30 novembre 2010

Kiosque Mag: l'art d'arnaquer le monde en toute impunité.

Il fallait le vivre une fois: c'est chose faite. Oui, Messieurs Dames, moi qui m'étonnais de la conviction des arnaqueurs du Web pour trouver de dodus pigeons, je viens de me faire flouer! Il faut dire, à ma décharge, que le site a tout d'une page d'e-commerce tout à fait classique: Kioske mag, société de vente en ligne pour Mondadori Magazines France, est pourtant un tissu de mensonges, aux couleurs de Noël. 

-"Que s'est-il passé?

Eh bien, il y a un peu plus d'un mois et demi, je lisais le numéro d'octobre de Science&Vie lorsque je suis tombée sur une offre publicitaire, à l'intérieur même du magazine (premier leurre), qui évoquait une promotion à propos de deux bandes-dessinées racontant toutes les grandes inventions de ce monde et promue par la version Junior de la revue que j'étais en train de feuilleter. Toujours prête à jouer la tatie plate (ou relou, selon le côté de l'océan) qui offre des livres à ses neveux, je m'enthousiasmais déjà du génie de la chose! Ni une, ni deux, je me rends sur le site de Kiosque Mag, passe ma commande, paye par carte bancaire et m'en retourne à mes occupations. La société et les BD étant en France, j'ai donné l'adresse de mes parents, comptant sur ma mère pour me les ramener avant Noël : la livraison étant prévue dans un délai de quatre semaines, je ne manquerais pas de les avoir à temps. Je me rappelle même avoir eu un petit sourire sardonique en pensant que je m'y prenais quand même bien tôt pour acheter mes cadeaux de Noël. Hinhinhin.... 

Tôt? C'était sans compter Kiosque Mag qui s'est empressé de débiter le montant sur mon compte, (à peine deux jours après) avant de faire le mort durant les sept semaines suivantes. Mais alors, pour le coup, si souvent on est un peu blasé parce que ces sociétés profitent de votre commande pour vous envoyer douze mails par jour afin de vous encourager à acheter l'intégrale de la collection sur la porcelaine de Limoges, en double, là, je n'ai pas à me plaindre de harcèlement publicitaire. Rien. Aucun mail. Ce serait une bonne nouvelle, ceci dit, si je ne me heurtais pas au même silence lors de mes réclamations au service client. Car, en effet, au bout de cinq semaines, je commence à avoir des doutes et je me mets en devoir de joindre le service-client de Kiosque Mag. Oui mais voilà: je suis de plus en plus persuadée que Kiosque Mag n'a aucun employé affecté à ce département car je n'ai jamais reçu aucune réponse, ni même un accusé de réception. Évidemment, le seul moyen de le joindre est par courriel car le téléphone ne semble pas s'être rendu jusque dans le bureau reculé de Kiosque Mag, en plein cœur de Paris. 

Vous avez remarqué que je répète souvent Kiosque Mag? C'est voulu! Je me dis que plus je l'écrirai, plus mon message aura des chances d'être lu. Car je ne suis visiblement pas la première à subir des déboires avec cette société, comme ce forum de litiges en ligne le démontre, or, la société Kiosque Mag continue, en toute impunité, à escroquer le monde. Ce qui me fait tiquer surtout, en l'occurrence, c'est que des magazines tels que Science&Vie se prête au jeu d'arnaques de Kiosque Mag en les laissant mettre leur publicité dans leurs pages. C'est tout de même assez surprenant. Bref, à date, j'ai envoyé une lettre de mise en demeure de livraison: c'est une première pour moi. Remarquez, je semble un peu maudite avec la livraison de mes affaires, en ce moment, c'est peut-être un signe...En tous les cas, amis Français, parce que c'est tout de même de votre côté du grand lac salé que ça se passe, la prochaine fois que vous voyez une publicité de Kiosque Mag, Laissez faire: vous avez sûrement d'autres bonnes œuvres à qui donner votre argent!

16 novembre 2010

Les Gaz de Schiste: des campagnes écologiquement économiques.

Nous vivons une époque de débats publics. Enfin, en théorie. Parce que les populations débattent mais les politiciens décident, et ce, dans le plus grand mépris des principes fondamentaux de la démocratie. Bref, l'une des questions tendancieuses de l'heure, c'est l'exploitation des gaz de schiste

-" Qu' es aquò???"

Eh bien, en somme, ce sont des réserves de gaz emprisonnées à des kilomètres sous terre, dans des roches de schistes. Apparemment, le Québec est un paradis pour cette énergie et les entreprises se battent pour venir l'exploiter. C'est bien là le problème, d'ailleurs: l'exploitation. En clair, il s'agit de fragmenter la roche pour y injecter des substances chimiques et ainsi faire remonter le mélange. Or, pour ce faire, il faut gaspiller une quantité phénoménale d'eau, qui est alors souillée par les produits chimiques et les gaz, avant d'être vaguement nettoyée par des stations d'épuration absolument pas équipées pour ça et rejetée dans les rivières parce que ce serait quand même super le fun qu'on devienne tous grands et bleus, comme dans Avatar, en buvant de l'eau contaminée. Face à ces dangers, la population québécoise se lève et tente de se battre contre le moulin à vent qu'est le gouvernement de la province qui n'a que faire de la volonté du peuple (c'est pas comme si c'était pour les représenter que ses membres ont été élus). Des campagnes de publicité, des manifestions, des sensibilisations publiques sont menées derechef par la population qui, à défaut de voir bouger ses élus, tente de reprendre le contrôle de son coin de pays. Tant de motivation et d'implication font plaisir à voir et doivent être soutenues, indéniablement. Cependant, quelque-chose me tarabuste dans la gestion de ces campagnes. En clair, deux arguments se côtoient dans les discours, comme s'ils étaient pleinement compatibles, alors qu'ils sont, à mon sens, exclusifs l'un à l'autre: les représentants de la résistance arguent tout à la fois que le gouvernement est pourri de laisser faire les entreprises d'exploitation parce que c'est néfaste pour l'environnement ET parce qu'ils ne demandent pas assez d'argent aux entreprises.

...

J'ai beau tourner ces arguments de toutes les façons possibles, je ne vois pas comment les combiner logiquement. Je veux dire, mettons que je sois patron d'une entreprise d'exploitation de ces gaz: je vois la campagne publicitaire, la pression populaire et l'opposition d'un gouvernement (SIC!), qu'est-ce que je fais? Je paye plus cher. J'achète mon droit d'exploiter, rendant inutile du même coup toutes les campagnes de sensibilisation sur les dangers de mon exploitation des gaz de schiste. Pardonnez mon amateurisme en la matière mais il me semble que tout l'or du monde ne remplacera jamais des nappes phréatiques souillées, si? Concilier argent et écologie dans les revendications, c'est un peu comme donner le bâton pour se faire battre. C'est certain que si négociation il y a, elle portera sur l'argent que la province pourra retirer de ces exploitations et que les millions de litres d'eau polluées, les espèces menacées et les problèmes de santé qui en dériveront, passeront à la trappe. Or, je suis peut-être idéaliste, mais il me semble que c'est quand même la question écologique qui devrait être au centre des débats. L'argent ne devrait même pas être une donnée dans cette équation. L'exploitation des gaz de schiste est une activité encore trop peu connue dont les conséquences aux États-Unis ont été catastrophiques? Fine! Ça me semble de bonnes raisons pour juste refuser tout court le moindre forage au Québec. Que l'on demande des peccadilles ou des millions pour l'exploiter n'est même pas une question.

Bref, à mon sens, la campagne anti-exploitation des gaz de schiste est moins efficace qu'elle pourrait l'être. Elle se perd dans des données financières qui laissent croire que si les entreprises payaient plus, la grogne populaire serait moindre. Or, j'ose croire que ce qui motive vraiment les foules, c'est une conscience un peu plus grande des dangers menaçant l'eau, richesse de demain, que celle de la ministre des ressources naturelles, Mme Normandeau, qui ne doit même pas savoir ce qu'est une "ressource naturelle". S'il est aberrant qu'un gouvernement n'écoute pas sa population (et ça vaudrait aussi pour un président de la république qui triche et ment aux Français pour pouvoir passer ses lois), il est tout aussi désarmant de voir une si faible projection vers l'avenir. Exploiter à tout crin tout ce que la Terre contient, en dépit des dangers et des risques connus, c'est ne pas vraiment considérer l'avenir des générations futures comme important. Sans eau, l'avenir paraît assez sombre et pourtant il s'en trouve toujours pour mentir sur les conséquences de ces exploitations, sous prétexte qu'ils y trouvent un intérêt immédiat. J'en suis toujours estomaquée. En tout cas, si quelqu'un me demandait mon avis (peu probable mais je le donne pareil! ^-^), j'enlèverai cette partie financière qui entache la campagne de sensibilisation d'une donnée simplement mercantile qui n'enlève rien à la bêtise écologique de ces exploitations. M'enfin, ce que j'en dis...

15 novembre 2010

Grandir.

Au début, on ne s'en rend pas compte. On se dit que ce n'est rien, une nouvelle page de notre vie qui se tourne pour mieux en écrire d'autres. Après tout, tout le monde passe par là, tôt ou tard, alors pourquoi ce serait plus difficile pour nous? La vérité, c'est que ce n'est effectivement pas moins douloureux pour les autres, sauf que nous ne nous rendons compte de la profondeur de la blessure que lorsque c'est notre tour de l'infliger. Nous ne sommes toujours que de grands enfants : pour comprendre la souffrance, il nous faut l'expérimenter nous-mêmes, comme on découvre la sensation de froid ou la brûlure du feu. Ainsi, ce n'est que lorsque nous glisserons pour la première et dernière fois sur le bord de notre enfance que nous comprendrons, un instant trop tard, toute la détresse et le désarroi que notre chute occasionne. Nous qui avons toujours voulu marcher plus vite, devenir vizir à la place du vizir, simplement pour voir, une fois encore, la lueur de fierté dans leurs yeux, nous nous apercevons soudainement que nos pas nous ont entraîné trop loin et que, déjà, nous ne pouvons plus reculer. D'ailleurs, l'avons-nous jamais pu? Toute cette hâte que nous avons mis à grandir n'était finalement rien d'autre que l'illusion que nous pouvions contrôler le temps. 

Grandir. Jusqu'à nos dix ans, c'est une question de taille. Après, c'est plutôt une question d'esprit. Entre l'enfant et l'adulte, ce n'est pas l'âge qui compte, c'est l'ancre qui nous retient encore au port d'attache, à la famille, aux êtres qui nous sont proches. Ironiquement, aussi loin qu'on s'en aille, on est jamais seul tant que cette ancre reste attachée là où on l'a toujours laissée. Puis vient le grand jour, sans qu'on s'en rende compte. La corde, élimée par tant d'années à tirer dessus sans jamais la détacher, craque en silence et nous oblige à entrer dans un monde qu'on ne voulait pas vraiment connaître. Grandir, c'est l'ultime blessure qu'on inflige à ceux qui sont restés au port et qui vous ont  pourtant toujours préparé à ce grand départ, en sachant que ça arriverait un jour. Ils sont fiers de voir que vous êtes capables de voguer tout seul, sans attaches ni sécurité, mais ils sont un peu nostalgiques de cette preuve évidente que le temps passé est écoulé à jamais - non retour irrémédiable avec son lot de regrets et d'heureux souvenirs. Vous? Vous qui vous éloignez sur cette nouvelle étendue? Vous êtes heureux de cette ultime lueur de fierté dans leurs yeux et vous avez, dans le même temps, envie de vous rouler en boule pour pleurer toutes les larmes de votre corps. Parce que grandir, en fait, ça fait mal.

J'ai grandi trop vite à bien des égards. C'est sûrement pour ça qu'une partie de moi aurait voulu toujours demeurer enfant, conserver une ancre dans le port familial qui m'aurait permis de voir à tout jamais la lueur de fierté dans le regard de mon papa, de ma maman, de mes proches. Sûrement. Mais je ne suis jamais parvenue à empêcher le temps de filer. L'ai-je jamais essayé d'ailleurs? Jusqu'alors, je pensais qu'il me suffisait d'avoir l'air adulte pour qu'il m'oublie. Peine perdue. La corde a craqué. Je vais me marier et dans la voix de mon papa, dans le regard de ma maman, quelque chose s'est brisé aussi. La petite-fille a grandi. La petite-fille est partie. Ils sont fiers de voir qu'elle sait voguer toute seule mais elle emporte avec elle les derniers vestiges de cette enfance disparue. Ce n'est pas triste, au fond, c'est juste un peu douloureux. C'est accepter de lâcher la main de ceux qui vous ont toujours soutenu pour avancer toute seule. C'est se rendre compte de ceux qui n'ont pas tenu jusqu'à ce jour, de ceux qui vous manquent parce que leur bateau a coulé avant le vôtre alors que tout laissait croire qu'ils étaient des capitaines hors pair. Voir grandir, ça fait mal.

11 novembre 2010

Cadeau à crédit.

Certains diront que je suis trop jeune pour chanter la fameuse complainte "De mon temps, c'était bien mieux", mais qu'à cela ne tienne, je le fais quand même: je suis quotidiennement époustouflée par le règne absolu de la carte de crédit. Il faut savoir qu'ici, lorsqu'on parle de cette petite carte magnétique, on fait véritablement référence à du crédit, au sens où le montant passé ne sera jamais prélevé spontanément sur votre compte chèque ou épargne. De fait, la sur-utilisation de ce magnifique outil entraîne une forme de vie à crédit. Formidable. Vous me direz: personne ne nous oblige à en user et l'autre carte, celle qui débite uniquement l'argent dont nous disposons dans notre compte, n'attend qu'un geste de notre part pour nous offrir ses services. Certes. Mais êtes-vous sûrs que personne ne nous oblige à utiliser la carte de crédit?

Prenons un exemple concret: deux amies vous offrent une carte-cadeau pour un spa et un massage. Voilà une heureuse après-midi en perspective, n'est-ce pas? Comme vous vous doutez que les massothérapeutes doivent être occupés à la journée longue, vous anticipez et appelez quelques jours plus tôt pour prendre rendez-vous. Finement pensé! Là, vous expliquez à Germione, qui vient de décrocher le téléphone avec une voix (trop) pleine d'entrain, genre vous allez lui annoncer que vous lui offrez des vacances à Tahiti, que vous disposez, chanceuse que vous êtes, d'une carte-cadeau pour un massage. Formidable, répartit Germione, toujours aussi curieusement extatique, il me faut tout de même votre numéro de carte de crédit. Pour réserver, qu'elle dit. Genre pour assurer que vous ne vous amusez pas à appeler tous les spa de la région pour prendre des rendez-vous auxquels vous n'irez jamais, parce que ça vous fait bien rire ces petites boutades. En somme, c'est un peu comme si lorsque vous appelez votre dentiste, esthéticienne, vétérinaire ou coiffeur, tous vous demandaient votre numéro de carte de crédit "par sécurité". Y a juste moi que ça fait capoter ou quoi?

Soit, je veux bien reconnaître que c'est toujours désagréable lorsque les gens prennent des rendez-vous auxquels ils ne viennent pas mais j'ose croire que ce n'est pas par amusement personnel : ou ils oublient, auquel cas, carte ou pas, c'est la même chose, ou ils ont un empêchement de premier ordre, donc ça ne change rien non plus. En outre, ce qui me fâche surtout dans cette histoire, c'est que si vous n'avez pas de carte de crédit, ben vous n'avez pas de rendez-vous et donc votre carte cadeau, comme m'a gentiment signifiée la (trop) joyeuse Germione, "pourra être utilisée une autre fois". Genre, si je vais me procurer une carte de crédit d'ici là quoi. Dans les faits, j'en ai une, de carte de crédit, mais française donc ça ne fonctionne pas pour les réservations, dixit la madame. Première nouvelle. Sûrement parce que là-bas, loin en Europe, les cartes de crédit ne sont pas les mêmes: faudrait pas se retrouver avec une carte, pas de fonds pour payer. De fait, il me restait l'option:

-"Juuuuuuuuuulllleesss! Tu me prêtes ta carte???

Ou l'option:

-"Euh ouais ben je vais rappeler plus tard pour voir si vous avez de la place."

J'ai évidemment pris la seconde, plus par sursaut d'orgueil que par une vive opposition de Jules à me prêter sa carte, ce qui fait que je l'ai, passez-moi l'expression, dans l'os pour le massage de cet après-midi. Remarquez, je n'ai que ce que je mérite puisque je n'ai pas voulu me plier aux critères d'une société de crédit qui vit à crédit et qui se nourrit de crédit. Indéniablement. Mon sursaut d'orgueil était surtout une réaction d'agacement face au ridicule de la chose: si je n'avais pas Jules pour m'aider, je ne pourrais probablement jamais avoir un massage dans ce spa, par exemple, mais ce n'est pas la seule affaire: toutes les réservations par Internet, du billet d'avion à la chambre d'hôtel, demandent un numéro de carte de crédit. Le principe de la confiance est révolu pour mettre en place un système lucratif qui consiste à dématérialiser la menace de l'argent gaspillé. Après tout, on ne le voit pas directement lorsque le montant est débité en notre absence: ça fait donc moins mal et ça ne nous motive pas à nous faire des croix au fer rouge sur la peau si on doit prendre un autre rendez-vous. Pourtant, certaines entreprises ont encore suffisamment confiance en leur service pour maintenir un système de réservation qui ne dénature pas le principe de la carte cadeau : tu prends rendez-vous et il te rappelle la veille ou l'avant-veille pour confirmer. Ainsi, par exemple, l'Ovarium de Montréal: jamais je n'ai eu à donner un quelconque numéro de carte de crédit pour utiliser un bon cadeau. Ben, du coup, je trouve que c'est tout de même beaucoup plus attirant comme principe. En tout cas.