, tu l'y verras. Prends en soin. Je t'aime mon bountounnet. Tu me manques déjà...




22 juillet 2012

Et si le Rêve devenait Réalité...

On ne le répétera jamais assez: Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Oui mais voilà, perso, je ne sais pas faire. À peine ai-je un projet qui me tient à coeur que je commence à me projeter et à me faire douze millions de films. Pire: si je ne suis pas arrêtée à temps, je m'engage et je signe avant même de vraiment me poser - trop emballée que je suis par mon projet. On appelle ça, dans le jargon psychologique, être impulsif. Notez que comme je suis parfaitement au courant que je souffre de ce syndrome, je devrais déjà avoir pris la décision qui s'impose: ne plus prendre aucune décision finale. Oui mais non: je ne peux pas m'en empêcher. Soudain, un projet se dessine, je commence à passer en revue les millions de possibilités qui pourraient me permettre de le réaliser, je passe des heures à naviguer sur Internet, à feuilleter des bouquins, afin de mieux me faire une idée - le tout accompagné de mes petits papillons d'excitation dans le ventre qui empêchent ma raison de se faire entendre. 

Ma dernière passion est un Projet qui est né tout doucement après le mariage: avec notre urne, nous voulions éventuellement acheter un Westfalia et faire le tour du Canada. Mais une autre idée a germé dans notre esprit: un budget pareil (qui n'est pas suffisant pour acheter un bon West mais quand même...) pour un voyage, ça peut faire un sâcré voyage. Même qu'on pourrait peut-être faire un mini tour du monde! Pas quelque-chose de grandiose, comme tous ceux qui partent en vélo, en bâteau ou à pieds pour des années et profitent des mois de chaque pays, mais au moins quelque-chose de conséquent. Le plus long voyage que nous n'aurions jamais fait, Jules et moi: un six mois de par le monde! L'idée semblait folle au début : Six mois, c'est prendre un sâcré congès de la job! C'est aussi prévoir un sâcré budget... Et puis, on s'y est habitué - on a même fini par la trouver très sympa! Après tout, les congès sans solde, c'est fait pour ça et puis, si on veut le faire, c'est maintenant ou jamais. L'air de rien, dans un mois, j'ai 30 ans. Demain, il sera déjà trop tard...

Bref, on se laisse aller à rêver. On réfléchit à notre budget et aux pays qu'on veut voir. On pense au frère de Jules qui veut partir au Pérou durant son congès annualisé l'an prochain : ce serait cool de le retrouver là-bas. Genre pas tout de suite, mais fin d'année prochaine. Octobre 2013: c'est un bon mois pour commencer notre périple. Et puis, quitte à être au Pérou, on pourra enchaîner sur l'Argentine: on a des amis là-bas, à Buenos Aires et ailleurs! Pourquoi pas? On dit toujours qu'on ira les voir et on ne le fait jamais! Nous, on pourrait le faire! Et puis l'Argentine, c'est magique dans nos têtes. C'est aussi la Patagonie et le bout du monde: qui n'a jamais rêvé du bout du monde? Après, bah, on partira vers l'Océanie! Il y a la Polynésie sur le chemin de la Nouvelle-Zélande et de ses moutons. Peut-être une escale au milieu du Pacifique, sur ces bouts d'îles trop loin pour qu'elles sortent de leur aura brumeuse de rêve. Et puis après, la Nouvelle Zélande, ce pays des All Blacks et des verts paysages, avant d'enchaîner avec l'Asie : Indonésie, Laos, Cambodge, la Grande Muraille de Chine et mon rêve d'Enfant: le Japon! Ne serait-ce pas le plus beau des voyages? Un rêve qui se réalise, une chance incommensurable qui ne se vit qu'une fois? 

Alors je rêve, je m'emballe, je m'enflamme. Je fais le tour des blogs de voyage, je calcule, je compte, je fais semblant d'acheter les billets d'avion et je me dis : Pourquoi pas? Jules se laisse peu à peu gagner par mon engouement. Il a sans doute raison lorsqu'il hausse les sourcils en voyant mon budget qui s'allonge mais on ne vit qu'une fois. Et puis, depuis le temps qu'on le repousse ce grand voyage, n'est-il pas temps de le réaliser? Il nous faut aller voir ailleurs si nous y sommes et Octobre 2013 est un bon mois pour cela. Après, nous verrons. Mon frère me l'a dit, citant St Exupéry, "Faîtes que le Rêve dévore votre vie, afin que la Vie ne dévore pas votre Rêve". Notre Rêve nous attend, Chéri....

12 juillet 2012

Mariage joyeux, Mariage heureux!

Le temps passe et les oublis et petits moments de nostalgie liés au mariage s'estompent pour ne laisser place qu'aux beaux souvenirs. Du coup, je dois refaire un billet pour rendre plus en détails les joies de cette très belle journée car mon dernier billet ne laisse pas vraiment deviner à quel point c'était un moment heureux de partage et d'amitié. J'ai même fait de la peine à Jules car, en utilisant comme à mon habitude mon écriture catharsis, j'ai eu l'air de dévaloriser notre mariage et la fête - ce qui évidemment n'était pas mon objectif. Je ne faisais que rendre compte de mes petits démons qui, au final, sont toujours les mêmes: mon incorrigible distraction qui peut me conduire à blesser mes proches et mon envie irrépressible de ne jamais voir vieillir et partir mes parents. Bref, mon combat contre mes propres moulins à vent que je m'efforce de défier à chaque grand moment de ma vie.

Mais notre mariage était  bien plus que ces petits constats un brin tristes - nostalgiques, devrais-je dire - c'était surtout, comme je l'ai suggéré en conclusion de mon dernier billet, un magnifique échange entre ma famille, nos amis et tous ceux qui étaient avec nous. Ce grand moment a commencé avec la prise en charge du changement de salle par ma grande soeur, aidée de mes amis arrivés le vendredi et de mon autre soeur. Depuis cet instant, il ne s'est jamais arrêté et, encore aujourd'hui, je regarde les photos, toute émue. Cela ne me semble pas encore réel: voir tous mes proches dans un coin de pays qui m'est si cher mais qui, en même temps, était si éloigné, réunis pour Jules et moi et prêts à tout donner pour que cette fin de semaine soit la meilleure fin de semaine à vie de l'Univers (en toute objectivité) a été la plus belle expérience jamais vécue. Mon Yankee préféré a même été jusqu'à danser jusqu'aux petites heures du matin, cravate autour du front, sur une musique qui, dans un contexte normal, lui aurait provoqué des réactions épidermiques et des sursauts de dégoût! ;) Mes deux témoins ont été plus qu'à la hauteur de leur tâche: Mathieu s'est révélé un accessoiriste de talent pour la photographe et Nico, un musicien hors pair!

De l'avis de tout le monde, ce fut un très très beau mariage. Je suis assez d'accord avec ce Tout le monde. Il s'en dégageait une aura de joie qui ne s'est pas encore tout à fait éteinte et qui se ravive à chaque fois que je regarde les photos ou les vidéos. Ce sont des grands moments comme ça qui font la beauté du mariage! Je voudrais pouvoir remercier tout le monde pour la joie ineffable qu'ils ont insufflé à cette journée: de ma soeur et son esprit d'initiative à Gigi et sa belle voix qui ont ravi les invités tout au long du repas, de mon Yankee préféré et sa douce à mes Faraham et leurs femmes, de mes témoins si prévenants et si disponibles à chacun de nos amis, membres de nos familles qui ont fait toute la réussite de cette journée. Et, évidemment, un grand grand merci à mes parents sans qui cette journée n'aurait pas été pareille et qui, même si le mariage n'est pas leur tasse de thé, ont remué ciel et terre pour que cette journée soit parfaite!

Si le temps demeure fugace, la vivacité du souvenir de cette fin de semaine n'est pas prête de s'estomper....

10 juillet 2012

Veni, Vidi, Vici! :)

Bon ben voilà. C'est fait. Je suis mariée. C'est drôle à dire... A vrai dire, ça ne me paraît pas vraiment réel. C'était une très belle fête, entourée de gens qu'on aime, riche en émotions, en amitié et en amour mais parsemée aussi de petites tristesses... Je ne me mariais pas pour satisfaire une envie de princesse refoulée, pas plus que je ne voulais faire de cette cérémonie le passage à autre chose. Même si j'aime Jules et que je suis heureuse de l'avoir épousé, je ne l'ai jamais fait dans une logique de changement par rapport à une situation passée. Pour moi, aujourd'hui, le mariage n'est pas la fin de ce que j'étais avant ni l'éveil d'une autre personne. Aussi, lorsque mon papa glisse :

- "Ça y est, elle n'est plus à moi!

en donnant ma main à celle de Jules, j'ai un petit pincement au coeur. Parce que, dans le fond, je ne veux pas  être cette grande, cette femme qui quitte son père pour son mari. Pour moi, les deux sont aussi importants et ce n'est pas une signature sur un bout de papier qui doit changer ce que je suis pour mon papa ou pour Jules. Bien-sûr, c'est un peu la tradition, l'imagination et l'aura du mariage qui fait si peur mais je ne veux pas le voir ainsi. Je serai, à jamais, la petite fille de mes parents - peu importe que je sois mariée ou non. 

Et puis, l'enthousiasme passé de la fête, je m'aperçois que j'ai encore fait des erreurs blessantes pour mon entourage. Comme si ma nature profonde était trop égoïste pour se rendre compte de mes maladresses sur le moment. Par exemple, je n'ai pas pris de photo juste avec ma maman et mon papa. Y a t-il quelque-chose de plus ridicule que de ne pas avoir pris de photo avec ses parents? Ce n'est pas que je n'y ai pas pensé mais mes parents couraient tellement partout pour que tout aille bien que ma pensée n'a pas coïncidé avec le bon moment. Je m'en veux horriblement. En plus, je n'ai pas accordé d'importance au fait que maman, étant au coiffeur, ne pourrait pas être là lors de mon habillement. Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'elle pourrait en être déçue. Parce que sur le moment, j'étais trop emportée par les événements de la journée. Rétrospectivement, je me rends bien compte que c'était idiot. Vous me direz, ce ne sont que des petits oublis et la journée s'est très bien déroulée mais ce n'est pas comme si nous pouvions partager cette journée tous les mois. Cela n'arrive techniquement qu'une fois dans une vie - en tout cas avec cette intensité là. Et moi, je n'ai pas su penser à ma maman qui se démenait pour moi. Je suis vraiment un être distrait...

Bref, ce billet peut sembler bien rude pour un compte-rendu d'une si belle journée. Dans le fond, tout le reste était parfait. Mes amis m'ont gâtée en surprises et en animations émouvantes! Mon yankee préféré et sa douce m'avaient préparé un petit montage tandis que mes Faraham avaient réalisé un powerpoint avec un récit très drôle! Ils ont même chanté! ;) Tout le monde semble s'être bien amusés, et mes témoins ont été les plus meilleurs au monde! Jusqu'à la soupe à l'oignon du petit matin, ils avaient pensé à tout! Je suis fière d'avoir d'aussi bons amis et une famille aussi attentionnée! Sans mes parents, ma soeur, mes amis, rien n'aurait été aussi parfait! Déjà, dès le vendredi, ils s'étaient tous mis au travail pour "sauver" ma journée de mariage: mon Yankee préféré a gonflé plus de ballons qu'il n'avait dû le faire dans toute sa vie, tandis que sa femme, mes soeurs, nos amis venus de partout nous décoraient merveilleusement la salle des fêtes. Le plan tente berbère s'était, en effet, avéré foireux! (Ouin, ben, quoique jolie, une tente sans sol et sans mur, c'est carrément moins  top génial méga cool par 15 degrès et de la bruine...). J'en aurais pleuré de reconnaissance lorsque je suis arrivée pour constater tout le travail accompli. Tout comme une forte envie de sangloter m'a travaillé toute la journée du lendemain en voyant tout ce beau monde réuni pour Jules et moi. On est vraiment chanceux! Dans le fond, c'était ça pour moi, le mariage: l'occasion de partager avec tous ceux que j'aime un moment fort d'amitié et d'amour, dans un coin de pays où mes racines demeureront à jamais: célébrer un serment d'amour avec Jules avec eux était le plus beau des cadeaux! Alors bien qu'il reste toujours des "j'aurais dû" après coup, je reste quand même la mariée la plus heureuse et la plus chanceuse de l'année 2012! ;) Merci à tous d'être venus, d'être vous, d'être là!



8 mai 2012

Le Québec cherche sa démocratie

Je n'ai pas écrit sur le conflit étudiant qui sévit ces jours-ci à Montréal. Pas que ça ne m'intéressait pas mais je ne voulais pas me poser en donneuse de leçons, n'appartenant pas (encore) à ce pays et sachant que je portais en moi tout un panel de valeurs sociales qui rendaient mon objectivité précaire - voire inexistante - dans ce dossier. En outre, beaucoup de monde a pris position sur cette question avec, parfois, beaucoup plus d'éloquence et de pertinence que je n'aurais pu le faire. Bref, je me suis longtemps contentée de suivre le dossier de loin. J'ai, cependant, envie de vous faire part d'une certaine inquiétude quant au traitement de ce que nous pouvons appeler "une crise sociale":

On va le dire d'emblée, comme ça, ce sera fait, je suis farouchement contre la hausse des droits de scolarité car j'estime que l'éducation est la clé d'une société en santé et maîtresse de ses choix. Certes, le fait de ne pas payer ses frais de scolarité ou de ne débourser qu'une faible participation pour suivre ses cours augmente "le risque" de voir des élèves papillonner à l'université et suivre plusieurs formations. Mais, selon moi, ce n'est pas un mal: d'une part, on a toujours des choses à apprendre et, d'autre part, la personne qui a décidé d'étudier à vie toutes les matières de l'université se prépare à vivre chichement et à voir sa retraite diminuer comme peau de chagrin: bref, inutile de crier au gaspillage, l'étudiant moyen ne devrait pas passer ses vingt prochaines années à l'université simplement parce que c'est presque gratuit... Pour ma part, je n'ai quasiment rien payé pour mes études (sauf pour mon doctorat réalisé au Québec qui m'a coûté plus cher que les cinq premières années d'université en France) mais j'étais pressée d'avoir un emploi pour arrêter de vivre en comptant mes cens noires! (Avant tout commentaire: oui j'ai travaillé en même temps que mon université mais non, je n'avais pas de quoi me payer le dernier Ipad top-génial-méga-révolutionnaire!) Après, je suis parfaitement d'accord que c'est avant tout un choix de société, donc une décision politique, de consacrer le budget nécessaire à la gratuité scolaire plutôt qu'aux mesures fiscales supposées encourager les entreprises à venir s'installer ici ou autres. Pour ma part, mon choix est clair mais, je le répète, je ne prendrai vraiment position que lorsqu'on m'aura octroyé le droit de vote car cela voudra dire que je peux choisir dans quelle société j'ai envie de vivre. 

Bref, ici, je projetais plutôt de m'offusquer sur le traitement démocratique de cette crise, et non de débattre de mon opinion personnelle sur la hausse des frais de scolarité. Voyez-vous, on a tendance à se flatter en tant que pays "riches" de la qualité de notre système de gouvernance: contrairement aux méchants chinois, iraniens, syriens, etc. nous, le peuple, on l'écoute. Je suis d'accord que nous avons encore la chance de ne pas avoir de militaires qui nous canardent avec des tanks depuis un an, dans la quasi-indifférence internationale. Je seconde la chroniqueuse Rima Elkouri lorsqu'elle dit que cette crise ne peut pas vraiment être associée aux printemps arabes, tant la violence envers les manifestants demeure moindre. Il faut appeler un chat, un chat, en temps de crise, et ne pas confondre un fossé avec un ravin.  Ceci étant dit, je ne vois pas non plus la gestion de cette crise sociale comme étant démocratique: aucun pays "riche" qui se targue d'être un modèle pour les autres pays ne devrait avoir de manifestant éborgné parce que personne n'est capable de calmer les esprits échauffés. Alors, oui, la Police agit stupidement en visant les manifestants et en suscitant la violence parmi les foules, au risque de blesser gravement des gens qui font usage de leur droit le plus fondamental dans une démocratie: manifester. En dépit de ce que les gentils citoyens ont à redire sur les manifestants qui dérangent leur confort, protester en toute impunité est légitime dans une démocratie: c'est sain. Si ces gentils citoyens ont un jour des revendications parce que, par exemple, une entreprise de gaz de schiste viendra forer dans leur jardin, ils seront bien contents d'avoir le droit de manifester! Et ils verront qu'eux aussi, ils sont gangrénés par des gens pour qui tout mouvement de foule signifie "autorisation de tout casser". Oui, c'est nul mais ça ne doit pas cacher le fondement de la protestation, le message des manifestants. Ça ne doit surtout pas être un droit pour lyncher le groupe au risque d'en éborgner un participant. A vingt ans, on a des convictions à défendre: je pensais qu'on avait la chance de pouvoir le faire dans un pays libre comme le Canada. Je m'étais trompée.

Le plus grand responsable de cette crise, selon moi, c'est le gouvernement: la nervosité des deux camps - police et manifestants - n'est imputable qu'à la longueur de la crise qui n'est due, elle, qu'à l'incompétence d'un gouvernement corrompu qui prend les Québécois pour des imbéciles. Parce que personne ne doit être dupe de ces jeux de cache-cache qui ne visent qu'à attiser la colère des gentils citoyens envers les méchants étudiants afin de pouvoir se présenter en sauveur quand tout le monde sera excédé et, par la même occasion, lancer des élections pour pouvoir jouer au petit tyran pendant cinq ans de plus. Mais les gens ne sont pas si idiots: il aurait dû suivre la campagne présidentielle française, Jean Charest, il aurait vu que prendre les foules pour des chèvres, ça ne marche pas. Sarko a tenté, ces derniers mois, de se poser en président du peuple, en sauveur de la Crise. Il a failli réussir d'ailleurs: la victoire de Hollande n'est pas si large. Mais l'important est qu'il a échoué: les gens n'oublient pas si vite les abus de pouvoir, la corruption, le copinage, le niaisage. Et aucun pouvoir au monde ne vaut qu'on piétine à ce point la démocratie. Aucun poste de premier ministre ne justifie qu'un étudiant soit borgne et défiguré à jamais. Aucun entêtement ne devrait avoir le dessus sur le message d'un peuple à son représentant. Aucun. Là, ce à quoi nous assistons, c'est à la torture d'une démocratie: on bafoue le droit de revendiquer, on crache sur ceux qui ont élu un premier ministre et on se prend pour un roi. Mais les Rois ont tendance à mal finir dans l'Histoire et, à la place de Monsieur Charest, je relirai celle de Louis XVI et de sa femme, tellement déconnectés des besoins de leur peuple qu'ils ont fini sans tête. C'est une image bien-sûr mais il se pourrait (et je l'espère) que, cette fois, le pari de ses élections soit perdu d'avance s'il ne prend pas en compte la capacité à réfléchir de ses électeurs. 

23 avril 2012

Le Mariage: un moyen de lutter contre ses névroses??

Préparer un mariage, c'est pas nouveau, c'est long et ardu! On s'y prend tellement d'avance qu'on finit par être tannée avant le grand Jour et que l'idée de tout laisser tomber pour plutôt aller signer l'engagement marital sur le coin d'une table, vite fait, nous traverse plusieurs fois l'esprit. Notez, pour ma part, ça m'oblige à faire confiance et à déléguer: je suis bien trop loin pour m'occuper de tout. Déjà que j'ai acheté beaucoup (trop?) de décoration ici, d'après Jules, qui voit avec angoisse le poids de nos valises augmenter à chaque fois que je sors magasiner. J'essaie de (me) le rassurer en lui rappelant que mes parents vont venir en juin et qu'ils pourront en prendre, au moins, les trois quart... Enfin, si on ne compte pas les 20 bouteilles de cidre de glace ou les 60 mignonettes cadeaux que j'ai cachées dans un coin de la pièce. (Comme ça, je ne les vois pas quand j'évalue la place que tous mes achats vont prendre dans nos bagages...)

Hier, fut une journée fructueuse: non seulement, Jules, moi et plusieurs de nos amis ont participé à l'arbre géant formé pour le Jour de la Terre à Montréal, mais en plus, le futur marié a été acheter son costume: à M-2, il commençait à être soumis à un rappel plutôt insistant de ma part. Il ne lui reste plus que sa chemise à trouver: avec un peu de chance, nous devrions pouvoir classer ce dossier incessament sous peu. Mon petit côté maniaque se rassure en cochant chacune des cases de choses à faire que j'avais répertoriées, feignant de ne pas remarquer la catégorie "Danse des mariés". Pas qu'on ne sache pas ce que nous allons faire: on a la musique, le style de danse, il ne manque plus que le talent... :s Non, je n'exagère pas. Au moins un peu de pratique ne nous ferait pas de mal lorsqu'on sait que Jules a appris le nom de cette danse il y a deux jours et que je l'ai pratiquée avec une amie, un petit dix minutes il y a quatre mois. En fait, je crois que Jules a raison: je devrais trouver une robe qui s'accorde avec le rouge de mes joues durant toute la journée! ;) 

C'est assez paradoxal: je suis vraiment contente de réunir tous ceux que j'aime pour une petite fête et pour partager ce moment avec eux mais mon côté "je n'existe pas" trouve complétement aberrant que je doive être au centre de l'attention. Je veux dire: généralement, même si j'apprécie grandement nos rencontres entre amis, je peux prendre la couleur du carrelage et jouir paisiblement de cette charmante compagnie sans vraiment avoir à parler ou à jouer le coeur de la soirée. J'imagine qu'en portant la belle robe, le 30 juin, il me sera plus difficile de m'asseoir dans l'assistance et de regarder en souriant tout le monde - sans même prononcer une parole! ;) Peut-être que, là aussi, cela fera du bien à ma névrose de voir que je peux exister sans être profondément ridicule... Le puis-je? :s 

22 avril 2012

Oublier son passé au risque de perdre son âme.

"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre" déclarait Winston Churchill. La brûlure de ces mots se fait d'autant plus sentir que le temps passe et que les populations se désintéressent de l'Histoire pour se concentrer sur leur quotidien. Il est vrai que lorsque ce n'est que misère et déceptions, il est difficile de prendre le temps d'analyser ce qui se passait du temps de nos grands-parents. Pourtant, il me semble que cela revient à renoncer à son identité que d'oublier d'où l'on vient... Mais je suis une historienne: pour moi, c'est plus qu'une question de principes: c'est une passion.

Aujourd'hui a eu lieu le premier tour des élections présidentielles en France. Sans grande surprise, le candidat du Parti socialiste, partisan d'une gauche timide mais qui peut peut-être toucher le plus grand nombre, et Sarkozy ont accédé au second tour. Je suis heureuse de la mobilisation populaire: plus de 80% de participants. C'est magnifique: cela prouve qu'en dépit de tout ce que les média peuvent nous dire, les gens sont encore conscients de la beauté du geste, de la chance que c'est de vivre dans une démocratie, de l'honneur que l'on retire de décider de notre avenir - à notre échelle. Là où je suis plus chamboulée, c'est sans nul doute lorsque je constate que près d'un français sur cinq a voté Front National. Ça me fait mal, à l'intérieur, et je sens comme une pierre au fond de mon estomac. Ce n'est même pas de la colère: c'est juste une immense tristesse.

Je n'ai jamais caché mon antipathie pour ce parti et j'ai déjà entendu les multiples arguments soulevés par les sympathisants ou les électeurs fugaces: un ras-le-bol, un moyen d'exprimer sa désillusion face à la classe politique actuelle, un appel de détresse pour des cas particuliers qui vivent la misère au quotidien et qui ont l'impression que les puissants de ce monde ne les écoutent même pas. J'ai entendu tout ça. J'ai beau essayer de toutes mes forces, je ne comprends pas pour autant. Je veux dire: le Front National, ce n'est pas le Parti Vert ou le Pati Chasse et Pêche. C'est un Parti qui fonde une large part de son programme sur la haine et le rejet de l'Autre. On peut tourner ça comme on veut, prendre son cas particulier pour montrer à quel point Marine Le Pen n'a pas tort à tous les niveaux et que l'immigration pose de sérieux problèmes, ce qui reste au final, lorsqu'on se place au dessus de toute considération particulière, c'est la Haine. Voter FN, c'est laisser sa rage parler, c'est chercher des coupables à une situation étouffante et choisir de déverser sa haine sur l'Autre en espérant que quelqu'un entende notre appel "Au secours". Mais la Haine n'engendre que la Haine. Il ne faut pas remonter bien loin pour voir ce que ça donne un parti d'Extrême Droite au pouvoir. Il ne faut pas avoir fait 12 ans d'Histoire pour remarquer que de la Haine des Autres ne naît que la guerre et la misère encore plus noire. Vendre son âme au Diable n'a jamais sauvé personne.... Une fois le coup de gueule passé, une fois la rage sourde exprimé, qui va attraper votre main pour vous sauver? Personne.

En 1933, un Homme a été élu chancelier en Allemagne. Son parti d'Extrême Droite prétendait se battre pour les travailleurs, les (nouveaux) pauvres gens qui peinaient à joindre les deux bouts et qui voulaient enfin qu'on les entende. En 1929, la Grande Crise avait privé son pays des capitaux américains et s'en était suivie une faillite du système bancaire allemand et de la production industrielle dans le pays. Le chômage avait explosé- la classe moyenne frayait avec la misère. Il s'est présenté en Sauveur. Plus de 64 millions de morts plus tard, on se rend compte qu'il n'était que porteur de Haine. Lorsqu'on vote pour un tel Parti, ce n'est pas un vote contestataire, selon moi: c'est entrouvrir la boîte de Pandore sans avoir la moindre idée de ce qu'elle contient. C'est faire Fi de l'Histoire.


4 avril 2012

Un Livre de vie toujours trop court.

Enfant, on a l'impression que la vie est éternelle, qu'elle ne changera jamais et que le monde continuera toujours de tourner dans le même sens. Ce n'est pas vraiment qu'on ne connaît pas la mort ou qu'on ne comprend pas l'inéluctabilité du temps qui passe: c'est simplement qu'on a l'impression d'avoir le temps avant que ça nous atteigne vraiment. Pour ma part, d'un naturel plutôt sombre, j'ai cherché très jeune à faire entrer la mort dans ma vie en mettant en scène la mienne dans mes écrits ou dans mes pensées. Mais ce n'était qu'une projection de ma propre fin qui m'empêchait d'imaginer qu'un jour mes proches partiraient avant moi. En fait, j'étais juste terrorisée à l'idée d'être la dernière à rester sur cette Terre, tandis que tous ceux qui me sont chers l'auraient déjà quittée selon le "cycle naturel de la vie"... Maudit cyle... 

Je n'ai jamais eu de rapports complices avec mes grands-parents: les parents de mon père nous ont quittés alors que j'étais encore trop jeune pour ressentir le sentiment de vide qu'ils laissaient derrière eux et les parents de ma mère n'ont jamais été très bavards avec moi. Lorsque mon papi est mort, j'étais au Canada: c'était la première année où je quittais la France pour aussi longtemps et il est parti deux semaines avant mon retour. J'étais triste car même si je n'avais jamais été très proche de lui, il était et restera le seul grand-père que j'aurais jamais connu. Je me rappellerai toujours sa gourmandise pour le gâteau au chocolat de mamie, qui le grondait parce qu'il se resservait subtilement trois fois, ou encore ses habitudes d'écouter France-Inter à fond en se rasant à 8h du matin. Papi, c'était aussi des histoires, racontées par maman, un fantôme qui avait vécu une autre époque, celle de la Guerre et des loups aux portes de la maison. Lorsqu'il est parti, j'étais triste mais je me plaisais à me dire qu'il s'était réincarné dans ce chat, apparu le lendemain de sa disparition devant la porte de Mamie, réclamant du gâteau au chocolat et des caresses en se frottant sur ses frêles jambes. C'était il y a presque huit ans.

Aujourd'hui, Papi-chat est parti à son tour: peu de temps après l'hôspitalisation de Mamie, il a fini ses jours sous les roues d'une voiture. Ironique, lorsqu'on sait le peu de voitures passant dans le coin... Et Mamie? Mamie voit à regret se tourner la dernière page de son livre. Elle qui a toujours été autonome, dans sa grande maison vide et qui, jusqu'au dernier moment nous préparait ses crèpes dans des poêles tellement brûlées qu'elles en avaient la couleur de la suif,  avec tant d'huile que l'on peinait à distinguer la pâte dessous, elle doit aujourd'hui lutter pour se rendre jusqu'à son fauteuil de chambre: dans une maison de retraite remplie de gens qui divaguent, elle ne marche même plus. Alors Mamie, elle n'a plus le moral. Elle ne veut plus se battre mais elle ne peut pas partir non plus. Parce qu'on n'imagine pas à quel point c'est dur de quitter ceux qu'on aime pour l'inconnu - inconnu qui prend souvent des allures de Néant lorsqu'on arrive à sa porte. Et aujourd'hui, je suis assez grande pour sentir le mal que ça fait de voir s'éteindre une personne que l'on aime. Avec elle, c'est tout un pan de vie qui s'effondre: la grande maison qu'elle habitait encore, celle qui a abrité tant de nos jeux d'enfants, celle qui a écouté les pleurs et les joies de ces êtres dans son ventre, va être vendue  pour payer la maison de retraite. Et Mamie ne nous fera plus ses crèpes ou ses beignets, elle ne tournera plus la broche pour nous faire des gâteaux traditionnels. Elle ne lira plus ses romans à l'eau de rose au coin du feu ni ne fera ses quelques pas dans son immense jardin, désormais déserté de ses poules et de ses cris d'enfants. 

Mamie est désormais enveloppée dans un grand voile de tristesse. La sienne, indéniablement, celle de ses enfants car, peu importe notre histoire, une maman occupe toujours une grande place dans notre coeur et il n'est jamais vraiment possible de combler ce vide, et toute celle de sa famille. Je suis loin et impuissante: je ne peux pas montrer à ma Mamie que je l'aime et pense à elle, je ne peux pas réconforter ma maman qui souffre tellement que l'on en ressent des secousses jusque de ce côté de l'océan et je ne peux que penser très fort à elles, à eux, à cette fin qui s'annonce et qu'on ne voudrait jamais lire. Finalement, on ne veut pas savoir la fin du livre: elle est toujours triste. Peu importe l'histoire, elle ne s'épanouit que dans les larmes et le vide. 

Alors je pense à ma Mamie et à ma Maman. Très très fort. Je vous aime.

28 mars 2012

Ne jamais sous-estimer Mère Poisse!

Eh voilà! Poisse a encore frappé! Une fois de plus, elle a attendu que je m'endorme, confortablement installée sur mes lauriers, pour violemment tirer la couronne de sous ma tête. Résultat: mes parents ont acheté leur billets  d'avion pour venir assister à une remise des diplômes qui n'aura pas lieu. Enfin, si, sûrement un jour. Mais pas un de ceux compris entre le 29 mai et le 4 juin... Fondamentalement, ce pourrait n'être pas si grave: je veux dire, si la remise de diplôme n'avait été qu'un prétexte de plus pour eux de venir par ici, nous aurions pu juste sourire à cette mauvaise blague de la Mère Poisse et planifier une fin de semaine aux baleines. Personnellement, j'aurais trouvé ça chouette parce que c'est quand même ultra cool de voir des baleines! Même Jules - le premier à trouver que ce type d'activité est un attrape-touristes - a été ému aux larmes lorsqu'on en a vues! Donc, non, cela aurait pu n'être qu'un contretemps sans grande conséquence. 

Sauf que si ma maman est une habituée de la frontière canadienne, mon papa, par contre, faisait le voyage uniquement pour voir la concrétisation de tant d'années d'études, d'investissement et de sacrifices: il venait pour la Remise des diplômes. Il faut comprendre que mon papa, les voyages, il en a fait beaucoup. Plus jeune, avec ma mère, il partait à la conquête de plein de pays en Afrique ou au Moyen Orient principalement. Mais, à présent, son bonheur dans la vie, c'est d'être tranquille avec ses chiens, dans ce petit bout de terre où la pluie se fait si rare que la terre devient poussière. Il n'aime plus prendre l'avion et s'il avait voulu le faire cette fois-ci, ce n'était que pour cette remise de diplôme qui n'aura finalement pas lieu... En fait, c'est d'autant plus chien qu'ils nous avaient donné des dates pour cette remise de diplôme: j'y croyais fermement. Bref, lorsque Mère Poisse s'en mêle, aucune logique n'est de mise. 

Je suis à la fois déçue et en colère. Déçue parce que, somme toute, je me faisais une joie de cette cérémonie: j'ai toujours voulu que mes parents soient fiers de moi. Même à 30 ans, je semble toujours chercher leur bénédiction - un peu comme si je ne pouvais pas avoir confiance en mon propre jugement pour déterminer si mes choix sont les bons ou non. Pour cette raison, j'étais fière comme Artaban après ma soutenance tant je voyais ma famille et Jules émus. Je me disais que c'était dommage que papa ne soit pas là parce qu'il aurait été fier, lui aussi. Mais il était trop tard et il ne me restait que la Remise de diplômes pour lui donner un peu de fierté sur ce que j'avais fait. Je sais que pour tous ceux qui y sont habitués, ce n'est jamais qu'une vague cérémonie où tu passes, les uns après les autres, recevoir un morceau de papier vêtu d'une toge et d'un chapeau à pompoms. Mais pour ceux qui n'ont jamais vu ça que dans des films, cela revêt encore un certain prestige. C'est un peu comme le lait au chocolat qu'on nous donnait après l'épreuve de marathon annuel lorsqu'on était petits: ça réconforte, ça rassure et surtout, l'instant où on vous le donne, vous avez l'impression d'avoir accompli quelque-chose de bien...

Remarquez, ce n'est pas perdu: ce n'est que reporté. Mais je crains qu'avec le raté de ce premier essai de dates, il soit un peu moins enclin à venir. Bref, nous verrons bien. 

31 janvier 2012

Acteur ou l'art de se jouer du ridicule!

Qu'on se le dise, je ne serai jamais une actrice.

Bon, évidemment, il y a tous les arguments faciles qui justifient cette remarque, du type: "je n'ai jamais vraiment pris des cours de comédie" ou encore "je me dissocie de mon corps à la moindre gêne", mais ce n'est rien de tout ça qui m'a véritablement convaincue de ma non adéquation au métier d'actrice.

En fait, en flânant sur Youtube à la recherche de quelques bouts de film du dernier Twilight (oui je sais: c'est très mauvais et très quétaine! Mais je suis très fleur bleue à mes heures (et très quétaine!)), quand je suis tombée sur un extrait du tournage d'une scène particulièrment émouvante dans le film final. À grand renfonrt de musique et de montage vidéo, nous voyons Bella se vider de son sang pendant son accouchement. Lorsque j'avais vu la scène, je sanglotais niaisement. Normal: scène émouvante - je sanglotte. Vous me direz, je pleure aussi devant les publicités sur l'Alzheimer, voire sur celles pour le lait... Bref, je suis un bon public pour les trucs un peu émouvants. Or, en tombant sur cette vidéo, je me suis rendue compte que ce "talent" de pleureuse ne me serait d'aucune utilité en tant qu'actrice car je n'aurais aucun moyen de rentrer dans le film.

Je m'explique: on sait tous que dans un film, y a du montage, des scènes etc. On le sait, mais le voir, c'est autre chose. Reprenons cette fameuse scène où je me suis muée en madeleine: pour les acteurs, c'est pas pantoute la même histoire! Ils doivent jouer dans une salle sans musique, éblouis par des lumières de partout et à chaque fois qu'ils ont l'air de regarder Bella, ils regardent la caméra. En somme, ils doivent dire des phrases quétaines sans rire, sans pouvoir s'appuyer sur tout le contexte, la musique et le montage qui nous, nous permet de rentrer dans l'histoire. C'est fou...

Bon, je le savais théoriquement, mais de le voir, ça m'a paru encore plus difficile. Nul doute que pour la scène où Jacob, anxieux, a l'air de regarder Bella et de l'encourager à vivre, j'aurais dû m'y reprendre à 150 fois pour ne pas exploser de rire ou ne pas bafouiller ou autre expression de gêne. Il faut une concentration impressionnante et une volonté de fer pour surmonter le ridicule de la situation et devenir le personnage qu'on attend de vous. Je me demande même si ce n'est pas plus difficile encore que de jouer au théâtre. Pas que je dénigre les comédiens, bien au contraire. Mais il n'y a pas, sur scène, toutes ces lumières, ces jeux de caméra, ces coupures et ces scènes à monter qui rendent le jeu de l'acteur étrange lors du tournage. Un comédien, lorsqu'il monte sur la scène du théâtre, il peut rentrer dans la peau du personnage: personne ne va lui dire de regarder la caméra, de jouer une scène ridicule qui ne prend son côté dramatique qu'avec la musique, etc. En tout cas, il me semble mais n'étant connaisseuse ni de l'un ni de l'autre de ces métiers, il me serait difficile d'exprimer plus qu'une impression. En tout cas, pour vous donner une idée, voici la vidéo. Elle dure juste quinze secondes mais je suis sûre que vous comprendrez ce que je veux dire! ;) Bref, je vais retourner à mon travail de recherche: finalement, à chacun son boulot! ^-^

25 janvier 2012

"Pas vu - Pas pris" ou la beauté de l'espèce humaine, prise 2!

Une fois de plus, je ne peux qu'être subjuguée par la propension à succomber à la malhonnêteté de notre magnifique espèce humaine - pourvu que l'anonymat nous couvre de toute potentielle représaille. Cela me fait penser à la remarque bougonne de Jules, un soir où nous regardions à la télévision l'annonce de mesures préventives contre la démission des parents face à la délinquance de leurs enfants: mon chéri trouvait que c'était aller trop loin dans l'ingérence de nos vies et qu'il ne fallait pas prendre les gens pour des attardés qui ne marchaient qu'avec une carotte. Mais en fait, si. Bien-sûr, ce n'est pas la totalité de notre espéce qui ne fonctionne que dans ce système de "bonne action SI récompense et malhonnêteté SI pas vu". Mais il y en a quand même une bonne quantité. Je recevais tantôt une image qui illustre de façon humoristique cet état de fait:

"Panneaux", page humorisitque sur Facebook

 Bon, je reconnais que cette fois, à la différence de la dernière,  j'ai tendu le bâton pour me faire battre. Mais tout de même... En fait, tout a commencé le 1er janvier 2012. Grands rebelles devant l'Éternel que nous sommes, Jules et moi avons dit ses quatre vérités à Vidéotron, l'un des deux Dieux de la télévision par câble au Québec, et nous avons coupé notre abonnement. (Bon, je reconnais que nous avons surtout coupé notre abonnement et un peu moins exprimé notre façon de penser aux grands pontes de la boîte... Faut dire qu'ils répondent rarement au téléphone du service à la clientèle). Du coup, nous avions un terminal de télévision qui prenait la poussière sur notre table plutôt qu'autre chose et nous avons donc pris le parti de le vendre sur kijiji avec sa télécommande et ses fils. Après tout, nous vivons dans une ére capitaliste (agonisante) et il faut bien faire un peu de profit... Bon, tout est relatif: on l'a vendu 15 dollars! Des marchands nés, Jules et moi...! ;)

L'acheteur, un garçon qui me semblait tout à fait sympathique, s'est présenté chez nous pour récupérer son produit, portant fièrement une tuque digne des trappeurs d'antan (en vrai poils?). Nous procédons à l'échange en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Au téléphone, Jules me charrie un peu en sous-entendant que je serais capable de lui donner notre télécommande universelle (40 pièces) en lieu et place de celle du terminal. Je m'offusque de tant de méfiance: je ne suis pas si sotte!

...

En fait si! Le soir venu, je me rends compte que la télécommande que j'ai dans ma main est celle de Vidéotron et que celle que j'ai mis avec délicatesse dans le sac du type à la coiffe poilue était celle qui commandait au DVD et à la télévision. Je vois dans les yeux de Jules un instant d'hésitation: il songe à me quitter, je n'en doute pas! ;) Naïvement, je tente de calmer les choses et me dis que je n'ai qu'à rappeler le vestige du trappeur qui s'était présenté chez nous et à convenir d'un rendez-vous pour échanger nos télécommandes. Après tout, si celle que je lui ai donnée par erreur active bien son terminal, elle ne lui sera d'aucune utilité pour sa télé ou son DVD (à moins qu'il vienne incognito chez nous, mais c'est un autre problème). Le soir, impossible de le joindre. Ce n'est pas grave, me raisonnais-je: certaines personnes ont une vie sociale survoltée et il peut avoir une soirée entre 17h et 22h. En l'absence de tout répondeur, il m'est difficile de l'avertir. Le lendemain, je l'appelle avec mon cellulaire: il répond et nous convenons d'un rendez-vous pour le mercredi (aujourd'hui) durant sa pause déjeuner. Depuis, le silence total. Il ne répond pas au téléphone, ne s'est jamais pointé et semble avoir disparu de la carte. Et là, me revient l'image un peu sale de tous ces gens qui profitent des vitrines brisées pour aller voler des trucs - juste parce qu'ils pensent qu'ils ne seront pas pris. 

Vous me direz, ce n'est qu'une télécommande. C'est vrai. Mais le principe est tout de même assez moche, selon moi. Certes, je ne le retrouverai certainement jamais. En revanche, je peux lui faire vivre un enfer en appelant tous les jours de numéros différents. Juste pour le fun. D'ailleurs, je pourrai même publier son numéro partout sur le Net pour que tout le monde l'appelle. Parce que, à défaut d'avoir affaire à une personne honnête, je pourrai au moins tester sa patience et le forcer à changer de numéro... Ouin, je sais, je suis un peu extrême. Que voulez-vous? Je fais aussi partie de cette triste espèce humaine....

20 janvier 2012

Danser: Le Ridicule porte mon nom!

Jules et moi avons planifié un mariage agréable mais assez simple: avec la tente marocaine et son sol en tapis, le vin d'honneur fait artisanalement par nos petites mains (sous la direction, ignorée encore par l'intéressé, de mon beau-frère! Après tout, ce n'est pas tout le monde qui a un Chef dans son entourage proche! Faut en profiter! ;) ), des faire-parts tout aussi artisanaux, etc. Nous sommes entre le conventionnel et le mariage hippie! ^-^ Remarquez, notre thématique étant celle du voyage et de la musique, cela me semble très pertinent. Voici d'ailleurs notre tente:


Certains détails échappent à cet espèce de métissage: la pièce montée, tout d'abord, qui d'après ma maman est l'une des caractéristiques principales d'un mariage! Et la première danse... J'ai bien essayé de trouver un palliatif mais il semble que ce soit le genre de classique qu'on ne peut véritablement éviter! ^-^ Si cela peut paraître anodin pour la majeure partie de l'humanité, il faut se rappeler que je lorsque je suis née, il ne restait ni sens du rythme ni grâce à m'octroyer. Du coup, j'ai plus de points communs avec votre balai, lorsque je danse, qu'avec un quelconque être humain normal - au minimum capable de suivre les temps. De manière assez impressionnante, mon corps réagit toujours un demi-temps trop tôt ou trop tard et même lorsque mon partenaire réussit à me faire partir au bon moment, je finis toujours par être à contre-temps. C'est un talent rare que je perfectionne d'année en année... 

Bref, Jules et moi avons donc tenté de trouver une solution qui me permettrait de ne pas trop être un boulet pour lui et de ne pas provoquer trop d'hilarité dans l'assistance (bon, je pense que pour cette seconde partie, c'est mort.). Au début, empli de la naïveté de l'amoureux, Jules avait suggéré un Swing... Hinhinhin.... Un Swing, c'est genre du rythme, de la vivacité corporelle et assez loin de la rigidité du bâton. Autant dire que je suis éliminée d'office. Sans compter qu'il y a des bouts où il faut danser seul et l'autre aspect de mon talent inné pour la danse est que je fige dès qu'il s'agit de bouger mon corps en solitaire. Bref, le Swing passé à la trappe, je suggérais une salsa. D'après les vidéos sur Internet, les pas ne sont pas trop compliqués et le Monsieur guide toujours la Madame. Parfait!

Hier soir, donc, Jules et moi sommes allés faire un cours d'essai! 

...

Comment dirais-je bien ça? Un échec? Une catastrophe? La confirmation plus qu'évidente que le rythme et moi ne sommes vraiment pas copains? Un mélange de tout ça? Ouais, c'est ça. L'avantage, c'est que le ridicule ne tue pas donc j'ai survécu mais je pense que Jules a pu mesurer l'ampleur de la tâche à accomplir! ;) Remarquez, il reste toujours l'option de la doublure: il paraît que je ressemble beaucoup à ma soeur....

17 janvier 2012

Jour de tempête.

Journée de tempête. L'hiver semble avoir pris ses quartiers à Montréal, ne laissant que peu de répit aux maigres rayons de soleil qui traversent parfois l'épaisseur d'un ciel de neige. Remarquez, je préfère presque les millons de flocons tourbillonnant à la morsure glacée d'une journée à -30... Je sais, je suis superficielle! ;)

Je semble m'être détournée de l'écriture depuis quelques mois. Assez curieusement, cet abandon a coïncidé avec mon exil du Kung-Fu. Un peu comme si les deux s'alimentaient et se complétaient pour me permettre de profiter de l'adage "Mens sana in corpore sano"... Aujourd'hui, je ne sais ce que j'ai de sain mais ce ne doit certainement pas être mes abdos. Je suis toujours impressionnée par la vitesse avec laquelle on perd tous les muscles et la forme si durement gagnés. Désormais, je suis presque essoufflée en remontant les escaliers du métro. C'est assez tragique lorsqu'on sait à quel point j'étais fière de faire du Kung-Fu: il n'y a pas si longtemps, je suivais tous les cours possibles dans la semaine. Mais c'est inéluctable: l'hiver venu, j'ai juste envie de me terrer dans un coin de mon terrier ma maison et attendre que le soleil me réchauffe à nouveau. Faut dire que la neige chez nous, ça ressemble à ça...


En ce moment, je travaille. J'ai un boulot plutôt intéressant et dans lequel je fais preuve d'une autonomie presque complète. En parallèle, je continue de préparer le grand jour qui s'approche en courant: les faire-parts sont finis, une partie est même déjà distribuée afin de laisser le temps à ceux qui habitent de ce côté-ci de l'océan de s'organiser et mon papa fait preuve d'un esprit d'initiative hors pair quant au choix des vins et du champagne. C'est d'ailleurs déjà chose du passé. De notre côté, Jules et moi avons choisi le cidre de glace que nous voulions boire et il ne nous reste plus qu'à nous en procurer une vingtaine de bouteilles... Autant dire que nous avons encore quelques petites dépenses à faire. ^-^

En février, il est possible que ma grande soeur vienne nous voir avec ma maman. Je serais vraiment heureuse car elles me manquent et ce n'est pas toujours facile d'habiter à l'autre bout de la grande bleue, finalement... Surtout lorsqu'on ne peut pas revenir quand ceux qui vous sont chers traversent des épreuves difficiles. Depuis que j'ai terminé ma thèse, je ne parviens plus à me projeter dans l'avenir. C'est comme si mon futur et mes projets s'étaient tous estompés dans la frénésie de la dernière ligne droite. Le seul désir qui demeure, quoique je fasse, c'est cette envie de rentrer chez moi... Pourtant, je sais bien qu'il n'y a rien qui m'attend là-bas: ce n'est pas parce que je reviendrai que tout recommencera comme avant. Je ne suis plus et ne serai jamais plus une enfant et les histoires brisées ne se recolleront pas parce que je franchirai le pas de la porte de notre maison. D'ailleurs, la maison de mon enfance elle-même est en sursis - attendant en silence d'abriter une nouvelle famille, de nouvelles histoires, de nouveaux enfants... Revenir ne me rendra pas le temps passé. Peut-être cela m'empêchera-t-il d'avoir de nouveaux regrets? Ou pas.

Aujourd'hui est une journée de tempête.