"-Tu n'as pas le temps de prendre un thé, bientôt?
-Non, faut que je travaille.
-Tu travailles tout le temps, tu vas finir par t'épuiser.
-Non, c'est parfait! Travailler jusqu'à l'épuisement te permet d'être plus efficace: fatigué, tu prends le chemin le plus court pour réussir ton travail.
-...Ou le bâcler."
Ce n'est pas la première fois qu'un de mes amis me vante les mérites du travail jusqu'à l'épuisement, même si les arguments ne sont pas nécessairement les mêmes. Pour mon yankee préféré, il s'agit d'un moyen inéluctable pour parvenir en temps et en heure à la fin de ses recherches, tout en lui permettant de ne jamais avoir de remords quant à la quantité de temps investi. Mon ami avec qui j'ai eu cette conversation hier, en revanche, semble y percevoir un moyen de rendre son cerveau plus efficace. Le fameux concept de "vite et bien" qui serait mis en pratique par l'inconscient afin que le corps puisse se reposer après.
Peu importe l'argument, je ne peux m'empêcher d'être en désaccord avec cette vision des choses. Elle implique trop de sacrifices que j'estime potentiellement regrettables dans notre futur. Quand je regarde évoluer mes deux amis, je crois toujours discerner des manques, des cadeaux de vie importants qu'ils sont obligés de laisser sur le bord du chemin pour pouvoir avancer selon leur envie. Mon père serait certainement d'accord avec eux: pour lui, une vie est longue et il sera toujours temps de se tourner vers le "futile" après avoir réussi: tout est question de choix. Il faut savoir faire des sacrifices, mener une vie de moine en fermant la porte à toute distraction durant les quelques années de nos études afin d'obtenir un diplôme et la possibilité de choisir notre vie. Je conçois pleinement le "bon"sens de cette argumentation mais j'y vois un certain nombre de difficultés: en consacrant tout son temps, son énergie à son travail, au point d'en négliger ses amis, ne court-on pas le risque de se retrouver diplômé, certes, mais seul?
Il s'agit d'une extrapolation, bien sûr: je ne suis certainement pas une proche de mon ami "qui n'a pas vraiment le temps de prendre un thé", et j'ignore tout de son comportement avec ceux qui comptent vraiment dans sa vie. Mon yankee préféré trouve toujours le temps pour passer un moment de détente avec moi lorsque je lui propose. Peut être qu'il en va de même pour mon camarade overbooké. Peut-être...
Mais j'avoue que je suis toujours étonnée d'entendre ce genre de discours. J'ai l'impression que si j'adoptais la même attitude, certes, je finirais mon travail plus rapidement, mais non seulement je finirais par le bâcler, voire m'en dégoûter, mais en plus, je finirais par blesser ceux qui prennent le temps de s'intéresser à moi. En les négligeant, je prendrais le risque qu'ils me tournent le dos, une fois mon ambition satisfaite, et de me retrouver seule pour fêter ma réussite... Peut être suis-je tout simplement un brin trop fumiste et que je me cherche des raisons pour continuer à partager des moments simples avec mes amis, pour poursuivre mes envolées littéraires et tout ce qui pourrait s'avérer être une "distraction". Sûrement. Après tout, j'ai toujours privilégié cette voie, cette manière d'aborder le travail et la vie en général: je recherche la reconnaissance de ma famille et, dans ce but, je vais tout mettre en œuvre pour réussir mes études. Mais il y a des choses sur lesquelles je ne concevrais jamais de marcher pour parvenir à mes fins: mes amis sont le principal trésor de cette vie. A quoi me servirait toute la réussite du monde s'ils n'étaient plus là ?
Mais au fond, la conversation avec mon "ami qui cherche l'efficacité dans l'épuisement" n'est qu'un prétexte à une piste de réflexion sur les sacrifices qu'impliquent des cursus étudiants très demandant. Encore une fois, je ne suis certainement pas assez proche de lui pour me targuer de faire partie de ses priorités de distraction donc son refus n'est en rien un indice d'une négligence amicale de son côté. Je lui souhaite de tout cœur de réussir à réaliser ses rêves sans devoir poser des actes qu'il serait amené à regretter plus tard. Ce qui fait la valeur des choses est souvent lié au regard des gens qui comptent pour nous: seul, rien n'a vraiment de sens...
-Non, faut que je travaille.
-Tu travailles tout le temps, tu vas finir par t'épuiser.
-Non, c'est parfait! Travailler jusqu'à l'épuisement te permet d'être plus efficace: fatigué, tu prends le chemin le plus court pour réussir ton travail.
-...Ou le bâcler."
Ce n'est pas la première fois qu'un de mes amis me vante les mérites du travail jusqu'à l'épuisement, même si les arguments ne sont pas nécessairement les mêmes. Pour mon yankee préféré, il s'agit d'un moyen inéluctable pour parvenir en temps et en heure à la fin de ses recherches, tout en lui permettant de ne jamais avoir de remords quant à la quantité de temps investi. Mon ami avec qui j'ai eu cette conversation hier, en revanche, semble y percevoir un moyen de rendre son cerveau plus efficace. Le fameux concept de "vite et bien" qui serait mis en pratique par l'inconscient afin que le corps puisse se reposer après.
Peu importe l'argument, je ne peux m'empêcher d'être en désaccord avec cette vision des choses. Elle implique trop de sacrifices que j'estime potentiellement regrettables dans notre futur. Quand je regarde évoluer mes deux amis, je crois toujours discerner des manques, des cadeaux de vie importants qu'ils sont obligés de laisser sur le bord du chemin pour pouvoir avancer selon leur envie. Mon père serait certainement d'accord avec eux: pour lui, une vie est longue et il sera toujours temps de se tourner vers le "futile" après avoir réussi: tout est question de choix. Il faut savoir faire des sacrifices, mener une vie de moine en fermant la porte à toute distraction durant les quelques années de nos études afin d'obtenir un diplôme et la possibilité de choisir notre vie. Je conçois pleinement le "bon"sens de cette argumentation mais j'y vois un certain nombre de difficultés: en consacrant tout son temps, son énergie à son travail, au point d'en négliger ses amis, ne court-on pas le risque de se retrouver diplômé, certes, mais seul?
Il s'agit d'une extrapolation, bien sûr: je ne suis certainement pas une proche de mon ami "qui n'a pas vraiment le temps de prendre un thé", et j'ignore tout de son comportement avec ceux qui comptent vraiment dans sa vie. Mon yankee préféré trouve toujours le temps pour passer un moment de détente avec moi lorsque je lui propose. Peut être qu'il en va de même pour mon camarade overbooké. Peut-être...
Mais j'avoue que je suis toujours étonnée d'entendre ce genre de discours. J'ai l'impression que si j'adoptais la même attitude, certes, je finirais mon travail plus rapidement, mais non seulement je finirais par le bâcler, voire m'en dégoûter, mais en plus, je finirais par blesser ceux qui prennent le temps de s'intéresser à moi. En les négligeant, je prendrais le risque qu'ils me tournent le dos, une fois mon ambition satisfaite, et de me retrouver seule pour fêter ma réussite... Peut être suis-je tout simplement un brin trop fumiste et que je me cherche des raisons pour continuer à partager des moments simples avec mes amis, pour poursuivre mes envolées littéraires et tout ce qui pourrait s'avérer être une "distraction". Sûrement. Après tout, j'ai toujours privilégié cette voie, cette manière d'aborder le travail et la vie en général: je recherche la reconnaissance de ma famille et, dans ce but, je vais tout mettre en œuvre pour réussir mes études. Mais il y a des choses sur lesquelles je ne concevrais jamais de marcher pour parvenir à mes fins: mes amis sont le principal trésor de cette vie. A quoi me servirait toute la réussite du monde s'ils n'étaient plus là ?
Mais au fond, la conversation avec mon "ami qui cherche l'efficacité dans l'épuisement" n'est qu'un prétexte à une piste de réflexion sur les sacrifices qu'impliquent des cursus étudiants très demandant. Encore une fois, je ne suis certainement pas assez proche de lui pour me targuer de faire partie de ses priorités de distraction donc son refus n'est en rien un indice d'une négligence amicale de son côté. Je lui souhaite de tout cœur de réussir à réaliser ses rêves sans devoir poser des actes qu'il serait amené à regretter plus tard. Ce qui fait la valeur des choses est souvent lié au regard des gens qui comptent pour nous: seul, rien n'a vraiment de sens...