"Les politiques sont tous les mêmes", "Ce sont tous des pourris": autant de phrases que l'on entend à l'envie, de la part de ceux qui refusent de voter ou qui se tournent vers les extrêmes pour exprimer leur mécontentement. Personnellement, c'est le genre de commentaire qui m'agace particulièrement car il est peu constructif, généralisateur et défaitiste: selon moi, il n'est que la simple auto-justification d'un refus du jeu de la Démocratie par quelques-uns. Tant que nous pouvons voter librement, il ne faut pas laisser passer cette chance de faire entendre notre voix. De la même manière, je refuse de voter stratégique à moins d'être confrontée à ce que j'identifie comme une situation dangereuse pour la Démocratie et la liberté - à savoir un duel impliquant un parti d'Extrême Droite. Du coup, j'ai plutôt tendance à voter selon mes convictions et à encourager mes proches à en faire autant. Après tout, comme je le soulignais dans l'un de mes derniers billets, il n' y a aucune satisfaction à élire un Parti avec lequel on n'est pas d'accord, sous prétexte que cela en éliminerait un autre que l'on n'aime pas non plus.
C'est sans doute parce que j'ai suivi mes convictions profondes en 2012 que je suis aussi déçue aujourd'hui de mon Président de la République et de son Gouvernement. Moi qui voyais, rayonnante, arriver une nouvelle ére sociale, qui renverrait à leur place tous ces magnats du capitalisme, ces "traders" de Bourse qui parient sur la ruine d'un pays pour s'enrichir, et qui défendrait une politique de croissance en opposition à toutes ces mesures d'Austérité qui n'ont jamais, au grand jamais, sorti un pays de la crise, ma chute est longue et douloureuse. Les unes après les autres, les propositions du Candidat Hollande sont abandonnées par le Président de la République, sous des prétextes plus ou moins fallacieux. Finalement, j'ai l'amère impression d'avoir simplement réélu Sarkozy ou n'importe quel candidat UMP, qui ferait sa politique de Droite, sans égard pour les classes populaires et moyennes qu'il piétinerait de son indifférence. A vrai dire, c'est même pire: j'aurais moins mal si c'était le cas car je ne serais pas surprise de ses décisions. Là, je vois un homme de gauche qui avait tous les pouvoirs en mains, toutes les clés pour rendre à la France ses couleurs sociales mais qui, au lieu de ça, se roule dans la fange et foule au pieds tous ses beaux principes. Pourquoi? A quel moment, une personne élue sur un programme donné, peut y renoncer une fois qu'elle obtient les moyens de l'appliquer? Qu'attendez-vous, Monsieur le Président, pour taper du point sur la table et montrer que vous avez des valeurs, des convictions solides et que vous n'êtes pas une poule sans tête? Qu'avons nous à perdre en appliquant vos mesures? Alors que les scandales et les compromissions se mulitiplient, j'en arrive presque à regretter que Sarkozy n'ait pas été réélu. Ce n'est pas que je pense qu'il aurait fait mieux, loin s'en faut. À mon avis, il aurait fait exactement la même chose et, je ne le répéterai jamais assez, je ne partage pas cette vision du monde valorisant l'argent à tout crin. Sauf que, au moins, je ne l'aurais pas porté au pouvoir: il ne trahirait pas ma confiance puisque, dans le fond, je ne la lui aurais jamais donnée. Là, mon estomac se change en pierre à chaque fois que je lis dans les journaux un revirement du gouvernement: je suis responsable de ses agissements car je l'ai élu. Ça me donne envie de vomir.
Le pire, c'est sans doute que ces politiciens ne se rendent même pas compte qu'en se reniant eux-mêmes, ils font le jeu de l'Extrême Droite. En bafouant leurs principes, en ne suivant pas le programme pour lequel ils ont été élus, ils confirment aux indécis que Droite et Gauche ne sont que deux noms différents pour la même chose et qu'ils doivent voter plus extrême pour se faire entendre. Dans les moments de crise, on a besoin d'un modèle qui encourage la solidarité et non les dissensions. Les situations grotesques auxquelles on assiste en ce moment en France, où quelques intolérants refusent aux autres un Droit dont ils bénéficie eux-mêmes, occultant par leurs propos haineux la situation délicate dans laquelle se trouve la France, sont autant de preuves que nous ne suivons pas le bon chemin - alors même que nous avions élu un gouvernement "social". Voyez-vous, si un jour le Parti de la Haine et de la Xénophobie arrive à avoir plus de voix et de pouvoir qu'ils en ont aujourd'hui, Hollande en sera certainement en partie responsable. Ce sera sans doute le début de la Fin pour beaucoup de choses qui ont pourtant construit l'identité de la France et sa caractéristique. Aujourd'hui, je me sens infinimment dégoûtée et triste de voir mes convictions bafouées par ceux-là mêmes que j'ai élus...
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