30 octobre 2014

L'échec d'un rêve.

Parmi les choses qui me sont difficiles dans la vie, citer mes qualités arrivent dans le peloton de tête. Je suis fondamentalement incapable de me trouver des qualités. N'y voyez pas une fausse modestie mal placée ou un manque de confiance en moi trop profond: c'est simplement à cause de ma trop grande propension à tergiverser. J'ai passé (et je passe encore) tellement de temps à analyser ce qu'il se passe autour de moi, ce que je dis, ce que je fais, jusqu'à ce que je ressens que je ne peux qu'y trouver des failles en permanence: on appelle ça de l'égocentrisme poussé à l'extrême. Et si je faisais semblant, inconsciemment, d'être "drôle et sympathique" (SIC) pour qu'on ne me rejette pas? Toutes mes actions me paraissent faussées et cela me pose un réel problème lorsque je dois énumérer des qualités. Bien sûr, je vais arriver à argumenter lors d'un entretien d'embauche (avec succès, d'ailleurs, comme on peut le voir...) car ce qu'on me demande ne relève pas du personnel: je sais ce qu'on attend de moi et je peux m'appuyer sur ce que je sais faire pour défendre ce que je suis. C'est une autre paire de manche lorsque cette question arrive sur le plan personnel. Je ne sais pas comment je me débrouille mais, alors que j'hais cette question qui me laisse toujours sans voix, je finis toujours par créer cette situation. Le pire, c'est que cela donne à mon interlocuteur l'impression que je voudrais qu'il cite mes qualités à ma place (summum de la fausse modestie!) mais cela ne fait que me mettre plus mal à l'aise tant j'ai l'impression que je ne corresponds pas au portrait qu'il me dépeint. Pousser mon égocentrisme jusqu'au bout, je pourrais sans doute débattre pied à pied chaque argument qui m'est donné mais à quoi bon? Je ne souhaite pas réellement que ceux que j'aime s'aperçoivent que je ne suis pas celle qu'ils croient et que toutes les qualités qu'ils me prêtent ne sont que les effets d'un mirage. Je suppose que le temps leur dira pour moi, comme cela semble être le cas pour Jules...

Je ne sais donc pas définir mes qualités mais il y a une chose dont je suis sûre me concernant: je suis une rêveuse. Une vraie de vraie, mais une version "moi, je" encore. En clair, je ne rêve pas de paix dans le monde et de bisounours - mon cynisme a eu raison de ceux-là il y a longtemps - mais je suis toujours pleine de millions de projets que je voudrais réaliser la semaine prochaine si je le pouvais: faire le tour du monde, vivre au Japon, réaliser des missions humanitaires, faire des études de médecine (ouin, je sais...), de vétérinaire, de biologiste (mon prof de biologie qui m'a vu réaliser mes plus beaux dessins durant ses cours doit s'étouffer quelque-part dans ce monde), écrire des romans à succès et des nouvelles sans lendemain, ouvrir un magasin de robes de mariées (c'est une longue histoire...), élever des golden retrievers, ouvrir un refuge pour animaux, un orphelinat de type Neverland pour tous les enfants du monde, voir les cerisiers en fleur au Japon, les temples du Laos et du Cambodge, traverser le Canada en Westfalia,... Bref, j'aurais besoin de quelques vies de rechange j'imagine. 

Lorsque j'étais enfant, je me disais que j'aurais au moins fait la moitié de tout ça à mes trente ans. En Doctorat, je me disais que je prenais du retard dans mon planning mais c'était reculer pour mieux sauter: avec la pléthore d'emplois que j'aurais en terminant, je pourrais tout faire en deux ans! Et puis, un jour, tout doucement, je me suis heurtée de plein fouet à cette saleté de réalité qui vous attend au détour du chemin. Quelle idée de faire des tournants sur les chemins, d'abord! Elle m'attendait là et ça la faisait doucement rigoler de m'entendre babiller mes projets comme si rien ne pourrait m'empêcher de les réaliser. Après tout, j'ai toujours tout réussi dans la vie - beaucoup par esprit de contradiction, certes (il est vrai que lorsque tout le monde ou presque pense que vous allez vous planter, y a moins de risque à tenter le coup. Personne ne sera déçu sauf vous si ça ne marche pas). Alors, même si les Augures ne paraissaient pas très bonnes après mon Doctorat d'Histoire, je n'ai juste même pas réfléchi que je pouvais, trois ans plus tard, réaliser mon premier échec. Et il est de taille. J'ai 32ans, un Doctorat qui ne sert à rien et une douzaine de hottes remplies de rêves impossibles qui pourrissent dans un coin de mon cerveau. Autour de moi, je regarde mes amis et ma famille grandir, vivre, évoluer, avancer sur leur chemin de vie tandis que je ne trouve pas le moyen d'enjamber cette réalité qui me barre la route. Et avec moi, je garde Jules, prisonnier, incapable d'avancer sur son chemin parce que cela fait plus de dix ans qu'il attend demain avec moi. Car demain, tout ira mieux. Ou peut-être pas finalement...Et parfois, je me demande si j'ai le droit de le retenir ainsi.

Je me sens comme prisonnière derrière une vitre, condamnée à regarder vivre ceux qui me sont chers, à échafauder des projets sans jamais pouvoir les atteindre ou les réaliser. Et si je m'étais menti à moi-même sur ce que j'étais réellement? 

26 février 2014

Être la coqueluche de son système immunitaire!

Je me disais aussi que ça faisait longtemps que je n'avais pas été malade. Je me demandais même si mon système immunitaire n'aurait pas repris du service et engagé un peu de personnel pour renvoyer tous les microbes chez eux. En fait, non: il me concoctait une plus grande surprise. Il est parti en vacances sur une île déserte, me laissant paisiblement faire la connaissance de sa dernière copine en date: la Coqueluche. Alors, voyez-vous, jusqu'à il y a 2 jours, la Coqueluche, c'était 1/ Une maladie infantile (donc, comme son nom l'indique, elle ne s'attaque qu'aux mignons petits anges à la voix fluette - non, à une vieille de presque 32 ans) et 2/ un terme pour désigner de façon imagée quelque-chose de populaire (d'ailleurs, pourquoi??). Bref, cela n'avait rien à voir avec moi. Mais bon, après deux semaines de toux sèche, désagréable, par quintes à m'en étouffer, il a bien fallu me rendre à l'évidence: ce n'était pas un simple rhume. Je suis donc allée chez le docteur qui a prononcé ma sentence: la coqueluche. 

Alors, bon, vu ma connaissance de la maladie (voir les deux points ci-haut), je n'ai pas été prise d'une panique absolue. Je me disais bien que je devais être contagieuse mais je ne pensais pas générer un tel vent de panique autour de moi. À chaque fois que je l'annonce (mon papa, mes amis, mes collègues), il y a comme un émoi et un moment de latence. Genre, je viens d'annoncer que j'avais une maladie qui allait me condamner à des mois d'hospitalisation. Sauf que non. Je veux dire, certes, c'est pas agréable: je tousse beaucoup (quoiqu'après deux semaines et demie et deux jours d'antibiotiques, cela va déjà mieux), je m'étouffe, je ne dors pas (et empêche Jules de dormir aussi par la même occasion) et mes muscles fatiguent mais ce n'est pas non plus la pire maladie que j'ai eue, me semble. Je garde un souvenir beaucoup plus désagréable de l'hépatite A qui m'empêchait de manger et me donnait des malaises à tour de bras, dès que je faisais trois pas. Bon, me direz-vous, c'est peut-être le côté contagieux de la chose qui fait peur. J'avoue. Surtout que c'est dangereux pour les tout-petits alors si on en a la maison, c'est sûr, c'est flippant. 

Pour ma part, chaque jour est une petite victoire. Cela ne m'empêche pas de travailler - même si je reste cloîtrée chez moi - et les médicaments (ou le temps?) ont quelque peut calmé ma toux: c'est déjà bon pour mes muscles qui voulaient me quitter. Tout le monde me parle aussi de la durée de la maladie. Perso, ça fait deux semaines et demie et j'espère en avoir pour une dizaine de jours max encore parce que j'ai quantité de choses à faire! C'est vrai, quoi, j'ai un poste à trouver cette année! ;)

20 février 2014

Les intégristes catholiques ou la vision rétrograde de la société au 21e siècle.

Civitas veut interdire la diffusion de Tomboy. Rhââ! Arrêtons-nous quelques instants pour regarder notre magnifique société du 21e siècle: les héros sont les Américains, les gros méchants ne sont plus les Russes (quoique...) mais les vilains intégristes musulmans et l'idéal de la société consiste en un beau petit couple - blanc de préférence - qui vit dans un pavillon de banlieue avec deux enfants et un chien. C'est pas beau tout ça??? Alors, j'aimerais prendre quelques minutes pour pointer du doigt ce qui se passe depuis quelques mois en France: le retour en force des intégristes catholiques! Alors, certes, ils ne viennent pas se faire exploser dans un bus pour défendre leurs idées mais ils militent ardemment pour censurer tout ce qui ne leur convient pas dans notre société - au diable la liberté d'expression et l'Art, si vous me permettez ce mauvais jeu de mot! Le plus beau dans tout ça, c'est que ces gens-là se battent contre des moulins à vent: je ne vais pas rentrer dans le débat de la théorie du genre enseignée à l'école, tout ça, tout ça, cela a déjà été démontré cent fois que 1/ ce n'était pas dans les plans et 2/ce n'était pas aussi extrême que les militants veulent bien le dire. Non, je m'interroge surtout sur le cerveau de ces personnes qui semblent complétement dénuées d'esprit critique et suivre bovinement ce qu'ils entendent à la télé. Je note aussi, avec une petite pointe d'amertume, que s'il n'y a pas de kamikazes au sens strict, on a quand même un paquet de gens qui veulent revenir au Moyen-Âge et à l'Inquisition pour tous ceux qui pensent différemment! Personnellement, je ne vois pas vraiment la différence de mentalité...


17 février 2014

L'internationale incompétence de la Poste.

Ce qu'il y a de bien avec la Poste, c'est que, peu importe le pays, tu te sens toujours un peu chez toi. C'est incroyable comment un service qui paraît pourtant simple (tu envoies à une adresse/tu reçois à une adresse) devient kafkaïen quand la mauvaise volonté s'installe du côté du facteur... Parce que, bon, c'est quand même un peu lui l'acteur central du bon déroulement du service alors si ça ne lui tente pas de venir porter ton courrier chez toi parce qu'aujourd'hui il a poney, ben tu l'as un peu dans l'os... On se rappelle tous, avec une petite pointe de nostalgie, l'épique épisode de mon paquet d'anniversaire livré chez la voisine (parce que Stephanie et Thérèse, c'est pareil), alors laissez-moi vous conter le pan français d'un même constat - notre dépendance à la bonne volonté d'un être humain...

Habituée à me procurer mes livres de référence sur Amazon, plateforme pratique qui me permet de trouver des ouvrages peu courants et indispensables à mes recherches, j'ai osé faire de même en France, il y a quelques semaines déjà. Le colis part de son point de départ et doit arriver, me dit le suivi colissimo, jeudi 13 ou vendredi 14 février. Très bien. Je prévois donc de travailler de la maison ces deux jours en attendant Monsieur Facteur. Le jeudi passe dans un silence digne d'une bibliothèque lorsque, vers la fin d'après-midi, je vois le statut de mon colis se changer en "colis non livré car destinataire absent". Mmh??? Euh non non, j'étais là! Vous pouvez demander aux chats, ils n'ont pas arrêté de me mettre des poils partout sur les vêtements. Bref, je suis d'un naturel magnanime, je suppose que le facteur était dans le jus et qu'il n'a pas eu le temps de passer. Je râle un peu mais j'attends au lendemain.

Lendemain qui, il faut le dire, ressemble beaucoup à la veille: travail depuis la maison dans un silence de mort jusqu'au soir où, subtilement, le statut change de la même façon que la veille. Là, par contre, je le prends mal: que le facteur ait eu piscine la veille et n'ait pas voulu monter les sept étages pour me porter mon colis, soit. Ça peut arriver. Mais s'il n'a juste jamais l'intention de le faire, pourquoi ne pas juste me laisser un avis dans ma boîte aux lettres pour que je puisse aller le chercher moi-même à la poste? Non, parce que ça sert à rien de le trainer dans sa voiture pour ne jamais me le donner... Qui plus est, il n'a laissé aucun avis. Je râle ouvertement auprès du service client colissimo qui fait une enquête auprès de son "agent" et me "rappelle tout de suite" (j'attends encore.). Comme par miracle, les avis de passage apparaissent dans ma boîte aux lettres le samedi matin, datés de la veille et mentionnant que mon paquet sera disponible au dépôt (à 50m de chez moi) dans ... quatre jours! Oui, oui: quatre jours pour aller déposer un paquet dans le dépôt situé à un coin de rue de là. Pour un paquet, rappelons-nous, que ce cher facteur n'a jamais daigné me porter lui-même, estimant sans doute que je n'étais pas là puisque je n'avais pas mis de banderole "Welcome Facteur" sur ma porte...

Bref, je suis plutôt en colère. Je vais avoir mis autant de temps pour recevoir ce livre que si je l'avais commandé au Canada! Et j'habite à Paris, hein? Pas dans un village au fin fond de la campagne où ils coupent des postes de facteur! Non, non! C'est quand même impressionnant... J'ai évidemment porté réclamation, tout en sachant que ma plainte a dû être "déposée" dans la déchiqueteuse - au moins, ça m'a soulagée. Moralité: la poste, c'est partout pareil - si tu veux être sûr de recevoir quelque-chose, ce n'est pas par eux que ça passe...

14 février 2014

Avoir un enfant.

Avoir un enfant. Ne pas en avoir. La question est dans toutes les têtes, ces temps-ci. Entre ceux qui militent contre le droit de tout un chacun d'avoir le choix d'en avoir ou pas et les articles de journaux présentant la parentalité comme une norme sociale, il n'y a pas un angle qui ne soit abordé. C'est étrange car c'est une question qui se pose dans nos société ultra modernes, hyper connectées, dans lesquelles nous n'avons plus le temps d'avoir le temps - alors de s'occuper d'un enfant... Pourtant, il est vrai que peu sont les gens qui avouent ne pas vouloir d'enfant. La plupart pense juste qu'ils en auront plus tard, après avoir vécu tout leur soûl, un peu comme s'ils pensaient que leur vie s'éteindrait dès l'instant où ils auront un enfant. Il est vrai que plus rien n'est pareil ensuite...

Personnellement, je n'ai jamais vraiment ressenti le désir de pouponner. J'ai une peur bleue de me réveiller un matin avec cette envie et qu'il soit trop tard mais, pour l'heure, rien de cela sous le soleil - même si je trouve vraiment classe tout ce qu'on peut sortir pour les bébés aujourd'hui. Jules non plus ne manifeste pas un désir flagrant de fonder une famille. Bref, on vacille en fonction du vent, de nos hormones, de nos humeurs sans jamais vraiment nous décider. Je discute parfois du sujet avec mes amis mais ce n'est pas vraiment notre sujet de prédilection, d'autant que beaucoup sont en voie de commencer leur famille. Et puis, il y a le fait que je trouve presqu'arrogant de ne pas vouloir d'enfants quand tant de personnes en voudraient sans vraiment le pouvoir. Je repense souvent à ma soeur qui, sans jamais l'exprimer vraiment, à porter son désir d'enfants envers et contre tout, passant par des moments douloureux (la PMA n'est pas la promenade de santé que l'on croit) et d'innombrables doutes. Même si elle n'est pas la championne de la communication, je pouvais presque sentir sa tristesse de ne pas y arriver. Elle qui voulait une fratrie soudée, nombreuse, un peu à l'image de la nôtre, elle devait se battre pour en avoir un second - sans doute le dernier. Mais elle n'est pas la seule. Autour de moi, mes amies devant affronter les embûches de la nature pour avoir un bébé sont légion. 

Dans ce tourbillon de désirs blessés, peu de personnes s'expriment. Parce que ça touche quelque-chose de personnel, d'intérieur, un tesson de bouteille jetée à la mer. Emmurés dans leur silence, dans leur tristesse, ils voient leur rêve se heurter à la limite de la science, à la fragilité de la nature humaine puis, tout doucement, ils glissent vers la détresse solitaire. Car c'est un sujet que l'on aborde peu dans notre orgie d'articles et de manifestation pour ou contre le droit des autres d'avoir des enfants. Personne ne parle de la solitude de ceux qui n'ont juste pas d'autre choix que de vivre sans, situation que nos sociétés stigmatisent. La norme, c'est la famille parents-enfants. Si tu n'en as pas, tu n'es pas vraiment "normale", on te range dans la catégorie de ceux qui ont échoué, dans cet espèce de trou noir où on met tout ceux dont on ne connaît pas le mode d'emploi. Isolé par ta détresse, tu te retrouves aussi laissé sur le bord de la route par la société parce qu'elle ne sait pas trop quoi faire de toi: tu ne fais pas partie de ceux qui ne voulaient pas d'enfants ( à qui on peut facilement jeter la pierre car c'est clairement des égoïstes, nous disent les bien-pensants) mais tu n'en as pas quand même alors on t'ignore. 

La Nature est bien faite, dit-on. Peut-être mais pas la société et aujourd'hui, plus que jamais, on est bien seul lorsqu'on ne rentre pas dans la norme. Bien seul et bien triste.